
de munitions, ils le rendirent à Scipion, qui leur
accorda la v ie , à la réferve des transfuges.
Il en fortit'trois mille hommes & vingt-cinq mille
femmes, qui furent vendues ; les nobles furent
réfer vés pour' le triomphe.
Les transfuges, qui étoient au nombre de neuf
cents, voyant qu’il n’y ayoit point de grâce pour
eux , mirent le feu dans le temple d’Efeulape, où
ils s’étoient enfermés.
La femme d’Afdrubal, plus courageufe que fon
mari, qui s’étoit rendu aux Romains, fe préfenta
dans une galerie, d’où elle donna mille louanges
à.Scipion , accabla fon mari de reproches, égorgea
deux de fes enfans , en jeta les corps.aux pieds
de la muraille, & fe précipita dans les flammes,
avec tous les transfuge«*
• On mit le. feu dans itous; les quartiers de la ville ;
l’embrafement dura dix-fept jours,; les murailles,
furent rafées jufques au fondemens.
, Scipion retourna à Rome, où il fut reçu avec
des applaudiffemens & une joie univerfelle ; les
> triomphes', les divertiflemens., les facrifices, les
prières durèrent quatre jours.
On envoya des commiflaires pour difpofer de ce
grand état, & récômpenfer les alliés des Romains.
Ainfi finit ; cette grande république , qui avpit
dure fix cents foixante-fept ans , & qui avoit dif-
puté à Rome l’empiré de l’univers.
Pour ne point interrompre la troifième guerre
punique, nous n’avons point parlé de la troifième
guerre.de Macédoine, en 606. Andrifcus, un im-
pofteur, aygit éu la hardieffe de fe faire palier pour
•Philippe, fils dé Perfée; comme on haïffoit la domination.
étrangère j il fut reconnu roi : il gagna une
bataille contre le proçonful P. Juventius , qui y.
fut tué ; le, proçonful Metellus le défit, vingt-cinq
mille Macédoniens reftèrent furie champ de bataille;
Andrifcus fut pris, mené en triomphe à Rome,
& mis dans un" cachot, ■ où il fut étranglé.
• 608. Le fénat ayant ordonné que les Corinthiens,
les Lacédémoniens, les. Argiens; & les Qrçoméniens
lèroient féparés des Açhaïens ; ces, derniers peuples,
entrèrent dans une fi grande foreur, qu’ils mafla-
çrèrent tous .les.; Lacédémoniens qu’ils trouvèrent
dans leur ville.
Le confiil Mummius, qui fut envoyé pour punir
cette infra&ion, défit Dieus,. général des Açhaïens,
tailla fon. armee en pièces, qui étoit d’environ .dix—
fept mille hommes: il fe fauva dans Mégalopolis
avec peu de cavalerie.
, Le conful fe. préfenta devant Corinthe , dont il
trouva les. portes ouvertes, fit main-baie fur tout
ce qui s’y trouva en armes, donna la ville au
pillage, fit emporter tout ce qu’il y avoit de plus
précieux, réduifit la ville en cendres. Le cuivre de
Corinthe, qui fut fi çfiimé dans la fuite, vint de
la fonte des fia tues d’o r , d’argent & de: cuivré qui
le mêlèrent daijsi’emb?afement; de: la ville.
La Grèce.perdit fa liberté.,.futmifefous le joug,
©6 deyint provincp romain®,- 0
^.609. Yiriatus, grand homme de guerre, fe mit à la
tete des Lufitanièns, pour les venger des cruautés du
proçonful Galba, qu’il défit, & lui tua neuf mille
hommes dans une embufeade où il le fit tomber.
Viriatus remporta deux viétoires fur le proçonful
C. Plautius, & lui tua, dans ces deux occafions,
quatorze mille hommes.
610. Scipion repréfenta au fénat qu’aucun des
deu^ eonfuls ne deyoit aller en Efpagne, l’un étant
tr9P pauvre, l’autre trop avare ; que les concuflions ,
de Galba aVoient été caufe de la révolte.
Le fénat nomma proçonful d’Efpagne, Fabius
Maximus Epiilianus. Il préfenta la bataille à Viriatus,
qui fut. entièrement défait ; il ne fe . fauva qu’avec
une efeorte de deux cents chevaux chez les Celti-
beriens, qu’il fit révolter.
