
Nino d* S émir a mi de , qui Babylona eondiderant ,
natum , lie ut fctnper fuccejjor regrù pdterni foret
fittus, Arbaces medus imperio vitâque privavït. Vel-
leius prend dans fan hiftoire pour point fixe le
confulat de M. Vinicius Quartinus , qui répond
à la 30e année de notre ère. La révolte d’Arbaces
eft donc , félon cet hiftorien, de l’an 740 avant
notre ère. Cette date fe rapporte, à fept ans près , à
celle que l’on infère du récit d’Hérodote & de
1ère de Nabonaffar. Elle eft donc auffi jufteque
l ’on peut raifonnablement fexiger , lorfqu*îl eft
queftion de temps suffi reculés, & lorfque l’on
eft auffi dépourvu que nous le fommes d’anciens
'ftionnmens.
*' Peut-être Àrbacès, fatrape de Médie, qui fut
l’auteur de cette révolution , avoit-il defiein de
fé faire roi; mais il avoir eu des coopérateurs
qui n’auroient pas voulu fe remettre dans les fers
d’un de leurs compatriotes qu’ils avoient vu peu
auparavant leur égal, & peut-être le peuple n’é-
toit - il pas difpofé à fe donner un nouveau maî-
fr® ’ ,aPres av9*f éprouvé la dureté des maîtres
pfecedens. Moyfe de Chorène ( Hifl. Arménien,
X. r , c. ai') nomme cinq rois qui régnèrent auffi-
tôt après la révolution ; & Eufèbe, ainfi que le
Syncelle, ne parlent que de quatre : Hérodote, qui
étoit antérieur de plufieurs fiècles à ces écrivains,
bien loin de faire mention de ces rois, dit ex-
preffenrent que ces Mèdes fe gouvernoient eux-
mêmes par leurs propres loix. Je crois cependant
poffible , dit M. Larcher, de concilier le récit
d’Hérodote avec celui des écrivains poftérieurs.
Les rois dont parlent Moyfe de Chorène, Eufèbe
& le Syncelle, n’étoient pas proprement des rois;
c’étoit des juges qui gouvernoient , chacun dans
fon diftrift, avec une autorité prefque égale à celle
des rois. On fait qu’Eufèbe & le Syncelle don-,
nent aux premiers archontes d’Athènes le titre
de rois, quoiqu’ils ne Paient jamais porté, parce
que l’autorité de cés archontes approchoit beaucoup
de celle des rois. Il paroît en avoir été
de même chez les Mèdes; & Eufèbe paroît être
lui-même de cette opinion, puifqu’il dit, félon
Ftntrodu&ion de S. Jérôme : Arbaces Medos, Ajfy-
rïorum imperio defiruâo , regnum in Medos tranjlulit,
& intérim fine principibus, res agebatur ufque ad
Dejocent regem Medorum.
Des juges foibles , ou ne décidant qu’au gré
de leurs paffion», étoient peu propres à faire ref-
peâer leurs jugemens ; l’innocent opprimé par
celui qui atiroit dû le protéger, fe rendit juftice
à lui-même. Le foibîe gémit & ne put faire entendre
fes plaintes. L’homme puiffant ne reconnut
d’autre loi que celle de la force. Une licence
effrénée, qu’Hérodoteappelle avec raifon erronée,
fuivit bientôt, & parvint à un tel degré, que les
plus honnêtes gens furent fur k point de s’expatrier.
Déjocès rendoit alors dans fon canton la juftice
avec la plus parfaite impartialité. Sa réputation
s étant accrue bientôt après , on accourut de
toute la Médie k fon tribunal. Cet homme pulflàtlt j
S B moins adroit qu’ambitieux , feignant que fes
affaires particulières ne lui perniettoient plus de
vaquer à celles^ des autres, ceffa de rendre la
juftice. Sa retraite ramena les défordres, & les
brigandages reparurent avec plus de violence
qu’auparavant. La Médie étoit dans un état de
cr“ e* Il falloit abandonner le pays ou fe donner
un maître. L ’intégrité de Déjocès & fes autres
grandes qualités avoient frappé la nation ; fes
amis les firent valoir ; il fut unanimement élu.
f Il faut aéluellement déterminer l’année de fon
eleélion. Cette année une fois connue, on faura
combien de temps les Mèdes furent fans rois.
