
les Romains à Bocchus. La province de Numidie
fut gouvernée par des préfets romains. Cependant
on trouvoit encore un prince de ce pays nommé
Hiempfal. Juba, fon fils, ayant été infulté à Rome
par Céfar, le peuple fe déclara enfuite contre lui
en favepr de. Pompée,
Mais Céfar ayant défait en Afrique le parti
de fon r iv al, & Caton s’étant donné la mort à
Utique, il fé vit le maître de toute la province.
Il ^’empara donc de la Numidie & de la Maurétanie
, qu’il réduifit en provinces romaines. Les
terres des Maures & des Numides furent partagées
entre les foldats romains. La Maurétahie
Tingitane confervoit encore les rois : Bogud qui
y régtloit, & qui rendit de grands fervices à Céfar,
fut confirmé par lui dans la fouveraineté de la
Maffeflilie & de la Maurétanie. Après la mort de
C é fa r , il prit parti contre Augufte ; mais Bocchus,
autre prince Maure , s’empara fur lui de la Maurétanie
Tingitane. (Délave lui en accorda la fou-
veraineté. En même temps il accorda aux habi-
tans de Tingis les privilèges de citoyens romains.
Après la mort de Bocchus , cette partie de la
Maurétanie fut confidérée comme province romaine.
Les Maures entreprirent dé fecouer ce joug au
commencement dii règne de Tibère. Tacfarinas,
foldat Numide , courageux & a& if, formé fous
les Romains dans l’art de la guerre, fit une confédération
avec d’autres partis Maures, & ne reconnut
plus l’autorité de Rome. Les troupes romaines
marchèrent contre les Tiennes. Ses troupes furent
prefque toujours ou battues ou forcées de fe retirer
dans lé défert : enfin , Tacfarinas périt les armes
à la main : leproconful Cornélius Dolabella com-
mandoit l’armée.
Ptolemée, fils de Juba I I , & petit-fils dé
Juba I , rendit de grands fervices aux Romains
dans cette guerre. Ce prince fut cependant mis
à mort fous Caligula. Euderrion, fon affranchi,
entreprit de venger fa mort, & leva une armée.
Claude verioit de fuccéder à Caligula. Il envoya
une armée contre les Maures : ils furent battus
-complètement. Ce fut alors que la Maurétanie fut
partagée en deux grandes' provinces. L’une fut
appelée Mauretania Câfarienfis, du furnom de
Céfar, donné à Claude, & qui fut enfuite commun
aux empereurs jufqu’à Domitien ; Pâturé,
Maurettanlii Tingitana , d’après la ville de Tengis,
(T a n g e r ) qui en étdit la capitale.
Les Romains firent alors palier des colonies-dans
la Maurétanie pour en mieux cOnferver la fouve-
raineté. La tranquillité reparut enfin dans ce vafte
pays. Les Maures, occupés de leurs terres & de
leurs troupeaux , abandonnèrent les armes & reprirent
leur ancienne manière de vi vre. Mais lés
diffenfions qui fürvinrent à Foccafion des prétentions
d’Othon & de Vitellius à l’empire, mirent
lés Maures en- mouvement. Ils tuèrent, Lucius
Albinus qui gouvérnoit les deux Màurétamés,
Il ne fe paffa rien de remarquable dans cette
partie de l’empire, fous les règnes qui fuivirent
immédiatement. Mais fous l’empire de Dioclétien
on vit les Maures en guerre contre Maximien,
fon affocié à l’empire. Cet empereur lès battit,
détruifit leurs châteaux, les força de rendre les
armes & d’aller vivre dans d’autres pays ( i ).
Après l’abdication de Dioclétien il y eut de
nouveaux troubles. Les troupes d’Afrique fe révoltèrent
& proclamèrent Alexandre -, leur lieutenant.
Les troupes de Maxence les battirent; On fit
étrangler Alexandre & détruire Carthage. Mayence
fut enfuite défait par Conftantin, qui accorda
de grands privilèges aux églifes d’Afrique. Les
progrès de la religion chrétienne y furent fî
rapides-, qu’au commencement du cinquième fiècle
on y comptoit déjà plus de quatre cens évêques.
Il eft vrai qu’il y avoit prefque autant d’évêques
que de villages, & qu’une partie des Maures
embraffoit la religion fans y croire, & pour fe
fouftraire aux impôts.
Le fiège du gouvernement de l’empire ayant été
tranfporté.à Byfance par Conftantin , qui donna
fon. nom à cette v ille , les provinces éloignées
étoient abandonnées aux vexations de ceux qui
les gouvernoient. Firmus , capitaine , tenta de
fecouer le joug de Rome , devenu infupportable
entre les mains de Palladius & de Romanus. Il
s’empara de Céfarée , capitale de la Maurétanie
Céfarienne , & entraîna dans fa révolte les provinces
vôifines. Théodofe, envoyé par Valentinien
, appajfà ces troubles. Mais l’empire étoit
réfervé à de plus grands maux.
