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fort ancien. Les Scythes qui, après avoir vaincu
Gyaxare, premier roi des Mèdes, s’étoienr jettes
fur l’Egypte , en fe retirant de ce pays , pillèrent
le temple de Vénus célefte. Hérodote, qui ne dou-
toit pas que les dieux ne priffent un intérêt bien
vif à la confervation de ce temple , rapporte que
ces facrilèges furent punis miraculeufement. Selon
le même hiftorien , ce fut de cette ville que le
culte de Vénus paffa à Cypre &. à Cythère. On
adoroit encore à Afcalon une autre divinité fous
le nom de Derceto.
Afcalon exiftoit dès le temps de Jofué, qui en
parle comme d’une ville appartenant aux Philif-
tins. Il convient donc de rejetter le fentiment de
Xanthus , hiftorien de L yd ie , qui en attribue la
fondation à un certain Afcalus , qui étoit pafle dans
le pays avec une armée de Lydiens : cette fondation
feroit poftérieure à l’époque qu’il faut lui
affigner d’après les livres faints. Après la mort de
J o f u é l a tribu de Juda s’empara d’Afcalon : mais
elle lui fut enlevée, 8c lesAffyriens, les Perfes ,
les Grecs 8c les Romains la pofledèrent fuecef-
fivement. Au temps des Séleucides, Afcalon s’étoit
érigée en république, & elle étoit devenue affez
forte pour conferver pendant quelque temps la
liberté.
Hérode , qui étoit originaire d’Afcalon, la décora
r en y faifant bâtir un palais qu’Augufte ,
après la mort de ce prince , donna à Salomé fa
foeur. Il y*.fit auffi creufer des canaux, conftruire
■ des bains, & faire des périftyles.
L’époque de la liberté d’Afcalon eft de l’an 650
de Rome, avant J. G. 104,8c c’èft de l’an rom ne
de cette année que procède l’ère marquée fur la
plupart de fes médailles.
Afcalon avoit un port que l’on nommoit en
fyrien Maimna Afcalonis, ou amas d’eau d’Afcalon.
Il étoit à quelque diftance de la ville. Il en fut
tellement féparé par la jurifdiélion eccléfiaftîqne,
qu’il eut un évêque particulier, tandis que la ville
avoit auffi le lien..
Les Arabes s’étant rendus maîtres d’Afcalon, elle
devint une place forte, fous les Fathémites d’E gypte.
Les Chrétiens, arrivés dans le pays , tentèrent
de s’en emparer : mais n’ayant pu y réuffir,
ils élevèrent dans les environs plufleurs forts, pour
refferrer les Afcaloniens dans leur territoire. Peut-
être ces forts contribuèrent-ils à la prife d’Afcaîon
en 11Ç4, que Baudouin III s’en empara après deux
mois ’de fiège. 11 laiffa aux habitans la liberté de
fe retirer où ils voudroient, 8c d’emporter avec
eux tout ce qu’ils pourroient. Il leur fit même
donner une eîcorte jufqu’à Laris , ville ancienne
dans le défert, fur la route de l’Egypte.
Saladtn ayant fait prifonnier Gui de Lüfignan ,
& pris toutes les villes de la Phénicie, vint fe
préfenter aux portes d’Afcalon. Les habitans, loin
de fe rendre , lui dirent qu’ils étoient réfolus de
fe défendre, jufqu’à ce qu’ils, fufient affurés qu’il
étjoit maître dé Jérufalem. Saladin marcha. en effet 1
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vers cette ville , qu’il prit, puis il revint fommer
les Afcaloniens de tenir leur parole. Ils y furent
exaéls, 8c le vainqueur reçut leur foumiffion, en
rendant la liberté au roi de Jérufalem 8c au maître
des Templiers.
Quelques années apres, ce prince, fur le bruit
que l'empereur Henri V I étoit près d’arriver en
Sy r ie , fit rafer'les fortifications d’Afcalon. En 119 1
les François, déjà maîtres de Ptolémaïs, s’en emparèrent
fans beaucoup de p'eine. Richard I , roi
d Angleterre, en fit réparer les murs : mais Saladin
exigea , pour première condition de la paix,,
qu il les fît détruire. En 1240 Richard , comte de
Cornouailles, frère de Henri I I I , fit encore réparer
cette v ille , qui fut détruite fept ans après
par le fultan d’Egypte, 8c elle ne s’en eft jamais
relevée depuis.
N. B . Abulféda dit que de fon temps elle étoit
entièrement enfevelie fous des ruines, qui prè-
fentorent encore.de beaux veftiges de la haute antiquité.
