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ce qui appartient au fiècle d'Augufte, que ces
travaux ne fuffent très-confidérables. Auffi Horace,
qui ne laifloit guère échapper le s occafions de
louer Ton fouverain, en parle-t-il avec éloge dans
fon art poétique , v. 6p :
Regis opus Jlerili diu palus, aptaque remis
Vicinas urbes alit, & grave ferîtit aratrum.
Ces travaux dévoient en effet être très-confi-
dêrables , puifqu’un auteur a dit : Divus Auguflus
duas divinas ( res ) fecit. L’une de ces chofes divines
étoit le defféchement des marais Pontins;
l’autre étoit les travaux du port Lucrin.
Les marais Pontins étoient en affez bon état
fous l’empereur Claude, Cependant comme on
avoit fans ceffe à lutter contre les efforts conftans
de la nature , dès que l’on ceffoit d’entretenir les
forces qui s’oppofoient à fon aélivité, elle repre-
noit le deflits, 8c les inondations fe faifoient fentir
de nouveau. C ’eff ce qui étoit arrivé aux travaux
exécutés fous Auguffe.
Trajan , qui a laiffé dans prefque toutes les
parties de l’empire des monumens de fon génie 8c
de fon goût pour les grands monumens, s’occupa
des marais Pontins. Non-feulement il fit deffécher
la voie Appienne, mais il la fortifia de plufieurs
ponts , 8c l’embellit de plufieurs édifices. -
Rien ne doit mieux prouver l’intelligence qui
dirigea ces nouveaux travaux, que leur longue
durée. Ils fubfiftêrem pendant trois cens ans: mais
vers l’an de notre ère 387, il fallut s’occuper de
nouveau du rétabliffement des anciens travaux.
Cependant on croit que la plupart de ceux faits
par Auguffe durèrent jufqu’au temps de Gratien.
Les irruptions des Barbares firent perdre de vue
l’entretien de ces magnifiques & utiles ouvrages.
Cependant l’amour de la patrie 8c du bien public,
quoique généralement affoibli, n.’étoit pas éteint
dans toutes les âmes. Un fénateur , nommé Ceci-
lins Décius, entreprit de fuppléer aux négligences
du gouvernement. Les Gotlis étoient alors maîtres
de l’Italie. On a deux lettres de Théodoric ; l’une
écrite au fénat, donne de grands éloges à Décius :
l’autre eft écrite à Décius lui-même. Il eff auffi
queflion de ces travaux dans une infeription qui
fe voit au milieu de la place de Terracine (1). On
en fait honneur à Théodoric (2).
N. B. (3) Les marais relièrent long-temps aban^
(1) M. l’abbé Chauppy fe trouvant fur les lieux
jugea cette infeription récrite dans un temps poftérieur
à celui des Goths, En effet, à force d'informations &
de recherches , il .trouva l’original dans un coin de la
cuiline de l’évêque.
(a) Je vais continuer cet article pour ne pas le Iaiffer
incomplet, quoiqu’il appartienne à la géographie moderne,
d’autant mieux qu’il n’y fera pas queflion de ces
marais.
(3) Les marais Pontins font défignés dans les lettres
& fur le monument de Théodoric, par le nom de Paludes
JJççennpvü, V ,>ye\ çe mot.
donnés au ravage des eaux. Enfin le papeBonifacé
VIII,, élu en 1294, entreprit de leur difputer ce
fol autrefois fi fertile. Sentant que l’on réufliroit
plus fûrement en commençant par les parties fupé-
rieures, il fit conduire dans le fleuve Cavata les
eaux des rivières Nipfa, S. Nicolas & Talcone.
Après la mort de ce pape, les troubles furvenus
dans Téglife donnèrent lieu à la tranflation du
fiège de S. Pierre de Rome à Avignon: on laifl»
les travaux utiles à la campagne de Rome.
