
territoire d’Epidaure. Epidaurus étoit fur le bord
du golfe Saronique. En y arrivant de ce coté ,
on trouvoit le bois facré ( i) avant d etrè dans la
ville. Ce bois étoit entouré de bornes, de pierre :
on y voyoit une ftatue d’or & d’ivoire. Dans
cette enceinte facrée (2), il y avoit un théâtre
d’une beauté fingulière, & d’autres monumens.
Au-deffus de ce bois facré étoient deux montagnes
(3) ; l’une appelée le mont Titluon; l ’autre,
le mont Cynoiion.
Sur le Commet de cette montagne (4) étoit un
temple de Diane Coryphée. En defcendant du
côté d’Epidaure, on trouvoit un champ nommé
Hyrnethium, puis on étoit à Epidaure.
En face d’Epidaure étoit l’île d’Egine.
Le territoire de Tm^en étoit contigu (c,^o,p. 181)
à celui d’Epidaure. Selon les gens du pays, ce
territoire fe nommoit d’abord Qrcea (5); on lui
donna enfuire le nom d'Althepia (6). On y bâtit
les deux villes d'Hyperea & d'Anthea. L ’une de ces
villes perdit fon nom & reçut celui de Pofidonia.
Troezen & Pitthée (7) étant devenus, en quelque
forte, maîtres du pays, Pitthée, après la mort de
fon frère, des deux villes n’en forma qu’une feule,
à laquelle il donna le nom de Troezen.
Près de cette ville étoit un marais qui s’étoit
nommé, à caufe d’un temple de Diane, marais Phé-
béen ( (poificiiu, \ipcvn'). Le roi Saron s’y étant noyé,
ce marais, & même toute cette partie de mer, en
prit le nom de Saronique.
Prés de Troezen il y avoit un terrein confacré à
Hyppolite, avec un temple en l’honneur de ce
héros, & un autre en l’honneur d’Apollon. Il y
avoit aufli une citadelle où étoit un temple de
Minerve Sténiade.
En s’avançant vers Hermione, on trouvoit, dans
les montagnes, la fource de YHylicus, nommé
auparavant Taurius.
Le port de Troezen étoit un village nommé * 3
(t) L’abbé Gédoyn traduit *< le temple » : peut-être
a-t-il raifon. Il n’y a dans le grec que t o ’Upiv. Je crois que
l’pn peut fous-entendre Yxo-oc, parce que ce bois contenant
un grand efpace, il étoit prefque indifpenfable d’y
pajffer : & c’eft ce que femble indiquer Paufanias.
(à) T’ai préféré l’expreflïon enceinte facrée, pour rendre
dans ce paffage le mot , au lieu de celui de temple,
.qu’emploie l’abbé Gédoyn ; car nous n’avons pas l’idée
d un temple qui, entre autres chofes, renfermeroit un
théâtre. Il eft vrai que les anciens donnoieot un autre
jfens que nous au mot templum , mais voye\ le diélion.-
naire d’antiquités.
(3) Ces montagnes dévoient être tout près d’Epidaure.
-(4) Comme Paufanias n’a pas nomme d’autres mon-
taghçs depuis pette d e rn iè re il eft probable que c’eft
d’elle q«*il parle. On y trouvoit, i ° ’ un temple d’Apollon
Mail éate, qu’il cite plus haut ; 2°. & fur le Commet, un
temple de Diane.
( î ) D’après Orus, que l’on difoit originaire du pays ;
tuais que Paufanias croit plutôt Egyptien. 16) D’après Althepus, prétendu fils de Neptune,
Ils étoient fils de Pélops.
Celcndereus (8 ), où fe voyoit un lieu que l’ott
nommoit le berceau de Thèfée ( f ) .
Il y avoit près de la côte, quelques îles qui
e£0^ nt ^011S % domination de Troezen : c’étoient,
L ile Sphtzria, appelée aufli Hiera : elle étoit fi
près du continent, que l’on pouvoit y aller à
guet-
L île Calauria , ou Calaurea, où étoient .un
temple célèbre de Neptune & le tombeau de
Démoflhènes.-
Du territoire de Troezen fe détachoit une pref-
qu’île qui s’avançoit dans le golfe (10). Sur l’ifihme
etoit bâtie la ville de Metjiana : à trente ftades au-
delà il y avoit des eaux thermales qui avoient
commencé à paroitre au temps qu’Antigone, fils
de Déméirins, régnoit en Macédoine.
11 y avoit un chemin qui, conduifant de Troezen
a Hermione, paffoit auprès d’une roche, appelée
autrefois 1 autel de Jupiter Sténius, & que l’on nomme
depuis la roche de Thèfée (1 1).
Si de cette roche vous traverfez la montagne,
vous arrivez à un temple d’Apollon Platanifte :
on trouvoit aufli le bourg d'll e i , avec un temple
de Cérès & un autre de Proferpine.
En s’avançant vers la mer, fur les confins du
territoire d'Hermione, on trouvoit un temple de
Cérès Therméfie.
A quatre-vingts ftades au plus, étoit (aufud-eft),
le promontoire de Scylla.
