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l’Hifpanie. Certainement ils la connurent avant les
Romains. Mais comme leur langue rejettoit tous
les mots durs à l’oreille , & aimoit à traduire le
fèns des mots orientaux, plutôt que d’en adopter
le matériel, au lieu de Span , ( lignifiant reculé à
l’oueft ) , ils nommèrent le pays Hefperie, du
mot grec sa'Tep , le foir, le couchant.
Premiers habitans. H n’eft guère de nations dont
l ’origine (oit bien connue. Le défaut de monumens
des premiers âges dé chaque peuple en a fait une
néceflité prçfque univerfelle. On a dit avec beaucoup
de juftefle, qu’il n’éteit guère de grands
états & de puiffances maritimes qui n’euffent commencé
par des hutes de bergers ou par des cabanes
de pêcheurs. Cependant, malgré l’accord de cette
opinion philofophique , avec une foule de faits
démontrés , il n’eft guère de nations qui n’ait
inventé des fables pour fe donner une origine
iliuftre.
Quelques auteurs efpagnols ne fe font pas pré-
fervés de ce ridicule. Ils ont trouvé que faint
Jérôme avoit dit que Tubal étoit venu en Hif-
panie. On en a conclu qu’il y avoit eu. de la
po&érké , & l’on a donné fa généalogie julqu’à
l’an de Rome 153. D'après les calculs ordinaires,
le voyage de Tubal auroit eu lieu 2117 ans avant
J. C . & l’on auroit 1595 ans pour là durée de
fa poftérité. Ce long intervalle a laifle place à
bien des fables , telles que le voyage de Bacchus ,
celui d’Hercule , la défaite de Géryon, &c.
L’hiftorien Jofeph , qui partoir , ainfi que faint
Jérôme, du texte de récriture .feinte , mais qui
l ’entendoit autrement, dit que Tubal avoit peuplé
l’Ibérie Asiatique , fituée, comme on peut le
voir à fon article , entre la Cokhide à l’oueft,
& l’Albanie à l’eft" ; fentiment infiniment plus
raifonnable , fur - tout en partant de l’époque
qu’ils donnent l’un & l’autre à la création & au
déluge. fjs&Æ:
Dans une matière fi obfeure, je penfe qu’il
eft indifférent de prendre un parti. On peut conjecturer
avec beaucoup de vraifemblance, que des
Celtes entrèrent dans cette prefqu’Hle, & s’y établirent
, après avoir traverfé les Pyrénées, & que,
depuis, des colonies de Phéniciens établirent des
comptoirs fur la côte.
Si l’on en croit Hérodote, cité par Çonftan-
tin Porphyrogénète, ces peuples, appelés Ibères ,
fe partagèrent en fix tribus ; fayoir celle des Cy-
nètes , des Glètes,’ des Tartéfiens, des Elufigiens,
dès Martiniens, & dés Celcianiens-.
Diodore de Sicile, qui parle du paflâge des
Celtes en Hifpanie , ftippofe le pays déjà peuplé
: fans doute c’étoit de ^nouvelles colonies ,
comme cela eut lieu en Italie.
A la fuite de plufieurs guerres* la paix fe fit,
félon lu i, aux conditions fuivantes:
i°. Que les deux peupîes -pofféderoient l’Hifpa-
nie en commun ;
H 1 s
a®. Qu’ils s’uhiroient enfemble par les alliaiftês
les plus étroites ;
3°» Enfin, qu’il ne porteroient qu’un même
nom, compofé de celui de chacun des deux peuples.
D e -là le nom de Celtibères, qui fit donner celui
de Celtibérie à une grande partie de l’Efpagne ancienne.
T-.es Phéniciens furent probablement les peuples
qui vinrent les premiers par mer en Hifpanie. Stra-
bon dit que ce fut avant le temps d’Homère ; or ,
félon les marbres d’Oxford, ce poëte vivoit 936 ans
avant notre ère. Cette nation a&ive & commerçante
y forma plufieurs établiflemens ; le plus confidé-
rable fut dans la petite île d’Erythie, tout près
du lieu nommé enfuite par eux Gadeyra (d ’où
s’èft formé Gades ) , à caufe des retranchemens
dont ils l’avoient environné.
C ’eft à ces mêmes Phéniciens qu’il faut, ce me
fernble, attribuer la fondation du temple d’Hercule
, frnié vers ce même lieu : mais je ne crois
pas, avec quelques auteurs, que leur première
arrivée en ce pays ait été par l’O céan, après avoir
quitté l’Afie par la mer Rouge; Le trajet étoit
encore affez long & affez pénible le long de la
Méditerranée , quand on n’avoit ni cartes , ni
bou fiole.
