
l’obéiffanee des Romains, & donnèrent des otages.'
Claudius marcha enfuite contre les Ulyriens , qui
s’étoient révoltés, les défit dans les plaines de
Panaro; & , malgré leur réfiflance,qui fut très-
vigoureufe, il remporta une vi&oire complète, leur
tua quatorze mille hommes, & fit fept cents prifori-
niers, & tout leur bagage fut pris avec cinquante
étendards.
578. Scipion étant mort de la pefte en entrant
en campagne, Valérius fut mis en fa place.
Claudius, proconful de Ligurie, prit Modène
d’afïaut.
Le conful Pétilius fut tué dans un combat contre
les Liguriens ; fon .lieutenant ayant caché fa mort,
força les Liguriens dans leur pofte, & leur tua cinq
mille hommes.
581. On accorde la paix aux Corfes, à condition
de payer tous les ans deux cens livres de cire.
Mafiïnifia avertit le fénat que Perfée, roi de
Macédoine, follicitoit la république de Cartilage ,
qu’il avoit fait des ligues avec les villes de la Grèce
& les Rhodiens, pour foire un foulévemènt général
contre les Romains.
Dans le même temps ce perfide prince envoya
des ambafîadeurs à Rome,pour renouveller l’alliance
que fon père Philippe avoit faite avec la république.
Le fenat, qui étoit averti de fes démarches, chargea
les amfcaffadeurs de dire à leur maître que
les Romains étoient fincères & religieux dans leurs
paroles, mais qu’il* vouloient qu’on gardât invio-*
lablement celles qu’on leur donnoit.
Eumènes, roi dé Pergame, vint à Rome , &
confirma tout ce que Mafliniffa avoit mandé.
Perfée ayant mis dans fes intérêts Pruflias, foi
de Bythinie, Coltis, roi des Odrifois, dans la Thrace,
& les infulaires de Rhodes, prit les armes contre
les Romains.
La république accepta le fecours d’Eumènes ,
roi d’Afie, de Ptolomée, roi d’Egypte, & d’Aria-
rathe, roi de Cappadoce.
Les confuls avec deux armées, l’une de terre
& l’autre navale, partirent pour foumettre Perfée.
582. Les Carthaginois & Mafliniffa, au fujetde
quelques provinces , fe brouillèrent ; le fénat donne
ordre qu’on envoie des ambafîadeurs pour terminer
ce différend.
Un mauvais vent pouffa une fi grande quantité
de fautereiles dans la Pouille , que la terre en
fut toute couverte, & leur corruption caufa quantité
de maladies.
583. Tout étant prêt pour aller en Macédoine,
Craffus eut le commandement de l’armée de terre,
& Licinius celle de mer.
Perfée étonné de ce grand armement, envoya
des ambaffadeurs à Rome, avec ordre d’affiner le
fenat qu’il ne demandoit que la .paix , & qu’il réparerait
le dommage qu’il avoit fait aux alliés du
peuple Romain.
On refufa aux'ambaffadeurs l’entrée de la ville :
on leur donna audience dans le temple de BéP
lone , hors de Rome : on leur dit que le conful
Licinius étoit chargé des pouvoirs du fénat.
Martius obtint qu’on enverroit de féconds am-
baffadeurs à Rome, & qu’on feroit une trêve jufqu’à
leur retour.
Ces ambaffadeurs furent plus mal reçus que les
premiers , parce qu’on avoit arrêté des affafîins
envoyés par Perfée pour tuer Eumènes, roi de
Pergame. Les fénateurs répondirent qu’ils ne vouloient
point d’alliance avec un traître.
La négociation pour la paix étant rompue, 011
en vint à un combat fur lès bords du fleuve Pénée.
Perfée força les Romains de combattre avant que
le conful eût mis fon armée en bataille : les Eto-
liens, fans tirer l’épée, prirent la fuite , ce qui mit
le défordre dans les troupes romaines, qui per- *
dirent deux mille cinq cents hommes, & cinq cents
prifonniers: Perfée n’en perdit que foixante.
