mais qui ue peut manquer de devenir très-important sous une
foule de rapports, s’il est suffisamment protégé. Les propriétaires
d’usines, tous les*ouvriers qui emploient des matières tirées
du règne minéral, les spéculateurs , y trouveront une foule
de renseignemens précieux , lorsqu’on aura rassemblé des collections
complètes des terres, des pierres, des minerais et de tous
les produits minéraux enfin, que la Hongrie peut fournir, et
qui peuvent être de quelque utilité dans les arts. La science
elle-même ne peut manquer d’y trouver aussi des documens
importans, lorsqu’on aura réuni des collections suivies , accompagnées
de renseignemens exacts, et suffisantes pour représenter
la constitution minérale de ces riches contrées, qui sont
encore si peu connues, quoique si dignes de l’être.
Viiie deüudc. Eu sortant de Pest pour aller à Bude, on a sur le pont un
des plus beaux points de vue que l’on puisse imaginer. Le cours
majestueux du Danube, qui, dans cette partie, a environ 5-70
mètres, c’est-à-dire, près de quatre fois la largeur de la Seine
au jardin des plantes ; les îles couvertes de verdure, et les montagnes
qui se présentent dans le lointain, forment un ensemble
qu’on ne peut se lasser d’admirer. Bude présente un amphithéâtre
de maisons extrêmement agréable, et le palais du vice-
roi, placé au sommet de la colline, produit le plus bel effet.
Mais lorsqu’on vient de quitter Pest, où tout se ressent du
mouvement et de l’activité d’une ville commerçante, il est difficile
de ne pas trouver Bude très-solitaire. Gette ville , où il
n’existe d’autre commerce que celui qu’entraîne la consommation
journalière, est en effet fort triste pendant toute la belle
saison, temps auquel toute la noblesse est dans ses terres. Mais
la scène change au milieu de l’hiver : un grand nombre de- familles
les plus distinguées se réunissent à Bude, qui devient
C O N T R É E D E P E S T E T B U D E . 371
alors le centre de toute la bonne société, et où tous les jours on
trouve des réunions aussi nombreuses qu’agréables. Celte ville
n’a pas pris une extension comme Pest, parce que sa situation
sur une colline y apporte un obstacle insurmontable ; elle se
trouvé aujourd’hui dans le même état où elle était il y a 50 ans;
mais comme elle a été long-temps la demeure des rois de Hongrie,
qu’elle est encore la résidence du vice-roi ou palatin, et
par conséquent le rendez-vous d’une partie de la noblesse : elle
est aussi très-bien bâtie, et même dans un genre plus distingué
que Pest ; on y trouve un grand nombre de beaux hôtels, et
toutes les maisons y présentent en général un certain air de
grandeur, plus facile à concevoir qu’à exprimer, et qui ne se
trouve pas dans une simple ville marchande. Le palais, restauré,
et même en quelque sorte rebâti par Marie-Thérèse, est très-
vaste, d’une construction noble, et très-agréablement situé. On
a, des appartemens, une vue délicieuse sur le Danube, sur Pest,
et sur toute la campagne environnante. Les églises de Bude
sont fort belles, quoique peu remarquables par leur construction
ou par leur décoration extérieure : elles ont aussi, comme
par toute la Hongrie, quelque chose qui se ressent du goût
oriental, et qui ne m’a jamais paru produire un effet agréable.
Ce sont des clochers élancés, qui présentent le plus souvent une
tour carrée, très-étroite, qui s’élève assez haut en se rétrécissant
quelquefois successivement à différens étages, et qui est recouverte
par un toit conique,.avec un ou plusieurs étrangle-
mens en forme de poire, dont la pointe est tournée vers le haut.
Ces toits sont souvent recouverts de fer-blanc, qui les fait distinguer
au loin par la lumière qu’il réfléchit : il ne manque plus
qu’un croissant au sommet d’un clocher de cette forme, pour lui
donner la dernière ressemblanceavcc le minaret d’une mosquée,
Palais
du vicc-roi