Martin V I , en vertu de la charge qu’il rem-;
pîiffôit fous le pontificat de fon prédéceffeur^,
s’étoit déjà occupé des travaux relatifs aux marais
Pontins, lorfqu’il fut élu pape en 1417. Il fit examiner
le local par d’habiles ingénieurs, & adopta^
le plan, d’après lequel on lui propofoit d’ouvrir
un canal depuis le Fiume Cavata, à prendre aui
midi de Sezze, jufqu’à la mer. Ce canal étoit fort
confidérable ; c’étoît la route la plus courte pour
conduire les eaux à la mer. Il porté encore aujourd’hui
le nom de Rio Marùno. En quelques,
endroits il a près de .300 palmes de large, & plus
de 50 de profondeur. Sa longueur eft d’environ
fix milles. C e pontife vouloit y faire tomber toutes
les eaux des environs. Les bords du canal font en
partie formés par une colline affez élevée. La mort
de ce pape empêcha l’entière exécution de cet
ouvrage. Les papes, qui lui fucçédèrent immédiatement.,
crurent, mais inutilement, pouvoir faire
revivre les anciens ouvrages des Romains.
Léon X donna, par un a&e folemnel, les marais
Pontihs à Jules Médicis, en 13 14 , à la condition .
d’une redevance de cinq livres de c ire, qui
dévoient être données la veille de la S. Pierre.
Le 13 janvier 13 17 , ces mêmes terres furent
données, fous les mêmes conditions, à Laurent
de Médicis, qui s’engagea de les rendre propres
à la culture. En conféquence de ces donations
la famille de Médicis pofféda ces marais en toflte
propriété pendant l’elpace de 69 ans.
Sixte V , élu pape en 1383, les retira des mains
de cette famille, & ne lui laiffa que la partie qui
avoit été mife en culture. On l’évaluoit à un©
fuperficie de 13 milles. Il avoit fort à coeur d©
faire deffécher la totalité du terrein. En conféquence
il fe tranfporta fur les lieux, & conçut le
projet d’un canal très-long 6c très-profond qui;
faifant fuite au Fiume Cavata, iroit à travers tous
les marais , fe rendre au pied du Monte Circello ;
à l’endroit appelé Oleola. Ce canal fut exécuté;
& porte encore aujourd’hui le nom de ce pape;
Ce fuperbe ouvrage réunifient prefque toutes les
eaux qui avoient été encanalées, fi l’on peut dire
ce mot, par les anciens Romains. Mais comme
les terres fe trouvoient trop élevées vers l’embouchure
du canal, l’écoulement que l’on atterç-
doit n’eut pas lieu , 8c l’ouvrage refta imparfait.
Les- papes Urbain V I I I , Innocent X , Alexan-i
dre V I I , Innocent V I I I , s’occupèrent des mêmes
travaux. Le dernier pape avoit confulté Cornélius
Mayer, Ingénieur hollandois, qui répondoit de
l’exécution des ouvrages à faire dans i’eipace de
quatre ans. Mais les villes de Sezze , de Piperno
& de Terracine, y apportèrent le plus d’obftacles
qui leur fut pofliblè. Inferïfibles au bien général
qui veut que ces marais foient defféchés, parce
que la ftagnatiôn des eaux y donne à l’air une
qualité putride dont on éprouve chaque année
les mauvais effets , les principaux citoyens ne
virent que la perte qu’ils alloient faire de la pêche
de ces marais, 8c de la chaffe des oifeaux aquatiques.
Un certain Contadin écrivit pour démontrer
l’impofiibilité de cette entreprife. Ses objections
auxquelles on a depuis répondu avec force,
frappèrent alors les efprits 6c fe joignirent aux
conditions qu’exigeoient les Hollandois pour empêcher
l’exécution de leurs travaux.
Ce que l’on entreprit fous Clément X I , fous
Benoît XIII, Benoît X IV , n’eut pas plus d’effet.
Le pape aduel a repris les travaux des marais
Pontins ; mais ce n’eft pas' d’après le plan propofé
par l’architede Angelo Sani : ce plan paroît très-
bien entendu. Il eft expofé dans un difeours
imprimé à la fin de l’ouvrage intitulé: Memorie
deW antichc è prefente flate delle paludi P online, &c.
in-40 , imprimé à Rome en 1759.
Selon ce plan on devoit conduire, par des
canaux nouveaux, les eaux delà Teppia,de foNinfa
& de la Cavata, dans le Rio Marùno ; débarrafî'er
ce dernier canal de tout ce qui s’oppofe à l’écoulement
des eaux , 6c s’en fervir pour conduire à
la mer les eaux qui contribuent le plus à l’inondation.
La pente eft depuis le pont d’où l’on feroit
parti, d’environ un demi-mille.
