
laquelle 11 y avoit des glands & foixante-dîx
fonnettes. Il portoic de plus l’éphod, où il y avoir
deux pierres précieufés, une .fur chaque épaule :
celle du côté droit portoit les noms des lix premiers
fils de Jacob ; celle du côté gauche portoit
les noms des fix autres fils de ce patriarche. Il
avoit fur la poitrine le rational, où étoient les mots
Ur'un & Thurnin, c’efi - à - dire , lumière & perfection.
A fa tiare étoit une lame d’or , où étoient
ces mots Chodefc Jehova, c’efi à-dire, le faint des
faints.
Les Lévites étoient partagés en quatre grandes
familles, comme je l'ai dit précédemment. Leurs
fondions éprouvèrent quelques changemens. Avant
la conftrudion du temple , ils avoient particuliérement
foin du tabernacle, & le portoient fur leurs
épaules quand les Hébreux étoient en marche.
Depuis la fondation du temple, ils chantoient les
cantiques, gardoient les portes & géroient les revenus
du temple, en même temps qu’ils faiüoient
les dépenfes que fon entretien exigeoit.
Les officiers des fynagogues étoient aufli des
miniftres, puifqu’ils étoient attachés à des lieux
confacrés à des exercices de piété. Il y avoit le
préfident, le chef de la fynagogue & les chafans,
qui faifoient la le&ure : dans la fuite, il y eut un
interprète.
^ Schifmes, fe&es, doÛetirs. Quoique, pendant la
théocratie. les Hébreux fe foient plus d’une fois
laifies aller à l’idolâtrie, c’efi-à-dire , à l’obfervation
du culte extravagant des idoles, cependant on ne
trouve chez eux de fchifme qu’au temps de Salomon :
alors Jéroboam ayant fait foulever les dix tribus
contre Roboam leur fouverain légitime; voulant
élever temple contre temple , il ordonna que l’on
iroit à Pâques à Dan & à Bethel pour que perfonne
n’allât à Jémfalem.
Ce premier fchifme avoit pour principe une
infurre&ion politique. Mais dans la fuite il y en
eut deux autres , caufés par l’efprit de fanatifme.
L’un fut celui des Caréens,qui tiroient leur nom
du verbe kara, lire,, parce qu’ils rejetoient toute
efpèce de traditions, & ne S’attachoient qu’à la
lettre de l’écriture.. . . L’autre fut celui des Hellénises
, qui abandon noient le texte de l’écriture pour
ne lire que les verfions grecques.
Mais, fans faire entre elle:, de fchifmes abfolus,
il y avoit différentes fe&es qui fe conduisent
d’après les principes particuliers qu’elles s’étoient'
faits. C’étoient.. . . les Saducèens, qui tiroient leur
nom dé Sadoc, difciple d’Antigonus Sicheus, vivant
au temps d’Alexandre ; ils croyoient que l’ame
étoit mortelle ; qu’il n’y avoit ni ange ni efprit,
& -qu’il faut fervir Dieu par amour St non par
intérêt : on voit que c’étoient à-peu-près les déifies
dé nos jours.. . . Les Phar-fiens tiroient leur nom
de paras, féparer ; ils affedoient de fe féparer en
effet des autres, en fe difiinguant parleurs habits
& leur manière de vivre ; ils répondaient à ce
qu’on appelle hypocrite ,* du nvoins Jéfps-Çhrîft
| leur reproche fbuveiît ce défaut. . Dans la fuite?
il y eut les Hérodïens, qui regardoient Hérode
comme leur Meflie........ Les Héméro- Baptifles fe
baignoient tous les jours par efprit de religion...
Les Nazaréens font regardés par faint Epiphanes,
comme une fe&e : il paroît qu’ils n’étoient antres
que les premiers chrétiens.. . . Enfin les Efjenienst
qui tiroient leur nom à*Hajjidéen r faint : ils avoient
commencé fous les rois de Syrie.
Quant aux do&eurs de la lo i, que nous appelons
rabbins, Jefus-Chrift leur reproche de borner leur
etude au texte de la bible, appelée mifra, à la
connoiffance des traditions appelées mifehra, & à
la recherche des allégories appelées midras, du
verbe darafeh, fouiller. Le plus grand nombre
n étoit que des pédans.
G o u v e r n e m e n t .
Dans le gouvernement des Hébreux, je diftingu©
d’abord les loix, puis l’adminifiration civile & militaire.
