pas certain que celui qui se forme dans la nature soit toujours
dans le mêrpe cas. Il est surtout bien difficile d’adapter cette explication
à la formation du nitrate de potasse dans certaines cavernes
des montagnes calcaires, comme, par exemple, dans la
nitrière de la Molfètia dans la Pouille, et dans celles qu’on
connaît en nombre d’endroits de la même contre'e *.
de Debretzîn I Ce ne fut pas sans peine que je renonçai definitivement à mon
à Pcst. excursion en Transylvanie, et que je commençai à retourner
en arrière; mais la saison s’avançait, le temps était mauvais,
et on me fit craindre qu’il n’en fût de même une partie de l’automne.
Je calculai qu’il me fallait en outre un mois et demi pour
la tournée que j’avais projetée, et je vis clairement que dans
ces montagnes élevées je me trouverais au milieu des neiges
avant d’avoir pu prendre une idée suffisante de tous les objets
qui réclamaient mon attention. J’éprouvai enfin qu’il devenait
trop, fort d’avoir à lutter à la fois et contre les difficultés ordinaires
des pays peu fréquentés, et contre les rigueurs de la saison.
Je me déterminai donc à retourner à Pest, où je pouvais
plus agréablement attendre un temps plus favorable pour diverses
courses que j’avais ‘projeté de faire dans la partie occidentale
de la Hongrie. Je pris à Debretzin une nouvelle assignation
de Vorspan auprès du commissaire préposé à cet effet.
Hongrie, comme il s’en trouve dans les mines du Salzburg, d’après les expériences
de M. Yogel.
* Voyez M. Zimmermann, Voyage à Ta nitrière de Molfetta. Paris, 1789,
Et l’extrait dans le Journal de Physique. Paris, 1790, tom. 3 6 , pag. 109.
Je ferai remarquer, d’après des observations qui m’ont été communiquées
par M. Lucas, que ces cavernes servent souvent de retraite aux bestiaux, et
que dès lors il n’est pas difficile de concevoir d’où vient l’acide nitrique.
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Celui-ci extasié à la vue de tous les cachets de mes passe-ports,
de toutes les signatures importantes qui les couvraient, déploya
toute sa réthorique pour me servir : il construisit son assignation
pour aller jusqu’à Paris, et je ne doutai plus qu’en France
même, les paysans ne fussent strictement obligés de me fournir
également des chevaux au prix fixe de 30 kreutzer ( environ 10
sous) par cheval. Toutefois, malgré la reconnaissance, il me
fallut tout le sang-froid dont j’étais capable pour ne pas éclater
de rire au milieu de tous les pourparlers qu’entrama cette rédaction,
ainsi que tous ses préparatifs.
De Debretzin à Pest, il faut quatre jours, à ne pas perdre de
temps, pour traverser l’immense plaine qui forme, en quelque
sorte, le centre du pays, et dont la superficie, depuis le Danube
jusqu’aux parties montagneuses , n’est pas moins de 4000
lieues carrées. Dans toute Cette étendue, le voyageur, surtout
dans l’arrière-saison, se croit au milieu d’un désert ou il ne rencontre
aucun chemin fixe, et où les habitations, disséminées
sur les directions des villes-principales, se trouvent à de très-
grandes distances les unes des autres. Qu’est-ce encore quecés
habitations ! de misérables cabanes bâties en terre mêlée de
paille, ou en espèces de briques grossières desséchées au soleil.
Pas un arbre, pas une colline,- ne peut, en général, arrêter la
vue; et ce sol uni, qui, par l’effet de la réfraction, semble partout
s’élever en pente douce, forme un horizon visuel au bord
duquel on peut, en quelque sorte, prendre la hauteur des astres
comme à l’horizon de la mer. Le oeeur se resserre au milieu
de ceftte immensité, dont l’oeil cherche en vain les bornes, et
où règne partout, pendant le jour, un silence profond; aussi
est-ce avec plaisir que le voyageur , fatigué d’un tableau si monotone,
voit arriver la nuit qui doit lui dérober l’étendue de
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Traversée de la
grande plaine«,