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^’Halycariiafl'e dit que ces peuples tiroient leur
origine du Péloponnèfe, d’où ils envoyèrent des
colonies dans la Theflalie , & il les fait defcendre
de Pelafgus, fils de Lycaon. Cet auteur ajoute
que la difperfion de ce peuple , lorfqu’il s. fortirent
de la Theflalie, & fe répandirent en Epire , en
Italie, dans la Thrace , les îles de l’A fie mineure,
fut fous le règne de Deucalion.
M. de Gébelin dit que les Pélafges furent les
poffefleurs de toute la contrée, qui s’étendoit des
rives du Danube jufqu’à la mer du Péloponnèfe ;
qu’ils peuplèrent la Thrace , la Gétie , la Macédoine,
l’Illyrie , l’Epirq, la Theflalie.., la Pho-
cide , le Péloponnèfe, l’Attiqùe; que d’autres tra-
verfèrent le Danube, & portèrent au-delà le nom
des Daces & des^Gètes.
Ils remplirent ces contrées dé villes célèbres
& d’une population immenfe : ils défrichèrent les
terres, abattirent les forêts, co*tinfent la mafle
des eaux : bientôt le pâys ne Ait plus capable de
nourrir tous fes habitans : ils envoyèrent au loin
de nombreufes colonies. Ces émigrations, qui
auroient dû faire la gloire des Pélafges, les a
fait pafler pour un peuple errant, vagabond, fans 1
arts & fans fciences.'Les ayant v.us par-tout, on
a cru qu’ils, n’étaient fixés nulle part.
Les fortunes chez les Pélafges étoient plus égales:
®u^n’avoit de la fortune, & perfonne ne s’en fou-
cioit comme dans l’ancienne Rome , félon M.
de GébeKn, quelques arpens de terre fuffifoient
pour la nourriture d’une nombreufe famille; peu
leur fuffifoit, parce qu’ils étoient habillés fimple-
ment, logés de même & nourris frugalement.
IL falloit qu’il y eût des Pélafges établis dans
TEpire avant le règne de Deucalion ; car Denys
d’Halycarnafîe, dit qu’une partie des Pélafges ,qui
fortirent depuis de la Theflalie, fut reçue à Dodone
par leurs parens. Cet auteur ajoute que les
Pélafges de Dodone paflerent en partie en Italie,
pour obéir à un- oracle, & qu’ils abordèrent à une
embouchure du Pô : que là ils laiflerent ceux qui
étoient les moins propres à la fatigue pour la
garde dés vaifleaux ; le refte s’avança dans le pays :
ils paflerent les montagnes & defcendirent dans le
pays des Umbriens, voifiris des Aborigènes. Ils
s’emparèrent de quelques villes chez les Umbriens :
mais ceux-ci les chaflerent, & les forcèrent de fe
retirer chez les Aborigènes, qui vouloient aufli
les traiter en ennemis : mais -les Pélafges leur
tendirent le rameau d’olivier, & coururent de tous
côtés, racontant leurs malheurs, & les priant de
les recevoir parmi eux. Les Aborigènes les reçurent
: mais comme leur pays n’étoit pas aflez
vafte, lès Pélafges les engagèrent à faire une ir-
iRiption dans l’Umbrie, où ils s’emparèrent de
Ootone., Ils enlevèrent des villes aux Sicules, &
Us fondèrent les villes d'Agylla , de P ife , de
Saturnie & d’Alfion :• ces villes dans las fuite leur
furent enlevées par les Tyrrhéniens,
t e , Bélafges fondèrent: k ville de tarifa. dans.
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la Campanie, dont ils poffédèrent une partie après
en avoir chaffé les Aurunques.
Lès Pélafges jouifloient d’un beau & grand pays
en Italie , après- la fortie des Sicules : aufli ils devinrent
puiflans , riches, & jouirent de tous les
avantages de la fortune.
Ceux qui étoient reftés à 1a- garde des vaif-
feaux, bâtirent une ville à laquelle ils donnèrent
le nom du fleuve : ils furent long-temps maîtres
de la mer, & leur état fut le plus floriflant de
tous ceux qui étoient le long de la mer Ionienne.
Us envoyèrent au temple de Delphes les dîmes
des profits qu’ils faifoient fur la' m er, & aucune
nation n’en envoyoit de plus magnifiques. Enfin
les peuples voifihs s’étant réunis, ils furent attaqués
& forcés d’abandonner leur ville ils périrent
dis cette manière.
