
Tous les animaux font nés d'uri prefftier taureau
nommé Kaiomorts, duquel vinrent, quoique
après fa mort, Mefchia, premier homme , & Mef
chïane , première femme : ils furent les premiers
à pêcher.
Il y aura des récompenfes & des peines dans
une vie à venir : mais la punition ne fera point
éternelle ; 8c les médians , purifiés par le feu des
métaux, feront enfuite réunis aux jufies. Avant
la rèfurreéÜon des corps, toute la terre fera convertie
à la loi de Zoroaftre.
La religion des Perfes fe réduifoit à ces deux
points paincipaux :
i°. Reconnoître & adorer le maître & l’auteur
de tout ce qui eit bon, 8c lui rendre le culte qui
lui eft dû ; honorer les intelligences qui, fous lu i,
régiffent l’univers. On doit diftinguer , dans cette
dernière elafie, Mhhra ou l’ange qui accompagne
le foleil dans fa coùrfe , Sc que les Grecs 8c les
Latins ont confondu avec le foleil lui-même :
20. Détefter l’auteur de tout le mal moral &
phyfique, êc contribuer, autant qu’il eft poflible,
à affoibîir la tyrannie qu’il exerce fur l’univers.
Cérémonies. Zoroaftre avoit de plus inftitué un
culte qui Tubfifte encore parmi les Perfes. On n’en
citera ici que quelques cérémonies, relatives aux
purifications.
I. Les Perfes pour fe purifier peuvent prendre,
i° . de L’eau fimple, a°. de l’eaupadiuv, c’eft-à-dire
qui rend pur ; 39. l’eau zour> c’eft-à-dire l’eau-forte,
efpèce d'eau b e n ite , qui fe prépare la nuit ; 40. le
ne ren^ g om e i, qui eft de l’urine de boeuf, comme
le taureau eft regardé chez les Perfes : comme
étant, en quelque forte , le père de la nature , ils
ont grande confiance dans l’effet de cette eau. Si
ron înanquoit d’urine de mâle, on pourroit prendre
celle de vache. Il faut qu’elle foit confacrée avant
d’en faire ufage.
II. Les Perfes ont quatre fortes de purifications.
i ° . Le p a d ia v qui confifte à fe laver avec de l’eau,
les mains, les bras jufqu’aux coudes, le vifage
jufque derrière les oreilles, & les pieds jufqu’à
la cheville, en difant une efpèce de prière. z°. Le
ghofel, ou fimple ablution de tout le corps, faite
avec de l’urine de boeuf: on fe féche enfuite
avec de la terre, puis on fe lave avec de l’eau.
30. Le barafchnom ao fohabe , ou barafchnom des neuf
nuits. Cette dernière purification fe fait avec beaucoup
de cérémonie dans un fort grand enclos
deftiné à cet ufage.
Il faut remarquer que, quoique nés de pères
& de mères Parfes (c’eft le nom aéfuel) , les en-
fans font obligés de paffer par un grand nombre
d’épreuves religieufes, 8c de remplir un grand
nombre de devoirs pieux, avant de faire partie du
çorps fpirituel de la fociété.
Hiérarchie. Les prêtres aéhiels, qui répondent
très-bien aux mages de l’antiquité , font : i°. Le
pejlcurnan - Dejlour , efpèce de chef des tours
d’une ville ou d’une contrée. 20. Les Mobeds.
appelés aufli M o g o v a d ( 1 ). 30. Les H e rb ed s . Ce
titre , qui me paroît répondre à celui de f id è le ou
chrétien s chez nous, appartient à tous les,Perfes,
lorfqu’à l’âge de 15 ans ils ont fait la cérémonie
appelée n o ç o u d i , qui eft leur baptême, 8c leur
donne le pouvoir de réciter toutes-les prières indiquées
par la loi.
G o uv ernement. Comme le peu que l’on a fur le
gouvernement des Perfes , auffi-bien que fur leurs
moeurs , eft pris dans des auteurs qui ont écrit
en différens temps donné dés détails relatifs
à diftérens âges de cette monarchie, il s’enfuit
que l’on peut aifément fe tromper, en attribuant
aux premiers Perfes ce qui ne convient qu’aux
féconds, c’eft-à-dire à leurs fucceffeurs. Et certainement
la nation avoit bien changé depuis
fes commencemens fous Cyrus, jufqu’au temps
de fa deftru&ion par Alexandre. Le defpotifme
avoit pris la place de la force dans la.conduite
des fouverains; & les fujets , plongés dans la mol-
leffe, étoient devenus un peuple d’efclaves. La
nature de cet ouvrage ne me permet pas d’entrer
dans des difcuflions propres à fixer les gradations
de ces divers changemens.
