
390 M GE N étoit la patrie du prêtre Mathathias & des Macha-
oées.
Judas Machabée remporta près de cette ville ,
une viéïoire fur Antiochus Eupator.
Du temps de Jofeph l’hiftorien , on voyoit encore
auprès de Modin , le fuperbe tombeau de
marbre blanc que Simon, l’un dés Machabées, avoit
fait élever pour fon père, fes frères & pour lui.
M O D O CÆ , nom d’un peuple de la Sarmatie
afiatique , félon Ptolemée.
M O D O R T IA , ville des Infubres, félon Paul
Diacre, qui la met à douze milles de Milan.
MODOGALICA , peuples des Indes. Pline les.
place dans une île du Gange, & ajoute que cette
île étoit extrêmement grande.
M O DO G U L L A , ville de l’Inde , en-deçà du
Gange , entre Calligeris & Petirgala, félon Pto-
leipée.
MODOMASTICA , contrée de l’A fie, dans la
Carmanie déferte, félon Ptolemée.
MODONUS, nom d’un fleuve de l’Hibernie.
Ptolemée en place l’embouchure entre le promontoire
facré & la ville de Menapia.
M O D R O N , ou M o d r a , lieu de l’Afie dans
la Phrygie. Strabon dit que c’efl où le fleuve
Gallus prenoit fa fource.
MODUBÆ, peuple.de l ’Inde au-delà du Gange,
félon Pline;
M O DUN DA , ville de l’Ethiopie, fous l’Egypte,
fur le bord du N il, félon Pline.
MODÜNGA , ville de l’Afrique, dans la Mauritanie
céfarienfe, entre Ruficibar & l’embouchure
du fleuve Serbetes , félon Ptolemée.
M O D U R A , ou M o d u s a , ville royale, dans
la prefqu’île de l’Inde, en-deça du Gange, félon
Ptolemée & Pline. Ce dernier écrit Mo du fa.
C ’étoit la réfidence du roi de Pandion. On voit
dans le périple de la mer Erythrée, que la pêche
des perles appartenoit à ce prince. Les états de ce
prince s’étendoient confidérablement dans cette
partie de la prefqu’île , depuis l'a contrée Cottorana
jufqu’à la côte au nord de l’île de Taprobane.
M O D U T T I , ville fi tuée fur la côte de l’île de
Taprobane, entre l’embouchure du fleuve Phajîs
& la ville Anubïngara, félon Ptolemée.
MOECHINDIRA, ville de l’Ethiopie, fous l’E gypte
, félon Pline.
MOEDUM ORIËNTIS , lieu de l’Afie , dans la
Bithynie, fur la route de Conflantinople à Antioche.
, entre Nicée & Cotyxïum, félon l’itinéraire
d’Antonin. Quelques auteurs croient qu’il faut
lire Medium orientîs. ( Voye^ la Martinière).
MQEGILANI, peuple de l’Italie, dans le Latium,
félon Denys d’Halycarnafle.
MCENARIA, petite île faifant partie des îles
Baléares.
MCENTINE , nom d’un peuple de l’Illyrie.
Appien les place parmi les Japodes.
MffiR
MOENUS, MCENÏS, ou Men u s , fleuve delà
Germanie , félon Pline, Pomponius Mêla , &
Ammien Marcellin.
MCEONIS ou Meones. Ces peuples font le s
anciens habitans de la Lydie.
Sttybon d it, L . x m , tvç AüJW , § nom vvç
k'clksïMwoj'os' oi cT ucrspoy tMoiovccç3 que les Lydiens
qu’Homère nomme Méoniens , furent dans la
fuite nommés Moeoniens.
MCEOTIDE ( le lac ) fépare l’Afie de l’Europe,
& va fe perdre dans le Pent-Euxin , par le Bof-
phore Gimmérien, Arrien Sc^Strabon ne lui donnent
qu’environ neuf mille ftades de circuit. Son rivage
eft prefque droit du côté de l’A f iç , & il eft très-
tortueux du côté de l’Europe, qui d’ailleurs étoit.
tout-à-fait déferte. La côte de l’Afle étoit très-
peuplée.
Strabon & Pline difent que ce lac eft peu profond
, que l’eau en eft blanche & peu falée : Pline
ajoute que toute la mer Moeotide n’eft que l’embouchure
du grand fleuve Tanaïs, élargie & retenue
par/leux becs de terres d’Europe & d’A fie ,
qui fe rapprochent pour former le détroit Cimmé-
rien.
