aux en'virons de Kis-Maria, qu’il faut aller voir les lacs où 1 on
exploite particulièrement le natron. Tout le terrain qui les entoure
est couvert de Salicornia, de Salsoda et de plusieurs autres
plantes des côtes maritimes, qu’on recueille aussi pour en
tirer le même sel par incinération. Le sol sur lequel croissent
ces plantes présente un sable quarzeux micacé, blanchâtre ou
grisâtre, imprégné de matières salines. Au bord des lacs, on
trouve une matière argileuse grise , et noire lorsqu elle est
mouillée, qui est toujours plus ou moins mélangée de sable. Il
parait que c’est cette matière qui forme le sol des endroits ou
les eaux se rassemblent plus particulièrement. Elle fait effervescence
avec les acides, même lorsqu’on a enlevé le carbonate de
soude par lexiviation, ce qui est dû à un peu de carbonate de
chaux, dont la quantité s’élève à 6 pour 100 dans les échantillons
que j’ai recueillis. Ces lacs ou marais, qui, en général, ont
très-peu de profondeur, se dessèchent presque entièrement
pendant l’été ; mais à mon passage tous étaient remplis d’eau,
par suite des pluies qui avaient eu lieu tous les jours précédées.
Ces eaux étaient troubles, grisâtres, et présentaient une légère
teinte rouge lorsque, par le repos, elles avaient déposé leur limon.
Ce sont-là les seules observations que j’aie pu faire, quoique
j’aie parcouru les bords de ces lacs et de ces marais pendant
toute une journée; mais partout le terrain est uni, et on ne
trouve aucun ravin où l’on, puisse étüdier avec plus de détails
sa composition. Il serait nécessaire, pour bien connaître le phénomène
que ces terrains présentent, de faire quelques fouilles
particulières, ou de profiter de celles qui ont quelquefois lieu
ppur les puits dans les environs. Ruckert, qui a exploité le natron
pendant long-temps, et qui a pu étudier plus particulièrement
le terrain, assure que les;sables renferment quelquefois
de la mine de fer en grain, qu’ils n’ont pas plus de quatre ou
cinq pieds d’épaisseur, et qu’ils reposent sur une couche d argile
bleue. Il nous apprend aussi que la plupart des lacs se desséchent
au milieu de l’été, et qu’alors on ramasse le natron qui
effleurit à la surface. L’efflorescence se renouvelle au bout de
trois ou quatre jours, et l’on peut alors l’enlever de nouveau;
de sorte que l’on en recueille une très-grande quantité pendant
tout l’été. Mais il y a des parties plus profondes où l’eau se conserve
constamment, et finit par renfermer une grande quantité
de carbonate de soude ( 50 à 60 pour 100, dit Ruckert), qui
cristallise pendant les nuits froides de l’automne. Ces eaux saturées
sont conduites dans les fabriques, et mises en réserve
pour le travail de l’hiver.
Ne pouvant voir les efflorescences salines sur le terrain, où Examen du
, . , , natron recueilli.' tout était redissous ; j’ai examiné le natron qui avait ete recueilli
auparavant : il était mêlé d’une assez grande quantité de matière
argileuse grise , et renfermait beaucoup de muriate de
soude, ainsi qu’une certaine quantité de sulfate. J’ai eu ensuite
l’occasion d’en voir chez les paysans dans la Grande Cunianie,
qui avait été recueilli dans les marais qui bordent la Theiss> et
il renfermait aussi les mêmes sels, quoique en moins grande
quantité. J’ai refait la même observation sur le natron recueilli
dans les plaines du lac de Neusiedel. Il parait donc évident que
le carbonate de soude n’est jamais pur, et qu’il est, en Hongrie
comme dans tous les autres lieux où on en trouve, toujours mélangé
de muriate de soude, en plus ou moins grande quantité.
Tels sont les faits que j’ai pu recueillir ou vérifier au milieu origine a.
de ces plaines désertes, où le géologue, ne pouvant examiner ,Mlror’'
que la dernière pellicule du globe, se trouve tout à coup arrêté
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