Les Pélafges, alliés des Aborigènes r furent accablés
par les Barbares leurs voifins un petit
nombre refta chez les Aborigènes; mais la plus
grande partie fe difperfa.de nouveau, dans là Grèc.®
& parmi les Barbares.
Selon Denys d’Halycarnafle , ce fût enviroil
deux générations avant la guerre de T ro y e , que
les Pélafges éprouvèrent ces malheurs : toutes les
villas qu’ils a voient habitées en Italie,. périrent à
l’exception de Crotone, qui conferva long-temps
fon premier état. Denys d’Halycarnafle dit que
ce n’étoit que depuis peu que cette ville avoît
change- de nom- & d’habitans : de fon temps elle
étoit occupée par une colonie romaine , & elle
étoit nommée Cothbrnia.
Selon le rapport d’H érodôfe, fous le règne dé
Deucalion,. les Pélafges étoient en pofleflion de
la partie de la Theflalie qu’on appelloit Phtio-
tide, où ils relièrent jufqu’au règne de Dorus ^
petit-fils de Deucalion. Ils en fortirent alors,
furent habiter dans une autre partie de la Thef-
falie que l’oii nommoit lùfiiosotis, fituée au bas do-
mont OJfa & du mont Olympe. Ils furent en-
fuite chafles de là par les Cadméens, & ils allèrent,
s’établir au bas du Pinde., où. ils. prirent le nom;
de Macédoniens.
Denys d’Halycarnaffe dit que ce fut deux générations
avant la guerre d eT ro y e , qu’une partie
des Pélafges, chafles de leurs villes, retournèrent
dans la Grèce. Ils furent dans l’Attique, où les.
Athéniens les. reçurent & leur donnèrent le ter-
rein qui étoit au bas du mont Hymette, à con*
dition qu’ils bâtiroient la muraille qui fit l’enceinte
de la citadelle. Leur intelligence les: mit dans k
profpérité , ce qui excita, la jaloufie des Athéniens,
qui les chaflerent de l’Attique, au rapport d’Hé?
catée, cité par Hérodote.
Lorfque les Pélafges furent chafles de l’Attique
ils fe difperfèrent en divers lieux, & une partie:
s’empara de l’îlede Lemnos. Dès,qu?ils furent établis
dans cette île , pour fe venger des Athéniens, ils«
armèrent des vaifleaux, & firent une defceme dans.
l’Attiqiie, o ù , s!éiant mi» en. embufcade, ils e n levèrent
plusieurs femmes qui étoient venues au
bourg de Brauron pour célébrer la fête de Diane.
Ils les emmenèrent à Lemnos, & en firent leurs
concubines. Ils en eurent beaucoup d’enfans, qui,
étant élevés dans la langue & la manière de vivre
des Athéniens, prirent de l’averfion pour les en-
fans légitimes des Pélafges : ceux-ci, craignant
les fuites fie cette haine, tuèrent tous ces enfans
illégitimes, & firent mourir les mères en même
temps.
Les Athéniens., commandés par Miltiade, paf-
fèrent dans l’île de Lemnos, d’où ils chaflerent
entièrement les Pélafges, qui de-là furent s’établir
dans les villes de l’A & é , félon Hérodote, qui
étoit une terre féparée du continent de la Thrace
par le canal que fit creufer Xercès près de la ville
de Sane : ils s’étendirent dans le continent, où ils
occupèrent la Crefionie. •
Lorfque fous le règne, de Deucalion, les Pé-
îafges paflerent en Italie, dans l’île de Crète &
dans les Cyclades , dans la Béotie , la Phocide &
l ’Eubée, Denys d’Halycarnafle dit qu’une autre
partie pafla en Afie.
Selon Strabon , les Lesbiens difoient que leurs
ancêtres avoient été à la guerre de T r o y e , fous
la conduite de P y lé e , chef des Pélafges.
Toutes lies villes-de la côte maritime de l ’Ionie
avoient été habitées par des Pélafges, félon le
rapport de Ménécrate d’Elée. Les habitans de l’île
de Chios prétendoient que les Pélafges de la Thef-
falie avoient été leurs fondateurs. Il n’étoit pas
de contrée dans la Grèce, la Thrace & l’Afie
mineure, où* les Péla%es n’aient laiffé des traces
de leur puiflance.
Le nom des Pélafges commença à tomber dans
l’oubli peu de temps après la guerre de Troye.
Ceux qui exiftoient encore au temps d’Hérodote
près de l’Hellefpont & fur les côtes de. la Thrace,
étoient fournis à des dominations étrangères : h
langue qu’ils parloient étoit la feule marque de
leur ancienne origine.
