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XXVI. Leontopolis , ou la ville des lions on du
lion , comme dit Pline , étoit probablement à l’em-
bouchrire du fleuve, à peu de diftance au fud de
Berythe.
XXVII. Porphynon, qui- nous eft connue par
Polybe , étoit à peu, diftance au fud. On préfume
que fon nom lui venoit de ce qu’on y faifoit plus
qu’ailleurs la pêche de ce coquillage , dont les T y -
nens reriroient la couleur dont ils faifoient la teinture
en pourpre.
XXVIII. Plat anus > devoit. être peu éloignée ,
mais près des gorges du Liban. On voit dans Polybe
que , l’an ai B avant notre ère, Nicolas l’Eto-
lien , général de Ptolemée-Philopator , s’étoit emparé
de ces gorges de montagnes, pour empêcher
Antiochus-le-grand de pénétrer en Phénicie.
XXIX. Sidon, aujourd’hui Saïd ou Seïde, étoit
au fud , à trente milles de Berythe. Elle fut long-
temps'la métropole de la Phénicie t jufqu’à ce que
T y r , devenue plus puiflante, lui difputa cette
dignité. Selon quelques auteurs, cette ville reçut
fon nom , lors de fa fondation' de la quantité de
poilTons que leur offrit la côte en cet endroit ( i ) j
d’autres le tirent de Sidon , l’un des fils aînés de
Canaan , félon Moïfe.
Selon Juffin (a) , cette ville fut fondée par des
Phéniciens , qui, en quittant leur*pays , s’établirent
d’abord dans le voifinage. du lac d’Aflÿrie , que
l ’on croit être le lac Afphaltite, puis s’approchèrent
des bords de la mer. C ’eft donc une nouvelle p'ré-
fomption en faveur du fentiment qui fait venir
les Pli éniciens des pafteurs d’Egypte.
- Quoi qu’il en foit, la-ville de Sidon étoit déjà
riche 8c puiffante, lorfque les Ifraélites entrèrent
dans le pays de Canaan, & l’Ecriture lui donne fou-
vent le nom de grande : elle devint même très-
forte. C ’eft ce qui fert à entendre ce paffage de
S. Jérôme : cedidit in fortem A fer -, fed eam non
pojfedït, quia hojles nequaquam valait expellere. «Elle
» tomba dans le partage de la tribu d’A fer : mais
» cette tribu ne put s’en mettre en poffeflîon ».
En effet, ce n’étoit pas affez de la trouvera fa convenance
, il falloit la pofféder. Il arriva dans la
fuite que loin d’être fujette , Sidon devint maî-
treffe, & qu’elle affujettit, pendant quelque temps,
les Aférites 8c les autres tribus d’Ifrael. Mais cet
état de puiffance n’eut qu’un temps. T y r , qu’elle
avoit, finon fondée , du moins confidérablement
augmentée, lui difputa la primauté : il paroît même
que, fous le règne de Salomon, l’an io i 5 avant
Père chrétienne, Sidon étoit déjà dépendante de
T y r (3). Lorfque Salmanazar, l’an 720 avant J. C.
(1) Sidon eft rendu par îe mot P ifca tio .
( 2 ) P hanicibüs.... qu i.... AJfyrium flagnum primo , mox
mari proximum litu s incoluerunt, condita ibi urbe quant à
pifcium ubertate , Sidona appellaverunt : nam p ifum P h a n ic e s
Sidon v.àcant. Jufi. L . x v m r c. 3 .
(3) Salomon s’adreffa à Hiram , roi de Tyr, le priant
«’ordonner aux Sidoniens de couper des bois fur le Liban,
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entra en Phénicie, les Sidoniens fecouèrent le
joug de T y r , 8c fe donnèrent à ce prince. Cent
cinquante ans après, ou environ, ils furent fub-
juguês par Apriès, roi d’Egypte , 8c nommé dans
1 Ecriture Pharaon-Hophra. Ce prince, ayant attaqué
Tîlé de Cypre & la Phénicie^, avec de
grandes forces de terre 8c de mer, s’empara de
Sidon de vive force. La terreur que répandit cette
prife fut fi grande , qne toutes les autres villes de
la Phénicie fe fournirent au roi d^Egypte. Il ne
garda pas long-temps cette conquête. Cyrus, qui
fondoit en Perle un nouvel empire, la leur enleva
, 8c les Sidoniens paffèrent fous fa domination.
Les rois de Perfe conlentirent qu’elle'eût fes
rois particuliers.