Les Carthaginois avoient trop de rapport avec
les Phéniciens pour n’avoir pas occafion de con-
noître les avantages que ceux-ci retiroient de leur
commerce en Hifpanie. Ils fe-déterminèrent bientôt
à y former des établiflemens. Selon Diodorè, ce
furent les Phéniciens eux-mêmes qui, pour fe maintenir
contre les efforts des Tyrrhéniens, peuples
navigateurs de l’Italie, appelèrent à leur fecours
les Carthaginois. On fait qu’ils en devinrent en-
fuite prafque entièrement les maîtres.
Ces peuples du moins y étoient devènus très--
puiffans, lorfque les Romains y portèrent leurs
armes : ce fut au milieu du fixième fiècle de la
république. Les guerres qui fuivirent, font des
"détails étrangers à mon objet.
Etat de ce pays fous les Romains. Les pays fitués
hors de lTtalie & qui avoient paffé fous la domination
des Romains, jouifloient de différens avantages,
félon les conditions auxquelles la république
les avoit fournis. Je donnerai quelque détail fur
cet objet au mot Romanum Imperium.
L’Hifpanie fut d’abord un pays de conquêtes
pour les Romains : ils y gouvernèrent avec un
fceptre de fer. Mais ils n’avoient pas tout fournis
par les armés; il y eut des villes qui fe fournirent
volontairement ; d’autres reçurent des colonies.
Pline fait monter le nombre des villes de l’Hif-
panie à cent quatre-vingt-lix villes, dont fept
étoient conventus ( 1 ) ; douze colonies; on^e jouif-
foicnt du droit romain ; dix-huit jouifloient du droit
(1) Conventus fignifie lieu d’affemblée, de réunion.
Cétoient des villes dans lesquelles il y avoit un tribunal
dont le refïbrt étoit d’une certaine étendue, telle que
feçoit un bailliage,
H 1 S * 5 ?
Italien ; une étoit alliée, & cent trente-cuuj étoient
^PiJflons. On divifoit tout le pays en Hifpanie
propre, ou Tarraconoife; en Bêtique & en LufitaILes
principaux fleuves étoient le Tagûs, Vlberus,
le Bâtis & VAna. .
On va voir les différens peuples de 1 Hifpanie,
Çt leurs v illes, félon Ptolemée.
Géographie de VHifpanie, félon Ptolemee.
VHifpania, appelée par les Grecs f ie r« , fe
Jîvifoit en trois provinces, la B mica, ULufuania
& la farraconenjis.
i° . B Æ T I C A.
Gette province avoit à l’oueft la Lufitama ; au
nord, la Tarraeonenfis-, à l’eft & au fud, la mer.
On y trouvoit,
Che z les T u r d it a n i .
Sur la côte.
Onobalifiuria. Bâtis,fl. ofliaorientalia.
Dans les terrés.
Saguntia.
Afindum.
Mertobriga.
Contribua.
Rhegina.
Curfus.'
Mirobrigà.
Spoletinurn.
Lapa-Magnai
lfpalis.
Obucola.
Calicula.
Oleafimm•
Urbona.
Bccfppo.
IFornacis.
Arfa.
Afyla.
Aftygis.
Charmoma.
Chez les T u r d u l i .
Sur la côte..
Menefthei Portas. Balonh^fi. ofiia.
Junonis templum. Balon Civitas.
Dans les terres.
Jurgis.
Canaca. .
Serià.
Ofca.
Cctriana.
Urium.
lllipula'i
Setida.
Ptucci.
Sala.
Nebrijfa.
Ugia.
AJla.
Corticata.
Lelia.
Italien.
Ma xi lu a.
U cia.
Carijfa.
Calduba.
Pcefula.
Voûtai
Calpurnianai
Coecila.
Baniana.
Corduba, métropole.
Julia.
Obulcum.
Arcilacis.
Detunda.
Murgis.
Salduba.
Tucci.
Sala.
H I S
Balda.
Ebora.
Onoba.
Illipula Magitfi
Selia. .
Vefci s.
Efcua.
Artigis*
CalLula.
Eacibis.
Sacilis•
Laccippot
llllberis.
Chez les Bastvli , dits PiNï<
Menralia.
Tranfdutla.
Barbefola,
Carteia.
Calpe, mont.
Barbe foie, fi. ofiia.
Suea.
Saduca ,fl. oflià.
Malaea.
Chez le» C;
Manoba.
Sex.
Selambind•
Extenfio.
A b dura.
Portus Mdgnusl
Caridemi, promu
Baria Civitas•
de la B étique;
Aruci. Acinippo.
Arunda. Varna.
Gurgia,
Montagne.
Le Marianus Mons.
Gadira.
Ifle;
a®. L U S I T A N I A.
Gette province avoit au nord & a l’eft la Tarraconoife.
On y trouvoit?
C h e z les T u r d it a n i .
Sur la côte.
B alfa. Calipodis, fll
OJfonaba. Salacia.
Sacrum, prom. Coetobrix.
Dans les terres.
Pax Julia. ■ Julia Myrûlis.
Chez les Lusitani.
Sur la côte.
Barbarium. Taps fl. oflia.
Qliojwon. tur.se Montis, prom.
Setia. S a