
piïnir les Thraces qui s’étoient .jetés fur les terres
de la république : il mourut en y arrivant.
Scribomifë , qui fut mis en fa'place, fournit, le
long du Danube , des peuples qui’ n’a voient point
reconnu l’empire Romain. Servilius fournit l’Ifourie,
la Cilicië, la Ly cie , s’étant fait un partage dans
le mont Taurus, où les Romains n’àvoient point
encore pénétré : toutes ces conquêtes ayant été
faites en trois ans ,- il entra en triomphé à Rome,
8t eut le fnrnôm d'Ifauncus.
676. Pompée, en qualité de proconful, part pour
aller en Efpagne.
Sertorius s’infinua par des marques de bienveillance
dans l’efprit des grands de l’Hifpanie, & gagna
le coeur des peuples, par la diminution des
impôts dont ils avôient été accablés par l’avarice
des préteurs. Ne doutant point que Sylla, fon
ennemi, ne l’y vînt attaquer, il fit prendre les
armes à tous les Rornains qui y étoient, fit des
provifions dé bouché & de guerre , 6c fabriqua des
vàiffeaux pour üne armée navale.
Salinator, lieutenant de Sertorius, qu’il avoit
envoyé pour empêcher Annius, lieutenant de Sylla,
6c lui difputer le partage des Pyrénées , ayant
été tué par Calpurnius , un de fes colonels, fa
petite armée fut dirtipée. Ânniuspaffa les monts 8c
entra en Hifpanie ; Sertorius s’embarqua pour fe
retirer en Afrique. Les Maures lui en ayant refufé
l’entrée , il fe retira en Cilicie^ où il reçut de
la Lufrtanie, des ambaffadeurs qui le prièrent de
venir à leur fecours contré les préteurs romains,
qui les opprimoient.
Sertorius repaffa en Efpagne, y défit Cotta, j
Fidiùs., Manlius 8c Domitius , quatre préteurs ; il
vainquit Métellus: Lorfque Sertorius artiégeoit la
ville de Lauron, Pompée fe ptéfenta pour lui foire
lever le fiège ; il le battit oc la prit.
Sertorius remporta une fécondé viéloire fur Pompée
, près de Suéron.
Pompée 8c Métellus fe joignirent enfemble pour
le combattre plus sûrement ; il les défit tous deux
près de Tellua.
Sertorius , quelque temps après , fut aflîégé dans. .
la ville de Calagiiris , aujourd’hui Calahorra ; il les
obligea -de lever le fiège, après leur avoir tué plus
de fix mille hommes.
Métellus outré , mit la tête de Sertorius à prix,
8c promit de donner cent talens, qui font foixante
mille écus, 8c vingt mille arpens de terre , à quiconque
la lui apporteroit.
Métellus , quelque temps après, ayant défait Sertorius
, 8c leur ayant tué quatorze mille hommes,
en eut tant de vanité, qu’il fouffrit que fes foldats
lui donnaient le nom d’empereur, lui élevaf-
fent des autels 8c lui Ment des facrifices.
Mithridate admirant la conduite 8c la valeur de
Sertorius, lui fit offrir par fes ambaffadeurs de: l’argent
8c des vaiffeaux, lui demanda fon amitié 8c
fo protection , pour recouvrer les royaumes de Ga-
padoce & de Bythinie. 1
Sertorius lui envoya un de fes lieutenâns |
M. Marius, en qualité de pronconful.
Sertorius , qui avoit fait l’admiration de l’uni-'
vers, devint odieux par le peu de reconnoiffance
qu’il avoit pour fes capitaines : on confpira contre
fa vie: Perpenna l’invita à unfeftin où il fut maf-
facré. T elle fut la fin d’un des plus grands capitaines
de fon fiècle.
L’abominable lâcheté de Perpenna le rendit odieux
a toute l’Efpagne : toutes villes qui tenoient pour
Sertorius , fe rendirent à Pompée '8c à Métellus.
Perpenna avoit pris le commandement de l’armée
de Sertorius , qui ofa en venir à une ' bataille,
dans laquelle il fut défait 8c pris ; il crut obtenir fa
grâce en mettant entre les mains de Pompée, la
caffetteoù étoient les papiers 8c les lettres de Sertorius
: Pompée , fans les lire ,les jeta au fe ii, 8c
fit trancher la tête à tous les ' meurtriers de ce
grand capitaine.