6 n . Viriatus. pénétra dans la haute Hifpanie;
Quintius, qui en étoit gouverneur, lui préfenta
la bataille. Viriatus. fut défait dans le premier
combat; il s’en donna un fécond, dans lequel les
Romains, furent vaincus. Il attaqua leur camp : la
nuit fauva les Romains.
Fabius afliégea Erifante, dont Viriatus le contraignit
de lever le fiége après une grande perte,
& combla les tranchées. Viriatus pourfuivit Fabius^
1 l’enferma : Viriatus.lui ayaut fait des proportions
de paix , le procpnful les accepta par néceflîté.
Par le traité, Viriatus fut déclaré ami du peuple
! romain. On lui permit de jouir en fureté de ce
qu’il poffédpit en Efpagne.
Ce traité choquant la , grandeur romaine, on ^ ÿ
envoya Cepion en qualité de préteur^ Il gagna
quelques,traîtres, qui aflaffinèrçnt Viriatus iôrfqifil
dormoit.
612. Les Numantins ayant • envoyé des ambaf-
fadeurs à Q . Metellus Macedonicus , 1e prier de
traiter un peu plus humainement les Segidains, leurs
amis & alliés du peuple romain, il prit leur demande
en mauvaife part, & commanda aux Numantins
de mettre les :arme$ bas-. Mïmaaotins fe croyant
pfFenfés;, les prirent avec chaleur.
Numance étoit fituée fur une hauteur, dans une
île formée par lés eaux, du Durius, &> d’une;
autre petite rivière ; elle é.toit fans murailles, fans
tours & fans remparts; fa fituation naturelle faifoit
toute fa force. Elle n’avoit que fix mille habitans,
commandés par Magmas, illuftre capitaine, qui
en étoit gouverneur. Metellus l’afliégëa inutilement;
après y avoir perdu beaucoup de fojdats, il fut
contraint de lever le liège.
613. fPompeus Rufos, avec une armée de trente
mille hommes de pied & de deux mille chevaux ,
attaqua les .Numantins; après une perte de plus de
quinze mille hommes, il fot obligé de lever, honten- ■
fement le fiège, ne pouvant réfifter aux vigoureufes.
forties que faifoit Maguras, qui coçibloit fes travail^
& brûloit fes machines.
615. Maguras défit Popilius & le contraignit
de fe retirer-ayant comblé fe$ tranchées & I93
travaux des Romains.
6 16. On continua Popilius en qualité de pro-
conful. Il afliégea une fécondé fois Numance ; mais
il fut toujours battu.
.. ^es eonfuls fuivans furent Emilius Lepidus Por-
çina , C. Hoftilius Mancinys.
617. Hofiilius Mancinus fut plus maltraité que
les autres ; il combattit quatre fois contre les Numantins,
, & il fut quatre fois, vaincu. Dans le dernier
combat, qu’il donna malgré les augures & les auf-
pices‘, il fut pourfoivi dans un défilé où les Numantins,
s’ils avoient voulu, auraient fait paflèr
le conful & fes foldats fous le joug. Pour fe tirer
d un fi mauvais pas, il fit une paix fi honteufe,
qu’il rendit les armes & les drapeaux, fit un traité
fi défavantageux, que le fénat l’envoya pieds &
mains liés aux Numantins , & fot conduit aux
portes de leur ville en cet état,: Les Numantins
refufant de le recevoir, les chofes demeurèrent
comme elles étoient auparavant.
618. Emilius Lepidus remplit la place d’Hoftilius
Mancinus. Il fut- battu, fon camp forcé, & fon
bagage pris.
Scipion fot élu à la place de Calpurnius.
619. Calpurnius P ifo , qui fuccéda à Emilius
Lepidus, n’ofa fe préfenter devant Numance; fa
lâcheté fut caufe qu’il fot dépofledé.
Scipion fot élu extraordinairement conful.
Eunus, Cléon & Anthénion , qui étoient trois
efclaves, firent foulever tous les efclaves de Sicile :
en un mois de temps* ils fe trouvèrent à la tête
de trente mille hommes, & quelque temps après
ff s’en trouva plus de foixante-dix mille: on ne
peut concevoir leur fureur , leurs oeaflacres & leurs
incendies ; il y eut plus de fapg répandu que dans 1
quelque guerre que ce fut.
Ces efclaves défirent quatre armées prétoriennes,
commandées par Manlius, Lentulus, Pifo & Ypfcus.
Quintius Metellus &. Cornélius Cepion en tuèrent
cinq mille, & quatre cents qui forent pris & mis en
croix.
