
On v o it , par l’expofè des divifions de ce tableau,
que je. comprends la Macédoine entre les
états qui compofèrent l'ancienne Grèce : mais il
faut obferver que ce ne fut que depuis le règne
de Philippe, & effentiellement depuis celuï d’A lexandre.
Avant ce temps, les peuples compris
dans le pays nommé Gracia, & auffi Hcllas, re-
gardoient les Macédoniens, comme ils regardoient
les Thraces, c’eft-à-dire, comme autant de Barbares.
-Il efl très-vraifemblable que fi les Thraces
eux-mêmes Biffent parvenus à voir à leur tete
quelque prince profond en politique, habile à la
guerre, & faifant fleurir dans fon pays le ooût
des lettres',-dps fciences & des arts, la Thrace
eût fini par être auflï comprife entre les états de
la Grèce. Mais elle fut toujours divifée entre différentes
nations thraces, qui ne firent jamais un
qorps politique puiffant; & les rois de Macédoine
en enlevèrent une partie confidérable pour l’ajouter
à leur royaume.
' Les auteurs 'deTantiquité que nous puiflions
confulter fur les différens âges de la géographie
de la G rèce, font Homère, pour, les temps les
plus reculés , Strabon, Paufanias & Ptolemée.
Quoique Homère ne paroiffe en parler qu'acci-
dentelletnent-& à l’occafion des troupes qui marchèrent
cqntre Tro.yes, c’eft cependant un auteur
précieux fous ce rapport, puifque les.détails dans
lefquels il entre font très-'confi'déra'bleï. On y apprend
quelles étoient alors les forces des diffe-
rens états de la Grèce , .quelles, étpient les villes
les plus puiffantes; les anciens noms de plufieurs
de ces villes. Par les épithètes qu’il joint à leurs
noms, il donné une idée, foit de leur fituation,
foit de la qualité de leur terroir, foit de leurs
riclreffes. Enfin, l’on ne Laura jamais bien la géographie
de la Grèce que l’on né l’ait étudiée dans
«e poète ( i) .
Strabon, quoique fort étendu & très-exaâ, le
'cède infiniment à Paufanias pour la richeffe &
l ’étendue des détails. Il faut olfferver, il eft vrai,
que le premier donne une defcription de toute la
-terre; au lieu que le fécond ne traite que de la
Grèce. Mais auffi que d’inftruélions fur les routes
les villes, les monumens, les anciennes familles!
Ç ’èft bien dommage que fon ouvrage ne comprenne
, au-delà du Péloponnèfe, que l ’Attique ,
la Béotie & là Phocide (a), La géographie dé
. (1) Cette etude efl d’autant plus facile avec la traduction
de M. Gin , qu’elle efl accompagnée d ’une carte de
I ancienne Grèce, faite pour -le temps d’Homère & de
notes fort détaillées.
\ / —------* uutajuiu. gsiuuiuiïut depuisions
tempsde voir que nous Savions de cet auteur qu’uni
traduction françoife très-infidelle, fourmillant de fautes
& accompagnée de cartes, qui ne préfentent pas la géogra
F“ Ie de 1 auteur. Enfin, on fait qu’il en va paroitre uni
traduction excellente, faite avec beaucoup de foin pai
un homme tres-verfe dans la langue grecque, M. B,
avocat au parlement de Rouen.
G R Æ Ptolemée n’eft qu’une nomenclature ; maïs elle a fon
utilité.
Je vais donner la Grèce felon chacun de cei
auteurs.
Géographie de la Grèce d’après Homère•
Cette defcription de la Grèce te trouve dans
le fécond chant de l’Iliade : on l’appeUe ordinairement
dénombrement des vaiffeaux en Béotie.
Voici ce qui amène ce morceau dans le poète :
« Mufes qui habitez le palais de l’olympe, car
» le fils de Saturne vous éleva au rang des déeffes ,
» vous favez toutes chofes ; ce que les mortels
» n’apprennent que par la renommée, fouvent
» trompcufe, vous en êtes inftruites. Apprenez-
» moi, ô Mufes , les* noms des rois qui comman-
» doient l’armée des Grecs. Car je n’entreprends
» pas de nommer chacun de ceux qui, confondus
» dans la foule, combattirent fous les murs de
” Troyes. Quand j’aurois dix langues, dix bouches,
» une poitrine d’airain, une voix infatigable, je
H n’y pourrois fuffire : je me bornerai à nombrer
» les vaiffeaux, à nommer les chefs qui les com-
” mandoient: Mufes, qui habitez l’olympe, daignez
>1 les rappeler à ma mémoire ». ( Tradu&ion de
M. de Gin). Ç ’eft après cette invocation que le
poète entre en matière. Je ne donnerai ici que
l’analyfe, & non la tradu&ion de ce morceau ,
qui contient 265 vers.