Pompée prit Calaguris, dont le fiége fut long 8c
meurtrier.
Toutes ces chofes fe pafîerent dans les années
6 7 7 ,6 78 8c 670..
677. Scaurus fit des réglemens pour la dépenfe
des particuliers.
Sous ces confuls, Pompée 8c Métellus furent battus
par Sertorius , qui fit une raillerie fur l’un 8c fur
l’autre, difont : « fi cette vieille n’étoit point ici, en
parlant de Métellus, j’enverrois cet enfont à l’école ,
parlant de Pompée «.
678. La guerre continua fous Sertorius, qui,
l’année fuivante, fut affaffmé.
680. Le proconful Marius, que Sertorius avoit
euvoyé à Mithridate, prenoit le pas au-deffus de
ce roi , ne faifoit rien au nom de Mithridate ,
mais au nom de Sertorius : cela- déplut au roi de
Pont, qui fe jeta dans la Bythinie avec une armée
de quarante mille hommes de pied 8c de feize
mille chevaux.
Le conful Cotta pris le devant, arriva quinze
jours avant Lucullus en Bythinie, pour fon malheur ;
il fut défait avec une grande perte 8c fe fauva
en Calcédoine , où il fut afliégé.
Lucullus', voyant que Marius 8c Mithridate étoient
joints enfemble , que leur armée étoit de, plus de
cent mille hommes, 8c que la fienne n’étoit que
de trente-quatre mille, ne voulut pas hafarder la
bataille ; il fe porta, dans un lieu avantageux, leur
coupa les vivres, 8c les réduifit à l’extrémité.
Lucullus défit un détachement de vingt-huit
mille hommes de l’armée de Mithridate, qui èfcor-
toit un convoi , les tailla en pièces „ fit fix
mille prifonniers & prit huit mille bêtes de charge.
Mithridate étonné de cette^perte , leva le fiége
de Calcédoine, 8c fe fauva dans le royaume de
Pont.
Lucullus pourfuivit l’armée dans fa retraite , la
défit fur les bords, du Granique ; il refta fur la
place vingt-deux mille hommes des ennemis , fix
mille• furent faits prifonniers, 8c Lucullus fut reçvr
.dans Cifyque avec des exclamations de joie qu’on
ne peut décrire.
Lucullus défit enfuite une petite flotte de Mi-
thridate, fur le rivage des Achéens, prit Marius,
jgpj traître à qui il fit couper la tête, après avoir
ete déchiré à coups de verges.
681. Mithridate fut aurti malheureux dans le Pont
qu’en Bythinie. ‘ .
Mamercus, un des lieutenâns de Lucullus , défit
Métrobace, qui défendoitles frontières du royaume
de Pont, avec une armée de trente mille hommes.
Déjotarus, allié dès Romains , défit Eumachus-
en Phrygie, autre lieutenant de Mithridate : pouf
comble de malheur, par une furieufe tempête,
Mithridate perdit une flotte de cent galères.
Quoique toutes ces pertes enflent coûté plus dé
deux cents mille hommes à Mithridate, perfuadé
que Lucullus ne le laifferoit point en paix dans fon
royaume de Pont, il mit une armée de quarante mille
,hommes de pied 8c de quatre mille cinq cents chevaux
en campagne : Lucullus défit cette armée de- \
vant Cabyra : Mithridate au défefpoir, tua deux de
fes femmes , 8c s’enfuit avec une petite efcorte ,
abandonnant fon camp, fes richeffes 8c fon royaume
au vainqueur : il fe retira auprès de Tigrane, fon
gendre, .roi d’Arménie.
Lucullus ayant mis le royaume de Pont fous
1 obéiffance des Romains, il fut réduit en province.
Lucullus vifita enfuite les provinces de l’empire,
_ ** remit le b'on ordre, que les guerres civiles eri
avoient banni, corrigea les malverfations, en punit
les auteurs : fa prudence 8c fa bonté le firent paroître
avec tant d’éclat dans le rétabliflement de toutes ces
chofes, qu’il fut l’objet de l’amour 8c de l’admiration
de toüs ces peuples.
68.2. Sous ce confiilat, arriva la révolte des enclaves..
Bratiatus, capouan, avoit un grand nombre d’ef-
claves , qu’il faifoit inrtruire pour en foire des
gladiateurs.