Perfée , qui pouvoit entièrement défaire l’arméé
romaine, parce qu’elle étoit dans un lieu défa-
vantàgeux, ne fut pas en profiter; il s’amufo à fe.
divertir avec fes capitaines. ' ^
Les Romains, à la faveur de la nuit, paffèrent le
fleuve Pénée, & fe rangèrent en bataille. Perfée
fe croyant perdu, demanda la paix ; mais le conful
lui ayant donné pour toute réponfe qu’il folloit qu’il
remît fo perfonne & fon royaume entre les mains
du fénat, ces proppfitions lui paroiffaiit auffi dures
que honteufes , il fe détermina à foutenir la guerre.
L’armée navale romaine ne réuflit pas mieux ;
elle fut battue par les amiraux macédoniens, qui
prirent huit grandes galères, en coulèrent quelques-
unes à fond , & prirent cinquante-huit petits bâti—
mens qui portoient la milice romaine.
Les Alabandins, par une baffe & ridicule flatterie
, érigèrent la ville de Rome en déeffe , lui bâtirent
des temples , & infirmèrent. des jeux annuels.
584. Hofiilius, l’un des confuls, fe préfenta par
deux fois pour entrer en Macédoine, & fut défait
toutes les deux fois.
<585. Martius partit de Rome avec douze mille
hommes, &prit le commandement de l’armée d’Hofi
tilius. Il vit bien qu’il étoit impoflîble de forcer les
détroits où étoit Perfée, parce qu’ils étoient gardés
par une armée de quarante mille hommes de pied ,&
de quatorze mille chevaux ; il prit un chemin de détour
qu’on avoit cru impraticable , qui n’étoit point
gardé; il y fit . paffer jufqu’à fes éléphans , &
ayant rangé fon armée en bataille dans la plaine ,
elle préfenta le combat à Perfée, qui fut fi étonné,
qu’on peut dire qu’il en tombà en frénéfie ; il ordonna
à Andrifcus d’aller mettre le feu à fes ma-
gafins & à fes machines de guerre ; il ordonna
auffi à Nicias de jetter tous fes tréfors dans la mer.
Andrifcus n’exécuta point fes ordres, voyant
bien que Perfée, revenant "en fon bon fens, feroit
fâché des ordres qu’il avoit donnés.
Kicks;
Nicias avoit fait ce que Perfée lui avoit commandé,
ma:s avec précaution, ayant fait jeter fes
richeffes dans la mer., dans des coffres de fer,
qui furent enfuite retirés. Perfée , ne- pouvant
louffrir de tels témoins de fon extravagance, fit
égorger Andrifcus Nicias, & tous les plongeurs
qui avoiertt tiré- fes richeffes de la mer.
Mar dus prit Héraclée ; il échoua devant Thef-
folonique , dont il fut obligé de lever le fiège.
L’armée de mer ne réüffîtpas mieux; elle attaqua
quatre places, dont elle fut obligée de lever
nonteufemenr lo fiège avec perte. Les confuls furent
L. Emilius Paul us, & C. Licinius Craffus.
586. Emilius, en feize jours de temps » arriva en
Macedoine avec feize mille hommes de pied 8c deux
mille chevaux, qu’il joignit à l’armée confulaire.
Il trouva l’année macédonienne près du mont
.Olympe, compofée de quarante mille hommes de
pied, & quatre mille chevaux ; celle d’Emilius
étoit de trente-deux mille fantaffins & de quatre
mille cavaliers.
Perfée ne vouloit point fôrtir de fon camp qu’il
avoit bien fbrtfié. Scipion Nafica, & Fabius Ma-
ximus Emilianus , fils aîné du conful ,' conduits par
des gens du pays qui connoiffoient Un endroit par
où l’on pouvoit l’attaquer, entreprirent, à la tête de
huit mille hommes, cette expédition : Perfée , qui
en fut averti, leur oppofa douze mille hommes
de l’élite de fes troupes, fous la conduite de Milon ;
mais ils furent taillés en pièces ; ce qui fe fauva
porta l’alarme dans le camp : Perfée fe fauva la
nuit en diligence ; le conful le pourfuivit : on en
vint a un combat qui fut terrible : la phalange
macédonienne ayant plié , tout le refte prit la fuite
avec elle. Perfée perdit vingt-fix mille hommes, &
onze mille furent faits prifonniers.
