
les éleâeurs entroient fur un petit potlt, pratiqué
'exprès pour entrer dans le parc, on leur diftri-
buoit autant de bulletins qu’il y avoir de pré-
tendans. A la fortie du pont, un autre homme
leur préferitoit une urne, dans laquelle ils jeioient
un des bulletins. Quand toute une centurie avoir
ainfi paffé, les commiffaires, tenant en main un
tableau où étoient écrits tous les noms des pré-
tendans, ouvroient les bulletins & piquoient les -
fuffrages en marge du nom. Celui qui avoit le
plus de points , avoit le fuffrage de la centurie.
Si elle ètoit partagée, on la comptoit pour rien.
Dès qu’il y avoit un préteur ou un conful é lu,
on le publioit, 3c l’on continuoit pour le fécond.
Au coucher du fpteil, Tàffembiée étoit continuée
au lendemain , avec cette différence, que s’il
s’agiffoit de l’éleâion d’ un cenfeur, & que l’affembiée
fe féparât avant la nomination du fécond,
& après celle du premier, l’éleélion de celui-ci
idèvêilpit inutile. On étoit maître d’élire conful
non-feulement un prétendant, mais tout autre ;
pourvu cependant qu’il fe fut écoulé deux mois
depuis fa p réaire, qu’il fût âgé de quarante-trois
ans , qu’il ne fût point abfent de Rome, & qu’il
n’eût pas été conful depuis dix ans, fi on le
nommoit pour la -féconde fois ; mais on s’écarta
de ces règles.
Brigues & loix fur les brigues. Le prétendant à
quelque mdgiftrature fe déciaroit pour tel plus
d’un an avant l’affemblée. S’il étoit aftuellement
en juftice pour quelque crime, il ne pouvoit
folliciter avant d’être abfous ; enforte que fi le
temps des comices arrivoit auparavant, il n’étoit
pas même reçu à fe préfenter. Hors de ce cas ,
le prè endant alloit donner fon nom au magiftrat
qui devoit tenir l’affemblée ; celui-cL en faifoit
le rapport au fénat, & s’il n’étoit jugé digne ,
le peuple, quelque favorable qu’ il ldi fût, n’étoit
pas en droit dé l’élire. Les principales démarches
que l’on employdit pour parvenir aux
dignités étoient les brigues. 11 n’étoit pas même
défendu de briguer , pourvu qu’on n’employât
que des moyens honnêtes. Mais dans les derniers
temps de la république , nulle efpèce de foins
n’y étoient épargnés; faveurs, amis, parens,
baffeffes, argent, tout y étoit employé. On cou-
roit les foires, les marchés , les villes de province
, les municipalités , les colonies. Pendant
que le peuple s’affembloù, on parcouroit les
tribus & les centuries, parlant à chaque per-
fonne du plus bas.étage, la fuppliant, lui ferrant
la main, & fur-tout la nommant par fon nom.
Car ç’auroit été une impoliteffe extrême, de ne
pas favoir le nom de celui à qui on demandoit
une grâce, & de plus , comme dit Q. Cicéron,
ces gens de province , quand nous ƒavons feulement
leur nom, difent que nous fomrhes de leurs Amis.
O r , comme ceci étoit tout-à-fait impoflible dans
une fi nombreufe populace, il y avoit des gens
appelés nomenclateurs , dont le métier étoit de
favoir les noms propres, & d’accompagner h
prétendant, pour lui dire celui de l’homme auquel
il alloit parler. Mais de toutes les manières
de perfuader, la plus efficace & la plus ufitée ,
étoit de donner à chacun autant d'argent qu’il
en vouloit pour fa voix. A la vérité, quand'ces
manoeuvres étoit bien prouvées, elles ne de-
meuroient pas toujours impunies.
Les loix contre les brigues étoient en grand
nombre ; mais rien ne prouve , mieux combien
elles étoient mal obfervêes, que le foin que l’on
avoit de les renouveller fans celle. En voici
quelques exemples. Pratélius, tribun du peuple
en 398, fit une loi portant défenfe aux préten-
dans d’aller dans les foires ou autres lieux où fe
trouvoit la foule du peuple. Fui vins & Dola-
bella, en 594 , mirent, a la brigue par argent,
la peine capitale, c’eft - à - dire- l'exil. Marins fit
rétrécir les ponts par où l’on entroit dans le
parc, pour que les corrupteurs ne puffent s’y
tenir, pendant que les centuries pafferoient. Gla-
bion 8c Pilon ordonnèrent que ceux qui leroient
convaincus de brigue , paieroient une greffe
amende , perdroient leur état de fénateurs, 8c
ne ponrroient jamais être magiftrat s : il y eut
encore plufieurs autres loix de ce genre.
