trêmement troubles; mais parmi ces derniers j en ai tiouve encore
de fort bons : probablement on les avait mis en bouteille
avant cju’ils fussent bien reposés. En effet, le vin, tel qu’on l’envoie
dans les petits barils, renferme une grande quantité de matière
mucilagineuse, qui ne se dépose que très-lentement; en
sorte que, quand il est arrivé à sa destination, il faut attendre
encore fort longtemps avant de le mettre en bouteille. Ordinairement
on verse sur le marc une nouvelle quantité d’un bon
vin, que l’on agite fortement, et qui prend encore un sucre et
un parfum fort agréables : on donne encore à ce nouveau mélange
le nom de maslas, ce qui semble indiquer que, dans le
principe, le maslas n’était réellement que le vin préparé avec
les résidus du raisin sec et les marcs de l’ausbruch. Les vins des
meilleures qualités sont bientôt enleves, et les proprietaii es
ii’nn conservent que pour leur consommation particuliei e ; il en
passe surtout une très-grande quantité en Pologne, où, en général
, il faut aller pour boire les meilleures qualités , par la raison
.qu’on y laisse ces vins vieillir considérablement. Les prix
de ces vins varient beaucoup suivant leur âge.; à Tokaj même,
les bons,vins de quelques années se vendent en général un ducat
( 12 francs ) la bouteille ; mais en Pologne, il y en a qui revient
à deux, trois et jusqu’à cinq ducats, suivant qu’ils sont
plus ou moins vieux.
On est généralement persuade, au moins en France, quelle
véritable Tokaj ne se fait que dans les propriétés impériales, à
Tokaj même, et que ce n’est que dans les caves de l’Empereur
qu’on peut avoir le vin par excellence. Les Hongrais prétendent
qu’il n’en est pas ainsi, et que beaucoup de propriétaires possèdent
même des vignes de meilleure qualité. Le canton, dit-on,
le plus renommé est celui des environs de Tarczal ; les côtes de
Erdô-Benye, qui, d’ailleurs, sont encore mieux exposées que
celles de Tarczal, ont aussi une grande réputation. Mais en Hongrie
, comme partout, chacun vante son canton ; eii sorte qu au
rapport des uns et des autres, il faudrait mettre toute la contrée
sur la même ligne. Ce n’est qu’aux consommateurs tout-à-fait
étrangers à cette partie de la Hongrie, qu’on peut s en rapporter
pour prendre une décision : c’est sur leurs rapports que j ai
désigné plus particulièrement les deux localités precedentes.
Il est de fait que le bon vin de Tokaj est excellent, qu’ü a un
bouquet particulier qu’on ne saurait définir, et qu’on ne retrouve
pas dans les vins même qui en approchent le plus. Mais
la différence n’est pas assez grande pour compenser en France
celle du prix auquel ils reviennent, comparativement aux bons
vins deFrontignan et de Lunel, qui ont avec eux de très-
grands rapports ; je suis même persuadé que si on prenait dans
le Languedoe tous les soins qu’on prend à Tokaj pour la culture
de la vigne, pour la maturité et la dessiccation du raisin sur
place, que si on avait constamment la précaution de ne, pas porter
à la cuve les raisins gâtés, ete., on pourrait rendre ces vins
de liqueur infiniment supérieurs à ce qu’ils sont habituellement,
et qu’on en obtiendrait de réellement comparables à ceux de
Tokaj. Les vins connus sous le nom de z>in de paille, parce
qu’on les fabrique avec des raisins desséchés artificiellement,
ont aussi, lorsqu’ils sont bien fabriqués, quelque analogie avec
le Tokaj, et ce sont eux qu’on vend assez communément sous
ce nom.
On fait aussi, dans diverses autres parties de la Hongrie, des vins de Mené»,
vins de liqueur, suivant la méthode employée à Tokaj. Les uns
sont blancs, les autres rouges, mais la plupart d une qualité assez
médiocre. Il n’y a que le vin de Menés, sur les frontières de