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èïoit dUpofsu et) jujtphltliéatt« • &. entourée 9 e
murailles. On y voyöit-des rues .fort larges, des
bâtimens magnifiques, de. grandes places, des
bois confacrés à différentes divinités. Auffi Stra-
bon d it- il qu’aucune .ville ne Tempor toit en
beauté fur celle de Rhodes; i l lui donne suffi le
même avantage par rapport *à Tes îoix. Le temple’
‘du Soleil, que les Doriens appel oient Héléion ,
paffoitpour un des plus beaux de rantiquité.
Celui de Bacchus dont parle .Str-abçn , qui dit
que les'Rhodiens nommoient ce dieu Thyonidos( i ),
- -croit orné d’un grand nombre de tableaux du
célèbre Protogène. D ’autres auteurs-ont vanté les
temples,d’Ifis, de D ia n e ,& c . Outre les.riçheffes
que la vénération de différentes villes -y avoit
■ fait paftër .comme autant d'hommages religieux ,
Pline dit qu’il y avoit dans la yi le ', de Rhodes
: phis de trois .mille fiatnes.'-la plupart 'd'un, travail
exquis ; & un autre -auteur , .Ariftide; dit qua
iRhodés'il ry avoit plus de fiatues de tableaux'
de prix que dans tout ie - réfie; de™ la Grèce en-
femble. Il feroit inréreffant, ce me fenffile, d’en
.fàvoir là calife,. qui tenôit peut-être a l’efprit
-du gouvernement ; maisleshiftoriens ne nous
.en. ont pas mftruits. Combien né doit-on .- pas re-
^ghetrer le portrait de. Ménandre,, foi de .Carie.,
- & celui d’Æ née, film de ‘Neptune , peints, par1 *
Apelles ceux de Perfée , d’Hercule & de Thé-
•léape peints par. Zeuxjs î Pline en fait le plus
• grand éloge.
' Mais le monument de cette'île le plus gène-,
-râlement connu, eft; le fameux 3côlolïe élevé à
l’entrée'du pórt , & placé dé manière que èha-.
que' pied' poftoîr fur un dès, fieux rochers qui .éjn
défendoient Téritréê, & qui étbiéW éloignés l’un
de l ’autre de 50 pieds. VoiciFidée qu’en donne'
Pline : de tous ces -ouvrages qui méritent d’être
vus ; il n’y -en a point de préférable au coloffe
de Rhodes , fait par Charès de Lin dus; dffçipiê
de Lyfippè; Ï1 avoit 70 coudées de haut (ce qui
fait 10 5 , pieds de notre méfure âftuelle ). Cette
‘ffatue étoit. de cuivre. Au temps ''de Tliné ç ii' la
voyait encore à terre dans l’état où l’avoit red'
verfée'un tremblement de terre.. Le pouce de
-chaque main avoit une braffe de tour/ & cha-
-cun des doigs étoit plus gros que-bien des fiatues.
Cette iiatue étoit creufe. Je crois avoir du
quelque part qu’une des deux .mains ,de rceîte
•figure porroit uin fanal que' Fon Tdlumoit par '
l’imériéur. On avoit .employé pbur cétte dépehfe,
.entre - autres -fonds-, .3ôo taïëns-;qù avoit‘ produit
la vente des machines que Démétrius Poliorcé'rte
avoit employées inutilement pendant une année
îpour prendre la ville.
.E t puifque j’ai commencé à parier,de ce cô-
fieffe-, j’ajouterai què foîxame-douze ans apres,!-
(1) Mot altéré de Dyonrjia& \ ■ en ufage ckez, les *
autres Greçi,
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ayant étêrenverfé, par un-tremblement déterre,
les Rhodiens prirent aeçafion -de «.ce dé fa (Ire
pour envoyer en Egypte, en "Syrie., ‘en Macédoine,,
& jufques dans la .Bithynie & le Pont,
oxpofer le malheur qu’ils -’venoient d’ef-
fuyer , /& folliciter-des feeours pour le réparer.
Les feeours furent, dit-on, cinq fois pins con-
fidérables que le dommage. Mais., aû lieu de relever
le coloffe , ils •fuppofèrent que l’oracle, de
Delphes le le.ur avoir défendu., .& gardèrent l ’argent
pour une autre deftination.-Qu’étoit donc
alors devenu chez eux le fendaient de l’honneur
oc le goût des.arts? Ce coloffe refta ai.nfi couché
à terre pendant 804 ans, jufqu’à ce que, l’un des
premiers califes ,.' Mpàyiat, ayant pris Rhodes...,
vendit çolqffe à un. riche Juif, qui en retira
lé poids de 720,000-.livres de cuivre, dont il
chargea 90.0 chameaux.
