
capitaine , eut quelque difpute avec lui; le conful
fe fauva dans Nicomédie, où Fimbria le prit, lui
fit couper la tête & prit le général de l’armée.
Fimbria, accompagné d’un fils de même nom
que lui, alla contre Mithridate Si le défit ; il fe fauva
dans Pitane , où Fimbria l’affiégea ; il l’auroit prife
fi LuCullus, amiral de la flotte romaine, eût voulu
l’attaquer par mer; mais, ne voulant pas donner
la gloire à l’ennemi de Sylla d’avoir pris Mithridate,
Fimbria fut contraint d’en lever le fiége.
Fimbria prit d’aftaut Ilion, dont il fit pafler tous i
les habitans au fil 'de l’épée-, Si la ruina.
669. Mithridate envoie fon frère Archelaüs demander
la paix à S y lla , qui-, voulant fe venger
de fes ennemis, fut ravi de cette proposition ; elle
lui fut accordée aux conditions fuivantes.
Que Mithridate remettroit tous fes vaiffeaux de
guerre Si tous les prifonniers.
Qu’il retireroit de la Grèce toutes fes garnifons.
Qu’il paieroit tous les frais de la guerre.
Qu’il fe contenteroit du royaume de Pont, & '
qu’il fe retireroit fans rien entreprendre dans
l’Afie.
, Sylla Si Mithridate fe virent dans la ville de
Dardanus, fituée dans la Troade ; Mithridate s’y
. rendit avec mi corps, -d’armée très - confidérable,
pour faire voir qu’ii étoit encore en état de foutenir
la guerre ; Sylla, avec deux mille chevaux. Après ;
des civilités réciproques, Mithridate, présentant la
main droite au général romain , jura d’obférver la
paix, & lui demanda fon amitié.
, Sylla marcha contre Fimbria, qui étoit campé
proche de Tiatira ; une partie de fon armée déferta
pour fe ranger fous les enfeignes de Sylla.
Fimbria envoya un affaffin pour tuer Sylla ; il
fut découvert, pris & puni.
Fimbria fe retira à Pergame, où, fe voyant
pourfuivi, il fe tua.
Sylla ayant mis l’Afie fous la domination des
Romains, reçut douze millions' d’écus pour les
frais de la guerre, laififa préteur d’A fie , Murena
qui étoit un de fes lieutenans, rétablit dans la G>
padoce Ariobarzane, remit Nicomède fur le trône
de Bythinie, Si fe prépara à fon voyage d’Italie.
Sylla reçut en Âfie un ambaffadeur d’Arfaces ,
. roi des Partîtes, qui, .Surpris-des grandesviéloires
de Sylla, lui demanda fon alliance ; unCaldéen,
domefiique de cet ambafladeur, ayant la réputation
d’être habile.en horofcope, ayantconfidéré Sylla,
lui dit qu’il s'étonnait. qu’il pût fouffrir quelque chofe
au-deflùs de lui : Sylla profita de cet avis.
676. Pendant que Cinna, Carbon, Sertorius &
Marius ruinoient la république S i les particuliers
par des exactions horribles , afin de mettre de
puiflantes forces Sur pied pour réfifler à leurs ennemis
, Murena cherchoit h troubler l’Afie pour la
: piller ; il en trouva l’occafion. Mithridate arma
Contre les Bofphorins, parce, qu’ils avoient pris
le parti de la république contre lui. Ils lui deman-
i fièrent, la paix, à condition de recevoir le jeune
Mithridate fon fils pour leur roi ; ce père cruel ,
foupçonnant fon fils d’ambition , le fit lier dfe chaînes
d’o r , & lui fit couper la tête.
' Mithridate refùfoit de rétablir Ariobarzane fur le
trône de Capadoce. Archélaüs, frère de Mithridate^
dont il connoiSToit la cruauté, fe retira auprès de
Murena , & demanda la protedion des Romains.
Murena, pour obliger Mithridate à remplir le
traité, fe jeta dans le royaume de Pont, & y
fit d’étranges ravages. Les ambafladeurs de Mithri-
date 11’ayant p'oint eu d’audience à Rome, parce
que tout y étoit en combuflion , il réfolut de fe
défendre , défit Murena près de Comana, Si tailla
fon armée en pièces: Murena fe fauva en Phrygie:
Mithridate, pour fe juflifier, envoya des ambafladeurs
à Sylla, qui dépofa Murena, envoya à fa
place Gabinius, qui mit Ariobarzane fur le trône
de Capadoce, Si il fe fit une fécondé paix.
