
temps de Pompée, il n’y en eut pas de permanens.
QutjUurs. Ces magiftrats avoient pris ce nom du
latin quxrce, rechercher, parce qu’ils étoient chargés
du recouvrement & de l’emploi des deniers
publics. Leur inftitutiou eft prefque aufli ancienne
que les coufuls. Valérius Publicôla en créa deux
la fécondé anpée de la république. Leur emploi
fut la garde & l’adminiftration des finances , le
foin de faire vendre le butin pris fur l’ennemi,
& celui de recevoir les ambaffadeurs. Dans les
provinces & à l’armée , ils étoient chargés de recevoir
les grains, les denrées ou l’argem que l’on
devoit faire paffer à Rome ; de faire fournir
aux troupes leur fubfiftance & leur paiement.
Leurs places leur donnoiem un grand crédit, tant
dans les provinces ou fouvent ils remplacoient
les gouverneurs, qu’à l’armée, où ils avoient
toujours quelque commandement honorable ; car
. *ls étoient aufli officiers militaires. La quefture
étoit la dernière des charges importantes; on ne
la comptoir pas au nombre des grandes magiflra-
tures. Elle n en avott aucune des marques extérieures
: c'étoit feulement le premier degré pour
y . parvenir. On pouvoit l’exercer dès l’âge de
vingt-fept ans: leur nombre fut augmenté à me-
fure que s accrut la domination romaine. Sous
Jules Cefar, il alla jufqtt’a quarante, diflingués
en provinciaux 8e en militaires. Les deux quef-
teurs anciens étoient quefteurs de Rome.
Nobles & hommes nouveaux. Quand on eft au
fait des dignités romaines, on n’a plus de peine
à entendre ce que c’.ft que la diftinftion des
nobles 8c des hommes nouveaux. . a noblefle à
Rome n’étoit point affectée à la place de féna-
teur , ni même à toute charge indifféremment.
Elle ne fe droit que du droit, de faire porter
les images de fa famille ; 8t ce drojt n’apparte-
noit ‘-ju a ceux qui avoient eu dans leurs mai.-,
fons des magiftrarures eu ru lès. Les defctnda'ns
ds ces magiftrats faifoient faire leurs bulles en
c ire , ornés de toutes les marques de la dignité ,
& les expofoient, félon l’ordre du temps , ' fur
le veftibule de leur maifon, ou dans la première j
falle de l’appartement. Les jours de ceremonie
on ouvroit les armoires où ils étoient renfermés.
On fufpendoit dans la même pièce les marques
de diftioâion obtenues, & les dépouilles gagnées
fur l’ennemi. On les repréfentoit aufli en fculprure
fur la face extérieure de la maifon : lorfque l'on
venoit -à la vendre, l’acheteur n’y pouvoit toucher.
Au décès d’une perfonne de la famille, on
porroit à fes funérailles toutes ces images, chacune
précédée des chars de triomphe , faifeeaux,
haches & autres marques d’honneur, félon la
dignité qu’avoit eue le repréfenté. Voilà quels
étoient les nobles.
Les hommes nouveaux, titre tant reproché à
Cicéron, étoient ceux q ui, comme lu i, entrant,
pour la première fois, dans la magiftra-
ture curule, n avoient de figure à montrer que
la leur propre. Leurs defeendans éroient ’nobles»
Tout le refie, fénateurs ou autres, qui n’avoient
d’images ni d’eux, ni de leurs ancêtres, n’étoient
pas cenfés l’être.
A ssemblées du peuple. Élection des
MAGISTRATS. Tribus, curies, centuries. Romulus
avoit divifè le peuple en trois tribus, & chaque
tribu en trente curies. Les tribus, a melure que
le peuple augmenta , augmentèrent aufli, julqu’à
trente-cinq. De ces divifions naquirent trois maniérés
d’affembler le peuple. -La premièie par
curies , où tout citoyen demeurant dans Rome
avoit fa voix ; la fécondé par cUJfes, où les
. fuffrages fe comptoient par centuries. Les gens
de marques étoient les maîtres dans celle-ci ; la
troifième par tribus, où les citoyens inferits dans
une tribu, de quelque lieu qu’ils fuffent habitans ,
avoient droit de fuffrages, qui fe comptoient par
tête. Toutes ces affemblées fe nommoienfcom/cw.