Diodore de Sicile, ( L. 1 13 §. 32 ) allure qu’il fut
élu la fécondé année delà 17e olympiade, c’eft-
a-dire, l’an 711 avant notre è re , & même il cite Hérodote
pour garant de fon opinion., quoique cet
hiftorien ne parle point d’olympiade , & qu’il n’ait
jamais employé les olympiades comme époques
chronologiques. Eufèbe prétend que ce fut la première
année de la 18e olympiade, c*eft-à-dire,
1 an 708 ans avant notre ère ; le Syncelle , l’an
du monde 4784, c’eft-à-dire, 716 ans avant l’ère
vulgaire. Ces trois anciens auteurs ne s’accordent
pas , comme on le voit. Il y a entre Eufèbe & le
Syncelle une différence de 8 ans ; entre celui-ci
& Diodore, une différence de 5 ans; & feulement
3 ans de différence entre Eufèbe & cet
hiftorien. Les chronolog’tftes modernes ne font
guère plus d’accord. Ufferius fuit Eufèbe. Edouard
Simfon place Déjocès la 4e année de la 17e olympiade,
c eft-à-dire, 709 avant notre ère : le P.
Pétau , l’an 696 avant l’ère vulgaire, & il cite
Diodore de Sicile & Eufèbe , quoiqu’ils donnent
des dates différentes : M. Defvignoles la met
1 an 699 avant notre ère : M. Freret ( Mem. hifi.
t . v . f . 40o ) en 70 9 , & le P. Bouhier, 755 ans
avant notre ère. A la (Mance- où nous fommes
de cet événement, & vu le peu d’influence qu’il
peut avoir fur l’utilité de nos connoiflances, on
fent bien qu il feroit fupCrflu, ridicule même d’apporter
ici Igs preuves dont les favans modernes
appnient leurs opinions. J’ajouterai feulement que
M. Larcher adopte celle de Simfon ( Simfonii
chronicon ad anmm japd ) , fuivt parM. Freret.
Il en donne la, raifon fuivanre.
Jules Africain , cité par Eufèbe, nous apprend
au troifième livre de fa Oironographie , que
tous les anciens hifloriens & les chronologies
tels que Polybe t Diodore , Caflor, Thallus ’
rnlegon , placent unanimement le commencement
du règne de Cyrus fur les Mèdes, la première
annee de la 55« olympiade, c’eft-à-dire l’an 560
avant notre ère. Je la recule , dit M. Larcher,
à l ’année fuivante, parce que ce prince régna
2 9 à 30 ans, félon Hérodote, & que, félon le
canon des rois de Babylone, par Ptolemée, il
mourut 530 avant l’ère vulgaire. Donc Aftyages
fut détrôné 559 ans avant notre ère.
lofais Hérodote.donne 150 ans de règne aux quatre
rois Mèdes. Si l'on ajoute ces 130 ans à 559,
on aura 709 ans avant notre ère pour l’époque
de l’avénement de Déjocès au trône. Il s’enfuit
donc que cet empire , qui avoit commencé 748
ans avant notre ère , fut gouverné 39 ans par des
juges, .150 ans par des rois, dont le premier,
qui.s’appeloit Déjocès, monta fur le trône 709
ans avant notre ère; & le dernier, nommé A ftyages,
perdit la couronne 359 - ans avant la
même ère (1).
Après cet éclairciffement préliminaire & effen-
t ie l, je pafte au peu que l’on fait de l’hiftoire des
Mèdes.
L’an 748 avantnotre ère, Arbacès , gouverneur
de la Médie pour les rois Aflyriens, s’étant révolté
, de concert avec Bélefis , commença par
ébranler les fondemens du trône de Ninive, &
finit par, rendre fon pays indépendant. On pré-
fume qu’il fe fit reconnoître roi des Médes. Les
règnes des princes qui lui fuccédèrent n’offrent
guère que l’indication de quelques guerres dont
les détails font ignorés. Par une révolution dont
nous ignorons la caufe , ce peuple tomba dans
l’anarchie. Les troubles fervinrent : le peuple
accoutumé à fe voir des maîtres, crut ne pouvoir
recouvrer le bonheur qu’en y recourant de
nouveau. Déjocès , chéri dans fon canton par
fa juftice & fa popularité , gagna la confiance
générale & fe fit reconnoître roi de tout le pays.
Il prévint le$ fuites funeftes qu’euffent pu avoir
fa fermeté & fon luxe en prenant le plus grand
foin de la confervation de fa perfonne. 11 réuffit à
faire obferver de bonnes loix & régna 58 ans.
