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de ces t a b le t te s à peu près comme ceux qui ,
tirent chez nous les billets de loterie hors de la
roue. Mais au moins avec ceux-ci a-t-on quelque
chcfe d’affuré.d’après le billet .qu’ils amènent, au
lieu qu’à Prénefle, il n’y avoit de certain que
l ’erreur dans laquelle on reftoit. Un miniflre, appelé
Sorùelgus, faifoit la le ôure, & fans doute
l’interprétation de la petite rabletre. Cette inquiétude
fur l’avenir p & l’üne des premières foibleffes
rie l’humanité, avoit, depuis la fondation de ce
t;mple, amené un grand concours de monde à
Prénefle, & procuré une quantité prodigieufe-de
riches préfens au temple. Aufli le | philofopfce
Carncades, député à Rome pour plaider en faveur
des Athéniens condamnera une amende
de 500 taie n s , après le pillage de la ville d’O-
rope, ayant eu occafion de voir ce temple, dit
en riant, quïl n a v o i t v u nulle part la fortune au f l
fortunée. Cependant cette crédulité folle devint avec
le temps beaucoup moins générale , fi l’on en croit
Cicéron : la beauté 8ç l’ancienneté de Prénejle
lui donnoient bien' plus de célébrité , que les forts,
n Qui, dit-il,de nos magiflrats ou des perfonnages
•» dillingnés, va préfentement interroger ces forts »?
Quoique cela put être vrai généralement, & dût
l ’étre chez les bons efpriis , cependant on trouve
encore les noms de plufieurs romains diflingués
p a r leurs places, qui y firent des voeux à la Fortune
; & Suétone , qui y etoit fort crédule apparemment,
rapporte que Tibère, voulant empêcher
le cours de ces fortes de prédirions , fit
rapporter à Rome le petit coffre où- étoient ces
tablettes: il avoir, été bien fçellè avant le tranf-
port i cependant oh n’y trouva rien en l'ouvrant-en
prcrfence de l’empereur. Mais lorfqu’on l’eut rapporté
dans le temple, les tablettes s’y retrouvèrent.
f Les modernes érit agité quelques qûeftions concernant
le temple, foit concernant fon antiquité
foit relativement à fa pofition. Je ne parlerai ici_
que de l’opinion de ceux qui croyoient devoir
en attribuer la fondation à Sylla.- qu’afin de répondre
en d.eux raots , qu’il devoit l’avoir précédé
de beaucoup, pûifquë Poflhumms .Albinos, plus
ancien que Sylla d’un fiècle, y alla, félon Tite-
j v e l offrir des voeux à la Fortune ( t ) ; que dès
le temps des guerres puniques, il en èft parlé même
dans la première. Le conful Lutatius vouloir aller,
confulter les forts de Prenefte ; le fenat s’y oppofa,
lui alléguant que Rome ne devoir fe conduire que
par fes propres aufpices. Quant à fa fituation,
(ï) Te puis ajouter ici comme un trait curieux à feçuêil-
lir' qn’ayant été mal reçu ou du moins peu remarqué
des’ azreftes Préneftins, il s’en vengea étant devenu
conful, en leur annonçant] un fécond voyage , & en
ies forçant de le défrayer de tout ce qui etoit a 1 ufage
de fa maifon auffi bien que des voitures de la route.
Depuis cette innovation dans la conduite des magu-
trais ils ne manquèrent pas de fe faire défrayer
«ar les villes ou par les provinces dans Idfquelles ils
deyoiept fe rendre.
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quelques antiquaires ont cru qu'il avoit occupé
tout i’emplacemeut où fe trouve aujourd’hui *Pa-
leftrine. C ’étoit réunir en un feul plufieurs bâtimens
qui avoient été très-féparés. M. l’abbé Çhaupy *
qui a examiné bien attentivement ces ruines fur les
lieux, penie qu’il y eut deux temples, fitués chacun
à l’endroit ou fe voient les principales ruines.
L’un, étoit au haut de la ville, fur les débris duquel
a été conffruit le château du prince de Palef-
trine, ou palai baronnal.