Le gouvernement étoit monarchique & héréditaire.
On n’avoit eu d’abord que du refpe&pour
le roi ; on en vint à l’adoration. Us- ^exigèrent
même des étrangers qui paroiflbient devant eux.
Le couronnement du prince fe faifoit à Pafargade.
Le roi de ; Perfe étoit l ordinairement couvert
d’habits magnifiques : décoration à peu près inutile
pour une grande partie de l’année , car ces princes
affeéloient de fe montrer rarement en public.
Dans les repas qu’ils donnoient à leurs officiers ^
chacun étoit obligé de leur tourner le dos , comme
fi le befoin 8c Vaôion de manger euflent pris
quelque chofe fur l’importance de la majefté
royale. Us porFoient leur magnificence , jufqn’à
s’affeoir fur un trône d’or, 8c fe coucher fur un
lit de même métal, & leur molleffe alloit jufqu’à
changer de ville félon les faifons, à faire exé*
cuter de la mufique lorfqu’ils fe mettoient au lit,
afin de fe procurer un fommeil plus agréable : ils
avoient un grand nombre de femmes, & un plus
grand nombre encore de concubines.
Dans les commencemens les fils des rois étoient
élevés avec beaucoup de foin : à l’âge de fèpt ans
on leur apprenoit à monter à cheval, & on les
amufoit à chaffer : vers l’âge de quatorze ans, ôn
leur donnoit quatre favans maîtres. Je ne fais fi
l’on fuivit toujours cet ufage & ce plan d’étude;
en tout cas peu de monarques Perfans en ont bien
profité.
Leurs loix, au rapport de Xénophon, étoient
préférables à celles de tous les autres peuples»
(1) D’où les Grecs avoient fait M«yo<, ;ou Mugi, les
Mages.
eq
Cn ce que leur principal but étoit d'ififpirer aux
hommes l’amour de la» vertu , indépendamment des
châtimens 8c des récompenfes. '
' A dm in ïjlra tio n s militaire s. En s’accoutumant de
bonne heure à monter à‘ cheval &• chaffer, les
Perfes fé difpofoient à fou tenir toutes les fatigues
de la 'guetre. Us étoient fort-habiles à lancer des
flèches. Pendant long-temps ils ne fe fer virent
point de troupes mercenaires, & ne tinrent,d’armée
fur pied qu’autant qu’ils étoient en campagne. Ils
portoient fur leur tête une efpèce de tiare fi
épaifle, qii’élle étoit à Pépreuve de toutes fortes
•d’armes offenfives : leur corps étoit défendu par
une cotte de mailles bien travaillée-: leurs épéës
étoient courtes & légères ; & leurs chevaux, garnis
dé peaux fort épaiffes, étoient à l’abri des coups.
Dans les;batailles ils fe fervoiènt de charridrs armés
de faulx.
Nous ne dirons rien de leurs marches. Gn peut
voir dans Hérodote , & dans quelques auteurs
modernes , la defcription de la marche-de ;Xerxès,
laquelle peut bien , au refte., n’avoir pas été imitée
par fes fucceffeurs.
Quand les Perfes dévoient potier la guerre dans
«in pays, ils y envoyoient des ambaffadeurs ou
des hérauts i pour demander aux habitans la terre
& 'V e a u , cérémonie dont le but étoit d’ordonner
de reconnoître le roi de Perfe pour fouverain.
' Dans le combat, le roi fe trouvoit au centre,
& encoürageoit fes foldats par une harangue. Le
lignai fe dànnoît paf le fon delà trompette, fuivi
d’un cri général de toute l’armée. Us’ donnoient,
comme chez nous, lé mot dû guet. La bannière
rbyale étoit une aigle d’or avec les ailes étendues ,
portée au bout d’une lance fort longue. Ils regar-
doient comme fort heureux ceux qui mouroient
dans une bataille, 8c infligeoient des punitions
exemplairs à ceux qui quittoient leur pofie &
qui abandonnoient leurs drapeaux. Méprifant toute
efpèce de ftratagême, ils ne faifoient cas que des
feuls avantages que procure la valeur. Auffi ne
combattoient-ils jamais la nuit, à moins que l’ennemi
ne les attaquât.