C ’eft à ce prince que Ton àtribue la fondation
d’Ecbatane ( Voye% ce mot. )
Phraorte fon fils & fon fucceffeur, fut un
prince guerrier qui tira grand parti de la puiffance
que lui avoit laiffée fon père. Ce dernier, par fa
politique adroite, avoit fournis fon propre pays :
l’on fils porta fes armes au-dehors ; & s’il ne
fournit pas entièrement les Perfes, car il y a
diverfitè d’opinion, au moins eft-il fur qu’il les
vainquit, vauffi bien que quelques nations fituées
entre l’Halys & le Taurus. Mais ayant voulu
porter fes conquêtes du côté de l’Âffyrie , il
fut battu & fait prifonnier par Nabuchodonofor qui
le fit mertre à mort. Le vainqueur ayant ravagé
toutel’Aftyrie 8c la Médie, fit rafer Ecbatane.
Cyaxare , tel-que les hiftoriens nous l’ont
peint, étoit léHfeul prince de fon temps propre
(1) En rapprochant ce que je dis ici de la révolte d’Arbacès
, fixée à peu près à l’époque de l’èrè de Nabonaffar
. l’an 747 avant l’ère vulgaire, ou du moins à Pan
748, on verra qu’elle diffère de celle que fai donnée
dans le table iu chronologique, e. %, pag. -Mais
jeneconnoiffoispas alors l ’excellent travail de M. Larcher
-, quant à l’époque de Déjocès j ’avois eu le bonheur
de me rencontrer avec lui.
à faire face à tous les malheurs qui dès - lors
affligèrent la Médie. Reconnu roi par un peuple
affoibli & en quelque forte fournis aux Aflyriens
couronné dans une ville démantelée & fans dé-
fenfe, il—fe conduifir avec tant de fagefle & de
courage qu’il remonta fes troupes, échauffa tous
les coeurs du defir de la vengeance, 8c battit à
fon tour les Aflyriens , qu’il alla enfuite affiéger
dans Ninive. Peut-être fe fut-il emparé de cette
place, fi dans le même temps une armée formidable
de {Scythes, fous le conduite de Madyès
ou , félon Strabon, d’Indathyrfe , ne fe fût jetée
fur la Médie. Cyaxare accourut à la renconrre;
mais il fut défait (2) , & obligé de leur payer tribut.
On peut croire que cette expédition des Scythes
étoit moins une irruption pour ravager qu’une inva-
fion pour s’établir dans quelque grand pays
conduite qu’ont tenue prefque tous les peuples du
nord à l’égard des pays méridionaux. Mais emportés
par leurs premières vifloires qui ietir avoient
ouvert un ' libre paflage au milieu de l’Afie ils
pénétrèrent jufqu’aux frontières de l’E gyp te,'où
le roi Pfammêtique les arrêta par des pré’fens
confidérables. Ces Scythes fe trouvèrent infenfi-
blement maîtres des deux Arménies , de la Cap.
padoce , du Pont, de la Colchide, de l ’Ibérie &
d’une grande partie de la Lydie. Après avoir eu
beaucoup à fouflûir de leur part,- & leur avoir
accordé des établiffemens en Médie, Cyaxare fit
maflacrer leurs chefs dans un grand feftin : confi-
dérablementaffoiblis par cette perte, les Scythes
furent contraints dé fc retirer {D . Ils avoient occupé
l’Afie pendant a8 ans. Un certain nombre
d’entre eux étoient cependant reliés en Médie-
mais après avoir donné des fujets deplaintes à Cy axare,
ils étoient paffés en Lydie, chez Abatte qui
en étoit roi. Pour en avoir raifon, Cyaxare déclara
la guerre à ce prince l’an 602. Pendant quç
les deux peuples étoient aux mains, il arriva une
éclipfe de foleil qui répandit des deux cotés une
égaleconfternation (en 597 ) (4 ) : on fe fépara •
puis on fit la paix.
Peu après Cyaxare s’étant joint à Nabuchodonofor
, recommença la guerre contre les Affy-
riens & vint mettre le Cège devant Ninive. Cette
ville fut prife & ruinée. Les vainqueurs achevèrent
la conquête de l’A fly r ie , qu’ils partagèrent entre
eux,
En 596, ou, félon M. Larcher, 594, Aflyages
fuccéda à fon père. L’hàfioire de fon règne n’ell
connue que par l’éclat que lui donna C y rus , né ,
comme on lait, de Mandane, fille d’A ftyages, &
(î-) Dans le tableau chronologique, j’ai placé cet événement
à l’an 635. M. Larcher, ( chronoL. d’Hcmd. p. .61 )
le mec à l’an 633.
(3) J’avois indiqué cet événement fur Tannée 6cS.
M. Larcher le place à-la même époque.
(4) Cette éclipfe avoit été prédite par Thaïes, d’après
des calculs aftronomiques»
Y y a