
mais ce cor. fui intègre les éluda, prît plufieurs
places clans le pays ; il échoua au-fiège de Zama.
Metellus ' fut continué pour faire la guerre pn
Afrique, en qualité de proconful.
646. Metellus gagna Bclmicar, en qui Jugurtha
avoit une entière confiance ; il lui fit faire un traité
très - défavantageux : par ce traité , il s’obligea
de donner fix cents mille livres pour les frais de
la guerre, tous fes éléphans, quatre mille chevaux,
8s des armes pour quatre mille foldats. Le conful
ayant reçu toutes ces chofes, demanda que Jugurtha
le vînt trouver à Afidium, qui étoif dans la province
des Romains/ Ce prince fe fentoit trop criminel
pour s’y réfoudre; il aima mieux tout rif-
quer , que de fe rendre fi lâchement.
Jugurtha ayant appris la trahifon de Bomilcar, !
lui fit trancher la tête.
Il fe donna un fanglant combat dans lequel
jugurtha ayant été défait, fe retira à Talla , où
étoient fes tréfors, fa femme & fes enfans ; mais
ayant appris que Metellus venoit pour l’y afliéger, j
il fe Sauva auprès de Bocçus, roi de Mauritanie,
fon beau-père , o u , félon d’autres, fon gendre ,
avec fa femme & fes tréfors.
Metellus en fit le fiège ; les transfuges y mirent
lé feu, & y furent brûlés avec tout ce qu’il y avoit
de plus précieux.
La ville de Leptîs, pour éviterun femfclable
fort, fe rendit au proconful.
647. Dans le temps que Metellus1 alloit terminer
cette guerre, qu’il demandoit à Boccus de lui remettre
Jugurtha, Marius, conful, lui ôta le com- .
mandement de l’armée d’Afrique.
Metellus revint à Rome, où il fut comblé d’honneurs
dans fon triomphe, 8c eut le furnorn de Nu-
midic-us.
Marius prit Capfa, dont il fit pafiêr- tous les ha-
fcitans au fil de l’épée, & en donna le pillage à
fes foldats.
Il prit encore une autre fortereffe, où il y avoit
une grande partie des tréfors du roi.
Le quefteur L. Sylla vint joindre Marius avec
un feconrs très-confidérable de cavalerie & d’infanterie.
On en vint à une bataille ; Boccus & jugurtha
étoient à- la tête d'une armée de foixante
mille chevaux 8c de vingt-cinq mille hommes
d’infanterie. La nuit fépara les deux armées, après
un combat des plus meurtriers.
Les N umides vinrent attaquer dans la nuit le camp
des Romains, qu’ils trouvèrent préparés à les recevoir.
Les Numides furent entièrement défaits ; ils
perdirent, dans ces deux occafions, plus de cinquante
mille hommes. Les deux rois fefauvèrent ;
ils famaflërent les débris de leur armée. Bollux ,
fils de Boccus, les: vint joindre avec vingt mille
hommes. Ils tentèrent une fécondé bataille ,__dans
laquelle ils furent encore entièrement défaits, 8c
les deux rois fé fàuvèrent une fécondé fois.
Boccus voyant qne £iL confinuoit la guerre il éçpit
entièrement perdu, fit des proportions de paix«
qu’il ne put obtenir qu’en livrant Jugurtha, qui fut
remis entre les mains de Sylla, lié de cordes,
lequel le mena au' camp de Marius.
. Jugurtha, après avoir fervi au triomphe, fut
étranglé.
Telle fut la fin d’un prince qui avoit été le
meurtrier de fes frères, 8c dont les vues ambitieufes
finirent par lui procurer une mort honteufe.
La Numirîie fut réduite en province. L’anneau que
fit faire Sylla, & qu’il portoit toujours à fon doigt,'
où trois perfonnes étoient représentées, Boccus,
Sylla, & Jugurtha lié , fut caufe de ces guerres fi
funefles de Marius 8c de Sylla, où tant de fang
fut répandu.
Parlons de la guerre des Teutons 8c des Cimbres.
