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principalement dans cette ville , & que c’eft de-là
qu’elle avoir pris Ton nom, qui lignifie fonderie-,
du Phénicien T^araph, fondre des métaux.
Les Grecs la nommoient a/jrla,, Sarapia,
6c la regardo-ent comme la ville d’où fut enlevée
Europe, fille d’Agé no r.
Depuis l’établiüement du chriftianifme, il y eut
des évêques à Sarepta. Mais, à l’arrivée des Arabes,
elle paffa en leur pouvoir. Tancrède la leur enleva
l’an m i ; il l’obtint par capitulation : elle eft
actuellement ruinée.,
XXXIL Entre Sarepta & Tyr ( i ) , on trouve que
îe géographe de Nubie indique une rivière qu’il
somme Lama. Ptolemée en nomme une Leontos.
M. d An ville, ayant préfumé qu’il y avoit identité
entre ces rivières , a donné le nom trouvé dans
h gèograph'ie grecque , à la rivière connue par le
géographe arabe.
XXXIII. N. B. A fep-t grandes lieues de Sidon ,
& qui ne donnent plus qu’une grande heure de
chemin pour arriver jufqn’à T y r , on trouve une
xiviere large & profonde qui prend fa fo'urce
dans l’anti-Liban. Un voyageur angiois, Manndreîl,
la nomme Cajîmer : on préfume que c’eft celle que
quelques auteurs ont nommé, mal- à -propos ,
£ le ut héros,
C ’eft en cet endroit que^fe termine la chaîne
du Liban.
XXXIV. Tyr (a) , au fud de Sidon, paroît avoir-
porté en Phénicien le nom de Tçor, que, probablement,
on nommoit auffi T^ir ou Tçur. Comme
deux villes ont porté ce nom , l’une fur le continent
, l’autre dans- une île , très - proche du
continent, mais un peu plus aiCnord, il convient
de diftinguer ic i, s’il eft pofirble., ce que les hiftp-
riens ont dit de la fondation de ces deux villes.
C e qui a pu donner lieu à quelque confufion ,
c eft que / comme cité ou corps politique, c’ètoir
Lien à peu* près toujours la même T y r ; mais
comme ville , ou lieu habité par les TyrienS, il y
en eut deux bien diftinéfos. Pendant les premiers
fièçles cette différence a dû ‘être fort ferifibfe ;
mais, 'avec le temps, ridée de cette révolution
s’éïânt affbiblie , on a parlé de Tune & de l’antre
T y r comme d'un même lieu. Je vais cependant,
pour plus de clarté , les diftinguer ici, en nommant
la plus ancienne Parla Tyrus , & 1 autre feulement
Tyrus.
Palce- Tyrus êtoir certainement très-ancienne. Et
certainemt nt auffi i’biftorien Jofeph fe trompe quand
il dit, que T y r fut'fondée quarante ans avant la'
conftru&ion du temple de Salomon. Car Jo-fué,
(*) M.Tabbé Mignot , ou plutôt l'imprimeur de fon
Mémoire ,,irîet Sidon ornais parce qui fuit, on voit qu’il
faut lire Tyr. u
(a.) Je place ici ce qui peut inftruire fur l’hiftoire de
cette ville : à fon article particulier j’entrerai dans quelques
détails chronologiques à l’égard de fa fondation.
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en arrivant dans le pays de Canaan, donna T y r
pour limite au pays d’A-for, & il en parle comme
d’une ville forte. Selon Sanchoniaton les fonde-
mens en avoient été jettés par Upfouranios q u i,
le premier, habita lé lieu où elle fut fanée* Il y
conftruifir, dit cet hiftorten, des cabanes de
joncs & derofoaux: rien de plus naturel ; la plupart
des grandes villes ont commencé ainfi.
On ne faitrien de ces premiers commencemens.,
mais, dans la fuite , les* Sidoniens * foit pour fe
débarraffer d’une population trop abondante, foit
pour étendre leur commerce, envoyèrent à T y r
[ P a l a - T y r u s ) , une colonie affez confidérable. Cet
é vénement doit avoir eu lieu avant la .guerre de
Troye. En augmentant le nombre des habitans,
cette colonie accrut les richeffes & la puiflance
de layille. Cette régénération fut une fondation
nouvelle pourles peuples voifins qui., dan-sla fuite ,
regardèrent T y r comme fondée par des Sidoniens ,
auffi. voit-on qu’Ifaie l’appelle fille de Sidon. Et
de leur côté les nouveaux colons auront regardé -,
comme leur-étant propre , T’hiftoire des premiers
commencemens de la ville.