Calpurnius Pifon en tua huit mille', P. Rupiliùs
en fit mourir vingt^deux. mille, Perpenna acheva
de les exterminer près du mont Etna.
620; M. Cornélius Scipion Emilius. rétablit le
bon ordre dans l’armée d’Efpagne, & congédia
plus de deux mille courtifans. Jugurtha , petit-fils
de Maflinifia, lui amena de bonnes troupes & douze
éléphans. Il enferma la ville dans une ligne de
circonvallation de douze pieds de largeur & de
vingt-deux de profondeur, défendue par de fortes
redoutes , (liftantes -de cent vingt pas, fil planter
de gros madriers au-dellus & au-defloiis de la rivière,
pour empêcher les barques d’entrer dans la ville.
Il divifa fon année en trois corps, un de trente
mille hommes pour la garde des lignes cle çircon-
vallation , un autre de vingt mille pour combattre
oubefoin feroit, & le troifième de dix mille-hommes
pour les foutenir.
Les aftiégés fatiguèrent beaucoup les Romains
«lans leurs travaux, par leurs foivies. fréquentes.
Les foldats- bien difeiplinés & bien conduits '
ofèrent attendre de pied ferme les Numantins ; on
vit ce qu’on n’auroit pu croire. Ces peuples, fi
redoutables auparavant, tournèrent le dos à leurs
ennemis.
Les Numantins fe voyant ferrés de fi près, voulurent.
fe rendre ; mais comme on ne voulut les
recevoir qu’à diferétion, ils aimèrent mieux fouffrir
les dernières extrémités, que d’accepter des conditions
fi dures.
( Scipion ayant découvert que les ennemis avoient
réfolu de combattre & de mourir en défefpérés,
fit faire une tranchée & leur ôta le pafîage. On
leur refofa de .mourir en vaillans hommes; ifs firent
des efforts incroyables dans une fortie où ils furent
repouffés & réduits dans la dernière extrémité. Ils
mangèrent les corps de leurs compagnons qui y
avoieyt été tués.
1 Pour dernière réfolution ils avoient deffejn de
faire une fortie & de s’enfuir for leurs chevaux;
les. femmes en ayant coupé les fangles par un
amour extrême, hors de faifon , leur en ôtèrent les
moyens ; ils tuèrent leurs femmes, leurs enfans, iis
fe tuèrent, après avoir mis le feu dans leurs maifons •
il ne refta pas un feul citoyen qu’on pût mener en
triomphe : le triomphe de Scipion fu6 de Nomine.
Ainfi finit le fiège de Numance, qui avoit duré
neuf ans.
621. Tiberius Graccus, tribun du peuple, renou- -
vella la loi agraire, par laquelle il étoit défendu à
quelque personne que ce fû t, de pofféder plus de
cinq cents arpens de terre : on ne fait s'il le fit ou
par’ vengeance ou pour le bien publie. Les patrices
& les riches mirent dans leurs intérêts Ooravius
collègue de Graccus, qui en poffédoit plus de deux
mille. Graccus fit ’dépofer Oelavius ; on nomma
des commiflaires pour faire exécuter la loi.
Attalus, roi de Pergame, mourut dans ce temps- *
là. Il avoit laiffé les Romains héritiers de fon ■
royaume. Le fénat voulant envoyer des commif-
fairés pqur régler les affaires de cet état, le tribun
prétendit que la direction en appartenoit au peuple;
cette prétention rendit Graccus odieux au fénat & à
la nobleffe; il voulut introduire de nouvelles loix
pour plaire au peuple, & placer dans le fénat
autant de chevaliers qu’il y avoit de fénateurs. Le
peuple fut affemblé dans le temple de la Foi • le
conful fe leva pour tuer Tibérius , l’accufant d’af-
pirrr à la tyrannie; comme il fe fauvoit, il tomba
fur r.efcali'er : il fot tué à coups d’efeabeaux avec
plus de trois cents de fes partifans , dont les corps
furent jetés dans le Tibre.
Scipion l’Africain , qui avoit rendu de fi grands
fervices à l’état, fut trouvé mort dans fon lit où l’on
croit qu’il ayoit été étranglé par quelques-uns de
fes domeftiques, gagnés par fes ennemis.
222. Ariftonicus, qu’on croit up impofteur, fe
difoit fils ti’Attalus ,.ou, félon d’autres, d’Euniènes
frère aîné'4’Attalus ? s’empara du royaiyne de Pergame,
' ' *