422 RELATION HISTORIQUE. CHAP. XI.
teur , et dans lesquelles on n’aperçoit que quelques indices
d’une stratification presque horizontale ; les couches plongent
seulement à l’est-nord-est, sous un angle de 20 à 30 degre’s
Toutes les montagnes qui se trouvent à l’est et au nord du lac
blanc, sont entièrement composées de ce calcaire : tels sont le
Dürnberg et le Stoschen; plus loin, au nord, la montagne
qui porte le nom de Magura en est entièrement composée ; en
sorte qu’il paraît que ces roches se prolongent jusque dans la
Galicie, et que c’est encore à elles qu’appartiennent les collines
calcaires qu’on trouve au bord du Dunajec. Nulle part, autour
du lac blanc, je n’ai vu de grauwacke schisteuse, et dans la
partie la plus orientale du Magura, que j’ai visite'e en allant en
Pologne, je n’en ai pas vu davantage. Cette circonstance donne
à ces roches une analogie frappante avec celles que nous avons
remarquées autour de Neusohl, et qui reposent sur un grès
tout-à-fait semblable à celui du lac blanc ; elle semble conduire
à faire considérer ces roches comme appartenant, aussi bien que
plusieurs autres masses calcaires que nous avons vues dans le
chapitre précédent, aux derniers dépôts des terrains de transition.
Les cavernes qu’on trouve dans les montagnes de Magura,
les matières siliceuses en nids ou en petites couches, que ces
mêmes calcaires renferment en quelques points, comme dans
la partie nord-est du Magura, et, à ce qu’il paraît, auprès de
Z d ja r, sont encore autant de faits sur lesquels on peut appuyer
cette opinion, avant de connaître Les observations que nous allons
bientôt recueillir *,
* H pourrait se faire quil y eût, dans le groupe de Tatra, un terrain composé
de grauwacke schisteuse et de calcaire, au-dessus duquel se trouveraient
les grès que nous venons de décrire, ainsi que les calcaires compactes $ c’est ce
Après avoir parcouru les bords du lac blanc, ainsi nommé
parce que les eaux qui roulent sur les montagnes environnantes
sont souvent chargées de matière calcaire blanche ; après avoir
visité les escarpemens de grès et les escarpemens calcaires, nous
avons suivi le cours du ruisseau nomme' l'eau blanche ( Weis-
sesWasser ), qui vient aboutir dans celui qui sort du lac vert.
Partout, jusqu’à ce qu’on soit arrivé dans la vallée principale,
on ne trouve que du calcaire et du grès, soit dans les roches en
place, soit parmi les blocs qui sont tombés des hauteurs.
Nous redescendions tranquillement sans avoir encore eu de 0ra«e-
contre-temps ; mais il semble que les naturalistes qui visitent
cette contrée doivent tous se trouver en butte à la fureur des
élémens. M. Wahlenberg a eu tellement à s’en plaindre, qu’il
préfère même le climat de la Laponie à celui de la Hongrie.
M. Townson n’a pas été plus heureux; et à l’instant où je croyais
m’en tirer plus agréablement, le tonnerre gronda dans»la montagne.
Bientôt tout fut couvert de nuages, et la pluie tomba par
torrens. Il fallut de toute nécessité la recevoir ou se mettre g
l’abri sous des sapins dont les cimes aigues ne pouvaient laisser
de sécurité, contre la foudre. La pluie ne dura heureusement
qu’une demi-heure, de sorte que, si nous eûmes tout le temps
d’être bien trempés, nos habits eurent aussi celui de sécher sur
qu’on pourrait soupçonner, d’après les descriptions de M. Genersich, s’il était
possible de se fier toujours aux dénominations que cet auteur a employées, qui
souvent sont mal appliquées. Il indique en effet des tafelschiefer gris noirâtre,
et des mergeîsvhiefer sur lesquels ou entre lesquels se trouvent des calcaires :
mais je crains bien que ces roches schisteuses ne soient que des variétés de la
grande masse de grès houiller qui couvre les calcaires en question.
Voyez le mémoire de cet auteur sur les karpathes dans les N eue Beytrage
zu r Topographie von Bredetzky, ff^ ien , 1807.