Sidon fut comprife, avec le refie de la Phénicie,
dans la cinquième Satrapie des Perfes ; 6c
elle eut part aux expéditions de fes nouveaux
maîtres: on les vit dans l’armée de Darius contre
les Scythes , 6c dans la guerre de Xerxès contre
les Grecs. Le roi de Sidon commandoit une flotte
de quatre-vingts voiles, qui contribua beaucoup
à la vi&oire que ce prince remporta fur celle des
Lacédémoniens, commandée par Pifandre , qui fut
tué dans le combat.
L’an 351 avant J. C. l’infolence des officiers
d’Ochus occafiôrina une révolte générale de la
Phénicie, laquelle fut fuivie de la ruine entière
de Sidon. Les Phéniciens, étant affemblés à Tripoli,
pour y traiter les affaires de leur province, des
Satrapes, 8c d’autres -officiers du roi de Perfe , y
vinrent leur apporter quelques ordres de ce prince,
6c , en les e x p o fa n t ils fe fervirent de termes
méprifans 6c outrageux : le peuple, irrité, forma
aufîi-tôt le deflein de fecouer le joug des Perfes
il tua ces Satrapes , détruifit un jardin magnifique
qui appartenoit au ro i, 6c mit enfuite le feu à des
greniers de foin. Ces premières^ hoflilités furent
l’annonce de la guerre dans laquelle toute la nation
entra. Les Phéniciens furent fecourus par Mec-'
tanebus , roi d’E gypte, qui leur envoya quatre
mille Grecs, commandés par Mentor de Rhodes,
Ce général tomba fur les Satrapes qui entrèrent
en Phénicie, les battit, 6c les.ehafladu-pays. Ochus,
informé de cette révolte , ne voulant point confier
à des lieutenans la commiflion de réduire cette
province , réfolut d’y marcher en perfonn.e ; il
aflembia une armée de trois cens mille hommes
de pied 6c de trente mille chevaux j après avoir
fait à Babylone la revue de. cette armée formidable,
il fe mit à la tête , 8c marcha'vers la Phénicie.
Sur fa route , il fut joint par le Satrape de
Syrie' 6c par celui de Phénicie-, qui lui amenèrent
les troupes qu’ils commandoient. Mentor
de Rhodes, commandant l’armée de mer, croyant
ne pouvoir réfifttr à des forces fi confidérables
envoya, à Pin lu des Phéniciens, un homme de
confiance, pour traiter avec Ochus : il offrit à ce
prince de lui livrer la ville de Sidon , 6c lorfqu’il
l’en auroit rendu maître % de l'accompagner ea
Egypte, o u , connoiffant lé pays , il pourroit lui
aider à fonmettre àufli les Egyptiens ’révoltés.
Ochus accepta cette offre, 6c envoya de riches
préfens à Mentor. Arrivé en Phénicie , il campa
auprès^de Sidon. ' <' ••• •' ’ ^
Les Sidoniens avdient fait tous les préparatifs
néceffaires pour une bonne défenfe. Ils s’étoient
pourvus de vivres en abondance , 6c ils y avoient
fait une ample provifion d’armes: ils avoient environné
leur ville d’une haute muraille, défendue
par un triple foffé d’uné profondeur extraordinaire
Outre que fes troupes étoient les meilleures de toute,
la Phénicie, Sidon avoit cent galères à trois rangs
de rames. Mais tous ces préparatifs lui devinrent
inutiles par la trahifon de Mentor-, 6c parcelle de
leur propre roi. Terrpès, c?étoit le nom de ce perfide
prince , communiqua au commandant grec le
projet qu’il avoit formé de livrer fes propres fu-
jets , 8c concerta avec lui les moyens de l'exécuter.
Il laiffa à Mentor le commandement de la
ville , 6c fortit efeorté de cinq cens hommes, fous
prétexte de fe rendre dans ün lieu oiï les Phéniciens
étoient convenus de s’affembler. Il avoit
avec lui cent des plus illuftres citoyens , qu’il avoit
choifis. comme pour l’aflifier dans le confeil.où il
ail oit. Quand il fut à l’entrée de la tente du roi
de Perfe , il lui livra les cinq cens Sidoniens , qui
furent à l’in fiant percés de traits, comme ayant
été les premiers auteurs de la révolte. Quand on
apprit à Sidon cette affligeante nouvelle, om y
choifit cinq cens autres Sidoniens, des plus coii-
fidérâbles, que l’on envoya en habits de fupplians.
Le roi de Perfe demanda à Termès s’il pourroit
lui livrer ainfi toute la ville , 8c ce traître s’y engagea.
Ochus fit encore percer de traits les cinq
cens Sidoniens. Malgré ces atrocités , Termès ofa
retourner à Sidon ; il n’y fut pas égorgé , comme
il l ’auroit mérité fans doute ; au contraire, il réuflît
à perfuader auxjGrecs d’ouvrir les portes aux Perfes.