Ces efclaves indignés de fervir de fpeéiacle en fe
tuant dans les amphithéâtres, fe révoltèrent ; élurent
Spartacus pour leur chef, 8c prirent la fuite. Bratia-
tus , avec plufieure cavaliers, courut après ces e f claves
, qui fe défendirent, tuèrent fept de ceux qui
les pourfuivoient, 8c mirent les autres en fuite;
ils fe retirèrent fur une petite montagne, où quantité
d’autres efclaves les vinrent joindre. if
Claudius, préteur , ayant eu ordre de les aller
chaffer, crut que cinq cents hommes fuffiroient ; il fut
défait, 8c avecaffez de peine ; quarante fe fauvèrent.
Le bruit de cette viÛoire attira à Spartacus quantité
d’efclaves 8ç de foinéàns.
Le fenat ordonna à Varinius d’aller les chaffer
avec une armée, qu’il porta aux trois avenues de
da montagne.
Spartacus les combattit 8c les défit tous trois
en un feul jour.
a bruit de ces trois victoires fit venir de tous
côtés à fon camp des gladiateurs 8c des efclayes,
C’étoit. l’humanité qui vouloit venger fes droits,
méconnus 8c outragés par le plus cruel de tous les
peuples. ’
Spartacus n’en fut pas plus vain , Si ayant amené
fa troupe près des Alpes, il confeilla à fes camarades
de fe retirer dans leur pays; ils le conjurèrent
avec tant d’importunité de garder le commandement,
qu’il y conféntit, & il fe trouva en trois
mois de temps à la tête de foixante-dix mille hommes.
Le fénat confidérant férieufement l’importance
de cette révolte, ordonna aux deux confuls d’aller
contre ces rebelles avec toutes les forces de l’état.
Gellius ayant rencontré un corps de quatorze
mille de- çes révoltés , qui alloient à la petite guerre,
fous la conduite de Grixus, un des neutenans de
Spartacus en tua la plus grande partie, dont Grixus
fut du nombre.
Spartacus eut bien fo revanche ; i f défit un des
: heutenans de Lentulus, fit égorger trois cents pri-
lonniers fur le tombeau de Grixus.
11 Çaflius , préteur de la Gaule Cifolpine '
qui alloit joindre Gellius avec dix mille hommes ;
Il attaqua les deux confuls, leur tua quinze mille
hommes ; 8c ayant mis le refte en fuite , il mar-
- c“ a *‘ R ome pour en faire le fiége. Le fénat effrayé
depofa les confuls pour en mettre en leur place
de plus'üxpérimentés.
Craffus , élu conful en la place des confuls pour
achever l’année , forât de Rome avec fix légions
qui faifoient trente-fix mille hommes , & afla re-
cueillir les débris de l’armée; il envoya Mummius,
un de fes lieutenâns, avec un corps de douze mille'
hommes, pour prendre les ennemis par derrière
avec ordre de ne point combattre , quelque occa-
fion (ju’ils lui en donnaflênt : fon ambition l’ayant
porté à la défobéiffance , il en fut puni ; Spartacus
le défit entièrement, & il. fe fauva prefque feul.
Ô83. La divifioivs’étant mife dans les troupes de
Spartacus, elles fe divifèrent en trois corps.
Spartacus en commandoit un , Crâniens & Câlins
les deux autres.
Craffus ravi de cette divifion, attaqua ces deux
derniers, les défit’, en tua douze mille & mit le
relie en fuite.
Spartacus fut attaqué dans fa retraite ; il mit
pied à terre, combattit avec toute la valeur imaginable
; la victoire fe déclaroit en fa faveur, lori-
qu’il reçut dans le genou un coup qui le fit tomber ■
il combattit de cette manière ,& mourut glorieu-
fement après avoir tué deux centeniers & trois
foldats qui ofèrent l’attaquer, pendant qu’il com-
battoit fur fes genoux;
La mort de Spartacus caufa la, perte entière des
efclaves ; ils ne fongèrent.plns qu’à fuir : Pompée
lès rencontra ; ils fe rallièrent, mais ils furent entièrement
défaits, fix mille qui furent pris, furent
pendus le long du chemin de Capoue à 'Rome.
684. La vanité qui perd les grands hommes , fut
caufe, de la mâuvàife intelligence des deux confuls,
paiee que Pompée jfit que Cgiffjç avoit dgfa.it t e