Selon- Dîodôre , l’î|é de Rhodes -fut d’abord
habitée par les Telchlruz , originaires de Pile de
Crète. Très-habiles en aftrôlogie , ils .prévirent
que leur île dcvo.it être couverte d’eau, & ils
l’abandonnèrent. LésHéliaques , ou defcendans'du
Soleil, s’ÿ établirent après- que ee dieu eux eu découvert
I-’îlé du limon qu’y avoient dépofé les
éaùx du déluge. Ces Héliaques exceîloient dans
plufieur-s fciences. L’un d’eux., nommé Tangès,
ayant été tué par fe s . frères , ils furent tous
obligés d’abandonner l’île , & de chercher das
afyles sûrs ç a cPautres pays. Selon Diodore, les
liabîtans de Rhodes âùr.bîe-nt ainfi précédé tous
les autres peuples dans l’application aux fciences.,
& la réputation des E g yp tien sq u e l’on donne
comme les plus- anciens ■ de ceux-, qui les ont Cultivées.,
n’aurôit été qu’une ufurpation injufte.
Mais tout ce récit'de Diodore fent tellement la
fable, que l’on ne peut y accorder de croyance.
Je paffe -fous filejice quelques autres èvéne-
meiis. auffi peu çonftatés^ pour en citer un qui
ne l’efi guère.davantage, mais qui doit terminer
• ce que l’on débite'de fabuleux furl’ofigine des Rhodiens.
Quelque temps, avant la guerre de Troye^
dit-on , Tlépolême , fils d’Hërcule , ayant tué par
mégsrde Licymnius , quitta Argos , & ayant con-
fiiltê Pof>:^ls fur l’endroit où il ponrroit établir
une colonie-# en reçut pour réponfe qu’il eut à
paffer dans l'île, de Rhodes ; ce. qu’il fit. Selon
les mêmes auteurs, it devint enfuite roi de toute
Pile , qu’il gouverna avec beaucoup de juftice.
•Après la guerre de T rq y e , les Doriens fe.
rendirent maîtres de Rhodes.# & le dialèéïe de
cette partie' deMa nation grecque y étoit réellement
en ufage. -
On fent bien que les premiers habitais de cette
dlé . quels qu’ils fuffent, y qtant venus- par mer ,.on
ly fentit; de bonne Heure'Pimporrapçé de la navigation.
Ils pouffèrent cet art alïe-z loin poup
avoir 'réüffi à, fe rendre , pendant affe? lo.ng temps,-.
•maîtres’dé touiè la Méditerranée. Op a beaucoup
vanté la fageffê' de leurs .loix pour tout .ce qui .a
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rapport, à là mer. Malheureufement, d’ îi’ri grand
nombre d’auteurs qui ont écrit fur les Rhodiens,
I l ne nous en refie aucun. On efi étonùé de la
foule de grands hommes qu’à produit Rhodes,
en lifant le traité de Meurfius iùr cette île...
Tlépolême accompagna A'gamemnon à la guerre
de Troye. Pendant fon abfence, il laiffa le gouvernement
en tue les mains de Butas ,! qui s’etoit-
fauvé avec lui d’Afgos. ©n n’eft pas d’accord
fur- le. fort de ce prince , puifque félon lès uns
il fut tué devant Troye/par Sarpédbn, & , félon
d’autres,,.il revint chargé des .dépouilles de cette
ville-
- Paufantas parle d’un prince appelé Douée, que
l’on fuppofe avoir été ro i, puifque fon. fils le
fut enfùite. IL fe nommoit Damagète. L’oracle lui
ayant ordonné, d’époufer la-fille du meilleur .
d’entre les Grecs, cet oracle le décida à. prendre
pour femme Ta troifième fille d’Arifiomène le
Meffénien; Il eut pour fils Di'agoras, fi recom>
niandable par fes vertus, qu’il mérita de^donner
fon nom à. la fuite, des princes qui régnèrent en-
fiaite : on les nomma Diagorides. Iis- ne font pas
tous connus.-.
. Evagore eft nommé par Laercç; mais cet auteur
me rapporte aucune, particularité de fon règne..
Clépbulê voyagea en Egypte, y établit la phi-
lofophie, & fe fit, après fon rètour, une telle, réputation
de fagefie, qu’il mérita d’être compté
entre les fept fages de la Grèce. N’ayant pas à
-fa mort d’enfant mâle , il laiffa la couronne à.
Eraftide , l’un des defeendans de Diagoras.
Ce prince & plu fieu rs de fes fucceffeurs font.
peu connus.
Diagoras II étoit contemporain de Pin d'are*;...
qui- célébra les louanges de ce prince, vainqueur
aux jeux olympiques, ifthmiens, néméens &?ar-
giens. Il eut trois fils qui furent tons trois vainqueurs
aux jeux olympiques ,,à la même époque, 1
Lorfqu’ils eurent reçu leurs couronnes-, ils coururent
vers leur père, qui étoit prèfent , lui
mirent fur la tête la couronne qu’ils venoient
de recevoir, & le portèrent en triomphe.au
travers de la foule. Il oublia, dit-on, e r ce
moment, leur viéloire, pour ne fonger qua leur
tendreffe. Mais, l’excès de fa-joie lui . coûta la
vie : il mourut entre leurs bras.