Sylla, entrant en Italie,. apprit que fes ennemis
avoient une armée dé deux cents trente mille hommes
de pied Si de fix mille chevaux : comme il crai-
gnoitla défertion de fes foldats, il prit leur ferment.
Le conful Cinna, qui vouloit s’oppofer au retour
de Sylla, fut tué en Dalmatie dans fine fédition *
cette heureufe nouvelle cauia autant de joie à
Sylla, que de triftefle au parti de Cinna.
671. Sylla fut reçu à Brundufium avec tous les
honneurs poflibles ; tonte l’Italie, qui fembloit s’armer
contre lu i, dès quxon eût appris la mort de Cinna ,
fe rangea de fon côté ; Métellus, Pompée Si Céthégus
le vinrent joindre avec leurs troupes, &
■ jurèrent de n’embrafler que fes intérêts.
Sylla défit Marius & Norbanus, leur tua fept
mille hommes ;~Te réfie de leur armée, qui étoit
plus forte de vingt mille hommes que celle- de
Syfla , prit la fuite.
Norbanus fe fauva dans Capoue avec toute la
cavalerie.
L’armée du conful Scipion, qui étoit de vingt-
huit mille hommes, déferta Si fe mit foiri les enfeignes
de Sylla. .
672. Quoique le jeune Marius n’eut que vingt-
fix ans, il fut élu au confulat parla néceffité des
affaires ; il aflemblà une année fié quarante mille
hommes, & attaqua le camp de Sylla près de Si-
gnium , où il fut défait, Si îaiflfi vingt- cinq mille
morts fur le champ de bataille ; huit mille furent
faits prifonniers ; Marius s’enferma enfuite dans Pre-
nefie, où il fut affiégéaiifii-tôt par Lucrètius Offella.
Marius, au défefpoir de fe voir enfermé, &. craignant
que, fes ennemis ne livraflent la ville de
Rome à Sylla;, ordonna à ponafypus , qu’il en
avoit fait gouverneur, de faire mourir tous ceux dont
il lui envoyoit la lifté : Donafypus exécuta ce cruel
ordre, fit mourir quatorze fénateurs , Si plufieurs
perfonnes de qualité, qui ne s’étoient point déclarées
ennemies de fon ennemi.
Les généraux de Sylla remportoient de grands
avantages fur ceux de Marius. .
Métellus Pius fiéfit Çarius, un fies lieutenans de
Qarbon.
. Lucullus, amiral de l’armée navale de Sylla, défit
près de Florentia, aujourd’hui Florence , un lieute-
tenant de Marius lui tua dix-huit mille hommes.
. Pompée battit Lucius Marius , .parent du conful.
Trois principaux partifans du conful, Carbon,
Norbanus Si Sertorius l’abandonnèrent. Carbon fè
retira en Afrique. Norbanus à Rhodes ; mais yoyant
que les habitans voùloient le livrer, il fe. tua.
Sertorius fe réfugia en Efpagne ; Sylla défit une
armée commandée par Pontius Télefiiniis , général
des. Samnites; Albinus , Martius & Carinas, qui
alloient pour délivrer Marius enfermé dans Pré-
nefi©, furent défaits. Le combat fut très-opiniâtre ;
il refia quarante mille morts fur le champ de bataille
, c’eft-à-dire, trente-deux mille du côté de
Marins, Si huit mille dü côté fie Sylla. Les quatre
généraux frirent pris, leurs têtes frirent envoyées à
Offella, qui étoit devant Prenefte, pour faire voir aux
habitans qu’ils ne dévoient efpérer aucun fecours.
Marins, craignant de tomber vif entre les mains
de fes ennemis , fo tua.
Offella envoya fa tête, à Sylla. Tous les habitans
Si la gatnifon de -Prenefte frirent paffés au
fil. fie l’épée ; on ne pardonna qu’aux femmes Si
aux_ enfans : la ville fut donnée au pillage.
Les habitans de Nocera , qui avoient été dans, les
Intérêts de Marius , fe voyant afliégés , & craignant
un femblable traitement que, les Prenefiins , fe
tuèrent.
Sylla envoie Pompée en Afrique contre Carbon,
Marcellus en Efpagne contre Sertorius. ,
: Sylla vainqueur de fes ennemis , ne ... fiifiitnula
plus:,ayant faitaflèmhler-le fénat, il fit yn,grand
difeours , où il repréf: nta les. feryiees . importans
qu’il avoit rendus à la république, les cruelles.of-
fenfes qu’il avoit reçues , dans les temps même
qu’il faifoit triompher Rome, & trembler les .plus
fiers ennemis de l’étât, Si finit en difant qu’il vbu-
ioit réformer le gouvernement, & fe venger de
fes ennemis. L’effet fuivit cette menace ; il con-
damna à la mort quarante fénateurs ,& feize cents
chevaliers.