Deux archite&es juftement célèbres à Paris par
différens travaux, 6c fur-tout par la belle coupole de
la.halle au bled 8c le berceau de la halle aux draps ,
ont eu la bonté de m£ donner la note fuivante
à leur retour d’Italie.
«Nous n’avons point vu d’autres opérations
faites pour le defféchement des marais Pontins,
que des faignées fréquentes dans les Nterres en
différens fens. Les plus confidérables aboutiffent
dans un grand canal qui borde la route fur la
droite en allant à Terracine (1). Ce canal porte
des bateaux ; fa pente eft peu rapide : il fe rend
en ligne droite àiamer jufqu’auprès deTeitacine,
où il fait aêluellement un angle, tandis que la
route continue tout droit. Elle eft faite fur les I
débris de la voie Appienne, dont on a amené les
greffes pierres pour les caffer 6c en faire un
chemin ferré.
On s’occupe aéluellement (en 1786) à détourner
un torrent qui apporte dans ce canal des
(1) Je préfume--que ce canal eft un prolongement de
Çavatella, formé des eaux du Fiume Ufente & de l’A-j,
maffeno. Au refte , je fens bien qu’il faudroit pouvoir
mettre une carte de ces objets fous les yeux des lecteurs
, & cela n’eft pas pofliblè dans cet ouvrage. *
graviers capables de le combler. Les petits canaux
fembîent auffi amener, avec leurs eaiix, des
limons qui boucheront infenfiblementle canal’, fi
l’on n’y remédie ».
PALUDES , ou Pa lu d em D e c e n n o v i ï . C ’eft
le nom que, du temps du roi Théodoric, on donnoit
aux marais Pontins. Ce nom eft employé dans les
lettres de ce prince, .f'oyeç Pa lu d e s Po n t in æ ,
6c dans une infeription qui fe lit fur une pierre
dans la place publique de Terracine (2). Quelques
écrivains s’appuyant d’un paffage de Procope ,
croyoient que ce nom de Decennovium avoit été
celui du fleuve Ufente, Mais un favant moderne,
M. l’abbé Chaupy, penfe que ce nom fut donné,
avec le temps-, à là partie la plus inondée de
ces marais, à compter du lieu appelé Tripun-
ùum, du côté du Forum Appii, jufqu’au lieu
appelé aujourd’hui Ponte Maggiore. Or comme le
Tripunttum étoit au 39e mille, que le Ponte Màg-
giore eft au 58e, il s’enfuit prefque néceffairement
que c’eft cette partie de 19 milles de terrein, fituée
entre ces deux points, 6c plus inondée que le
refte, qui avoient fait donner à ces marais le
nom générique de Decennovium ou Paludes De-
cenndvïï.
PA LUD E S , lac de l’A fie , dans l’Arabie , à
l’occident 6c à une petite diftance de l’Euphrate.
Ce lac étoit par les 31 degrés 30 min. delat.
PALUMBINUM, ville d’Italie, dans le Samnlum.
Tite-Live en parle à Toccafion de la guerre contre
ce peuple. Il ajoute que cette ville fut prife par
Carvilius.
P A LU R A , lieu de l’Inde, fur la côte orientale
de la prefqu’île , en ^ deçà du Gange, félon
Ptolemée.
Sur la carte de M. d’A nville, Palura eft placé à
une pointe entre les embouchures du fleuve
Mefolus.
Pa l u r a (Balafor) , ville de l’Inde à Toueft, 6c
près de la bouche la plus occidentale du Gange,
félon Ptolemée.
PALUS, ville aux environs du Péloponnèfe ,
félon Polÿbe.
Pa lu s Meo t is (7*). Ç ’eff le nom que les
anciens donnoj„ent à la mer que l’on nomme
aujourd’hui mer de Zabacke ou d’Afof. Les anciens
ont dit indifféremment Lacus ou Palus : les Grecs
ont dit h'tp.vn. On lit dans Lucain, L. 1 1 , v. 641:
Pigra Palus Scythici patiens Meotica plauflri.
Les anciens en ont décrit le contour, mais ils
n’en ont pas connu l’étendue géométriquement.
(2) L’infcription qui eft au milieu de la place, n’eft
qu’une copie de l’ancienne faite au temps des Goths &
quia été long-temps, peut-être“même encore , dans un
coin de la cuiftne de l’évêque.