M(EOTÆ , peuples de la Scythie, qui habi-
tqient entre le pays des Thyffagetæ & le Palus-
Moeotide. Le Lycus traverfe le pays de ces peuples
avant de fe rendre dans le Palus-Moeotide.
^ M OE R A , ou Mer a & Ma r a , village de
1 Arcadie, au nord de Mantinée. Au temps de Pau-
fanias, on'en voyoit encore les ruines.
M(ERIS (lac ). Autant on eft certain de l’exif-
tence de ce lac , célébré par tous les anciens qui ont
écrit fur l’Egypte, autant on a varié fur fa jufte
fituation, ainfi que fur fon étendue. Je vais rapprocher
les paRages les plus importans concernant
ce lac.
Selon Hérodofe (Z . n , c. 4 9 ) , le lac Moeris
avoit de tour 3600 ftades. Il s’étendoit en longueur
du midi au nord , tournoit enfuite à l’oueft, &
fe portant vers le milieu des terres le long de la
montagne qui eft au-deflus de Memphis, il s’y
terminoit. Les gens du pays prétendirent qu’il avoit
une iflue fouterraine dans le Syrte de Libye.
En quelques endroits il avoit jufqu’à 50 orgies
( brafles ) de profondeur. Vers le milieu on voyoit
deux pyramides qui avoient 200 pieds de hauteur
au-deflus de l’eau , & autant au-deflous..
Il avoit été creufé de main d’homme, dans un
terrein fec & aride, & il tiroit fes eaux du Nil.
Pendant fix mois elles couloient du Nil dans le lac,
. & pendant les fix autres mois elles étoient reportées
du lac dans le Nil ; la pêche de cet immenfe
réfervoir rendoit chaque jour au tréfor du roi un
talent d’argent pendant les fix mois que l’eau fe
retiroit, & vingt mines feulement pendant que
l’eau y entroit.
Dans un autre endroit, le même hiftorien dit
qu’un peu au-deflus, le long de ce la c , près de
M CE R
ta ville des Crocodiles ( i ) , avoit été Conflruit le
labyrinthe. Il y avoit fept jours de navigation de
la mer au lac Moeris. .
Diodore, dont le récit eft affez conforme à
celui d’Hérodote, ajoute que l’on avoit commencé
à creufer ce lac à dix fchoenes au-deflus de Memphis
, & qu’il communiquoit au Nil par un canal
de 80 ftades de long , fur trois plethres ( 300
pieds ) de large.
Strabon s’éloigne de ce récit. Il ne donne aucune
mefure précife , rapportant feulement qu’à la vue
il a l’air d’une mer ; il parle aufli d’un canal, qui,
àvec le lac , fervoit à recevoir les eaux du Nil
dans le temps de la crue. On retenoit dans ce lac
les eaux dont on avoit befoin pour arrofer les
terres ; le refte retournoit dans le Nil par une des
embouchures du canal , lorfque le fleuve avoit
baillé. Près de là étoit le tombeau du roi Ifman-
dès, ou le labyrinte , &c.
Pline (Z . x x x r i ) , parle de ce lac à-peu-
près comme' s’il n’exiftoit plus , puifqu’il dit : « il
» y a encore deux pyramides dans l’endroit ou
» étoit le lac de Moeris, c’eft-à-dire le grand
» canal ». Et dans un autre endroit (Z. f ) , il
dit que cela étoit entre les nomes Arfinoïtes &
Memphites, à 7a milles de Memphis. Ce lac, félon
lu i , avoit 23 milles de tour, ou , fuivant Mutianus,
45q milles.
Pomponius Mêla , quand on s’en rapporte à
l’ancien texte, ne donne que 20 milles de circuit
au lac Moeris. Mais on a cru devoir corriger cette
leçon: les avis ont été partagés : Vofcius s’eft
déterminé pour 500 milles.
M. Gibert qui a comparé ces récits des anciens,
( Mém. de litt. t. x x v m ) , fait très-judicieufement
obferver , i°. qu’Hérodote parle d’un canal fort
- long ; 20. que Strabon parle d’une efpèce de mer :
30. il.en conclut que l’un & l’autre ne parlent pas du
même objet. Selon lui, Strabon parle de l’amas d’eau
qui fe trouvoit dans le nome Àrfinoïte , & Hérodote
du canal qui y portoit les eaux fuperflues.