Les comices par curies tk par centuries ne fe
tenoient jamais que. dans le champ de Mars,
après une exa&e confultation religieufe du ciel
& des oifeaux.
Par tribus , on n’y cherchoit pas tant de façon ;
toute place étoit bonne , fans nulle préparation.
Cette dernière des trois manières ne fut établie
qu’en 282. Cette année, les tribuns du peuple, de
dépit d’avoir été contrariés par Appius, s'avifé-
rent de fe faifir du capitole, & d’en vouloir
faire une citadelle contre le fènaf. L’injuftice étoit
fi maniftfte , que le fénat confenrit à rendre, le
peuple juge de ce procédé, dans une aflemblée
où la-voix de chaque citoyen feroit comptée. Le
peuple ne fit prefque aucune juftice au fénat fur
le fond de l’affaire, & retint par-devers lu i,
•pour l’avenir, cette forme de la traiter, au grand
étonnement du fénat & fur-tout d’Appius, auquel
il en coûta la vie. Les tribuns convoquoient
ces affemblées par-tribus , & ne prévenoicm point
le fénat fur les matières que l’on devoit y Traiter.
C ’eft là que fe formoient les plébifcites ou
ordonnances du peuple ; que l’on ftatuoit fur
tout ce qui concernoit le troifième ordre en
particulier; que l’on élifoit les édiles & quantité
d’autres magiflrats Jùbalternes. On y fit aufli
l’éleâion des tribuns du peuple, qui auparavant
étoient élus aux affemblées par curies.
Elevions pur centuries. Pour les grands maeif-
trats, on élifoit aux comices par centuries. La
forme de ces affemblées, introduite par Servius
eft un des plus fameux traits de politique dont
l’hiftoire fafle mention. 11 demande un peu de
détail.
Servius avoit deffein, dit-on, s’il n‘eût été
prévenu par la mort, de changer la monarchie
en république. Mais fentant bien qu’un gouvernement
où ,1a populace feroit maîtreffe étoit la
pire efpèce de tous, il prit un biais pour l’éviter
, fans indifpofer le menu peuple. Sous prétexte
d’empêcher que les taxes ne portaffent
ROM
'également fur les pauvres 8c fur les riches, il
fit les difpofmons fuivantes.
Ce prince commença par 'faire un dénombrement
, puis il divifa la nation en fix clafle's ,
chacune compofée de gens qui avoient un bien
pareil ou à-peu-près pareil.
La première .fut formée de gens qui avoient
au moins cent mines de bien ( i) .
La fécondé, de ceux qui avoient depuis cent
mines jtifqtt’à foixante , 8c ainfi des autres, en
diminuant.
La fixieme , compofée de ceux qui avoient
moins de douze mines 8c demie, comprenoir
aufli ceux qui n’avoient rien du tout, 8c n’étoit
pas moins nombreufe à elle feule que toutes les
autres enfemble, Servius enfuite divifa la première
claffe en quatre-vingt centuries , la moitié
compofée de gens âgés , deftinés au fervice intérieur
de l’état ; l’autre moitié de jeunes gens
pour le fervice de la guerre, règle qu’il obferva
pareillement pour toutes les claffes fuivantes.
Il divifa la fécondé, la troifième 8c la quatrième'en
vingt centuries. La cinquième fe trouva
formée de trente. La ftxième, toute compofée
de pauvres gens, ne fut comptée que pour une
centurie.. Cela faifoit en tout 193 centuries ,
parce que , outre celle-ci, il en fit dix-huit de
chevaliers, qu’ il mit dans la première claffe, deux
« d’artilans qu’il rangea dans la fécondé, 8c deux
cle trompettes ou joueurs d’inftrumens guerriers;
ils eurent leur place dans la quatrième.
-On ne faifoit des levées de gens de guerre
que dans ces cinq premières claffes. On vient
de voir que la fixième en étoit exempte. C ’é-
toit un foiilagemenr que l’on avoir voulu donner
aux plus pauvres des citoyens, en les difpenfant
des,charges publiques de l’état, dans lequel ils
ne poffédoient prefque autre chofe que leur
propre perfonne, raifon pour laquelle on les ap-
pelott à Rome capite cenfi, n’étant à l’état que
par leur tête , c’eft-à-dire , leur corps. Marius fut
le premier qui, lors de la guerre de Numidie ,
fe -permit de faire des levées dans cette fixième
claffe, parmi la lie du peuple. On blâma beaucoup
cette innovation.
