plusieurs autres buttes absolument composées de la meme manière.
De'jà ces collines isolées, quoique peu importantes par
leur nature, me paraissaient un fait très-remarquable, et je ne
pouvais en concevoir l’existence qu’en les considérant comme
les témoins, d’un déblaiement de la plaine par les eaux, et
comme indiquant un ancien niveau du sol à une epoque très-;
reculée. Mais je m’aperçus que mon conducteur Hongrais, qui
m’avait répété plusieurs fois ■ Tôrôk Halom, Tôrôk ..Hely, et
plusieurs autres Tôrôk que je ne comprenais pas, appliquait les
mêmes noms à toutes les collines que je lui montrais. Je commençai
alors à comprendre un peu, par les mots entrecoupés
que je pus saisir dans ses explications, que toutes ces buttes
étaient artificielles; et j’en fus tout-à-fait ; convaincu à la station
où j’arrivai le soir, et où je pus avoir quelques détails auprès du
notaire *, qui parlait latin. Ces buttes sont en effet toutes artificielles;
elles ont été élevées par les Turcs dans ces temps de
désastres où les armées de Soliman avaient envahi une grande
partie de la Hongrie. Elles étaient destinées à placer des senti-
* Il ne faut pas prendre ici le mot notaire dans l’acception où nous.le, prenons
en France : ces notaires, dans les villages hongrais, sont en quelque
sorte des maires'qui sont chargés de l’exécution des ordres transmis par les
seigneurs, ou directement par le Comitat. Tous doivent savoir lé latin, qui est
la langue des affaires par toute la Hongrie. Ils sont à la nomination du seigneur
auquel le village appartient; mais les habitans du lieu peuvent le déposer et en
demander un autre ? s’ils en sont mécontens.
Je rappelerai aussi ce que j’ai dit dans un autre lieu, qu’il y a dans chaque
village une espèce d’agent de surveillance, qu’on nomme ju g e , qui est nommé
par l’assemblée des habitans, sur la présentation de trois candidats choisis par
le seigneur. Le juge est au-dessous du notaire, dont il doit»prendre l’avis dans
une foule de circonstances.
nelles qui puissent découvrir à une distance suffisante ce qui se
passait dans la plaine. Il en existe un très-grand nombre, principalement
sur les bords de la Theiss, et chacune a un nom
particulier qui rappelle son origine. On en connaît d’ailleurs les
dates, comme on me l’a ensuite assuré à Pest pendant mon séjour.
. .
Mais si ces buttes artificielles n’ont pu dès lors me présenter Caicaira dfeatt
aucun intérêt géologique, le détour qu’elles m’ont obligé ded™ê5^aruaif°na
faire au milieu des marais, m’a fait observer une circonstance
assez remarquable, que probablement je n’aurais pas eu l’occasion
de connaître si j’avais suivi la route ordinaire de Debretzin
à Pest. Je trouvai en effet, en traversant quelques hameaux, des
dépôts calcaires plus ou moins solides, et quelquefois très-compactes,
qui renfermaient des coquilles fluviatiles en assez grand
nombre. M’étant informé du lieu d’où ils venaient, j’appris
qu’on les tirait pendant l’été des marais environnans, au fond
desquel il se formait journellement une espèce de vase ,
qui se desséchait à l’air,' mais dont quelques parties étaient
naturellement solides sous les eaux. Je retrouvai les mêmes dépôts
à Czegled en tas.assez considérables, dans la cour de l’auberge,
et l’aubergiste m’indiqua encore les marais des environs :
il me fit conduire au lieu d’où l’on avait extrait les pierres qp’il
avait fait transporter chez lui. On les avait exploitées au milieu
de l’été de l’année précédente ; mais les eaux à mon passage
étant assez hautes, couvraient, en grande partie, l’espace où
l’on peut rencontrer les pierres solides* je ne pus voir sur les
bords qus des dépôts terreux, mais qui, bien évidemment,
étaient de même nature. Ces dépôts paraissent être assez abon-
dans aux environs de Czegled, car la plupart des maisons en
sont bâties, et les petits ponts jetés sur les ruisseaux en sont
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