Marais de ceth
plaine.
l’espace au centre duquel il est placé. Tout semble d’ailleurs se
ranimer alors : le silence est âu moins interrompu par le cri des
oiseaux d’eau, et bientôt des feux nombreux, allumés par les
pâtres, par les paysans et par les voituriers qui couchent dans
la plaine, viennent égayer la contrée, et assurer au moins qu on
n’est pas seul au milieu-du désert. Mais c’est souvent à de très-
grandes Jistances de l’observateur que ces feux se trouvent placés,
quoique ses y eu*, peu habitués à juger les objets sur un
sol si vaste et si uni, les lui représentent ordinairement comme
très-rapprochés. Il m’est arrivé de courir pendant deux heures,
avec un attelage de quatre chevatix,"avant de parvenir à un de
ces feux qui se trouvait sur ma direction, et dont je n’avais pas
cru d’abord être éloigné de plus de dix minutes. Cette observation
m’a fait remarquer les distances angulaires de ces feux, que
je croyais disposés en cercle autour de moi, et qui me paraissaient
si rapprochés les uns des autres, que je croyais.que les
individus pouvaient se communiquer avec facilité. J’ai aperçu
alors qu’ils devaient au contraire se trouver souvent à de grandes
distances, et écartés entre eux de deux ou trois lieues.
Cette vaste plaine, qui est le réceptacle de toutes les eaux de
' l’est et du nord, est en général extrêmement humide; et comme
elle conserve presque partout le même ni veau,les rivières qui
la traversent envahissent sur leurs bords des espaces immenses,
et forment partout des marais impraticables ou des terrains fangeux.
La partie orientale surtout, c’est-à-dire, toute la plaine
située à la gauche de la.Theiss, ne présente, pour ainsi dire,
qu’un marais dans toute son étendue, à cause des nombreux
ruisseaux qui descendent des montagnes de Transylvanie, et
qui serpentent de mille manières en laissant partout des eaux
stagnantes sur leurs bords. Mais, soit à cause de cette humidité
jointe à une haute température, soit parce que les terrains, aujourd’hui
cultivés, ont été successivement gagnés sur les marais,
dont le fond était composé de débris végétaux et animaux, cette
partie de la plaine est d’une fertilité prodigieuse, et forme, en
quelque sorte, un grenier d’abondance pour le-reste du pays?
La terre y est noire et extrêmement forte, et les plantes cereales
y produisent jusqu’à 20 et 50 pour 1. Il n’en est pas de meme
à la droite de la Theiss, dans la partie de la plaine comprise
entre cette rivière et le Danube. Une grande partie des terres
qui ne sont pas inondées, sont d’une aridité extreme, et n offrent
que des bruyères pour toute végétation. Les plaines de Kecske-
met sont surtout d’une aridité absolue, et ne présentent que
des sables blancs et mouvans, que les vents soulèvent et transportent,
comme des nuages, à de grandes distances. Mais on
pourrait augmenter considérablement dans cette partie l’eten-
due des prairies et des terres labourables en desséchant les marais,
dont le fond, couvert de limon fin, et rempli de débris
organiques, ne porfrrait manquer de devenir extrêmement fertile
.O
utre les terres labourables , qui s’élèvent à plus d’un million
d’hectares (3 millions d’arpens de Paris), et qui produisent
une abondance excessive de frpment, de maïs, de millet, etc.,
outre les terrains marécageux utilisés pour la culture du riz, il
existe dans ces plaines de vastes pâturages, dont l’étendue est
de plus de 300spiille hectares ( 880 mille arpens ), et où l’on
rencontre d’innombrables troupeaûx de bêtes à cornes et de
chevaux. Ces'animaux restent jour et nuit, hiver comme été,
au milieu des champs. Ils y sont à peu près abandonnés au hasard,
et surveillés seulement par quelques pâtres, dont chacun
peut en avoir sous sa garde 1200 et 1500. Dans l’été, le bétail
Fertilité
le quelques
parties.
Aridité
des autres.
Pâturages.