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continuation du mont Emodus, vers le 31e degré
de latitude; 8c coulant au fud-fud-oueft, elle alloit
fe rendre dans le Gange , au nord-nord-oueft de
Sambalaca, vers le 27e degré 40 minutes de latitude.
PERSEPOLIS, ou Persæpolis , ville de l’Àfie,
dans la Perfide. Son nom lignifie ville de Perfe :
c’étoit, en grec , la tradu&ion du mot Elymaïs,
nom oriental de cette ville. On n’en voit plus
que les ruines : mais elles offrent beaucoup d’antiquités.
PERSEUS , ville de la Grèce, dans l’Attique,
avec un port du même nom , félon Etienne de
Byfance.
PERSIA ou Persis * grande province d’A f ie ,
s’ étendant entre la Médie au nord, 8c le Sinus
Per f i eu s au fud ; elle étoit féparée de la Babylonie
par la Sufiane, & avoit à l’oueft la Carmanie.
C ’eft du nom oriental Paras que fe font formés
les noms Perfis 8c Fars, qui eft le nom aétuel.
On a aufii nommé ce pays Elam 8c Elymaïs, d’a-
>rès l’un des fils de Sem , qui porte ce nom dans
’Ecriture. On a quelquefois dit l*Achemenia , d’après
le nom de l’ancien roi Achemènes ; mais,
félon Etienne de Byfance f l’Acheménide n’étoit
qu’une partie de la Perfe.
Ce pays étoit montueux dans fa partie fepten-
.trionale ; les principaux fleuves étoient VAraxes
& le Medus, le Cyrus au fud, & le Gyndes au
nord.
Les principales villes étoient.. . . Perfepolis (Ef-
ta k a r ) ... Corra (Schiraz ) . . . Pafargadce, au fud
(Pafakuri).
Dans la partie feptentrionale de la Perfe, on
trouvoit le peuple Pamteceni , qui avoit donné
fon nom à la Pamtacene ou Paretacène. Au nord
étoit Afpadana ( Ifpahan ).
Les limites entre la Perfe 8c la Carmanie fe
terminoient fur le bord du golfe Perfique, vis-
à-vis la petite île de Cauza, a&uellement Keish.
Géographie de la Perfe, félon Ptolemée.
Les lieux remarquables fur le bord du golfe
étoient :
Taoce, prom. \ Brifoanosy fl/ofliav
Rhogomanis, fl. oftiai - • Aufinfa.
Cher forme fus ^ prom. Bagradoe, fl. oftia.
Jonacapolis.
La partie de la Perfe qui avoifinoit la Médie
fe nommoit P ara lacent. Au fud étoient les Me f i
fahatee 8c les Rhapfii. Plus bas étoit le pays appelé
Ternifdia, Sc^jufqu’à la mer la Mardene 8c les
fiippopkagi 8c les Su^jzi, qui avoient au-'defliis
d’eux les Siabaï. Là aufii étoit la Mariette 8c les
Meiores.'- : ‘ ‘ - ..
P E R
Les villes de l’intérieur des terres étoient.*
O(oa. Cinna.
Ta migra. Parodana.
M a r rh afium . Tacpa.
Appudana, Tragoniæ.
Axima. Meetona.
Portopanà. Chorodna.
Perfepolis. Chorrha.
Niferge. Gabra.
Syélai- Obrotas, yillei.
Arbua. Tacce.
Cotdmba. Parta. *
Poticara. Manonida.
Ardea. Uxia.
Cauphiaca. Pafargada.
Batthina. Gabce.
Les îles étoient :
Tabiana. Infula Alexandrie
Sophta. aufii Aracia.
P e u p l e s .
Origine. Les Perles , défignés dans l’Ecriture-
Sainte 8c dans Jofepli par le nom d'Elarnites, pa-
roifîgnt être defeendus d’Elarn , .fils de, Sem,, 8c
fous ce nom, on voit qu’ils, formèrent . vers le
temps d’Abraham (en 2017 avant J. C. félon le
calcul Samaritain ) un état'allez puiflant.
Langue. Il a paru à un favant moderne ( M.
Anquetil), que la plus ancienne langue de la
Perfe avoit été le Zend. Elle fut d’abora cultivée
à l ’oueft de la mer Cafpienne, dans les parties
appelées aujourd’hui Géorgie , Sedgejlann, G bilan ,
Àderbidgiann , &c.