Lors des éleélions des confuls, cenfeurs ou
préteurs, chaque centurie nommoit à part un
fujet, 8c celui qui fe trouvoit avoir pour lui un
plus grand nombre de centuries, étoit élu juridiquement.
Les feuls magiftrats curules avoient
droit d’affembler le peuple pour ces éleftions. Ils
en indiquoient le jour par un. édit que l’on pu-
blioit 8c affichoit long temps'd ’ a v a n c e , afin que
non-feulement les. habitans de Rome, mais les
municip'aux ou autres ayant droit de fuffrage
(1) Otl trouvera dans, les hiftoires particulières des
Romains & dans le Dictionnaire d’Antiquités, l’évaluation
oe ces Biens comparés aux nôtres.
R O M
pufient s’ y trouver. Dans les derniers temps de
a r^Pu^)^cîue. » l’affembléè fe tenoit aux environs
de la fin de juillet, & les confuls qui y avoient
ete nommés, entroient en exercice au premier
janvier fuivanr.
Le jour arrive, avant que de s’affembler on
poftoit des troupes pour veiller à la fureté du
peuple. On élevoit l’étendard militaire fur le fom-
met du Janicule , qui eft aifément apperçu de
tous les endroits de Rome. On prenoit les auf-
I f l PeuP^e » W ,e magiftrat qui préfidoit
à 1 affcmblee, fur les prétendans qui dévoient fe
trouver là en robe blanche, pour s’affurer que
les augures étoient favorables. Si même un ma*
giftrat principal venoit , après l’affemblée commencée
, dire qu’il avoit obfervé des figues de
mauvais augure, l’affemblée étoit rompue. Ce
qui rendoit ces magiftrats maîtres de la rompre,
quand les chofes n’alioient pas à leur gré. De
plus, tout conful, préteur ou tribun du peuple,
pouvoit, par fa feule oppofition , ou même, en
arrachant l’étendard du Janicule, rompre l’affem-
blee.
I A Près avoir rempli les cérémonies religieufes^
le peuple, étant fous les armes, s’acheminoit
vers le champ de Mars, près la porte Flaminia,
ayant le magiftrat à fa tête. Chacun fe rangeoic
dans fa centurie, & donnoit fa voix. La première
centurie de la première claffe entroir dans
un petit parc où le magiftrat avoit fa tente : elle
opinoit & fortôir. Ainfi des autres. Si les quatre-
vingt-dix r huit centuries de la première claffe
nommoient une même perfonne , i’éle&ion étoit
-.e > Parce que cette claffe av oir plus de centuries
elle feule que toutes les autres enfemble :
finon, on appeloit les vingt-deux centuries de là
fécondé 0jaffe : & fi , après les fuffrages donnés,
il fe trouvoit quatre-vingt-dix-fept centuries pour
un prétendant, c’eff-à-dire une de plus que la
moitié des cent quatre-vingt-treize , il étoit élu ;
fans quoi' on contiuuoit par la troifième claffe &
les fuivantes , jufqu’à ce que le nombre de quatre
-v in gt- dix-fept fût complet. On voit par là
qu il etoit impoffible que la fixième claffe , qui
ne faifoit que la cent quatre-vingt-treizième centurie
, fut jamais appelée. Depuis on changea
quelque chofe à cette forme. On tira au fort
laquelle des centuries feroit la centurie prérogative
(prima rogata), c ’eft-à-dire, qui donnoiffa
votx la première, après quoi les autres fuivoienc
a leur rang ordinaire. Mais la voix de la centurie
prérogative étoit d’un grand poids, parce qu’elle
paffoit pour un bon augure.
On donna d’abord les fuffrages de vive voix •
enfuite par bulletins. Lors de la première manière
, un homme alloit le long des rangs recueillir
les voix de chaque perfonne , puis il
declaroit le nom qui avoit prévalu à un huiflier
qui le publioit ; & c’étoit le fuffrage delà centurie.
Lors de la fécondé manière, à mefure que