et aux sie'nites des bords de l’Elbe, ne pouvaient laisser aucun
doute, ni sur leurs caractères minéralogiques, ni sur leur position
géologique, il n’en était pas de même des anthracites du
territoire de Schônfeld,à quatre lieues au sud-est de F reyberg.
Le célèbre Werner parait les avoir considérés comme primitifs
jusques vers les derniers temps de sa vie : son opinion était appuyée
sur ce que cette masse charbonneuse était encaissée dans
du porphyre, qu’on n’avait reconnu dans ce gisement aucune
matière de transport, et enfin qu’on n’y avait découvert aucun
vestige de corps organisé. Le travail de M. de Bonnard sur
J’Erzgebirge laissait encore la question indécise, mais.il ajoutait
aux doutes qu’on pouvait concevoir, d’après la nature meme
du combustible, en indiquant que «Dans le voisinage des bancs--
» d’anthracite, la structure du porphyre s’altérait, que lés cris-
» taux de quarz et de feldspath étaient de formes moins pro-'
» noncées, qu’ils adhéraient moins à la pâte, et qué la roche
» prenait l’apparence de celle désignées par M. Brongniart sous
le nom de mimophyres (Porphyrartiger Thonstein); que-
» quelquefois la désaggrégation était plus considérable encore'
» et que la roche semblait devenir un véritable psammite on
» grès des houillères.» Cependant ce savant minéralogiste ajoutait
qu’il n’existait aucun vestige de corps organisés, ni dans
l’anthracite ni dans les couches de porphyres. |
Ces données ne pouvaient manquer de laisser beaucoup de
doute sur le véritable gisement de ces depots charbonneux; il
me paraissait extrêmement probable qu’on ne les avait pas suffisamment
examinés, et j’étais persuadé, d’après toutes les ana-
* Bonnard, E ssa i Geognostique su r l’Erzgebirge, Journal dès Mines ^
tom. XXXVIII, pag. 2g5.
logies, qu’ils appartiennent au moins au terrain de transition.
O11 sait, en effet, que des observations assez modernes, ont démontré
que les anthracites , que Dolomieu même , regardait
comme appartenant aux terrains primitifs, et comme démontrant
l’existence du carbone indépendamment- des végétaux et
des animaux, étaient réellement partout accompagnés de matière
de transport et renfermaient des impressions végétales plus
ou moins nombreuses, qui décelaient leur origine postérieure
à la création organique *. Or, il n’était pas probable qu’il en fût
autrement à Schônfeld ; la nature est trop constante dans ses
opérations pour qu’on puisse accorder confiance à un fait isolé
qui se trouve en contradiction avec tous ceux qu’on a recueillis
et sur lesquels on a une certitude entière. Cependant,.comme
rien n’est à négliger, ces dépôts d’anthracités méritaient un nouvel
examen, et Schônfeld était dès-lors un des points que je dédirais
le plus visiter dans le peu de temps que la saison me permettait
de consacrer à la Saxe. Je vais maintenant rapporter les
observations que j’ai pu’recueillir, et les conséquences immédiates
auxquels elles conduisent.
. Le village de Schônfeld est situé dans une petitevallée qui
descend des montagnes qui forment les limites de la Bohême et
de la Saxe,entre Altenberg et Zinnwald. Cette vallée, connue
sous le nom de Weissritz ou Wâsserritz, se’dirige d’abord du
sud-est au nord-ouest, et prend ensuite une direction à peu
* A l’époque de Dolomieu, on n’avait encore en Franee que de»données
très-vagues sur les formations de transition, qui étaient alors introduites depuis
peu dans l’école allemande; mais Dolomieu, en observateur exact, avait remarqué
que les anthracites étaient quelquefois accompagnés par de véritables
poudingues. C’était avoir découvert la chose avant d’en connaître le mot. ■
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Situation
de Scliônleltls*