
grande paiTio de la substance quant à la masse, comme cela sc
voit dans toute substance organisée, même liquide, telle que le
sang, ne constituent qu’une petite proportion de la masse; et
enfin plusieurs des composés minéraux se présentent à l’état
de grains ou agrégats irréguliers, qui ne sont pas unis molécule
à molécule aux espèces de corps des autres classes, ou sont tout
au plus unis à une faible proportion de substances organiques.
Ainsi, quant à l’homogénéité de l’union moléculaire des principes
immédials dans toute la masse , la substance organisée se distingue
déjà de tout agrégat de matière brute. Un produit de
fabrication humaine, comme le vin, pourra bien renfermer des
principes des trois classes, plus d’une manière homogène,
mais il manquera de tel ou de tel des autres caractères suivants
qui sont propres à la substance organisée.
61. — La matière organisée peut être liquide, demi-solide
ou solide.
Si elle est liquide, elle se distingue de toute substance brute
par la prédominance des substances organiques (non desséchées)
quant à la masse. Je dis non desséchées, car l’eau qu’ou
chasse par évaporation de la matière organisée est pour la
plus grande partie de l’eau de constitution des substances organiques
elles-mêmes (1); elle se distingue encore accessoirement,
bien que presque toujours, par la présence de parties
solides en suspension ayant une forme spéciale, les éléments
anatomiques.
Lorsqu’elle est solide, elle peut être amorphe, mais elle a le
plus souvent une forme et une structure spéciales ; si elle est
amorphe, elle se distingue encore par la prédominance des
substances organiques sur les espèces d’origiue minérale. Mais
la matière organisée n ’est pas toujours liquide ou amorphe
solide; elle prend , lorsqu’elle est solide , le plus souvent des
formes e t une structure spéciales, qui la distinguent des corps
i l ) Voy. Ch. Robin e t V erdeil, Chimie anatomique. Paris, 1 8 5 3 , t, III.
bruts, lors môme que, dans sa composition immédiate, les
principes d’origine minérale l’emportent quant à la masse,
comme on le voit dans les os, les coquilles, etc.
62. — Aiosi on voit qu’il n ’y a pas toujours de caractère
absolu qui distingue la matière brute de la substance organisée,
toutes deux pouvant être liquides et solides, contenir
des substances organiques ; et même quelquefois la première
renferme des composés cristallisables analogues, sans être identiques
, à ceux d’origine organique des êtres v iv an ts, car les
corps d’origine minérale ne manquent jamais ni dans l’une ni
dans l’autre. Lorsqu’une matière ne contient pas de substances
organiques, la distinction est absolue ; ce n ’est pas de la matière
organisée, c’est un corps brut. Lorsqu’étant amorphe ou
liquide, la masse des principes d’origine minérale l’emporte
sur les substances organiques , c’est encore un corps brut ; s i ,
au contraire , ce sont ces dernières qui l’em p o rten t, c'est de
la matière organisée.
C’est pour avoir cru à l’existence de caractères distinctifs
absolus que l’on a cherché si longtemps à distinguer chimiquement
la substance organisée de celle des corps bruts , au lieu
de chercher d'abord à connaître quelle est la constitution de la
première.
C’est pour avoir cru à l’existence de caractères distinctifs
absolus entre la substance organisée des végétaux et celle des
animaux, q u e l’ona été conduit à deux erreurs aussi graves l'une
que l’antre. La première consistait à considérer l'ammoniaque
comme pouvant être seule fournie par la matière organisée animale;
sa production par l’action du feu sur une matière dénotait
alors que Fou avait aiïaire à une substance animale.
La seconde cousistail, à nier qu'on p û t, au point de vue de
la composition immédiate (au point de vue chimique, comme
on disait alors), distinguer la substance des animaux de celle
des végétaux, parce que dans quelques animaux l'un des principes
immédiats est de la cellulose. Or cette substance orgaI