D o riée, l’un de.fes fils , lui fucc-édâ* onfle
cite plutôt comme un grand athlète que comme
un grand roi*. I l avoit été trois fois de fuite vainqueur
aux jeux olympiques ; huit'fois aux jeux
ifthmiques ; iept fois aux jeux néméens ; & une
fois aux jeux pythiques. Mais il fut çhalfé du ;
trône : ce qui ponrroit faire croire qu’il donnoit
plus de foin à.fa réputation athlétique qu’au bien
du gouvernement. J l fut--cependant rappelé, .&-
prit enfuite.parti, pour les Lacédémoniens contre
lès AthénienSi-;.,Ceux-r ciTe'firent: prifonnier : ils -
Hauroient mis. i-m o r t, s’ils, n’avoient; eu. égard.
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à la- gloire qu’il s’étoit acqüife aux jeux de la
Grèce (1).
• 11 paroît, par ce qui a. été dit dé D o r ié e ,'&
parce quê l’on trouve- la famille des Afclépiades
régnante à Rhodes , qu’il y étoit arrivé une révolution
-éonfidèrable. Je reviens à cette idée,,
que ces princes athlètes n’étoient pas les plus prb-
prés an gouvernement.. .
Des peuples mécontens dTine première famille
de fouverairis #.,f©nt amenés naturellement à être
plus difficiles:;ià^ee. une fécondé. Plus on a Violé '
leis droits de l’homme, plus ils- l’ont fenti1, & plus
ils veulent qu’011 les refpeéle. Peut-être la famille •
des Afclépiades abüfà-t-!elle de fon pouvoir. Il eft:
fûr au moins que les Rhodiens s’érigèrent en ré- -
pùblique.. '
Les htftbriens remarquent que ce fut fous ce
.gouvernement, qu’ils fe rendirent fi puiffans fur--
mer , & qu’jls foudèren-t-aü; loin - des cbloniës. Lës-
principales font Rhodes, fur la Cote oriêntale de:-
l’Hifpanie Parthenope , en- Italie.
Mais cet état eut le malheur des autres- états-
de la Grèce , d’être en proie à deux fa&îons , fuite'•
prefque méceffatV-e. dè .leur conftitution politique :
chez toutes » ou prefque toutes les nations-, on fe-.
divifint en deux p a r tie s la nobleffê-, c’eft-à-dire,
les-familles puiffantes le peuple. A-près avoir ,i,
dans la guerre du Péloponuèfe # pris -pàrri. alternativement
pour lés Athéniens, puis- pour lés Lacé---
démoniens, il leur arriva de fe divifer abfolument '
d’opinion. Le peuple fe déclara pour Athènes où t
le. gouvernement étoit populaire > & lés nobles ,a-
pour Lacédémone, où le gouvernement^étoit monarchique.
Malheureufement; cette dernière faéfioaû
l’emporta ,. & l’ariftbcratie s’établit à Rhodes>:
Cette conduite indifpofa lès Athéniens, qui affec- -
tèrent dans leur conduite & dans leurs traités , ..
de. tenir Rhodes # & plufieurs autres îles dansv-
une - dépendance prefque fervilè. Ils portèrent
même-fi loin cet abus de la puiffance ,l'.,que lam
3 56 avant J. C. il éclata contre eux«u-ne guerrei
que l’on appela la guerre des Alliés. Ils avoient
à leur tête Rhodes, Cos , Chio 8i RyfanceaGette-
guerre ne tourna pas à l’avantâgê des. Athéniens. :y.
ils furent obligés de faire la paix-, 3c de r-econ-*
noître l’indépendance des villes alliées.--
Mais. peu après, cherchant à fê .venger dé Mau»1;
foie , roi de Carie , qui avoit mis garnifon dans.
Rhodes, le peuple & fis grands.réunis.j. ar.niè---
rent contre la Carie, où régnoit alors la.célèbres
; Artémife. Au moyen-d’une rufe-, .jtiftifiée-peut-
■ être par le, droit de .laguerre, elle réuffità faire
quitter aux- Rhodiens leurs bâtimens- pour, lé:-
,(1). Ce fut fa foeur Phérenice r .qtû , ayant-, été m«- ■
connue pourv femme-a u x jeux olympiques, après. l a î
viâoire remporté^ par fon fils;, avoir.mérité.d'-être .
précipitée d un rocher,, .& obtint“fa- g r a ce 'e f fv c o n ■
dëratisn de:Ja gloire de foa-- p'èfié:; ffl's- frèresde.
Ton., filsta.
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