se trouve expose' aux chaleurs violentes qui dessèchent tout
dans la plaine, et à l’approche de l’hiver, il n’a aucun abri contre
l’humidité, le froid et les tempêtes : aussi arrive-t-il quelquefois
des accidens qui en font périr un grand nombre. On a de
pcheux exemples où, dans une seule nuit, les pertes se sont
Vieei accouiie-élevées- à 30, 80 et 80 mille pièces de be'tail. Le pâtre assimilé
menu«paires. animaux qu’il surveille n’est guère plus heureux : n’ayant
d’autre abri que, son blinda ou manteau de peau de mouton, il
doit aussi, jour et nuit,hiver comme e'té, rester exposé à toutes
les intempéries, n’ayant pas même la ressource-des bergers des
montagnes, de se creuser un trou sur la pente d’une colline
pour se mettre à couvert dans les temps de pluie. Mais ces gardiens,
aussi rudes, aussi sauvages que les animaux avec lesquels
ils habitent, ne paraissent faire aucune attention à leur pénible
situation. Leur figure basanée, leurs moustaches et leur barhe
mal peignées, leurs cheveux pendans, leur accoutrement rustique,
la hache qu’ils portent constamment à la main, en font des
êtres très-peu agréables à voir, et dont on ae peut se défendre
d’avoir une certaine crainte. Il faut encore joindre à tout cela
une horrible saleté, et souvent une odeur de crasse fort dégoûtante,
qui tient surtout à l’habitude de se graisser le corps, d’enduire
leurs chemises de graisse rance, pour se préserver, dit-
on , de la vermine qu’ils ne pourraient manquer d’engendrer,
ne changeant quelquefois de linge que lorsqu’il tombe en lambeaux.
Troupeaux a. C’est sans doute l’extrême humidité de differentes parties des
bulfle- plaines de la Hongrie, qui a engagé les habitans à élever une
grande quantité de buffles, dont on rencontre quelquefois des
troupeaux considérables. Cet animal, qui semble être né poulies
pays marécageux, est ici d’une grande utilité.aux paysans
qui s’en servent habituellement pour les labours et les charrois.
Il est d’une telle force, que deux buffles attelés à un fardeau font
plus d’effet que quatre forts chevaux : en même temps il est
très-facile à nourrir, et se contente des fourrages les plus mauvais.
Il prospère d’ailleurs admirablement dans toutes les parties
humides où le boeuf et le cheval ne sauraient résister long-temps.
Le buffle est plus petit que le boeuf, et surtout beaucoup plus
bas ; son poil est de couleur noire, très-rare. Ses cornes, striées
transversalement, courbées en demi-cercle et aplaties, sont rejetées
en arrière, de sorte que l’animal népeut guère s’en servir
pour se défendre ou attaquer. Sa physionomie et toute son allure
ont quelque chose de dur et de grossier. Il est toujours extrêmement
sale, parce qu’il aime à se vautrer dans les eaux des
marais, et dans les parties les plus boueuses, et qu’en général
on né se donne pas la peine de le nétoyer. Il ne m’a pas paru
être en Hongrie d’un caractère méchant, et il me semble qu’on
parvient à le dompter avec facilité; mais il s’effarouche aisément
et se jette alors de côté et d’autre s’il est attelé, ou s’enfuit dans
les marais lorsqu’il est libre. -Le lait de la femelle est peu abondant;
mais il est extrêmement crémeux, et beaucoup meilleur
au goût que le lait de vache. Le beurre qu’on en tire est fort bon,
mais toujours blanc, assez semblable à la graisse, et peu agréable,
à l’oeil. Je ne me suis pas aperçu qu’il fut plus, difficile de
traire ces animaux que les vaches, et je les ai souvent vu subir
cette opération fort tranquillement, sans qu’il-fût nécessaire de
présenter le petit buffle à la mère , comme on dit qu’il faut le
pratiquer dans beaucoup de lieux. C’est une chose assez curieuse
que de voir ces animaux rentrer dans les métairies,ou arriver
en quelque endroit où ils ont l’habitude de boire ou de manger:
ils témoignent alors une joie particulière dans tous leurs mou