
loi objective, l’observation scientifique ne les a jamais confirmées,
malgré de fréquentes espérances bientôt détruites par
un examen approfondi. E cartant toute vaine discussion sur les
origines absolues, il faut donc reconnaître comme une notion
essentielle de philosophie relative que cbaque être vivant émane
toujours d’un autre semblable à lui.
Ce fait général ne résulte d’aucune déduction et ne repose
que sur une immense induction désormais inattaquable.
Il constitue une troisième loi biologique, aussi distincte de
la seconde que celle-ci l ’est de la première. Seulement chacune
de ces lois suppose la précédente, quoiqu’elle n ’en dérive point.
Car si des êtres étaient immortels, leur reproduction serait
inutile, elle deviendrait même contradictoire à cause des difficultés
résultant d’une multiplication indéfinie. Voilà tout ce
qu’il y a de nécessaire dans la connexité réelle entre la génération
et la mort.
« Ainsi le grand aphorisme d’Harvey, omne vivum ex ovo,
n ’est imparfait qu’en ce qu’il spécifie un mode d’émanation
souvent étranger aux organismes inférieurs. Sous une meilleure
rédaction, omne vivum ex v iv o , il constituera toujours
l’une des principales bases de la biologie systématique. Cette
dernière loi fondamentale de la vie universelle achève de sépare
r radicalement la moindre existence organique de toute
existence inorganique. Blalgré de vains rapprochements scientifiques
entre la cristallisation et la naissance , le véritable
esprit philosophique ne permet point de regarder un cristal
comme naissant d’un autre. Le vrai sens biologique du terme
naissance ne peut convenir à des corps susceptibles de durer
toujours et de croître sans cesse; car ils proviennent le
plus souvent d’une combinaison directe entre leurs éléments
chimiques, indifféremment émanés de composés quelconques.
En un mot, la propriété de naître est aussi particulière aux
êtres vivants que celle de mourir. »
Pleinement appréciée, cette troisième loi biologique te rmine
la célèbre controverse, encore essentiellement pendante,
sur la perpétuité des espèces. Elle consiste, au fond, à maintenir
l’intégrité du type, quel que soit le nombre des transmissions.
Aussi tous ceux qui ont supposé la variabilité indéfinie
des espèces se sont trouvés bientôt conduits à concevoir les
corps vivants comme pouvant se former de toutes pièces par de
simples actions chimiques au moins chez les êtres inférieurs.
De tels paradoxes doivent peu surprendre dans un ordre de
spéculations aussi complexes où les idées positives n ont pu
jusqu’ici surgir que des sciences plus simples, telles que la chimie,
par exemple.
3 5 . _ Le mot formation n ’est pas synonyme du terme
naissance; le premier est réservé pour désigner un fait chi
mique, combinaison soit directe, soit indirecte ou catalytique.
La formation n ’est pas, comme la naissance, ce fait vital caractérisé
par la production par un être vivant, à l aide de principes
immédiats variés, d’un élément anatomique ordinaire ou spécial,
d’un ovule ou d’une gemme ; ovule et gemme qui, dès leur première
apparition, ont un volume déterminé, qui naissent de
prime abord avec certaines dimensions, et qui peuvent ensuite
se développer ou rester tels plus ou moins longtemps, à moins
qu’ils ne s’atrophient et ne soient résorbés. Biais on ne les voit
nullement, comme les composés chimiques qui se forment, partir
de f é t a t de molécule physique, invisible, ou mieux de f é ta t de
cristaux àpeineperceptibles au x p lu sfo rts pouvoirs amplifiants,
qui s’accroissent rapidement ou lentement, ou cessent brusquement
de grossir, selon f é ta t du liquide où a lieu leur formation.
L’ovule donc, dès sa naissance, a comme tout élément an a to mique
un volume déterminé; sa substance est vivante elle-
même et douée pendant la durée de sa vie, comme ovule, d’une
certaine indépendance à, l’égard des autres parties.
3(5. _ La propriété de naissance, génération ou reproduction,
est caractérisée par ce fait que les elements anatomiques
existants, quand ils sont placés dans certaines conditions de
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