Perfee- s’enfuit à Pella, où étoient fes tréfors, &
ne s’y croyant pas encore en sûreté, il fe retira
dans l’île de Samotrace, où Oéfavius , amiral de la ,
flotte romaine, aborda. Perfée fe croyant découvert
& perdu , fe cacha , traita avec un pilote de
Candie , pour fe retirer dans cette île : il fit tranf-
porter dans le vaiffeau toutes fes richeffes ; le pilote
leva l’ancre fans attendre Perfée; & fit le plus
grand vol dontl’hiffoire foffe mention. vii -.
‘ Ce prince infortuné fe mit entre les mains d’Oc-
tavius , avec fo femme', feserifons, & ce. qui lui
reffoit dé fes tréfors : O&avius conduifit Perfée au
camp d’Emilius, qui le reçut avec tant de bonté,
qu il remercia la fortune de l’avoir fait tomber entre
les mains d-’un vainqueur fi généreux:
Toutes les villes de Macédoine , qui avoient regardé
Perfée comme un tyran, fe mirent fous l’obéif-
fance dès Romains. 1
On récompenfa les alliés des Romains pendant
cette guerre.
' .On punit ceux qui avoient pris la défenfe des
rois de Macédoine.
587. Le fenat continua Emilius en qualité de
jnpçoilM. .
Géographie ancienne. Tome II.
On envoya dix eommiffaires pour régler les
affaires de ce royaume.
Emilius ayant demandé à quoi fervoit une fu-
perbe colonne placée près du temple de Delphes, &
ayant appris que'c’étoit pour ÿ mettre la ftatue de
Perfée: il vaut mieux, dit-il, y mettre celle de fon
Vainqueur. Il y fit mettre la fienne, avec cette
infeription ; L. Emilius Paulus , vainqueur de Perfée.
On déchargea les Macédoniens de la moitié de
leur tribut.
Le triomphe de Paul Emile dura trois jours ;
ce fut le plus pompeux qu’on eût vu ; on y vit
le fucceffêur d’Alcxandre-le-grand, avec fo famille,
attachés au char du vainqueur.
Perfée mourut après quatre ans de captivité ,
avec fo femme & deux de fes fils, qui menèrent
une vie très-languiffànte après un tel revers..
. Sous Perfée finit la fécondé dynaftie des rois de
Macédoine. Emilius,: cenfeur, fit le dénombrement
du peuple, qui fe trouva de trois cents trente-fept
mille quatre cents cmqante-deux chefs de famille.
L’ïllyrie, l’Albanie & l’Epiré furent réduites en
provinces romaines.
589. Le fénat accorda quelques différends entre
Prufias, roi de Bythinie, & Eumène , roi de Pergame.
590. Le fénat donna la couronne d’Egypte à
l’aîné des Ptolemée : le cadet, qui la difputoit à fon
frère, fut privé du trône.
591. Le fénat rétablit Ariarathe, roi" de Capa-
doce, injuflement dépoffédé par fon frère Holo-
pherne.
592. Démétrius, roi de Syrie, ayant été rétabli
par le. fénat , envoya-à Rome une couronne
d’or du poids de dix mille écus.
593. M. Valérius Meffala , E. Frannius Strabo ,
confuls. Les Juifs, perfécutés.par Antiochus Eu-
pator , implorèrent le fecours des Romains.
594. Mafiiniffa fe foi fit de l’Emporie, province
qui, de temps immémorial, appartenoit aux Carthaginois
; & , parce qu’ils lui avoient refufé le paffagé
fur leurs terrés , il leur fit payer trois cents mille
écus pour les frais de la guerre.
595. On fit à Rome des loix pour réprimer le
luxe. & la dépenfe des tables; il fut défendu de
firrvir aux feftins des viandes qui excédaffent le
prix de cent pièces de cuivre, qui valent un de nos
écus de trois livres.
596. On fit travailler aflix mines'qu’on avoit découvertes
dans la Macédoine.
397.1 Les Dalmates font des conrfés fur les alliés
des Romains ; le fénat en ayant reçu les plaintes,
promet de les fecourit.
598; Martius, confiil alla contre les Dalmates
d’àb’ord il eut quelque échec, parce qu’il fut fur-
pris & attaqué; mais dès le moment.qu’il fe fût
remis, il les tailla en pièces &c prit d’afîaut Delmi-
nium, leur ville capitale ; ce qui les obligea de demander
la paix qui leur fut accordée.
.399.?.Les Dalmates fe révoltèrent ; Nafica leur
T t t î "