Les Cimbres, habitans de la Cherfonnèfe Cim-
brique*, aujourd’hui le Jutland, voyant leur pays
inondé par un épouvantable reflux de l’Océan,
l’abandonnèrent pour aller habiter de nouvelles
terres. Les Teutons, qui habitoient les îles de
Selande & de Fionie, appréhendant une femblable
inondation , fe joignirent à eux. Ils arrivèrent en
Illyrie en 641, fous le Confulat de Papirius Carbo ;
ils taillèrent en pièces l’armée de Metellus, qui
vouloit leschaffer de cette province. Après cette
viâoire, ils entrèrent dans la Gaule Cifalpine ; demandèrent
des terres aux Romains, & .y défirent
le conful Carbon.
Ils payèrent enfuite les Alpes, entrèrent dans la
Gaule Tranfalpine, & y défirent le conful Syllanus
en 645.
En 646 ils vainquirent le conful Scaurus.
En 647 ils remportèrent une grande viftoire fur
le conful Caffius Longinus, qui y perdit la vie avec
quatorze mille Romains.
L. Pifo, lieutenant de ce conful, ayant ofé
hafarder une fécondé bataille, fut défait 8c pris ;
pour fauver fa* v ie , il paffa fous le joug avec tous
les autres prifonniers romains.
648. Le conful Cepion, par fon avarice, fe rendit
indigne de fa dignité, s’attira la haine des Gaulois
par fon facrilège, en pillant les temples , entre autres
celui d’Apollon, où il prit la valeur de 12,5,50,000
écus. La pefte fe mit dans les troupes qu’il dévoit
conduire contre les Teutons; la frayeur s’empara,
de fes foldats ; 8c croyant que les dieux les punifi-
foient de leurs facrilèges, ils jetèrent tout ce qu’ils
ayoient volé dans un lac.
6 4 9 . Quoique la conduite de Cepion eut été très-
mauvaife, par le crédit de fes amis il fut continué
en qualité de proconful.
Manlius alla joindre Cepion avec une armée de
quarante mille hommes. Ils préfentèrent la bataille
aux Cimbres, ils furent défaits; les Romains y
perdirent quatre-vingt mille hommes tués fur le
champ de bataille, dont Manlius fiit du nombre ;
les Cimbres égorgèrent, quarante mille valets qui >
étoient au fervtce desigens de guerre, 8c .tous les,
prifonnieré
prifonniers ; & , pour montrer qu’ils ne fàifoxent
pas la guerre pour le butin, il jetèrent dans le
Rhône tout ce qu’ils avoient trouvé dans le camp
des Romains.
Cépion eut la hatdifle de Venir à Rome fuivi
feulement de dix ou douze cavaliers. Il fut mis
dans'iun cachot comme facrilège, 8c la caufe de la
perte des Romains. On dit que dans quelque occafion
que ce foit, il n’y avoit jamais eu tant-de fang
répandu. Il fut condamné à la mort, il fut dégrade
8( fon corps jeté à la voirie.
Rutilius inflitua des académies avec des maîtres,
pour inflniire la jeuneffe romaine.
650. On ne fait pourquoi les Gaulois quittèrent
la Gaule & prirent la route de l’Hifpanie ; mais les
Vafcons déferidirent avec tant de valeur le paflage
des montagnes, qu’ils reprirent le chemin de l’Italie.
Rome fut alarmée de cette nouvelle.
651. Le fécond & le troifième confulats de Marius
fe paflerent à exercer les troupes, en attendant les
Cimbres.
Le conful, au lieu de punir Trébonius, qui
avoit tué Lifius fon neveu, parce qu’il avoit voulu
abtifer ce jeune chevalier, qui étoit très-beau, le
couronna de fa main, comme les généraux d’armée
avoient accoutumé de couronner ceux qui s’étoient
comportés avec valeur dans le combat.
C. Marius fut élu conful pour la quatrième fois.
652. Catulus, avec une année de vingt mille
hommes, s’oppofa aux Cimbres.
Marius, avec une autre armée de trente-deux
mille hommes, s’oppofa aux Teutons & aux Em- ;
bruns, qui s’étoient ligués avec eux, pour leur
empêcher le paflage des Alpes.
Marius campa fur le confluent du Rhône avec
l’Ifère, 8c fit faire un canal de deux lieues de long
pour là commodité des vaiffeaux. Ce canal fut
appellé Fojfoe Mariante, aujourd’hui Aigues-Mortes ;
fon camp, Caii Marii Ager, aujourd’hui Camargues.
