Celte circonstance, qui n’est pas rare, tient à la couleur noire-
du basalte : on sait, en effet, que les corps de couleur terne
e'mettent ou absorbent, suivant les circonstances, plus facilement
le calorique que les corps de couleur claire ; qu’un corps
chaud, recouvert d’une enveloppe noire ou terne, se refroidit
plus vite que lorsqu’il est recouvert d’une enveloppe blanche
ou brillante. D’après cela, il est clair que le calorique de la terre
doit se communiquer plus facilement à la neige dans les endroits
où il y a des basaltes que dans ceux où il n’y en a pas. La
même chose arrive dans les terrains de schiste noir. C est Sur
ces mêmes principes , mais appliqùè's en sens inverse , qu est
fonde' l’usage des habitans de Chamouny, au pièd du Mont-
Blanc, de semer des fragmens de schiste noir a la surface de la
neige pour la faire fondre plus promptement *.
\« 4«, buiies De Zsid je suis aile' à Tapoltza, en faisant un détour au éûd,
B H | pour reconnaître s’il existait encore du Basalte dans cette partie;
& Tapoiiza. mâjs partout je n’ai trouve' que dès collines de sables , qui Sont
moins éleve'es que les plateaux basaltiques qù’on laisse à gauche
: ces collines se prolongent jusqu’aux montagnes calcairès
qui forment la continuation de cëlles de Rèszi. Lès pentes de
* Par la même raison qu’un corps terne perd son calorique avec plus de facilité
qu’un corps clair, lorsqu’il se trouve en présence d’un autre plus froid
que lu i , il l’absorbe avec plus de force lorsqu’il se trouve en presence d un
corps plus cbaud ; aussi , lorsqu’on étend sur la neige des morceaux d étoffe
noire, et d’autres d’étoffe blanche, reconnaît-on qu’il y a fusion sdùs la
première, qui absorbe les rayons calorifiques de l’air, tandis qu il n y en a pas
sous l’étoffe blanche, qui les réfléchit. C’estpar cette raison qu un habit, ou un
chapeau blanc, est moins chaud pendant l’été , lorsqu’on est exposé aux
rayons du soleil, qu’un habit ou un chapeau noir : la différence est extremej
ment sensible dans les pays chauds.
ces collines, surtout dans la partie septentrionale au-dessous
des plateaux, sont couvertes de fragmens dè basalte, quelquefois
extrêmement nombreux. Des parties les plus éleve'es, et
surtout à l’instant où l’on commence à descendre vers l’est, on
a une vue magnifique sur les plaines de Tapoltza, et sur quatorze
buttes basaltiques, qui çà et là s’élèvent isolément au milieu
d’elles *; la vue s’étend au sud jusqu’au lac Balaton, et tout
cet ensemble produit un effet enchanteur, que lé géologue ne
peut se lasser d’admirer. Mais pendant que j’avais les yeux fixés
sur ces antiques témoins des grandes révolutions dont cette
contrée a été le théâtre, des nuages s’accumulaient de toutes
parts, et bientôt ils couvrirent la plaine d’un voile impénétrable.
Je continuai ma route au milieu d’un brouillard très-épais : lorsque
j’arrivai à Tapoltza, les nuages s’étaient particulièrement
accumulés sur les buttes basaltiques, et produisaient alors un
effet fort remarquable : le temps était sombre, mais toute la
plaine était découverte, et on apercevait seulement, en diffé-
rens points, quelques groupes de nuages qui, lorsqu’on ne les
fixait pas particulièrement, semblaient former un horizon lointain.
L ’illusion était.telle, qu’au premier moment je crus m’être
trompé de chemin au milieu du brouillard, et m’être éloigné
beaucoup des buttes que j’avais aperçues des hauteurs : la première
chose que je demandai fut à quelle distance j’en étais. On
me rassura en me faisant apercevoir que chaque nuage en cachait
une. Il me fallut attendre que le ciel fut éclairci, car autrement
j’aurais été obligé d’aller à tâtons, bien plus encore
.?* On peut en prendre une idée dans les coupes et vues, pi. YU, fig. 1,
,3 et'5<