LVII. Gaça étoit à feize milles au fud d’Afcalon r
les Syriens la nommoientyfya. Selon EtiennedeBy-
fance, fon nom lui venoit d’Açon,, fils d’Hercule,
fon fondateur : félon Pomponius, du mot Ga^a,
qui', dans la langue des Perfes, fignifioit tréfor,
parce que Cambyfe, allant èn Egypte , y avoit
dépofé la caiffe militaire de fon armée, on fent
le cas qu’il convient de faire de femblables étymologies.
Si Jes anciens avoient pliis étudié les-
langues orientales-^ils auroient fu qu'A^ah , en
phénicien / lignifie un lieu fortifié , & que tout
fimplement A^ot fignifioit une viHe forte (1). Elle
avoit auffi porte le nom dyldne9 d’après Io , fille d’I-
nachus, difoient les Grecs ; elle fe nommoit auffi-
Minoa r d’après Minos.
Gaza, félon Strabon, n’étoit qu’a fept fiades de
la mer. On doit prendre une haute idée de l’état
de cette ville au temps de Cyrus, puifque de toutes
les villes qui fe trouvèrent fur la route de ce
conquérant r elle feule ofa lui-réfifter. Elle fe rendit
à la fin , & refta fidelle aux Perfes. La rapidité des
conquêtes d’Alexandre , fes fucces à T y r , malgré,
la réfiftance de cette v ille , & les traitemens barbares
qu’il fit éprouver aux habitans , irritèrent le
courage des* Gazéens , au lieu de l’intimider.. Leur
réfiftance bleffant l’orgueil d’Alexandre, il fe détermina
à refter devant la ville jufqu’à ce qu’elle
fut prife, & ce fiège dura deux mois : encore le
plus grand nombre des habitans défêndoit-il les*
rues , lorfqu’on fut obligé d’abandonner les portes..
Tant de bravoure n’intérefta pas la générofiré du
vainqueur : ce qui refta de Gazéens fut maffacré
ou vendu; 8c Bétis, le .gouverneur , ayant con»
fervé, dans fa défaite , la fierté de fa grande ame,
eut les talons percés par ordre d’Alexandre ,
(1) De A^ah, ou avec l’àfpiration Ga\a, lieu fortifié,
on avoit auflr dit Gayi, tréfor, parce que- les tréfors ,
chez les P erfesé to ien t renfermes dans un lieu fortifiq.
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im moyert d’une corde attachée à un char, fut
traîné jgnominieufement autour de la ville.
II eft étonnant que Strabon ait cru que Gaza
ait été alors entièrement détruite : au contraire,
oft voit pàr Arrien qu’Alexandre y mit une
nouvelle colonie, & en répara les fortifications.
Après la mort de ce prince , Gaza demeura au
pouvoir des rois d’Egypte, puis des rois de Syrie,
gui la prirent fous Ântiochus-le-grand, l’an 219
avant l’ère vulgaire.
Sous le règne d’Antiochus-Epiphaiie, les Juifs
perfécutés par lu i, fe révoltèrent, 8c, commandés
"par Matathias, puis par Simon s’emparèrent de
plufieurs places , au nombre defqueiles étoit Gaza.
Les viâoires de Bacchides, général de Demétritis
Soter, procurèrent aux Gazéens une liberté dont
ils ne jouirent que peu de temps : car en 143 ils-
furent repris par Simon Machâbée, graqd-prêtre
& prince des Juifs. Il faut obferver que ces guerres
étoient d’autant plus terribles, qu’elles étoient alimentées
par un fanatifme cruel. Ce prince chatTa
tous les habitans de Gaza, & purifia toutes les
maifons & les temples où il y avoireu des idoles.
Les Syriens déteftoient les Juifs, fur-tout à
caufe de leur intolérance. Antioclms Sidetés les
força de fe renfermer dans leurs anciennes limites1,
8c les anciens habitans de Gaza y revinrent. Au
bout de dix-huit ans, Alexandre Jannée; roi des
Juifs, reprit Gaza , 8c la détruifit entièrement. Elle
étoit enfevelie fous fes ruines à l ’arrivée de
Pompée.
Cette ville fut rebâtie foixante.ri-m ans avant
J. C. alors elle partagea, avec les autres villes de
la Syrie , le droit de fe gouverner par fes propres
loix , fous la protection des Romains. On prétend
qu’elle ne fut pas reconftruite précifément au même
endroit. Comme le plus grand nombre des villes'
qui ont été reconftruites après la ruine entière des
anciennes, n’ont pas occupé le même emplacement
, je foupçonne qu’il exifte une caufe commune
à toutes , 8c produifant par-tout le même
effet : c’eft qu’il eft plus aifé de conftruire dans
un terreiu libre, que fur un emplacement couvert
de décombres.