En allant par mer vers Hertpione, on trouvoit
le promontoire Bucephalium ; & , tout auprès, quelques
îles.
La première étoit Haliufq., avec un port incommode.
Enfuite étoit l’île Pityufa ,• la troifième étoît
l’île Arifleree.
Après cette île , on trouvoit là partie du, continent
qui, s’avançant un peu, étoit nommée le Promontoire
(12). Enfuite étoit l’île Tricrana, puis le
mont Buporthmus, qui s’avançoit dans la mer : en
face étoit l’île Aperopia ; & peu au - delà , l’île
d ’Hydre a.
Le rivage, u n i, prenoit la forme de eroiffant ;
puis il devenoit plus efcarpé j ufqu’au Pojidonium,
ou temple de Neptune, à quatre ftades de la
nouvelle Hermione. Mais depuis ce temple jufqu’à
( 8 ) Ce nom fe trouve au datif dans Paufanias. ( t h
KexivMpti ). Il femble donc que le nominatif doive être
Ib.cXsvS'eptui.
(9) On montroit près de-lâ un olivier fâuvage, autour
duquel on prétendoit que les chevaux d’Hypolite s’.étoient
accrochés lorfqu’ils renverfèrent ce jeune héros.
Çïo ) Ce doit être le fensdq grec, mal entendu par l’abbé
Gedoyn, & même par Amafée, Paufanias, il eft vrai,
ne parle pas trop ici le langage géographique.
(11) Paufanias en parle plus haut. Ce fut parce que
Thèfée avoit retrouvé fous cette ro.che le$ armes qui lui
fervirenj à fe faire reconnoître par ion père.
(12) Paufanias dit Acra j & ç’eft le nom grec qui répond
au mot françois.
la viMe, le rivage couroit à l’oueft, c’eft-à-dire,
au nord-oueft. On y trouvoit quelques ports. La
longueur de cette côte étoit d’environ fept ftades ;
& 1a largeur de trois au plus. C ’étoit-là qu’avoit
été l’ancienne Hermione : on en voyoit encore
quelques reftes.
Hermione étoit bâtie au pied d’une colline qui
alloit en s’élevant, & que l’on nommoit Pronos :
elle étoit toute entourée de murailles, & renfer-
moit plufieurs monumens intéreffans que décrit
Paufanias. C ’étoit d’un lieu appelé Limon, que
venoit l’eau d’une des deux fontaines d'Hermione.
Lorfque l’on avoit parcouru fept ftades fur le
chemin qui conduifoit à Mafes, &. s’inclinoit vers
la gauche, on en trouvoit un autre ( fur la droite )
qui conduifoit à Halice, ville déferte au temps
de Paufanias. Ce chemin paffoit entre la colline
Pronos & celle que l’on appeloit d’abord Thornax,
mais qui depuis eut le nom de Coccygius (1). Il
y avoit un chemin qui ramenoit fur la route de
Mafes, ville autrefois nommée par Homère, mais
qui n’étoit plus que le port des Hermioniens.
De Mafes, le chemin qui éroit à la droite, con-
duifbit au promontoire Struthuns (2). De - là on
prenoit par les montagnes un chemin de deux cens
cinquante ftades pour arriver à Philanorium, puis
à Bolei.
Didymi étoit à vingt ftades de Bolei : on y
voyoit des chapelles en l’honneur d’Apollon, de
Neptune & de Cérès.
A quelque diftance (3), fur le territoire d’Argos ,
on voyoit l’emplacement où avoit été la ville
d'Afine, détruite par les Argiens.
N. B. Ici Paufanias abandonne la côte orientale
du. golfe, & pûj}'e au n0TCl & au nord-ouejl. Peut-
être le défaut de route , dans un pays qui avoit été
fouvent ravagé, en étoit-il la raifon. IL paraît que cet
auteur reprend une nouvelle cour fe depuis Argos.
A partir d’Argos il n’y avoit pas plus de quarante
ftades pour arriver à la mer, qui étoit prés
du lac Lerna. Au-delà , fur la route, étoit YEra-
finus (4), qui fe jetoit dans le Phryxus ; celui-ci 1 2 * 4
(1) Amafée a conclu ce nom d’après l’expofé du texte *,
& il le fuit.
(2) En admettant que M. d’Anville a bien'reconnu ce
promontoire, on voit que la route eût paffé par Halyce y
cependant Paufanias n’en parle pas : d'où je préfume que
le promontoire Struthuns pourroit bien avoir été celui
qui fe trouve vers l’oueft de Mafes & au fud-oueft d'Halyce.
Il eft vrai qu’il faudroit un peu rapprocher Philanorium
pour ri’avoir que la diftance de deux cens cinquante
ftades. Au refte, il convient de tracer des montagnes juf-
qu’au cap Struthuns -, car certainement cette route étoit
la plus longue : 8c la difficulté des chemins pouvoit feule
obliger à la prendre.