Des" peuples feptentrionaux, connus fous les
noms ae Suèves, de Goths, de Vandales, s’étoient
jetes fur la Gaule, l’Italie & l’Efpagne. Borii-
face , gouverneur d’A frique, ayant éprouvé des
mécontentemens de la part de Fiaçidie , qui gou«
vernoit pendant la minorité de fon fils Valenti-'
nien III, appela Genferic & fes Vandales. Il reconnut
fa faute ; mais fa valeur & les troupes qu’on
lui envoya rie purent la réparer. Les Vandales
'relièrent maîtres d’une partie de l’Afrique, qui fut
cédée à Genferic par Valentinien III. On n’avoit
pas compris dans cette donation la province con-
fulaire : mais Genferic s’en affura en prenant Carthage
, avec une partie de la Numidie. La différence
de religion caufa de plus grands maux en
Afrique. Les Vandales étoient Arriens ; les Maures
avoient généralement adopté leurs opinions, &
perféc'utoiënt les chrétiens.
Les Vandales furent détruits en Afrique fous
le règne de Juftinien, par l’habileté de fon général (i)
(i) O n ’remarque que les Chérifs, aujourd'hui maîtres
de la Maurétanie, fe conduifént avec la même politique.
Ils trarifportent les tribus d'un c<?fé à l’autre de leur
empire, dès qu’ils croient avoir quelque chofe à craindre*,
mais ces tranfplantations ne font.pas un grand mal pour
dès gëris qui, avec leurs troupeaux, font bien par-tout
Rêlifaire. Mais le pays n’en fut guère plus heureux.
U fe trouva expofé à la tyrannie & à
l’oppreflion des préfets Grecs. Cette conduite de-
voit difpofer tous les peuples à la révolte. En
effet, fous l’empire d’Héraclius, les califes ayant
conquis la Syrie & l’E gypte, envoyèrent une
armée de ce côté. Il y avoit bien plus de rapport
entre les Maures pour la langue, les ufages, &c.
& les Arabes qu’entre les Romains. Auffi la conquête
ne coûta-t-elle prefque rien aux Arabes. Tout
le pays, jufqu’aux colonnes d’H ercule, fe fournit
volontiers à leur domination. La fuite des événe-
mens n’eft pas de mon objet. -
Defçription des Provinces. J’ai déjà fait obferver
que la Maurétanie Tingitane étoit la Maurétanie
propre, & que la Maurétanie Céfarienne étoit en
grande partie détachée de la Numidie. Mauretania Tingitana. Cette province, la
plus occidentale de l’Afrique , s’étendoit depuis
l’Océan à l’oueft, jufqu’au fleuve Molocata ou
Malna (Mulluria) à l ’eft. Les principales villes
étoient, i° , fur la côte occidentale, en commençant
au fud, Sala, Banas, Lixus ; enfin , le promontoire
Atfipelujïa ou Côtes.
2°. Sur le Fretum gaditarum, ou détroit de G ibraltar
, étoient, à l’on eft, Tingis, ou Tànger, &
Abyla ; à l’eft étoit le mont Hçpta Adelphon, ou
Septemfraires (près duquel une ville, après avoir
été nommée Septa, porte actuellement celui de
Ceuta ) ;- la pointe à l’eft offre une montagne
appelée par les anciens Abyla (montagne des
Singes ).
3 °. La place la plus confidérable, fur la côte
feptentrionale , étoit Rujadi ou Ryjfadirium ( où
eft Melilla).
4°. On trouvoit fort au fud, dans les terres
Volubilis, fur la pofition de. laquelle on n’a que
des notions inexades, " ! Mauretania Cæsariensis , ou Mauritanie
Céfarienne, partie de la Maurétanie dénommée
ainfi fous le règne de Claude. On fait que cette
■ province avoit été prife fur la Numidie. Elle
s’étendoit depuis la Maufétariie Tingitane, dont
elle étoit féparée par la rivière Malna, à l ’oueft,
jufqu’à l’Ampfagas.
Les places les plus confidérables étoient;
i°. Sur la côte , Siga , Cartenna, Cczfarea, Rufu-
curru, S aidai, Tubufuptus, Igilgilis.
z°. Dans l’intérieur des terres on trouvoit Minas
Tubuna , Sitifi.
La province ayant éprouvé une fubdivifion , la
partie orientale dans laquelle fe trouvoit Sitifi
en prit le. nom .de Mauretania Sitifmfis.
Il y avoit encore un grand nombre d’autres
lieux , qui fe trouveront chacun à leur article. Je
finirai par la defçription de Ptolemée. Mauretania Sitifensis , divifion de la Maurétanie
adjacenre à la Numidie : elle avoit pris
fon nom de la ville de Sitifi. ( Foyeç le tableau ci-
.derrière).