Des efclaves. Tout ce que l’on vient de lire ne
concerne que la partie des habitans compris dans
la claffe des hommes libres. Uné autre portion #
qui devint par la fuite trés-confidèrable, étoit
celle des efclaves. On pouvoit devenir efclave
par le fait ; tels étoient ceux qui naillaient de
père efclave; parle droit* civil, c’étoit ceux qui
étoient vendus par leurs pères, ou qui fe ven-
doient eux-mêmes ; 8i par le droit des gens , tels
que les prifonniers que l/on faifoit à la guerre.
La manière dont ils recouvrôient leur liberté
fe nommoit -affranchiffement. 11 y en avoit de
différentes fortes: i°. le cens lu(Irai, lorfque le
maître permettoit à l ’efclave de meure fon..nom
fur les tablettes du cenfeur, lefquelles ne renfisr-
moient que les noms des citoyens; 20. la vind\Üe9
lorfque le maître lui donnoit la liberté en pré-
.fence^ du préteur, en le frappant avec une baguette
; 3°. les tejlamens , par lefquels on pouvoir,
en mourant, donner la liberté à fes efclaves ;
4°. les lettres même , écrites à un ami, fùffi-
foient dans certains c a s . .. . .. . 50. le convivium,
c’eft-à^dire le repas. Le maître reconnoifloit fon
efclave homme libre , en préfence de toute la
compagnie ; 6°. Conftantin établit quelques cérémonies
pieufes qui fe paffoient dans l’églife,
& en abolit quelques-unes qui s’étoient pratiquées
jufqu’alors.
Gouvernement militaire. Tout ce qui re-
... garde les troupes des Romains, leur armée,
leurs manoeuvres, &c. fe trouve traité très-
favamment par M. de Kéralio, dans la partie de
cet ouvrage qui concerne l’art militaire; je m’en
tiendrai
fleftdraî feulement à donner une idée de la divx-
fion des troupes romaines.
Par le mot de troupes on entend tous ceux
q u i, en qualité de militaires , contribuent au
fervice de l’état; ceux qui compofent les troupes
font divifés en foldats & en officiers.
Les foldats romains fe divifoient en troupes
légères 6t en troupes pefamment armées.
-Les troupes légères , que l’on appela dans la
fuite Velues, étoient prifes d’afeord dans fes .claffes
inférieures- du peuple ; on y employa dans la
fuite des étrangers. Le corps des velites ne fe
forma qu’en 542,
Les autres troupes formoient particuliérement
Ce que l’on appeloit le corps d’armée. Us étoient
-divifés en hafiats, princes & triaires. Lorfqa’ils
alloienr en campagne, iis formoient le corps que
l ’on appeloit légion 9 qui étoit compofée d’infan-
, teifie 8c de cavalerie. La légion fut établie par
Romulus, avant la guerre des Sabins. Elle fut
compofée , depuis fon établiffement jufqu’à Per-
vius, de 3000 hommes; depuis ce prince jnf-
qu’à la fécondé guerre punique', de 4000; de
pms ce temps jnfqu’à Marins , elle augmenta
jufqu’à 5000 ; & depuis ce général jufqu’à fon
aboliffement, elle fut affez conftamment de 6000.
A t ta q u e s des places. Les Romains employoient
quatre principaux moyens pour prendre les places
; 10.; ils en formoient le blocus , afin de les
prendre par famine ; 20. ils en fappoient les murailles
, ou même ils faifciént avancer la fappe
jtifqu’au milieu de. la ville; | 8 ils abattoient'les
murailles avec des machines de guerre, & y
ouvroient une brèche; 40. enfin, ils prenoient
quelquefois auflî le parti d’efcalader les murs.
R e l ig io n . Toute cette partie fe trouvera, je
crois, traitée dans la partie des Antiquités. Je
u’en clonnerai ici qu’un fapperçu, afin* de lier
au moins enfemble toutes les çonnoiffances indif "
penfables à prendre fur ce peuple intéreïïant.