Pala-Tyr ne tarda pas à devenirpuiffante relis
éclipfa bientôt la fplendeur de fa métropole, &
devint elle-même métropole de plufieurs autres
villes, que fes colonies fondèrent en différens
endroits. Ezéchiel a décrit, dans un détail très-
circonftancié, fa puiflance, fa magnificence &
l’étendue de fon commerce.
Cette ville eut fes rois particuliers, ainfi que la
plupart des places de la Phénicie, & dans la fuite
elle domina fur plufieurs autres villes. La puiflance
des Tyriens s’ét'endpit même fur les îles, puisqu'on
lit dans Jofeph.. Anùq. L. i x , 14, que les
Cypriotes s’étant fouftraits à leur obéiffance ,
Elulée, roi de T y r , fe difpofoit à leur foire la
guerre pour les foumettre. Ces üafulaires eurent
recours à Salmanazar, roi d’A-flÿrie , qui étoit en,
Paleftine,, où il faifoit le .fiège de Samarie. C e
prince, après la prife de cette v ille , entra en
Phénicie hvec toutes fes forces, l’an 720 avant l’ère
vulgaire. Avec feulement douze vaiffeaux que les
Tyriens avoient dans leur port, ils défirent la
flotte de Salmanazar, compofée de foixante voiles.
Cette perte firchanger au roid ’Aflyrie le plan de
fon attaque. Au lieu de compromettre fes forces
dans des attaques peut4 être inutiles, il prit le
partLde former un blocus. Les affiégeans fe défendirent
avec un courage & vine perfcvérance
qui fit durer le fiège cinq ans. La mort de SaL-
manazar, arrivée l’an 705 avant l’ère vulgaire,
fit lever le blocus, & rendit la liherté aux
Tyriens.
Cent vingt-neuf ans après , T y r fut de- nouveau
affiégée l’an 586 avant J. C. ltbobale ou Ethbale ,
en étoit alors roi. Ceffiège eft fameux dans l’hiftoire.
On fait--que Nabuchodofor refla treize ans
devant cette ville. A la fin .elle fut emporté«
d’aflam par les afiiégéans. Mais^ comme ce moment
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«toit prévu, & que l’on avoit eu le temps de s’y
préparer , prefque toiis- les habitans y emportant
avec, eux ce qu’ils avoienf de plus précieux,
s’ étoient en allés par mer s’établir en différens
lieux des côtes de la Méditerranée-, fur-tout le
long de l’Afrique & jufque fur'les côtes de l’Hif-
panie. Le féroce roi d’Affyrie , au lieu.d’avoir quelque
pitié des malheureux que le défaut de moyens
livroit dans-la place à fa vengeance, les.fit tous
paffer ait fil de l’épée (1). La ville fut rafée juf-
qu’aux fondemens.
Nouvel'.e Tyr. Ceux des Tyriens qui s’étoient
le moins éloignés, fe trouvoient peut-être déjà
dans l’île où fut bâtie la fécondé T y r : du moins
.ils y revinrent bientôt. Cette île avoit eu déjà
des habitans. Il paroît qu’ils traitèrent avec Nabu-
chodonofor, qui leur donna Baal pour roi à la
place d’Ithobal, qui mourut pendant le fiège :
mais ils en avoient eu précédemment ; feulement
on eft incertain de l’époque. M. l’abbé Mignot
penfe que ce fut peu avant le règne de Salomon :
& voici fur quoi il établit fa conjecture. Dans une
lettre d’Hiram , roi de T y r , à Salomon, citée par
Jofeph, le roi de T y r prie le roi de Juda de lui
envoyer du bled, en échange des matériaux qu’il
lui fournit ; & ce prince en donne pour rai fon
qu’il habite une île dans laquelle il n’en croît pas.
Mais les travaux que fit faire ce prince prouvent
que s’il n’en fut pas le fondateur , il 11’y avoit pas
long-temps que cette ville étoit confiante.. Car
avant. Hiram , contemporain de Salomon , les deux
rochers, fur lefquels elle étoit. affife, n’avoient
pas encore été réunis; &• ce fut ce prince qui fit
cette réunion. Ce fut lui , félon Joleph , qui
l ’augmenta du .côté de l’orient, c’eft-à-dire , du
côté de la terre ferme; Il y renferma le temple
de Jupiter Olympien, & réunirjés deux îles en
comblant l’intervalle qui les féparoit. On peut
donc » avec beaucoup* de.faifon, le regarder comme
le fondateur de la fécondé T y r , ou T y r fin-
fuiaire , quoique le fiège de fon empire fût fur
le continent.