M oe u r s & u fa ge s , Quoique par la nature de cet
ouvrage je fois obligé de fupprimer les détails ,
je crois cependant ne pouvoir me difpenfer de
placer ici quelques ufages que l’on regarde comme
fort anciens , quoique pratiqués encore par les
modernes.
M a r ia g e s . Une des chofes les plus recommandées
par la loi des Perfes , c’eft le mariage •: il
a lieu pour les filles à l’âge de treize ans, &
même celles qui meurent vierges doivent refter
en enfer jufqu’au jour de la refurreâion. La cérémonie
d’un mariage entraîne avec elle beaucoup
de pompe. La répudiation a lieu , lorfqifune femme
mène une vie fcandalèufe, lorfqu’elle eft adonnée
à la magie , & lorfqu’elle a dit quatre 'fois à fon
mari : J e ne v e u x p a s 'd e ^ vous ; j e ne f u i s p a s vo tr e
G é o g ra p h ie a ncien n e. J'orne I I .
f em m e , 8c qu’elle a perfifté dans cette difpôfition
pendant un jour & une nuit. Chaque femme doit'
fe préfenter tous les matins devant fon mari, &
lui dire neuf fois : Q u e v o u le [ - v o u s que j e fa f f c ?
Après la réponfe du marielle lui fait plu fieu rs
faluts, 8c va fe conforme^ à fes volontés. Les
filles rendent les mêmes devoirs à leurs pères ,
ou', s’il eft mort j à l’homme dont'ellés -dépendent.
Les maris , de leur côté , 'doivent être'fidèles
à leurs femmes.
N v i jfa n c e s , &c. La naiflance des enfans.n’étoit
pas accompagnée de beaucoup de cérémonies. Affez
ordinairement les. mères les confiaient à des nourrices
, pour n’étre pas privées de la compagnie
de leurs maris pendantrie tems de la nourriture.
En général la vie étoit affez frugale chez les
■ Perfes : mais dans les jours de réjouiffance- pn
donnoit des repas fomptueux 8ç magnifiques.
F u n é r a ille s . Lorfqu’un homme , chez les P a r f is
modernes , ufage que l’on croit venir des anciens ,
eft prêt à rendre les derniers foûpirs , on lui -pré^
fente .un chien ;.6c fi c’eft une femme groffe ,
on en préfente deux. Dans l’un-8c l’autri cas*
celui qui tient le chien fe place à neuf pieds de
diftance. Us croient ainfi purifier lé corps, 8c per-
fonne n’en approcheroit, fi cette cérémonie n’avoit
pas été obfervée. Les parens du défunt fontaftrèints
pendant affez long-temps à un fort grand nombre
dé cérémonies en mémoire du défunt : autrement
fon aine feroit, félon eux, fans proteéLion-jufqu’au
jour du jugement.
M o n n o iè s . La monnoie perfe, appelée d a r iq u e ,
fut pendant long-tems eflimée à caufe dé la pureté
de l’or. Elle tiroit fon nom du premier prince
qui la fit battre ; 8c quoique l’on ne fâche pas
préçifémetit le q u e l,p ro b a b le qu’il fe nom -
moit D a r iu s : on voyoit d’un côté la tête d u
prince, de l’autre un archer vêtu d’une longue
robe , ayant une efpèce de couronne fur la tête ,
tenant un arc de la main droite 8c une flèche de la
gauche.
C h r o n o lo g ie . La nature de cet ouvrage ne permet
pas les difcuflions chronologiques. Je renverrai
donc au tableau que j’ai inféré pour l’accord que
j’y^ ai établi entre les règnes des rois Aflyriens „
Mèdes 8c Perfes : 8c comme il n’efl queftion dans
cet article que des rôis Perfes, je vais en mettre
Amplement la fuite , en les faifant fuivre des .noms
que leur donnent lés écrivains orientaux , ou du
moins en indiquant les princes qu’ils placent fur
le trône des Perfes pendant ce même intervalle
d’années.
Années avant J. C.
S e lo n les G r e c s . S e lo n le s O r ie n ta u x •
560.-Cyrus , aflbcié à Aftyage>
.................* . ; Kelohratyl
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