Loix. On difiin gue trois époques principales où
les Hébreux reçurent leurs loix.
La première remonte à Noè. Selon les rabbins ;
il reçut de Dieu fept commandemens : i°. d’adorer
Dieu ; i de ne point profaner fon nom; ^°. de ne
pas verfer le fang humain; 40. de ne fe pas fouiller
par des a&ions impures; 50. de ne pas voler;
6e. d’établir des magiftrats pour juger; 70. de s’abf-
tenir de manger du fang.
La fécondé eft du temps d’Abraham ; ce fut la
circoncifion, pratiquée alors par d’autres peuplés.
Mais de ces loix différentes, les premières ne
font que quelques fages prohibitions; l’autre eft
une pratique qu’un préjugé bizarre avoit fait & fait
encore regarder comme néceffaire aux Orientaux ;
ainfi, ce ne font pas proprement des lo ix , comme
celles qui, depuis, furent écrites & formèrent un
code ; encore faut-il y joindre la tradition. Les loix
écrites étoient renfermées dans les deux tables que
Moyfe rapporta du mont Sinai : elles contenoient
entre elles dix loix qui ont rapport à l’amour de
Dieu & à l’amour du prochain. Sur la première table
il étoit ordonné... d’adorer Dieu.,., de ne pas faire
d’idole,... de fandifier le jour dû fabbat. Sur la
deuxième table il étoit ordonné.. .. d’honorer fon
père & fa mère.. . . de ne. pas tuer.. . . de ne pas
dérober.. . de ne pas porter de faux témoignages..
de ne fouhaiter rien que d’honnête... de ne rien
defirer qui appartînt à un autre homme. Outre
ces loix fondamentales, il y avoit celles qui étoient
contenues dans les quatre livres de l’écriture, appelés
exode , lëvitique, nombres & deutèronome.
On les divifoit en ordonnances , concédions, allégories
&Ioix pénales. Le détail de ces objets m’em-
meneroit trop loin. Je remarquerai feulement, fur
les loix pénales, que quelques-unes étoient cruelles,
quelques autres ridicules : la lapidation étoit le fup*
pliçe dçs magiçiens, des blafphémateurs, des
adultères 9
adultères, des empoifonneurs, &c, on lapidoît lin
taureau qui avoit tué un homme avec fes cornes.
Quoique le fupplice de la croix fût établi, on n en
trouve cependant que deux exemples avant Jefus-
Chrift (1). # . . .
Il y avoit auffi les eaux de jaloufie, qui étoient
moins un fupplice qu’une épreuve bizarre, mais
moins cruelle que celle du fer rouge, admife dans
des temps modernes. Le mari gui fe défioit de la
vertu de fa femme obtenoit du juge qu’elle boiroit
de cettp eau; elle étoit cenfée devoir mourir fi
elle étoit coupable ; il y avoit aufli des peines
plus légères.
La tradition, qui comprend le^ loix non écrites
dans les livres faints, ft divifent en loix orales,
parce que Moyfe -les avoit reçues de la bouche
de Dieu.. . . en cabale, d’un verbe qui fignifie aufli
recevoir; on croyoit que les vérités renfermées
dans la cabale avoient été infpirees par des moyens
extraordinaires.. . . La majjore, du verbe rtiaffor,
donner, fignifiant que .ces loix avoient été tranf-
mifes.. . . Enfin le talmuld, qui étoit l’aflemblage
de toutes les traditions; les unes venant de Jéru-
falem ; les autres, de Babylone. Il comprend,
i°. la répétition de la loi appelée mifehra ; 20. la per-
fedion de la loi nommée gemara : le talmuld ne
commença guère à paroître que vers l’an 50 de
notre ère.
Je m’arrêterai peu à l’objet de ces lo ix , qui
devoit être ou des perfonnes ou des chofes.
Les perfonnes, c’eft-à-dire, les Hébreux, con-
fidérés dans l’ordre phyfique, étoient divifés en
tribus ou familles; dans l’ordre c iv il, en hommes
libres ou en efclaves, & dans l’ordre politique, en
Juifs propres ou en profèlytes.
Les treize tribus, car j’y comprends L é v i, ren-
fermoient un plus ou moins grand nombre de familles
; celle de Lévi en avoit trois.. . . celle de
Ruben, quatre.. . celle de Simeon, fix .. . celle de
Gad, fept.. . . celle de Juda, cinq.. . . celle d'lf-
fachar, quatre.. . . celle de Zabulon, trois.. . . celle
de Manajfé, f ix .... celle d'Ephraïm, quatre........
celle de Benjamin, fix .. . . celle de Dan, un.. . .
celle de Nephtali, quatre.... & celle d'Afer, cinq.