Il en'fit afficher les noms dans les places publiques
, avec tant de rigueur, qu’il y avoit peine
de mort contre ceux qui les fauiveroient, & des ré-
compenfes pour ceux qui les découvriroient.
A ces premières tables de profeription au nombre
de feize cents trente - deux, on en vit paroître
d’autres, dont le nombre monta à quatre mille fept
cents.
Le fénat Si le peuple eurent cette lâcheté d’élever
à ce tyran, une ftatue équeftre, près de la
tribune des harangues, pour flatter fa vanité & fon
ambition , avec cette infçription : Lucius Cornélius
Sylla, Félix Jmperatcr.
Il fupprimaria dignité & le pouvoir des .tribuns
du peuple . Si par un décret, fe fit nommer dictateur
perpétuel, avec pouvoir de faire .mourir
quiconque s’oppoferoit à fes ordonnances & à fes
volontés, d’envoyer des colonies où bon lui fem-
bleroit' Si qu’il le jugeroit à propos pour la gfoire
& le bien de l’état.
Sylla vouloitfûpprimer auflîle confulat ; cependant
il permit qu’on fît. des confuls qui releveroient
du di&ateur.
673. Offella, qui l’a voit fi bien fervi, ayant
brigué fe confulat avant que d’avoir été prêteur du
quèfteûr, félon la loi fie Sylla, frit tué par fon ordre!
Il créa oent fénateurs dé Perdre des chevaliers
pour rétablir le fénat dans fa dignité.
Dans fon triomphe , qui fut un des plus magnifiques
, on vit lès fénateurs, qui s’étoient réfugiés
auprès de lui pour éviter la perfécution de
Marius , fuivre à pied fon char, qui l’appeloient
leur faiiyeur, & le montroient au peuple comme
le reftaurateur de l’état.
674. Sy lla, qui s’étoit nommé conful, fe dépouilla
de fa dictature, abandonna la yille de Rome ‘
fe retira dans une màifon de plaifance qu’il avoit
près , de Cumes , remit le fénat dans fon entière
dignité, Si y mourut d’une mort plus douce que ne
méritoit une vie chargée de tant de crimes, en 676.
Son corps fut porté à Rome, malgré les op-
pofîtions du conful Lépidus : la pompe de fes funérailles
fut fuperbe, fon oraifpn funèbre fut magnifique;
il fut élevé au-deflùs des plus grands hommes
; deux veys furent mis fur fon tombeau, dont le
fens étoit que jamais perfonne n’avoit fait tant de
bien à fes amis Si tant de mal à fes ennemis.
En huit ans que durèrent les guerres civiles
il périt cent mille Romains, plus de trois cents mille
des alliés , quatre-vingt-dix fénateurs , quinze capitaines
confulaires , fept préteurs; plus de fôixante
inagiftrats &, plus de fix mille çnevaliers. ^
Pompée ,' comme nous avons dit , fit couper
la tête à Carbon en Sicile , & l’envoya à Rome.
Pompée pafla enfuite en Afrique , y défit Do -
mitius , un des proicrits , lui tua .quatorze rnille
hoiiipues..pômitius frit'tué. Si fa tète frit portée à
Sylla : lés villes révoltées fe mirent fous l’obéiflance.'
Myarbu?, roi de Numidiefut défait par Pompée
il le priva du trône, Si rnit Hyempfal en fa place.
Sylla étonné de la..rapidité des conquêtes dé
ce jeune conquérant qui en fept femaines avoit exécuté,
tant de chofès, lui donna le nom fie grandi
Sylla en faifoit une fi granfié eftime, qu’il étoit le
feul dans la ville ■ de Rome, pour lequel il fe levât
quand il entroit, & cleyant lequel il fe découvrît.
Sylla ayant r.çfriféfié tripmphe à Pompée
parce qu’il étoit frop . je u n e q u ’ir.n’étoit encore
que de l’ordre déschevaliçrs, & qu’il n’ayoitpaflè
par aucune grande charge , Pompée -fe tournant
vers quelqu’un de fes amis, dit aflez haut pour
être entendu, que le Jolul levant avoit plus d'adorateurs
que . le couchant. Sylla frit fi furpris & en même
temps fi ravi de .cette 'harfiieflè, qu’il s’écrn : qu'il
triompherai^il triomphe je ~jiï m'y. dpooje pluj i
675» Ciaudius Pulcher fut en Macédo.ine pour