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U Phthie, entre le Penée & l’A fopus; Xuttuis,
1 un de les fils , ayant été chaffé de Theffalie (11
par fes frères, fe réfugia dans l’Attique, vers
1 an 1430 avant notre ère ; il y époufa une fille
«Erechthée en 1429: il en eut deux fils, Achæus
& Ion. Achæus, vers l’an 1407 , ayant commis
un crime involontaire, pafia en Laconie, & donna
ion nom aux habitans de ce pays.
L ’Attique fe trouvant alors furchareée d’un
plus grand nombre d’babitans que n’en pouvoir
nourrir fon fol fec & flérile, les Athéniens en
envoyèrent une partie dans le Péloponnèfe en
140S , fous la conduite d’ion. Comme il étoit fur
S P°in‘ de faire la guerre aux habitans d’Ægiale
« aS e lin n s , leur roi, ce prince, en 1403, lui
donna en mariage fa fille Helice , l’adopta & le
défigna pour fon fucceffeur. Selinus étant mort,
Ion monta «fur le trône. Il donna le nom d’Helice
a la ville qu’il avoir bâtie; & , à fes fujets, celui
u Ioniens.
Tandis qu’il régnoit furies peuples d’Ægiale,
les Athéniens fe choifirent, en 1401, pour leur
chei dans la guerre qu’ils eurent à foutenir contre
les Lleufimens. Il vainquit les Thraces ( 2 ) ,
commandés par Eumolzeus , qui s’étoit emparé
dMeufis. Par reconnoiffance, les Athéniens lui
detererent la principale autorité dans le gouver-
nement, & s’appelèrent, de fon nom, Ioniens.«1
Ce tut vrailemblabiement alors que l’Attique
rutpartagée en quatre tribus, appelées les Géléon-
tes, les Argades, les Ægicores, & les Hoplètes,
du nom des quatre fils d’ion. Dans le même
temps on fit partir pourl’A fie la colonie Ionienne,
p apres le témoignage d’Euripide, on croit qu’Ion
lui-meme en fut le chef. Cependant d’autres auteurs
font de fentimens différens, d’où M Larcher
conclut qu’il a. dû y avoir deux colonies
d Ioniens ; la première fous Io n , la fécondé fous
’ ®Is “ 6 Codrus ; que la première fut très-
toible, & ne fonda que de petites habitations &
que la fécondé fonda des villes.
Par rapport à cette dernière colonie, qui devint
dans la fuite fi confidérablé , voici ce que nous
en apprennent les auteurs. Erechthée étant mort', '
(1) M. Larcher, eflài chronologique, &c. à la fuite de
lonKerodqte, p. HK remarque tres-bien qu’il y a une
legere différence entrelerécït dé Strabon que je préfenre
dans le texte, & celui de Paufanias (Z. r r z, c. ,,, z;cr
auteur rapporte qu’Hellen ayant laiffé fes états à l’aîné
ae tes hls, envoya les autres chercher des établiffemens
auteurs. Dorus s établit aux environs du Parnaffe, &
donna fon nom aux peuples qu’il commandoit. Xuthus
Irechtée“5 1AtUÎUe ’ où U éPoufa 1® fille du roi
fonîe£hlre 5 ue ces Thraces dévoient
3 5 Üî î " s eî01?nt empares d’une partie de la Béotie :
b Ius n’explique pas ; mais cela eft bien
£ 2 ™ f ^ que de 1 entendre de guerriers qui
iëroienr venus pour cette guerre de la Thrace même.
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*es enfansfe disputèrent la couronne. Xutiis,quî
^ o i t été pris pour arbitre, jugea en faveur de
Gecrops , qui étoit l ’aîné. Les autres enfans
a Erechthée le chaflerent de l’Attique : il fe réfugia
dans le pays d’Æ giale, où il mourut. Il eft
vratfemblable qu’Ion retourna dans fes états, &
Ion ignore combien de temps il y relia; mais
il eft certain qu’il revint à Athènes, & qu’il y
mourut.
Achæus ne fit pas un lorig féjour dans la Laconie.
Il pafla en Theffalie avec des troupes qu’il
tira du pays d’Ægiale & d’Athènes, & recouvra
les états de fon père. Deux de fes fils , Archandre
& Architeles (3 ), quittèrent la Phthiotide ; & fe
rendirent à Argos , où ils époufèrent deux filles
de Danaüs. De -là, les Lacédémoniens & les Ar-
giens s’appelèrent Achéens. Ce n’eft pas ici le
Daaaijs qui vint d’Egypte; il étoit bien plus ancien,
puifque l’on fixe le temps de fon arrivée à l’an
I 172 , époque qui précède le règne de Cecrops,
fixé par M. Larcher à l ’an 1570.