Baal, placé par Nabuchodonofor avec le titre
de roi pour gouverner les Tyriens, ne régna que
dix ans. Après fa mort les Babyloniens ne voulurent
plus reconnoître de roi à T y r : Us y placèrent
des gouverneurs dont l’adminifirati n ne devoit
durer que pendanr un certain nombre données:
on- tes nommoit ■ Sophetîm*, d’où s’eft formé lé
Suffètes, en ufage chez les Carthaginois, 011 plutôt
(i0 Comment pe pas s’élever'de toutes parts contré
la cruauté & 1 injuftice des tyrans ? Certainement ceux
qui ieftoient dans la ville dé Ty.r,. dévoient être les
moins coupables à l’égard de Nabuchodonofor : ce dévoient
être feulement ceux; auxquels* -jl avoir manqué
des moyens1 de fuite, c’étçîènï les-plus p;/uvré£. Or ce
n’ëtoient pas eux qui avoient refufé de fe rendre, puif-
qu’il y avoit un ro id e s miniôres ,,/des grands. Ils
s étoient fauves & le peuple fut égorgé.
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chez les Latins & les Grecs, qui avoient altéré le
nom oriental.
Cette efpèce de gouvernement dura jufqu’au
commencement de la monarchie des Perfes. Iis
furent alors fournis aux princes de. cette nation pendant
7Q ans, . après lefquels ils furent rétablis dans
leurs anciens privilèges par Cÿrus , ou, félon quelques
auteurs, par Darius, fils d’Hiftafpes.
Je crpirois a.ffez que ce fut quelque temps après
cette révolution que les Tyriens, fe livrant à
toute l’avidité de leur commerce, & lacrifiant les
droits même de- l’humanité aux reffources que leur
р. ffroient les travaux de leurs efclaves, ils les en
accablèrent au.point que ceux-ci, las d’un joug
oppreffeur, formèrent & exécutèrent le plan d’une'
conjuration générale. Un foui maître échappa par
la bienveillance de fon efolave qu’il avoit toujours
bien, traité: il, fo nommoit •St/'d/p/z,. Les détails de
Phiftoire ( Jufiin. L. v in ) , de fon élévation au
trône, ne font pas de mon objet, &. font affez
connus.
La famille de ce prince étoit encore fur le
trône , lorfqu’Alexandre vint faire le fiège de
M . ;
Ce fut verTT an 450 avant *l’ere vulgaire ,
qu’Hérodote fo rendit d’Egypte à T y r , L. 11 *
с. 44 » pour vifiter un temple d’Hercule’ dont il
vouloit confulter les prêtres fur l’antiquité du culte
de ce dieu. « C e temple, dit-ii, étoit décoré d’une
» infinité d’offrandes, & , entre .autres riches
» ornemens, on y voyoit d'eux colonnes, -donc
» une étoit d or pur & affiné, & l’autre d’émeraude
” 4 ui jettolc la nuit un grand éclat (r) ». Selon
les prèires de T y r , ce temple étoit suffi ancien
que la v ille; & foion les prêtres,, il avoir alors
2300 , ans d’antiquité.,, a Je vis auffi à 'T y r ,. dit
». Rerodote , un autre temple d’Hercule : cet
j> Hercule étoit nommé Tkajîcn ».
-On voy oit encore à T y r une ftattie d’Apollon
d’une hauteur exiraordinairel r les Carthaginois
qui la voient enlevée, l’an 405 avant l’ère vul’-
gaire, de là ville de Géla en Sicile1, en avoient
fa-it .préfont aux Tyriens elle étoit à T y r dans
une grande vénération.
Le fait rapporté , par Diodore en eft une preuve
{Diod, L. x i u ); Pendant le fiège de, T y r pà^
'(1) Les- ànéiens-écri vains ont parlé de- quelques émeraudes
d’une g»b.ffeur énorme, & telle que l’crn ne peut
y ajouter foi : tout ce que l’on peut dire de plus raisonnable
pour les. excufer , c'efl que,, dans beaucoup de
circonftançes , ils ont pris pour de l’émeraude , qui
une petite pierre , une émeraude, bâtarde , appelée
Bfeudos maragits, qui eft plus groffe -, & que dans d’autres
ils ont été abufes par les prêtres en poffeffion d’entretenir
les peuples dans cette erreur." .
H paroît .que fos cpiçnaes-, foit-difanr d’émeraude éc
qui rendoient de la lumière .la nuit, croient tout Simplement
des colonnes de verre, coloré, dans lefqueiles
0.1 înrroduifoit pendant, la nuit de la lumière a à aa>
moyen quelconque, *