Afin qu’aucun des habitans né fe fauvât, les habitans
avoient brûlé tous les vaiffeaux. Lorfqu’ils
virent d*un côté toute efpèce de fuite imgoffible,
•de l’autre l’ennemi entrant en fureurdans leur ville,
ils fe renfermèrent dans leurs maifons , 6c y mirent
le feu. Plus de quatre cens mille perfonnes périrent
dans cet incendie. Les richeffes que l’on retira des
cendres furent immenfes. Ochus traita Termès
comme il méritoit de l’être : il le fit mettre, à
mort. Toutes les villes de la Phénicie fe fournirent,
6c reçurent de la part d’Ochus un traitement honorable.
Ceux des Sidoniens qui fe trou voient éloignés
lors de la deftru&ion de leur ville * s’étant réunis
à leur retour , obtinrent d’Ochus la liberté de la-
rebâtir. Mais ils en conlervèrent contre les Perfes
une haine fi profonde, qu’ils n’atteridoient qu’une
oçcafion favorable de fecouer le jotig. L’arrivée
d’Alexandre en Phénicie leur en fournit l’occafion.
Quoique Straton , leur r o i, fût abfent, ils envoyèrent
au-devant du vainqueur des Perfes, 6c
fe fournirent à 'lu i.'C e prince ne confirma point
Straton dans la poffèflion de fon royaume , à
caufe de fon attachement à Darius: il le dépouilla
de fes états. On fait comment s’y prit Hé plie fi ion
pour lui choifir un fucceffeur. C e prince eft nommé
Abdalonyme par Diodore 8c’ par Quinte-Curfe.
Al ex an dre augmenta fon état d’une contrée voi-
fine.
Cependant ce petit royaume relevoit d’A lexandre
, 8c continua- à: relever d’abord dé fes
fucceffeurS', puis des rois d’E gypte, enfuite de
ceux de Syrie : enfin , il tomba fous la puiffance
des Romains.
A tant de caufes morales de deftruéïion , fe
joignirent des caiifes phyfiques. Sidon éprouva
différens tremblemens de terre, 6c un entre autres
qui, félon Strabôn , renverfa la moitié de la ville.
Heureufement que l’effroi caufé par les phénomènes
qui l’avoient précédé, en avoit fait fortir
la plus grande partie des habitans. Ces malheurs
arrivèrent pendant que les Sidoniens étoient fous
la domination des rois de Syrie.
Ce fut environ vers l’an 66 avant J. C. que
les Sidoniens paffèrent feus le joug des Romains.
Mais ils ne furent pas long-temps fans éprouver
combien, il étoit pefant. Les vexations de dix-
huit pùblicains les fatiguèrent au point ’qu’ils fe
révoltèrent, 8c affommèrenteeux qui levoient des
tributs. Pour fe foutenir dans cette infurreâion ,
ils appelèrent à leur fecours les Parthes. Mais la
jouiflànce de cette conquête dura peu : les Parthes
furent chaffés l’année fuivan-te, c’eft-à-dire l’an 40
avant J. C.
L’évangile fut prêché de bonne heure à Sidon ;
on le voit par. les aûes des apôtres. Elle devint
épifcopale : mais en 639 elle tomba au pouvoir
des Arabes, 6c la religion chrétienne.fit place an
mufulmanifme.
N. B. Après un fiège confidérable, les Croifés
s’emparèrent de Sidon : cette prife eft de l’an
1110 de notre ère mais les Chrétiens ne la gardèrent
que 77 ans. Saladin , ayant vaincu 6c pris
Gui de Lufignan, roi de Jérufalem , reprit Sidon
l’an 1187. ^ur ta nouvelle que l’empereur Frédéric
étoit prêt d’entrer en S y r ie , il en fit rafer
les fortifications. S. Louis les fit rétablir en 1252 :
huit ans après, les Tartares - Mogols la repri rent.
Lorfque Ptolémaïde7 eut été détruite par les
Mameluks ou Mamelouks, en 1290, les Templiers
fe réfugièrent à Sidon : ils furent enfuite forcés de
l’abandonner.
X X X . Auprès de Sidon, M. d’Anville, fur fa
carte delà Paleftine, nous indique uneperitérivière
qu’il nomme Auti, 8c fur les bords de laquelle
les Croifés furent très-incommodés d’un nombre
prodigieux de ferpens.
XXXI. Sarepta, ville célèbre dans l’Ecriture,
étoit au fud de Sidon. Les vins de fon territoire
étoient eftimés. Il y avoit des mines de fer dans
les environs. On conjeélure que l’on s’occupoit
A a a a .2