Elle s’étendit enfuit'e dans toute la Médie , c’eft-
à-dire, dans le Dilem 8c l’Trak Adgemi, 8c prit
le nom de Pe/ilvi. '
Cette langue fut long-temps dominante dans
les parties feptentrionalès.
Ce fut des reftes du zend 8c du pehlvique que
fe forma une efpècede jargon qui eft particulier aux
provinces de Kermann , & à celles des environs de
la mer Cafpienne : on le nomme Guebri. Le zend ,
parlé aufii vers le fud , dans le Koufiftann ;.fe dépouilla
de fa grofiiéreté,-&devint, foustméiel pur,
une langue douce 8c v iv e , çaraélère des peuples
qui ont toujours habité ces beaux pays : la langue
prit le nom d e Par f i ; & même en s’étendant vers
l’orient dans Siftan & le Korafçann , elle donna
naiflance aux idiomes hervi, fagzi, zaveli .& fogdi,
parlés dans la Sogdiane , le Zableftann , &c. elle
fournit même des beautés à la langue parlée vers
le nord , laquelle fait a&uellement partie du tar-
tare.
Environ quatre cens cinqïîànje ans avant J. C.
fous le règne d’Artàxercès-loiVgue-main (appelé
par les Orientaux Bàftaman-EJfendar) , le parfi de-
P E R
vint la langue de la Perfe, prit le nom de deri fii).
Vers le cinquième fiècle de l’ère chrétienne , cette
langue étoit généralement répandue dans tout le
pays du Tigre a l’Jndus, de la mer Cafpienne
au golfe Perfique.
Religion. Nous n’avons aucun monument qui
nous inftruife de l’état de la religion des Perfes,
dans leurs commencemens. En adoptant les opinions
de M. l’abbé Fouchet ( Mém. de Liitèra•
’ P- 99 & f ulv\) , nous en ferions des
fabaites, c’eft-à-dire des adorateurs du foleil 8c
peut-être même, des étoiles. On ne peut douter,
il eft vrai, qu’ils ne fe fuflent livrés, avec le
temps , a 1 oubli de Dieu , 8c même à des fuperfti-'
tions ridicules, telles que la créance des mauvais
génies, appeflés Dews, & à l’exercice de la
magie , puifqiieZoroaflre, dans fes ouvrages , leur
fait à cet égard les reproches les plus vifs. Cependant,
pour ne pas me perdre en recherches
inutiles , ou du moins déplacées , je ne parlerai
d é jà religion des Perfes qu’au temps de ce légtilateur.
• De Zoroaflre. Il parôît que fori véritable nom
f i erethroschirô : ce nom, d’une prononciation
a»y3 barbare , a été adouci dans le pehlvi, & s’y
lit Zeraiefcht; dans le parfi , plus doux encore , on
lit Zerdufi ; c eft par ce dernier nom qu’il eft dé-
figné dans plufieurs ouvrages modernes, o ù , par
une affedation ridicule de littérature orientale ,
on a ;prétendu donner le véritable, nom de ce.
philofophé. Les Grecs ont dit Zoroiflre ; 8c comme •
ce nonv eft. pafie en ufage, on l’adoptera ici.
Selon M. Auquetil, Zoroaflre naquit à Urmi,
Vjlle del’Aderbidgiann , vers l’an 5891 avant J. C.
Selon les hiftoriens-orientaux, fa naiffance fut accompagnée.
d’événemens extraordinaires & furna-
turels, 8c .les entreprifes des magiciens & des
dews s’étant trouvés, fans, effet fur lu i, fa réputation/
e-répandit de bonne. heure aîi loin. On
voit d’ailleurs-qué jufqu’à L’âge de trente ans il
s’occupa ,de bonnes/.oeuvres. C e 'fu t alors que,
dégoûté de fon pays , il paffa avec toute fa famille
dans la. Médie s’avança jufqq’à- la- Bac-
triane. Dès ce temps il fe croyoit infpiré -par le
bon génie, qu’il appelloit Ormufd. Il arriva à Bâlk
1 an, ^49 : avant notre ère : Guftafp y régnoit. A
P,f.^n,e Zoroaflre y eut-il annoncé fes projets de,
réforme, que toute la cour s’éleva contre lui.:
mais par fon enthoufiafme 8c par quelques tours
de charjatannerie A .que f on prit pour des. miracles,
il. parvint a gagner .la confiance du prince. Il lui
perfuada l entretien du feu facré , comme la chofe
la plus propre à purifier les âmes 8c la plus agréable
a,Ormufd ce genie.bienfaifant de l’univers. Il
s eleva1 enfuite. des guerres entre les princes voi-
lms ; il y eut même des divifions dans l’état au
Ç’aPr^s Je rtom qui ’lignifie aiï propre la porte.