Thucydide dit que la première caufe de la ruine
de cette nation, eft la confédération des Hellènes;
qui prit naiflance parmi les Pélafges même. Les
Hellènes firent une ligue , formèrent un corps
particulier, & firent des conquêtes. Après s’être
leparés des Pélafges, leurs pères , ils s’éloignèrent
de leurs moeurs , & peu à peu ils changèrent leur
langue, par le commerce qu’ils eurent avec les
colonies venues de l’0 rient. Des peuples entiers
qui étoient Pélafges d’origine ,. fe ^joignirent à
cette ligue, & quittèrent le nom de Pélafges pour
prendre celui d’Hellènes.
Herode rapporte que les Athéniens, qui étoient
cenfés Pélafges lors de la fameufe émigration de
ces peuples, étoient déjà devenus Hellènes, lorfque
fes Pélafges, chafles de l’Italie, revinrent dans
là Grèce. Vers le même temps,les Lacédémoniens,
fes Argiens & les Arcadiens , qui étoient aufli
«connus. fous, le nom .ào.Pélafges3 fe dépouillèrent. J
de la barbarie de leurs pères, & prirent le nom
dû Hellènes.
Les Pélafges félon Hérodote, avoient établi
à Dodone, le plus ancien & le plus accrédité des
oracles de la Grèce : ce n’étoit dans le comme'n*
cernent qu’un fimple chêne ou un hêtre. Hérodote
ajoute qu’ils ne connoifloient ni les idoles ,
ni les temples ; qu’ils offroient leurs facrifices aux
dieux, & ne donnoi.ent ni nom-, ni furnom aux
divinités qu’ils adoroient.
Les anciens Pélafges parloient une langue barbare,
félon Hérodote, à en juger par celle que
parloient les Pélafges qui, de fon temps, étoient
établis à Creftone & près de l’Hellefpont.
PELASGICUM ARGOS, nom qui fut donnés-
à la Theflalie, lorfqu’elle fut habitée par les peuples
Peldfgi de l’Argolide , félon Pline.
PELASGICUS SINUS, golfe de laTheffaKe,
fur k côte de la -Phthiotide, félon Ptolemée.
Pline écrit Pagaficus. Ce golfe avoit la Magnéfie
à l’eft & la Phthiotide à l’oireft. On y entroit
par un détroit aflez large, entre les villes d'Antrort
au fud , & le promontoire Æantium au nord.
Le nom de Pagarique, que lui donne Strabon
venoit de la ville de Pagafie , fituée au fond du
golfe , aflez près de Demetrias, près l’embouchure:
de V Onchejlus.
P E L A S G IO T I S ou PelasGis , la Pélafgiô-
tide. C ’étoit une contrée de la Theffalie, dont
l’étendue n?eft pas indiquée, la. même dans les dif.
férens auteurs. On regarde les Pélafges comme les
premiers colons venus en Theflalie. M. Larcher:
en fixe l’époque à-l’an 1883 avant notre ère; ils-,
y avoient paffé du Péloponnèfe. Il eft probable
que d’aberd ils s’établirent au centre du pays, au-
lud & au nord de V'Alphôe ; 8c qu’ils s’étendirent
encore ccar. on trouve dans quelques anciens que-
la Pélafgiotide avoit pour bornes au nord l’Aliac-
mon, que l’on fait être'en Macédoine , au nord:
de l’Olympe, & qu’ils avoient le Pénéeau fud.
Cependant,en admettant, avec d’autres auteurs„
que la Pélafgiotide renfermoit trois parties, favoir
la Pérrhebie, la Pélafgiotide propre,. & l’agréable:
vallon de Tempe, on voit que cette grande, contrée
a dû s’étendre au fud de l’AIphée : c’eft même;
au lud de ce fleuve que fe trouvent les villes.'
indiquées par Strabon. Elle étoit fort étendue de-
l’oiieft à l’eft,.-où des montagnes bordoient les.
côtes. Voyci l’àrt, Græcia , Géogr. de Strabon,.
PE LE , île fituée fur la côte de, l’Ionie-,, près
la ville de Clazomène-, félon Pline,,
PELECANIA, lieu de la Grèce, dans !a llcotie,
entre les fleuves Céphife & Mdana, ieioi: T!:eo-
pbtafte..
PELECAS , ou Pececantes , montagne de
l’Afie mineure,. au. voifinage de. l’Æ o lie , félon
Polybe.
PELECES , nom d’une partie dè la tribu Léoni
tide y félon Etienne- de Byfanca,