Le/Béotiens habitoient (3) Hyrié (4 ) , les rochers
d’Aulide, Schoenos, Scolos, les montagnes
d’Eléton (5 ) , Theipie, Graye ( 6 ) , & les riches
plaines de Mycaleffe, Harmé, Ilèfe (7), Erythres,
Eléon (8) , H y lé , Pétéon (9), Ocalée, la fuperbe
Médéone (10 ) , Copes, Eutrèfe ( 1 1 ) , Thisbé, fé-
jour aimé des colombes ; Coronée, les prairies
d’Aliarte, Platée; Glyffante; la nouvelle Thèbes (12)
& fes murs fameux : Onchefte, célèbre par le beau
temple de Neptune ; Ame (13) & fes côteaux fer- *1
.----- , , J , ty xtvyuvc mxluo i c p r e im e r v o lum e a< 1 hiltoire de la Grece par M. Coufin-, mais les notes qu 1 accompagnent ic i, fctat de moi,
(4) On ignore fa pofition.
(5) N’eft connue que par Homère.
(6) On ignore fa pofition.
(7) On ignore 1a pofition.
(8) N’eft connue que par Homère.
(9; Inconnue.
(10) Ou plutôt, la bien bâtie% E?Wr//tfVoy. Le poète la
nomme ttTo\iiS'pov , petite ville.
(11) On ignore fa pofition.
(12) M. Coufin traduit ainfi. J’obferve que l’on trouve
ce nom écrit de deux manières. i° . La leçon la plus fuivie
porte YVoâ-»/3ééf, Hypothèbes -, 20. vtro Qn/Zac, fous
Thebes. C’eft bien le même fcns, On croit que la première
vdle de Thèbes ayant été bâtie fur la montagne où
étoit la for ter effe Cadmée, la nouvelle ville fut bâtie au
bas. ( Viye{ Hypothebæ ).
(13) Paufanias nous apprend que c’étoit l’ancien nom
de Cheronee.
I G R Æ
illes en vins ; Midée ( 1 ) , la divine Miffa (2) ;
& Anthédon (3), reculée à l’extrémité de la Béotie,
Afplédon enfin, & Orchomène , ville' de Mi-
nyas (4).
La Phocide, dont les peuples habitoient Cypa-
î-ifie ( ç ) , les rochers de Python (6 ) , la divine
B Crifla, Daulis, Panope , Anémorée (7) , Hyam-
f l polis, les bords qu’arrofe le Céphiffe, & la ville
B de Lilea, où ce fleuve prend fa fource.
La Locride contenoit C y n e , Opunte, Calibre »
Beffa, Scarphé, Angée (8) , Tarphé, Thronion,
B iur les rives du Boagrius.
L ’Eubée, dont les Abanites habitoient Chalcis,
■ Erétrie, Hyftrée , fertile en excellens vins ; la
I l maritime Cérinthe & la haute ville de Dium (9 ),
f l Styre & Caryfle.
Homère ne parle pas de toute l’Àttique, mais
h feulement d’Athènes, C ’e ft, comme le remarque
B très-bien M. Coufin, que les bourgades que corn- 11 prenoit l’Attique , avoient été réunies par Thé fé e ,
|| & ne faifoient plus qu’un même peuple. Ajax com-
mandoit dans Salamine.
L 'Argolîde avoit Argos , Tirynthe aux fortes
H murailles , Hermione & Afine , qui ont des golfes
K profonds ; Trézène, Eïones (10), Epidaure, dont
■ les côteaux font couverts de vignes, Egine & Il M a fè te (n ) .
La fuperbe Mycènes ( 1 2 ) , la riche Corinthe,
■ Cléones, qui eft u bien bâtie ; Ornées, la délicieufe
m Aréthurèe (13) , Sicyone, où Adrafte régna
?| d’abord ; Hypéréfie (14 ), la haute Gonoefle ( 1 5 ) , 1 2 3 4 5 6 *8 9 13 14
(1) Le même auteur nous apprend auffi que c’étoit l’an-
• t cien nom de Lébadée.
(2) On ignore fa pofition.
(3) Homere lui donne l’épithète vttr&u.'loùira,, reculée *,
peut-être veut-il dire qu’elle étoit la dernière fur l’Eu-
■v ripe •, car il y avoit en Béotie des villes plus au nord.
H M. d’Anville, d’après Paufanias, la place peu au nord
Il du mont Meffapius.