Les Achéens relièrent dans ce pays jufqu’à
l’arrivçe des Héraclites, qui les en chaflerent. Ils
fe retirèrent dans le pays d’Æ giale, où les Ioniens
les reçurent avec plaifir, à caufe de leur origine
commune. Mais dans la fuite, ces deux peuples en
vinrent aux mains, fur quelques foupçons qü’eurent
les Ioniens que les Acheens vouloient mettre fur
le trône Tifamène , fils d’Orefte, leur roi. Les
Ioniens ayant été vaincus, furent obligés d’abandonner
le pays aux Achéens, qui confervèrent
la divifion qu’y avoient introduite les Ioniens ,
& rappelèrent, de leur nom, Achaï. Ils furent
gouvernés par des rois defcendans de Tifamène,
jusqu’aux enfans d’Ogygus, q ui, s’étant conduits
defpotiquementJ furent dépofés, & le gouvernement
démocratique prit alors la place du
gouvernement monarchique.
Les Ioniens retournés dans l’Attique , y furent
reçus par Mélanthus , qui régnoit alors à Athènes.
On dit que les Athéniens , foupçonnant les Do-
riens de vouloir Iss chafler de leur pays, accueillirent
les Ioniens, moins par bienveillance que
pour fe fortifier contre les entreprifes des Doriens.
On peut fixer cet évènement à l’an 1189 avant
notre ère.
Les Ioniens reftërent à Athènes pendant le
règne de Mélanthus & celui de Codrus ; mais
après la mort de ce dernier .prince, la royauté
fut abolie. On fait qu’alors on établit des magif-
trats , fous le titre d’Archontes. Le premier fut
Medon, l’aîné des fils de Codrus. MaisNéléè ne
pouvant fe réfoudre à vivre en fimple particulier
& fournis à un frère qu’il croyoit moins capable
de gouverner que Im-même, réfolut de chercher
fortune ailleurs. Les Ioniens, qui ne trouvoient
(3 ) Cette interprétation, donnée par M. Larcher, fert
a faire entendre un paffage d’Hérodote qui avoit paru
mexpliquable. ( Hérodote, L.111 ,
dans
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dans TAttique, pays fec & ftérile,, qu’une fubfif-
tance précaire, & qui n’y avoient pas encore
formé de-liaifons bien étroites, n’étoient pas fort
attachés à ce pays. Nélée les fit folliciter de paffer
en Afie. Il n’eut pas de peine à les y engager :
il fallut au moins deux ans pour faire. les préparatifs
d’un tel voyage. Ainfi les Ioniens partirent
pour fe rendre en Afie 66 ans après le retour des
Héraclides ( 1 ) , & 140 ans après la prife de
Troye (2). C« récit de Paufanias eft conforme à
celui d’Eratofthènes. De la;prife de T ro y e , dit-
i l , au retour des Héraclides, il y a 80 ans, &
dû retour des Héraclides à la fondation de l’Ionie, •
il y a 60 ans (3).
Il eft vrai que Strabon, (Z. x m ) s’exprime
ainfi: « on dit que la colonie Æolienne précéda
i) de quatre générations l’Ionienne ». M. Larcher
répond à cette objeélion , en préfumant que Stra-
hon a voulu dire qu’il y avoit eu quatre migrations
des Æoliens fous quatre princes , qui fe font
faccédés de père en fils.
La première étoit conduite par Oreftes.
La fécondé par Penthileas, fils d’Oreftes.
La troifième par Echélatus, fils de Penthileas.
■ La quatrième par Graïs, fils d’Echélatus ; cette
dernière migration e ft, de très peu de temps,
antérieure à la colonie Ionienne.
Les Ioniens fondèrent, fous.la côte, de l’Afie mineure,
où ils s’établirent, plufieurs villes qui devinrent
confidérables; telles furent Smirne, Ephèie,
Milet. ( Voye^ Ionia ). Je ne fuivrài pas l’hiftoire
des Ioniens ; elle eft intimement liée à celle des
autres Grecs.