Gaza fut une des villes qu’Augufte, l’an *30
avant Père chrétienne, donna à Hérode , roi des
Juifs. Après la mort de ce prince , il l’ôta à la
Judée pour la rendre à la Syrie. Adrien , fépa-
rant de la Syrie la Paleftine , décora Gaza de
nouveaux privilèges.
Cette v ille, & fon port nommé Maima Ga^oe,
étoient fous la puiffance des empereurs Grecs ,
lorfque les Arabes s’emparèrent de la Syrie. Il
eft probable' quils négligèrent cette place, après
s’en^être emparés, puifqu’à l’arrivée des Croifés
elle étoit entièrement détruite 8c ruinée. On bâtit
alors dans ce même emplacement un château fort
qui fut donné aux chevaliers du Temple^ pour
arrêter les courfes des habitans d’Afcalon,
Anthedon , au fud-eft, eft peu connue, &proba-
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blement étoit moins ancienne que beaucoup d’autres
villes de la Phénicie , puifqu’il n’en eft pas parlé
dans Jofué, & que d’ailleurs fon nom eft d’origine
grecque. Ruinée pendant le cours des guerres
des rois de Syrie 8c d’Egypte, elle fut rétablie
par Gabinius. Augufte l’ayant donnée à Hérode,
ce prince y fit faire quelques ouvrages , 8c en
changea le nom en celui d'Agrippias. Par cet aéle
d adulation, il faifoit fa cour à Agrippa, gendre
d’Augufte 8c gouverneur de l’Orient. Après la mort
d’Hérode , elle reprit fon premier nom.
LVIII. Raphia ou Raphea, étoit au fud-oueft,non
pas préciiément furie bord de la mer, mais à une
petite diftance. Elle eft célèbre par la bataille qu’A n -
tiochus-le-grand perdit dans fon voifinage, contre
Ptolemée-Philopator. La diftance de Raphia à Gaza
étoit de vingt deux milles. Gabinius, la trouvant
dans le même état que cette dernière, la fit rétablir.
On ne fait pas bien depuis quand elle fut
détruite.
LIX. Rhinocorura, quoique n’ayant pas toujours
été comprife dans les limites de la Paleftine , peut
être cependant regardée comme la dernière ville de
H Syrie : elle fervoit de bornes à Cette province du
côté de l’Egypte. Le nom de Rhiconorura eft grec 9
8c paroît s’être formé par corruption de Rhino-
colura 8c Rinolura, formé ‘de p/V, le nez^ 8c de
xoà»û>, je coupe: ce n’eft qu’une tradition de l’oriental
lanyfus, formé de racines, ayant le même
fens que le mot grec, 8c en effet les hiftoriens
parlent d’une ville de Janyfus, qui devoit être
dans cette contrée^
Diodore prétend qu’elle tiroit fon nom de ce
qu’A&ifanès , roi d’Ethiopie , après s’être emparé
de l’E gypte, avoit envoyé dans cette ville tous
les voleurs auxquels il avoit fait couper le nez,
au lieu de les faire mettre à mort : mais on pour-
roit. demander à Diodore quel étoit alors le nom
de la ville ? D ’autres auteurs ont dit que />/V,
fignifiant auffi-bien le cuir que le nez, avoit ainfi
nommé ce lieu, parce qu’il avoit commencé par
être une habitation de gens occupés du commerce
des cuirs : mais ce fentiment n’eft pas plus prouvé
que l’autre.
Au refte, cette ville ni an qu oit de toutes les
commodités de la v ie , ' 8c ce n’étoit qu’à force
d’induftrie que les habitans fubvenoient aux be-
foins les plus preffans de la vie.
Telle étoit la côte de l’Afie appellée Phénicie,
8c tels en étoient les principaux lieux. On a cru
devoir donner unè defeription un peu étendue de
ce pays, à caufe du rang diftingué que tiennent
les Phéniciens entre les peuples de l’antiquité. Phoenice , nom l’ d’un lieu ou d’une île de Afte, dans la Bithynie , fur le golfe Mariandy-
nus, félon Hérodote.
Phoenice , île de la mer Méditerranée, fur
la côte de la Gaule, 8c l’une des plus petites
de celles connues fous le nom de Stoechades. félon
Pline,
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