(4) Le texte porte : la Minyène Orchomène. Minyas
K étoit père d’Orchomène, qui donna fon nom à cette viîle *,
R «nais elle ne perdit pas entièrement celui de Minyas.
(5) Les anciens s’accordent à dire que cette ville fut I: connue fous un nom différent de celui que lui donne
Homère. Quelques - uns ont cru que c’étoit Lycorea ;
félon Paufanias, c’étoit Anticyre.
(6) C’eft certainement la ville de Delphes, quoique
| quelques auteurs en aient fait deux villes différentes.
» (7) On ignore fa pofition. Il en eft cependant parlé dans
s Stace & dans Lycoùhnçjq..
(8) On ignore fa pofition : elle étoit détruite dès le
! temps de Strabon.
(9) Appelée par Strabon Athéna Diaies.
f _ (10) Selon Strabon y c’étoit la partie de Mycènes : on
I ignore fa pofition.
(11) On ignore fa pofition.
; . (12) yoye\ Mycenæ. La pofition de cette ville donne
lieu à plufieurs obfervations.
(13) C’étoit un des anciens noms de la ville de Phlius.
(14) On convient que cette ville doit être Ægira%
( i j) On ,1a trouve nommée Gonujfa,
Pellène, Æglon & toute la cote depuis Sicyone
jufqu’à Buprafie , au-delfus de l’Elide (16).
La Laconie avoit la baffe & vafte Lacédémone ,
Phare , Sparte , Meffé, Bryfées , Angées (17) ,
Amycles, la ville maritime d’Hélos, Laas ( 18 ) ,
OEtylée.
Uans la Mejfénieètoient P ylos, l’aimable Aréné,
Thryon ( 1 9 ) , où l’amoureux Alphée offre au
voyageur un paffage facile, la belle ville d’A ë p y ,
Cypariffe, Amphigénée , Ptéléon , Hélos (20) ,
Dorion (21).
U Arcadie avoit la haute montagne de Cyllène ,
qui produifoit de fi vaillans hommes ; Phénée ,
Orchomène , riche en troupeaux ; Ripas (2 2 ),
Stratia, Enifpé, toujours battue des vents ; Tégée*
l’agréable Mantinée , Stympale & Parrhafie (23).
Buprafie & la divine Elide, c’eft-à-dire, tout le
pays qui eft renfermé entre Hyrmine,Myrfine (24),
la roche Olénienne (25) & Alife.
ÏJles. Dulichium & les autres Echinades , ces îles
facréës que la mer d’Elide environne de fes eaux, à
l’embouchure de l’Achéloüs.
Céphalénie, Ithaque, la forêt de Nérite, Crocy-
lée (26) , l’Efcarpée Egilippe (27) , Zacynthe f
Same (28) & le continent au-delà des îles.
ldEtolie renfermoit Pleuron (29) , Olène, Py-
lène (30) , la maritime Chalcis, & les rochers qui
environnent Calydon.
Crète avec C noffe, G or tyn e , environnée de
fortes murailles ; L y fto s , Milet (31) , Lycafte ,
(16) On voit que l’Achaïe eft comprife au nombre des
lieux attribués à l’Argolide ; ou bien c’eft que le poète n'a
pas jugé à propos de faire pour cette partie une nouvelle
divifîon.. . . Au refte , il comprend Corinthe & Sicyone
dans l’Argolide, & Paufanias parle de ces villes & de
celles de TArgolide dans fon voyage de la Corinthie.
(17) Paufanias croit que c’en la ville qu’il nomme
Ægia.
(18) Homère eft le feul qui ait redoublé la voyelle : les
autres auteurs difent Las.
(19) On voit qu’Homere recule les bornes de Meffénie
jufques dans l’Elide.
(ao) Cette v ille d’Hélos en Meffénie eft inconnue.
(21) Pofition également inconnue.
(22) Ces trois villes font inconnues : quelques auteurs
en ont fait à tort des îles du Ladon.
(23) Homère parle de Parrhafie comme d’une ville : il
eft le leul, avec Etienne de Byfance qui le copie. Paufanias
nomme feulement une montagne & des peuples
de ce nom.
(24) Cette ville eft peut-être celle que Strabon nomme
Myrtontium.
(25) On croyoit, au temps de Strabon, que c’étoit
mont Scollis.
(26) Strabon penfe que cette ville étoit dans la pref-
qu’île de Leucade.
(27) On ignore où elle étoit fituée.
(28) C’étoit l’ancien nom de l’île de Céphallénie.
(29) Il y avoit en Etolie deux villes de ce nom j l’ancienne
étoit près de Calydon.
(30) Cette ville prit dans la fuite le nom de Profchium.
(31) Cette ville n’étoit pas dans l’île , mais fur la côte
de l’Afie,