<X au figure , la cour du prince.
P E R îi7,
fujet de cette nouvelle religion. Zoroaflre, qu
n’avoit été jufqu’alors qu’apôtre , devint, ainfi que
tous les fanatiques, un violent perfécuteur. Il
prétendit que fon ne pourroit faire trop de mal
aux ennemis d’Ormufd, à des gens livrés au mauvais
génie Ahrimann.
A l’âge de foixante-cinq ans Zoroaflre donnoit
des leçons àBabylone, 8c comptoitPythagore au
nombre de fes difciples : c’étoit vers l’an 524
avant notre ère (2). Revenu à Balk, .il y mourut
à Page de foixante dix-fept ans , vers î’an 512 (3).
Voici ce qu’en dit fauteur cité ci-deffus , après
l’avoir fait connoître.
« Voilà Zoroaflre tel que je le conçois : ef-
» prit fublime, grand dans les idées qu’ii( s’étoit
» formées de là Divinité 6c dans les rapports
» qui unifient les êtres; pur dans fa morale, 8c
» ne refpirant d’abord que le bien de l’humanité ;
»' un zèle outré lui fait employer fimpofture ; le
. ” fuçcês l’aveugle ; la faveur des princes 8c des
” peuples lui rend la contradiélion infupportable ,
” & 'en fait un perfécuteur, qui voit de fang-
» froid des fleuves de fang arrofér ce qu’il ap-
» pelle l’arbre de la loi ».
Dogmes de la religion des Perfes. Les dogmes publiés
par Zoroaflre, 8c analyfés d’après fes ouvrages
, fe réduifent à ceci :
Le Temps fans bornes eft le premier principe
de toute-la nature. Ce fut lui qui créa l’eau, le,
feu. Ormufd 5 c Ahrimann , le premier bon par
efîeneè -, le fécond auteur de tout mal. Ces deux
' êtres font, les principes feçonclaires de tout ,ce qui
arrive aftpellenrent,dans l’univers.
Le Temps borné, dont la durée fera de douze
mille ans, eft abandonné aux opérations d’O rmufd
& d’Ahrimann; : ce dernier doit être à la fln
| vaincu par fautre.
Les- Féroüers, ou premiers modèles des êtres
bienfaifaus qui méritent le plus de vénération, Tons
le Fërouerdc la lo i, 5c celui de Zoroaflre ( c’eft-'
à-dire fon ame) : ils ont été produits par Or-,
mufd ÿ pour les' oppofer à Ahriman.
Toutes les parties de l’univers font foumifes à
faftion de certains'génies créés par Ormufd, 8c
lui font; foumifes comme il :feft lui-même au
Temps fans bornes. : > ,
(2]Selon la chronologie que j’ai adoptée dans le tableait
placé au-mot Assyria, Atlyages régnoit alors fur les
Mèdes, 'Sc CÿrUs, fon petit-fils, étoit alïocié à la cou.-
ronne. Mais on peut croire, avec beaucoup de vraifem-
blance, que la Baclriarie avoit fes princes particuliers.
M. Anquetil conjeôure que Guftap pourroit'bien être
le .même qu’Hÿftape, père de Darius, qui fuccéda à
Cyrus. D’ailleurs quelques efforts qu’aient fait les fa vans *
ils ont bien de la,peine à concilier .enfemble les opinions,
dès Perfans & des Gnecs , relativement à la fuite d<?
ces rois. : •
En 524 Cambyfe régnoit ; voye\ plus bas.
. (3) On troutvera de plus grands détails fur ce fameux
per Tonnage dans l’ouvrage de M. Anquetil.