, (3) Le gre: porte t o d s tvTsvQev j ce qui ne donne pas l’idée
d’utf grand éloignement -„cependant, comme M. d’Anville
a fort reculé Afine au nord, j’ai adopté l’expreffion à quelque
diftance. Je crois cependant que cette ville étoit plus
proche de Didymi.
(4) Il me femble que M. d’Anville auroît dû mettre fon
embouchure dam le Phrixus, plus près de la mer.
fe rendait dans la partie de mer qui étoit entre
le lac de Lena & Temenium (5).
Après avoir paffé YErafmus & le Phryxus, oïl
($) Je crois que l’on pourroit, fans manquer aurefpeét
qu’emporte avec foi le nom du favant d’Anville , figurer
la côte de l’Argolide autrement qu’il ne l’a fait : voici
.d’abord le texte grec, puis mon opinion, que je foumets
au jugement des fa vans.
Kareyti Sè AVy//«y t » j Wxecof, reaa-apd'/.ûvra. x«u ou irXstoo
crreiSia., » xetra \spv<*.v ^a.\a.cratti « La mer, qui eft vers lé
marais de Lerne, n’eft pas éloignée d’Argos de plus de
quarante ftades ». xctreovTwv <h is X«/>vav, tipo»t o v (*tv xaà
éSiv s'-ttiv o‘ 'Epa.trhoi ,Écx«f»<ÎWj <Te iç tov <ï,/>i|ov. « En allant
vers Lerne (*), on trouvoit d’abord le fleuve Erajînus
qui fe jetoit dans le Phrixus ». Q'ÿptÇoç $it s r>h pdxuo-a-a.?
t »'vpttTa.j'vT»pteviov x«ti Kspvnç. «Et le Phrixus ( fe jette)
dans la mer qui eft entre Temenium & Lerna ». Il fuit donc
de ces paffages traduits exa&ement,
1°. Que la mer, appelée mer de Lerne, n’étoit éloignée
d’Argos que de quarante ftades -,
2e. Qu’en defcendant d’Argos vers Lerne, on trouvoit
d’abord YErafinus, qui fe jetoit dans le Phrixus, & celui-ci
dans la mer de Lerne, entre Temenium & Lerna.
J’avois cru jufqu’à préfent ne pouvoir concilier Pauf.i-
nias ( L. 1 1 , c. 36 ) , avec Strabon (L. r m , pag. 368 de
l ’édit, de ijo8 , pag. j66) , qui place Temenium à-peu-près,
vers l’embouchure de Vlnachus. M. d’Anville croyoit àufli
que la pôfition de ce lieu n’étoit pas la même , lelon ces
deux auteurs. C’eft d’après cette idée qu’il avait difpofê
une petite carte de cette côte de l’Argolide, fur laquelle
il indiquoit Temenium au fud de l ’embouchure du Phrixus ;
je l’ai vue manuferite entre fes mains. Mais, c’eft que ce
géographe, & moi aufli, nous penfions que c’étoit l’embouchure
du Phrixus qui étoit entre Lerna & Temenium, au
lieu qu’il me femble actuellement que c’eft la mer Ler-
nienne qui eft entre ces deux lieux : & par conféquent-
cette partie du golfe Argolique peut très-bien avoir été
comprife entre une partie de la côte occidentale & uner
partie de la côte feptentrionale.
J’obferve de plus, comme une nouvelle preuve de la
jufteffe de cette conjecture.
i° . Que ce n’eft qu’après avoir parlé des fleuves, que
Paufanias s’arrête à décrire le lac de erne j d’où il parois
fuivre que Lerne étoit au-delà.
20. Paufanias, après avoir encore remarqué que le'
Phrixus fe jetoit dans la m er. entre Lerne & Temenium ,
dit : T »[Atviov <T* d^lysi Netutr'Kta. mvmxovra. (ipot éoxeiv )
ffretSiovs. O r , fi Temenium eût été où le croyoit M. d’Anville
& où je Fai cru moi-même , c’éft-à-dire, au-delà du
Phrixus, il y auroit plus de deux fois cette diftance. Donc,
c’eft du texte de Paufanias mal entendu, que M. d’Anville'
a placé fur fa carte le lac de L erne, le Phrixus, YErafinus
& le Pontinus, comme on le voit.
N. B. Ayant eu l’honneur d’écrire fur ce point de géographie
une lettre accompagnée d’une carte, adreffées à
M. D acier, fecrétaire perpétuel de l’académie des Belles--'
Lettres T j’ai eu la double fatisfa&ion d’apprendre, par la?
réponfe qui m’a été faite, au nom de l’académie, que
j’avois très-bien faift le fens de Paufanias, & que je me
rencontrois avec M. l’abbé Barthélémy &M. Barbier, qui
ont fuivi la même difpolition de local fur une petite carte
de l’Argolide, dreffée par ces favans pour l’intelligence
des voyages du jeune Anacharcis, ouvrage dont le cadre
eft auffi neuf qu’intéreffant, & que le public attend avec
une impatience infpirée par le mérite de l'on auteur.\Cs
8' juillet t j 88 ).
(*) Pline dit locum Lernum ; cela feroit croire qu’il y
avoit un lieu de même nom que le lac.