Divinités. Cicéron diftingue trois fortes de divinités:
i°. les dieux du premier ordre , qui avoient
toujours habité le ciel ; z°. les dieux indigènes, ou
les héros qui étoient parvenus aux honneurs divin^;
3 les vertus morales, par lefquelles on
méritoit d’arriver, au féjour des dieux.
Dans la première claffe étoient' Jupiter , Saturne
, le- Deftin, Mercure, Apollon , Mars ,
Vulcain , Neptune, le Soleil , Platon, Bacchus ,
la Terre , Céres , Junon , la Lune, Diane, Minerve
, Vénus, Vcfta. On peut même y ajouter
Janus, qui , quoique regardé comme un ancien
roi du Latium , étoit cependant confidéré comme
une des plus grandes divinités.
Dans la fécondé claffe étoient Hercule , Ef-
cu’ape , Caftor & Poilux, Enée , Evandre , Car-
menra . Romulus , génèralèment tous les héros
corifacrés après leur mort.
Géographie ancienne. Tome ƒƒ,
I t Les divinités dé la troifième étoient fort multipliées,
puifqu’outre les vertus, telles que la bonne-
foi, 1 amour filial ( pietas) , l’honneur, la concorde,
&c. on y trouvoit auflî Paies, Flore, le
Dieu Therme, 6c plus que tout cela, encore,
la pâleur , la fievre, la tempête , &c.
Fetes. Les fêtes des Romains peuvent fe divifer
en fêtes publiques 8c en fêtes particulières.
Dans la première claffe étoient les Agonalies ;
les Cermentaties, 'les Lupercules, les PaganaLes, les
Sementines , les fêt s des carrefours ( compitalia ) ,
les Saturnales. Il y avoir auffi les (Nundmæ)
fêtes du neuvième jour ; mais elles appartenoient.
moins à la religion qu’à la politique : c’étoir proprement
les jours de marché.
Quant aux fêtes particulières, elles étoient
propres chaque famille, 8c avoient rapport .à
quelque •évènement qui la concernait, comme
les n.aifiances , les morts , 8cc.
Tous ces objets auront, je penfe, leur explication
dans le diélionnaire des Antiquités.
Sacrifices. Les facrifices fe faifoient avec beaucoup
de pompe chez les Romains. On diftinguoit
fur-tout ceux qui avoient rapport à la profpériré
de la république. Ordinairement ©n y brûloir la
vienne , excepté cependant à ceux qui avoient
ete mftitués par Numa. Ce fage législateur, ne
voyant dans le faerifice qu’un "hommage pur du
coeur vers 1 auteur de tous les biens , en avoit
banni le fang. C ’étoient de fimples" oblations.
Mïnifires de la Religion. Les miniflres de la religion,
chez les Romains, furent partagés par
Nuam en huit claffes féparées, qui rie formoient nas
: comme ci-cîêvant çhes nous, un ordre hiérarchique!
Ces claffes étoient celles, i°. des Curions ; 2°.
des Flamines ; 3 des Célères ; 40. des Augures
5°. des Ffinies ; 6 °. des . Saluas ; 7°. des Féciaux*
Si ,8°. des Pontifes, formant ,un / collège de q uatre
perfonnes, dont le nombre s’augu.enta dans la
fuite jufqu’à feize. Leur chef fe nommoit Pont:-,
fcx maximus, ou grand pentife.
11 s érablit dans la fuite encore d’autres nftnif-
très de la religion. Les principaux furent le rot
des facrifices ( rex facrorutn ) ,* lés frères Arvaies *
les Duumvirs; les Epulones, Sic.
- U s a g e s . Divifiori du temps. Il paroît que, du
temps de Rqmulus , l’année des Romains ri’etoit'
que de dix mois , & ne comp-erioir que 3 14
: jo^irs. Elîè cornrreriçoît ?ù! mois de mars. Cette
année défeéhieufe fut changée par Numà , qU£
la rapprocha de l’année lunaire de 354 jours ’
avec cette différence que, croyant 'les ffdnlhres
.pairs malheureux , il la fixa à 355 , & y ajouta
-les mois de janvier & de février. 1 ’
Il étoit arrivé une très-grande cdnfufion dans
.le calendrier romain, aù temps .de Céfar. En fa
qualité de grand pontife , il entreprit d’y remédier
, & introduit l’acuée foklre d é 3 6 5 jours
O o o o