Il juftifie cette opinion par l’état aâuel des lieux ,
d’après les récits de voyageurs exaéls. Le lac de
Kem des Arabes aéluels eft le lac Moeris de Strabon;
& le Bahr-Joufef, canal long de 30 lieues,
eft le lac d’Hérodote, ainfi qu’on va le voir par
l’extrait de ce mémoire.
Il y a une autre opinion adoptée par M. d’An-
ville. Elle a été combattue par M. Gibert, & par
M. Larcher. Ce favant, dans une de feS notes fur
Hérodote , s’exprime ainfi : ( T. 1 1 , p. 482 )
« La plupart des modernes reprochent aux anciens
d’avoir donné au lac Moeris une étendue
incroyable , & de fe contredire entre eux. M.
Rollin évalue à 180 lieues les 3600 ftades d’Hérodote
: je ne fuis plus furpris de fon incré-
(1) Voyt\ Arsinoé,
M CE R 391
dulitè. M. d’Anville penfe que le Moeris d’Hérodote
n’eft pas le même que celui de Strabon : il
me paroît le tromper.
Il faut diftinguer le lac du canal de communication
: le lac proprement d it , a&uellement lac
de Kem, eft l’ouvrage de la nature ; le canal de
communication , celui de l’art : le premier n’a rien
de bien merveilleux, le fécond a droit à notre
admiration , & nous fommes étonnés que l’on ait
pu fuffire au travail néceflaire pour l’achever. Il
y a donc ceci à remarquer.
Hérodote donne au tout le nom de lac Moeris ,
il dit deux mots du lac proprement d it , mais il
s’étend particuliérement fur la partie qui a été
creufée de main d’homme, c’eft-à-dire fur le canal.
Strabon diftingue avec exaélitude le canal du
lac : il appelle le premier S'iopv% ( un canal ) ,
& l’autre ht/JLvn (un lac) ».
Lorfque M. Larcher écrivoit fes notes, il ne
connoifîoit pas encore l’opinion de M. le Roy ,
dont je vais parler ci-après ; c’eft pourquoi il dit:
les principaux fentimens fur la fituation du lac
Moeris fe réduifent à deux , celui de M. d’Anv
ille, & celui de M. Gibert.
M. d’Anville fuppofe que le Bahr - Bathen
a&uel remplit toutes les conditions , & répond
au lac Moeris d’Hérodote. M. Gibert eft perfuadé
que le Bahr-Jofef convient mieux à la defcription
de cet hiftorien.
Le premier s’eft fervi avec beauco up de dextérité
des pafîages des anciens; le fécond me paroît les
avoir mieux difcutès. Voici le réfumé de fon
opinion.
Le Bahr-Bathen va du fud au nord, ainfi que le
lac Moeris;’ mais il a cela de commun avec d’autres
canaux, il ne peut être le Moeris par plusieurs
raifons.
i°. Le lae Moeris fe portoit à l’oueft, vers le
milieu des terres, le long de la montagne qui eft
au-deflus de Memphis , & communiquoit fous
terre, au rapport des gens du pays , avec la Syrte
de Libye. Le Bahr-Bathen ne fait pas de coude, ne
gagne point le milieu des terres, & ne peut communiquer
avec la Syrte de L ib y e , le Bahr-Jofef
& la montagne de Libye étant entre deux.
20.Le Bahr-Bathen a beaucoup moins de tour que
ne lui en donne Hérodote, Diodore de Sicile &
Pline ; M. d’Anville fuppofe qu’il faut entendre de
la furface ce que ces auteurs difent de la circonférence
; mais les termes d’Hérodote, rd ‘repi^terpov
Tttf'TTspioS'x , & ceux de Diodore de Sicile, ( Z. / 9
§ . ƒ / ) , Ttiv y.ï)v ycip orepi(/.€Tpov ccvthç Scw/y uVetp-
Xevv , ne font pas fufceptibles de ce fens ( 2 ).
(2) On voit bien que le mot Périmètre qui, en grec
fignifie abfolument mefure du contour, ne peut pas s’entendre
d’une furface. Il n’y auroit équivoque que fi lç§
auteurs euflent dit feulement ps^poi ou mefure.