Il penfe que ce temple eft celui dont Cicéron
attribue la. fondation à un certain Numerius.Suf-
fetius , Preneffin distingué quf, avoit eu des fonges
myflérieux. Ce lieu étoit honoré par les mères ,
à caufe d’un Jupiter enfant'repréfenté avec la petite
Junon fa foeur, fur le fein de la Fortune, & cherchant
a la tetter. Ce temple doit être le premier-,
félon .l’auteur cité. Il s’appuie du. texte même
de Cicéron, qui, continuant fon récit ajoute : « Dans
» le même temps, au lieu où ce temple de la
» Fortune eft aéhiellement fi tué, un olivier laifia
» couler du miel ». En effet le premier de ces
temples, félon le texte , étoit fur lin roc , & eft ou
fe trouve le palais baronnal ; le fécond étoit dans
l’endroit où peut croître un olivier ; c’eff où l’on
a trouvé un grand nombre de ruines. La fameufe
mofaique , dont je dirai deux mots fit partie de
ces dernières ruines , puifqu’on la vit d’abord , &
du temps de M. de Cecconi, à la lueur des flambeaux
, à fa place primitive y dans la partie des
ruines du temple dont on a fait, le cellier d’un
féminairè. Quelques antiquaires & le favantabbé
Baihélemy paroiffent avoir préfumé que les ruines
d’en haut & celles d’en bas , étoient celles cl’im.
même temple. Mais cette diftance eft d’un mille ;
ce qui fuppoferoit une étendue prodigieufe. DJf illeurs,
dans les ruines d’en haut, M. l’abbé Çhaupy,
a trouvé les traces de deux m tiraillas qui foute-
noient les deux côtés d’une rue placée entre ces
deux temples.
Quanta la mofaïque qui a été deffinée & gravée
plufieurs fois , on en peut voir une gravure trè$-
exaéle dans le trentième volume des Mémoires
de l’académie des belles- lettres. Lé defiin çn
fut, fourni à M. l’abbé Baihélemy, par M. le
chevalier de Caylus1. Plufieurs favans en avoient
donné -des.explications, mais en général on croyo-it
que la'(cène qu’il offroit n’étoit qu’une allégorie*
Le cardinal de Polignac y reconnut l’Egypte ; mais
il y voyoit Alexandre recevant une fê te , après
la conquête de ce pays. Quelques autres depuis ,
& M. l’abbé Çhaupy , n’y voient qu’une fête fur
le N i l , par laquelle on célèbre la crue du Nil &
l’abondance qui en eft la fuite. M. l’abbé Barthélémy
croit y voir une fête donnée en 'l’honneur
de l’empereur Adrien, lors de fon voyage çti
Egypte. Si ces preuves • qu’il en apporte ne font
pas abfolument concluantes, du moins font-ell£&
très-fpécieufçs.
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Un autre monument indiqué par Strabon , 8c
qui fubfifte encore aéluellemenr, ce font les fou-
terreins très-étendus / retrouvés d’après lui. Il y
en a plufieurs dont la destination n a pu changer:
ils fervent encore à conduire de l’eau à Paleftrine.
Les autres font abandonnés 8c ne font peut-être
pas tous connus. Il a une vingtaine d’années qu’un
jeune homme étant entré fous la montagne, vers
la Madonna villa , où étoit le forum de Prénefle ,
continua un chemin allez long, à l’aide d’un flambeau
, & fut fortir par les caves de la ville Pe-
trini , dans la campagne, où fa préfence & falvoix
câufèrent le plus grand effroi à une jardinière.
Comme cette -ville étoit forte par fa fituation
& par fes murailles, dès qu’un homme puiffant
à Rome fongeoit à fe mettre en défenfe, il tâ-
choit de fe rendre maître de Prénefle. C ’avait
été le deffein de Catilina , 8c Cicéron le lui reproche.
Fulvie , femme d’Antoine, s’y retira avec
fuecès', puifqu’elle obligea Augufte à entrer en accommodement.
Cette ville étoit d’ailleurs ornée de
plufieurs grands , édifices 8c de beaucoup de fiâmes.
Lorfque Cincinnatus s’empara de cette ville ,
il y en avoit huit autres dans fa dépendance.
Mais elles ne nous font pas connues. Prénefle avoit
confervéles lo ix , & .en, quelque forte fon indépendance
jufqu’au temps de Sylla. Ayant pris
parti pour Marius, elle fut attaquée 8c enfin prife par
ce romain cruel , qui fit périr iifte partie des ha-
bitans , & y envoya une colonie. Mais elle redemanda
& obtint de l’empereur Tibère, qui avoit
recouvré la fauté dans'un château que les empereurs
avoient pris de fes murs, le droit de redevenir
municipale.
