français et e'trangers : je les rapporterai d’abord brièvement ici,
et j’y ajouterai les observations que j’ai pu faire, ainsi que les
conséquences géologiques auxquelles j’ai e'te' conduit.
Ce depót- est une immense masse d’argile ( que les ouvriers
nomment haldà), au milieu de laquelle se trouvent, non pas
des couches ni des débris de couches, comme quelques auteurs
l’ont prétendu, mais des amas extrêmement volumineux, auxquels
on a donné différens noms, d’après leurs positions respectives
et le degré de pureté que présente le sel. Après avoir
traversé une couche de sables grossiers et mouvans, qui composent
le solde la plaine; on trouve presque aussitôt, dans l’argile,
des amas considérables, irréguliers, isolés les uns des autres,
d’un sel extrêmement mélangé de parties argileuses et
sablonneuses. Ces amas sont l’objet des travaux du premier
étage de la mine, et leur ensemble constitue ce qu’on nomme
la première masse de sel ou le sel -vert ( Grünsalz ). Au second
étage, des amas disposés de la même manière dans la masse
d’argile, présentent un sel plus pur, qu’on nomme spiza, dont
on exploite une immense quantité pour l’exportation à l’étranger.
Enfin, un sel plus pur encore, ordinairement très-lamel-
leux, qu’on nomme szibih, forme d’autres amas qui sont exploités
par un troisième étage de travaux.
Ces différens amas de sel, ainsi que la masse d’argile salifère
qui les renferme, sont d’une grande solidité. Chacun des amas
que l’on attaque est exploité presque en totalité*, et il en résulte
d’immenses excavations dont les parois se soutiennent d’elles-
* On n’exploite dans les parties inférieures que les amas dont la position, relativement
aux galeries et aux excavations supérieures, est telle qu’une nouvelle
cavité ne puisse nuire à la solidité du reste.
mêmes * C’est la solidité de ces masses r jointe à la facilije avec
laquelle An peut les entamer, qui a permis de tailler au milieu
d’elles ces beaux escaliers, ces larges galeries, et toutes les décorations
d’architecture dont nous avons parlé.
La sécheresse que l’on remarque généralement dans ces mines
n’a pas échappé à l’attention des naturalistes ; mais le meme
phénomène se présente dans toutes les mines de sel, et il contraste
souvent, d’une manière frappante, avec l’extreme humidité
des portions de galerie qui traversent un terrain d’une autre
nature avant d’arriver au dépôt salifère : c’est ce que nous avons
déjà fait remarquer dans les mines de Hallein, en Salzburg ,
tom. Ier, page 171.
On a aussi indiqué, mais d’une manière assez vague, les débris
organiques qui se trouvent dans ces mines. Hacquet cite
des chamites, des débris d’écrevisses , au milieu dés- argiles sa-
lifères **. M. Schultes *** dit qu’il n’est pas rare de trouver,des
coquilles marines, des ammonites, par exemple, aumilieumê-
me des bancs de sel, et que l’argile qui recouvre le sel renferme
de la houille et des pétrifications. M. Townson dit qu’on lui a
donné Ae petites coquilles bivalves , qui se trouvent dans l’argile
salifère qui enveloppe la masse de selsptjzcï ****. Enfin, on
a cité des dents d’éléphant et des ossemens de quadrupèdes ;
* Plusieurs de ces cavités renferment une plus grande quantité d’eau , et il
en résulte, dans l’intérieur de la mine des lacs souvent très-grands, où l’on
vient jeter les argiles salifères à mesure qu’on les déblaie. On peut se promener
en bateau ou en radeau sur plusieurs de ces lacs souterrains.
** Neueste, Physikalisch-politische R e ise , tom. iv, pag. 89. Nürnberg
1796.
*** Journal des mines, tom. x xm , pag. 82.
**** Voyage en Hongrie, traduction française, tom, III. pag. 4 g.
T, II. 19