Je ne m'arrêterai pas à l’ état des efclaves chez
les Hébreux : prefque tous les peuples de l’antiquité
ont connu cet abus du pouvoir & de la force.
Il y avoit deux clafles de profèlytes. Ceux que
l ’on appeloitprofèlytes d’habitation étoient des étrangers
établis dans la Judée, ils n’étoient aflujétis
qu’à la loi du fabbat ; les autres étoient les pro-
félytes de juflice : c’étoient des étrangers qui avoient
embraffé la loi judaïque toute entière, & qui jouif-
foient des mêmes privilèges que les Juifs.’
'(t ) D'abord , lorfque Moyfe fit crucifier ceux qui
avoient habité avec Ira filles Moabites, St avoient affifté
leurs facrifices -, puis, quand Jofué fit mettre en croix
toi de Haï.
Géographie ancienne* Tome II*
l° . Adminiflration civile b juridique. Cet article eft
fufceptible de la divifion fuivante : les chefs & les
magiflrats, les tribunaux, les jugemens.
Les chefs du peuple hébreu n’eurent pas dans
tous les temps les mêmes titres, ni le même degre
d’autorité. Tant que dura la théocratie, c’eft-à-
dire , tant que les juges gouvernèrent au nom de
Dieu, le gouvernement fut à-peu-près defpotique,
& même du defpotifme le plus abfolu. Cette forte
de gouvernement eut lieu depuis Moyfe jufqu a
Samuel. Le peuple, las à la fin d’une autorité qui
ne connoifloit pas de bornes, & fe propofant
apparemment de regarder comme moins facrés les
ordres de leurs rois, en demandèrent un & l ’obtinrent
; ce fut Saül. Les royaumes d’Ifraël & de
Juda ayant été détruits fuccefnvement, & le peuple
hébreu ayant été emmené en captivité, il y fut
fournis, pour ce qu’il pouvoit obferver de fes loix ,
à. l’autorité d’un chef particulier que l’on appela
prince. Depuis le retour de la captivité, jufques
vers le temps où des nouveaux chefs militaires
font défignés par le nom de Macchabées (2 ), les
Hébreux furent conduits par leurs grands-prêtres;
enfuité il y eut des rois de deux familles : les
premiers étoient Amorrhéens ; le premier fut
Ariftobule, le dernier Antigone, qui fut vaincu
par les Romains ; la fécondé race de ces rois eft
celle des Iduméens, commençant à Hérode-le-
Grand &' finiflant à Antipas. Le pays fut enfuite
abfolument fournis au gouvernement romain , juf-
qu’à la révolte & la difperfion de la nation.
Quant aux chefs du fécond ordre, c ’étoient j
i®. les chefs des tribus, lefquels entroient dans
le confeil général de la nation ; 20. ceux qui com-
mandoient dans chaque famille ; les tribuns com-
mandoient à ico o hqmmes ; les centurions à 100 ;
les quinquagénaires à 50; les décemvirs à 10. Il
y en avoit d’autres qui jugeqient dans les villes.
Les tribunaux étoient diftribués également partout
, car chaque ville avoit fon tribunal : on l’ap*
peloit le jugement. Il étoit compofé de trois ou de
vingt-trois juges , & c’étoitle petit fynedrin, mais,
comme on le v o it , toujours en nombre impair.
Au-deflus de ces différens tribunaux étoit le confeil
, ou lè grand fynedrin ; il avoit été établi par
Moyfe, & comprenoit foixante-onze juges. A la
tête de ce confeil étoit un préfident, compris
dans ce nombre & nommé hamalfi.
Quant à la compétence, voici, en peu de mots 9
ce que l’on en peut dire. Les affaires purement
civiles & peu confidérables étoient jugées par le
(2) Ces chefs, appelés Macchabées, commencèrent U
gouverner après les grands-prêtres. Mathatias fut le premier.
Judas , Jonathas & Simon lui fuccédèrent. Comme
ils portoient fur leurs drapeaux les quatre lettres M. C.
B. I. initiales des mots hébreux M i, Cataoca, Bacdim*
Jehova ( c’eft-à-dire, qui d’entre les forts eft femblible à
vous, ô Seigneur ) ? On fit un nom de ces quatre lettres j
& ce nom leur eft refté.
N.