Les ennemis attaquent par trois fois le camp de
Marius, 8c font autant de fois repoufles avec beaucoup
de perte.
Il fe donna une efpèce dé combat Entre les
valets de l’armée de Marius, qui alloient chercher
de l’eau, 8c les Teutons : ces valets eurent l’avantage
; les Teùtons y perdirent douze mille hommes ;
Marius prit de-là occafion d’encourager fes foldats.
On en vint à une bataille, dans laquelle cent mille
des ennemis furent tués, 8c trente mille furent
faits prifonniers , dont AÎnbrox 8c Teutobocus,
deux de leurs rois, furent du nombre.
Ceux de Marfeille ont, pendant bien du temps,
fermé leurs vignes avec les os des Teutons.
Des dépouilles 8c des armes des Teutons, Marius
en fit faire un bûcher, où le feu ayant été mis
en cérémonie, il en fit un facrifice au dieu Mars.
Le fénat ayant appris cette grande nouvelle, le
continua conful.
653. Marius, conful pour la cinquième fois,
Géographie ancienne. Tome II,
| ayant pafle les Alpes, alla au fecours de Catulus,
qui étoit afliégé dans fou camp par les Cimbres.
Marius défit Tes Cimbres dans les plaines de
Verceil, le 27 du mois quintil, c’efl-à-dire , de
juillet ; cent vingt mille des ennemis reftèrent fur
le champ de bataille avec Bioiis 8c Longius, deux
de leurs rois, 8c fix mille prifonniers, parmi lesquels
étoient - deux autres de leurs rois ou princes;
Claudia 8c Céforîs leurs femmes , refufèrent le
quartier qu’on leur vouloit donner. Après avoir
fait des efforts au-defliis de leux fexe pour venger
la mort de leurs maris 8c avoir maffacré leurs
enfans, elles fe tuèrent.
Le fénat ordonna deux triomphes à Marius , qui
n’en voulut qu’un ; fa modeflie fit qu’on lui donna
le titre glorieux de troifième fondateur de Rome.
Fabius Maximus ayant fait mourir fon fils pour
quelque mécontentement qu’il en avoit reçu, fut
condamné à une amende, les loix ne permettant
pas que les pères foient les bourreaux de leurs
enfans.
P. Malleolus ayant fait tuer fa mère par quelques
efclaves, fut coufu dans un fac de cuir 8c jeté dans
la mer. - ,
Marius fut élu conful pour la fixième fois.
654. Marius perdit l’eftime 8c la gloire qu’il
s’étoit acquife, par la haine qu’il portoit à Metellus
6c à Sylla ; ce qui fut caufe de fa perte.
Par un décret du peuple, il fit bannir injuftement
Métellus , un des plus grands hommes de la république
, qui étoit en vénération à tous les honnêtes
gens ; Metellus fe retira à Rhodes.
655. Métellus fut rappellé d’exil; fon retour à
Rome fut une efpèce de triomphe. Marins outré
8c chargé de confufion de voir fon ennemi reçu
avec tant d’honneur, fortit de Rome, fe retira vers
Mithridate , roi de Pont, qui, ayant témoigné qu’il
n’étoit point d’humeur à reconnoître l’empire R omain,
Marins lui répondit avec cette hauteur
romaine: il faut céder ou être plus puiflant que
vous n’êtes.
656. Les Celtibériens fe révoltent , exercent
d’horribles cruautés fur les Romains ; Didius les
défait 8c les remet fous l’obéiffance.
6 58. Par un arrêt du fénat, il fut défendu d’immoler
des hommes. Ptolemée , roi d’Egypte , institua
le peuple romain hériti.r de fon royaume
par fon teftament.
659, Lirinius fit une loi pour le réglement des
citoyens , laquelle fut appellée loi Liçinia : le fénat
refufa aux Italiens le droit de bourgeoifie; ce qui
caufa plufieurs guerres dans la fuite.
660. Le fénat donnant un nouveau maître aux
Cyréniens d’Egypte, affranchit les villes de fubfides
8c de tributs.
Les Hifpaniens, fous ce confulat, s’étant révoltés,
furent remis dans leur devoir , après avoir été défaits
, 8c châtiés févérement par Scipion Nafica,
préteur de leur province. y v y y