Je remarquerai feulement, que trois fiècles après
leur établiflèment, ils furpalfoient de beaucoup
leurs ancêtres d’Europe en fplendeur & en prof-
périté. Tandis que l’ancienne Grèce étoit déchirée
par des diftenfions inteftines, & que les frontières
fepteritrionales étoient expofées aux hoftilités des
barbares voifins ; les colonies de l’Eft jouilfoient
d’une paix profonde , & formoient dans le voi-
finage de la Phrygie & de la Lydie, les provinces
les ; mieux cultivées de TAfie mineure ,
peut-être même de l’ancien monde. C ’eft que les
Lydiens & les Phrygiens vivoient dans nne très-
grande intelligence, & qu’ils abandcnnoient volontiers
à leurs voifins les avantages que les côtes
leur pouvoient procurer pour la facilité du commerce.
Auffi fit-ii des progrès rapides chez un peuple
qui poffédoit l’embouchure de plufieurs grandes
rivières, & qui poffédoit plufieurs ports vaftes &
commodes , tels que Milet, Colophon, Phocée.
Tarît d ’avantages multipliés ne pouvoient languir
entre les mains de ces Ioniens, qui avoient le
( 1) En 1190 avant notre ère.
(2) En 1270 avant notre ère, félon la chronologie de
Thiftoire d’Hérodote par M. Larcher.-
(3) Kratofl. apud-Clem. Alex. Strom. L . I ,p . 402,
Géographie ancienne, Tome II.
i génie de concevoir les entreprifes les plus difficiles,
& le courage de les exécuter. Ils augmentèrent
& perfectionnèrent avec une indufirie &
une perfévérance fou tenues, les arts d’utilité ou
d’agrément qu’ils trouvoient déjà en \1f2ge chez
les Phrygiens & chez les Lydiens. Ils incorporèrent
dans leur mufique celle de ces nations. Leur
poéfie s’éleva au-deflùs de tout ce que la Grèce
avoit produit de plus beau en ce genre. Ils n ex-
celloient pas moins que leurs voifins à mouler 1 ar-
gille & à jeter en fonte l’airain.Ils paroiflent même
avoir été les premiers à faire des ftatues de marbre :
l’ordre dorique & l’ordre ionique prirent naifiance
au milieu de ces colonies. On affure que les
Ioniens furpaffèrent les Phéniciens eux-memes
dans l ’art du deflin.
Mais, ce qui eft encore un grand avantage
c’èft que ce fut dans l’Ionie que l’on cultiva d a-
bord la philofophie. Qn trouvera certainement
dans la partie de l’Encyclopédie qui traitera de la
philofophietout ce qu’il y a à dire à la gloire
de l’école ionique, fondée par Thalès de. Milet^
dans laquelle il eut pour fuccefleurs Anaximandre
& Anaximène ; on parlera de Xénophanes de
Colophon, d’Héraclite d’Ephèfe, &c.
Les Ioniens vécurent affez long-temps paifibles.
Les rois de Lydie attaquèrent les Ioniens : Créfus
les avoient fournis lorfque Cyrus s’empara de
toutes les colonies grecques, qui depuis furent
prefque toujours fous le joug des Perfes. Cette
contrée éprouva de grands malheurs pour s’être
révoltée contre Darius ; il faccagea plufieurs villes
& en tranfporta,' les habitans dans le fond de la
Perfe. Mardonius leur rendit leur liberté ; depuis
cette, époque, ils fervirent les Perfes avec fidélité;
ils augmentèrent la flotte de Xerxès; mais
s’étant révoltés après le combat de Mycale, ils
confolidèrent leur liberté jufqu’à la paix d’An-
talcide, dans laquelle, trahis par .les Athéniens,
ils.retombèrent fous le joug des Perfes jufqu’à la
conquête d’Alexandre, dont les fucceffeurs la^pof-
fédèrent jufqu’au moment où les Romains s’emparèrent
de toute l’Afie.
I o n e S , peuple de l’Egypte, près de la mer,
au-deffous de Bubafte, félon Hérodote. 11 rapporte
que c’éroit un détachement des Ioniens afiatiques,
à qui Pfammitichus donna des terres pour .les ré-
compenfer du fecours qu’ils lui avoient. donne
contre fes ennemis.
IONIA. M. d’Anville paroît, fur la carte de PA-
fie mineure, avoir renfermé l’îonie dans les bornes
que lui indique Ptolemée , c’eft-à-dire, qu il la
place fur la côte, entre le fleuve Hermus , au
nord, & le Meander ou Méandre, an fud : ces
bornes ne peuvent être prifes à la rigueur, car
ce feroit en excepter la ville de Phocea , reconnue
pour ville ionienne, & qu’en effet il attribue aux
Ioniens. |
Ce favant y diftingue Ephefus, Smy.rna, Phocæa,
Cuma ou Cyme7 Cla^omene, Erythroe, Chios, île