Les Romains qui, dans leurs comédies, comme
on. le voit dans Plaute , fe moquoient de la
rufticité des Préneflins, furent, eu plufieurs occasions
, forcés de rendre juflice â leur grand courage :
cinq cens d’encre eux,firent la plus belle défenfe à ,
Çajilinum , après ïa perte delà bataille de Cannes,
8c y ^apportèrent la plus cruelle famine. Ces
mêmes héros eurent la noble fierté de refuferle titre
de citoyens romains, prétendant que celui de
Préneflins les honoroit autant. Je ne rapporterai plus
qu’un trait. Dans le maffacre qu’y fit faire Sylla ,
dit Plutarque, il offrit la vie à un Préneflin , avec
lequel il étoit lié par les droits de l’hofpiialité : celui-
ci lui répondit qu’il ne vouioit pas d’une vie qu’il
devroic au bourreau de Tes concitoyens.
PRÆNESTINA-VIA, nom d’une route de l’Ialie.
Selon Capitolin , elle prenoit de Rome à la ville
de Prenefle , qui lui donnoit fon nom.
PRÆNETUM , ville de l’Afie mineure , dans
la Bithynie, félon Cédrène.
PRÆPENNISSUS, ville de l ’A fie jj dans l’inteneur
de la grande Phrygie, entre JlydJa 8c
Pergamus, félon Ptoleméè.
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PRÆPESINTHUS ou Pre p e s in th u s , île de
la mer Egée , 8>c l’une des Cyclades, félon Pline
& Strabon.
PRÆPETEM-PORTUM , nom d’un port de
l’Italie, dans le voifinage de Briridifi, félon Q .
Ennius , cité par Aülu-Gèle.
PRÆSENTIA , nom d’une ville de l’Egypte,
félon la notice des dignités de l’empire.
PRÆSICI, peuples fitués fur la côte fepten-*
trionâle de l’Hifpanie.
PRÆSIDIUM, lieu de l’île de Corfe, fur la
route de Mariana à Platca, félon l’itinéraire d’Air-
tonin.
N. B. Ce mot fignifiant en latin une fortereffe,*
un lieu de défenfe , il n’eft pas étonnant qu’il fe
retrouve ' en plufieurs endroits : le befoin le«
avoit multipliés.
P ræ s id iu m , lieu delaPalefline, félon la notice
des dignités de l’empire.
Præ s id ium , fortereffe de l’Hifp*nie citérieure ^
à l’efl de Tyde, chez les Callaïques.
Dans l’itinéraire d’Antonin , elle efl' marquée
fur la route de Bracara à Àflurica.
Præ s id iu m , ville de l’Hifpanie, fur la route de
l’embouchure du fleuve Ana 8c Emerita , félon
l’itinéraire d’Antonin.
PïIÆS-id ium , ville épifcopale de l’A frique,
dans la Byzacène, félon les aâes de la conférence
de Carthage.
Præ s id iu m Ju l iu m . Scalabis, ville de Lufitanie,
fut colonie romaine, fous le titre de Prafidium Ju*
lium\
PRÆSII, peuples de l ’île de C rète, félon
Athénée, cité par Ortélius. Ce dernier foupçonne
que ce font les habitans de la ville de Proejos
PRÆSUS ou Pr æ s o s , ville de l’île de Crète,
félon Etienne de Byfance. Strabon dit que c’étoit
une ville des Etéocrètes. Elle devoit être dans
la partie orientale de la côte méridionale.
PRÆSTI,- c’étoir le nom d’un peuple de l’Inde,
Telon Quinte-Curfe.
PRÆTETIA,nom d’une contrée au voifinage
de la mer Adriatique, félon Etienne de B y fance.
PRÆ TO R IA , village de la Sicile, dans le-
voifinage d'Agrigentum’, félon Sirnéon le Méta-,
phrafle.
PRÆTORIA-AUGUSTA ; nom d’une ville
de la’ Dacie, dans le livre de Ptolemée, elle eft
marquée entre Salinee 8c Sandana.
PRÆTORIA DES , ville de, l’A fie, dans la
Cilicie, félon le Sirnéon le Métaphrafte.
PRÆTORIUM. Ou peut croire que le bâtiment
appelé Prétoire étoit defliné au logement'
du préfet du Préroire, commandant des troupes.
Il y avoit de ces bâtimens qui étoietu magnifiques.
Pr æ t o r i v m , dans la Gaule, fur la roms