
<5^4 R O M tribuns & des fénareurs , que «1« yérîteblo fujee
» de la difpute & deTanimofité c}es deux partis,
» rouloit fur ce que les nobles & le s patriciens
» pretendoient que, par t’expulfion des rois, iis
» avoient fuccédé à. leur autorité , & q,,e le
r> gouvernement deyoit être purement ariftocra-
.)• tique ; au lieu que les tribuns tâchoient, par
” de nouvelles lo ix , de le tourner en démocra-
” t,e > d’amrer toute l’autorité, dans l’aiîemblée
du peuple qu’ils gouvetnoient à leur gré. L’am-
» binon , l’intérêt: & la jalon (té animoient- ces
» difierens partis -, & faifoient craindre aux plus
” " 8 “ une nouvelle réparation, ou une guerre
, P e lcet[e crainte qui: engagea les fénateurs
a le .relâcher un peu de leurs, droits , en laiffant
1 attarre de Coriolan au jugement .du peuple. Ce
fier patricien fut donc obligé de paraître en pu-
7 . , &j,l.ui-meme, jl ..vint l'e juïtiSer devant Tes
conçi,toyJans. Les hiftoriens fe font étendus en
doléances, fur le fort de ce héros , appelé en jugement
devant ce peuple dont il avoit étendu
les poffeiiîons & qu il,avoit fait triompher. Mais
c e lt que les hiftoriens étoient entraînés pafi l’ha-
bitupe/de tout pardonner à la piiiflanceè Lorfque
Xortolan, n ayant encore que lle nom de Mar-
crns.i; eçt remporté -par Ton courage la ville de
Corroies, il en reçrt , 5 avec des récompenfes
m ilita ir e s le furnom de Coriolan : voilà donc
Ion meme qui trouve une jufte récompenfe.
Alais pourquoi biamera-t-on le peuple, de le punir
„ lorlqu’il .fis montre fon oppreffeur? Ce ne
lurent donc pas, comme le difcnt les hifioriens,
les chfcours leditieux des tribuns, qiii firent-con-
damner Coriolan , mais Te .crime dont il s’éroit
rendu coupable, en cherchant à: opnnmer le peuple.
Mais au lieu de le condamner à une amende
ou a une^ réhdence déterminée fur les terres on
Je bannir à perpétuité. Gérait une double faute’-
on fe pnvoit pour toujours des taîens d’un-guér-
ner habile,, & l’on.■ .s’expofpit au danger d’en
ennchif quelque ennemi.: C ’eft ce qui arriva.
Coriolan fe retira tranquillement de Paffemblée'
prit congé de fa mère .& de fa femme ,’ &:Torti’t
de Rome, aecompagné feulement de quelques
;aiî5is (i).
On fait qu’il fe retira chez les Volfques, revint
(1)11 eft probable que Corirtlau, prévoyant le iu-
gçment , avoit _de;à’difpofé fes. projets de vengeance
& qu û en aypn fait part-à fa- famiiie. Car fans ceki
comment ferpit-il arrive que des amis euffent feulement
accompagne ce patricienpendant que fa femme
fÉ tt mere 1 enflent l-Jiiïé aller chercher un .afyle au
rifque d être pris o: fait- efcJave par les ennemis des
Rprn^ms. Il Je peut auffi que les hiftoriens aient al
eS/VaF pQiirles embellir. -La conduite de Ço-,
nat l £ blâmabIeJ’ PVîifrru’jl eft condamné,
f f j .Je P“u?i:F» Jne. pâme ,de là nation même avoit
| l i j feys? 4 •eV,em!9roeé f | J mef£re fa
ROM
pôfter le ravage jufqu’aux portes de Rome, &
je retira enfin, vaincu parjes prières de fa mère
ot de fa femme. Mais A-rios Tullius, générai
des VoJfques, l’ayant'rendu fufpeft, il périt
dans une émeute populaire. En effet, il n’avoit
obtenu le commandement que par la confiance
infpirée par fes taîens 8c les-promefles de fervîr
k* Volfip.es de tout fon pouvoir. Il abandonne
y enfui te .leur caufe : il en eft puni; rien de f i ,
naturel. L’intérêt des voifins de Rome, 8c la 1
fuite l’a bien prouvé , étoit de' détruire cette ■
ville n ai flan te. La valeur de Coriolan , le cou-'
rage des troupes animées par fa préfence, la conf-
ternation des Romains, en oxfroîent une o c c a -,•
non qui pouvoit ne fe plus retrouver. Faut-il
chercher une autre caufe de l’indignation des
Volfques ; 8c , fànst mettre en avant , comme le
font lés hiftoriens-, la jalon fie d’Attius, il ne faut,
fans doute, que les réflexions'du peuple s’occu-\
' Pant de fes vrais intérêts. On doit regretter feulement
qu’il n’ait pas été jugé convenablement,
8c qu’il ait péri dans une émeute. Quant au
deuil que les dames romaines en portèrent pendant
dix mois , : cela étoit jufte , pinfque c’étoit
pour avoir cédé à leurs prières qu’il avoit péri. '
Le caraftère altier de Corio’an avoit caufé do
grands maux à Rome ; l’ambition de Sp. Caflius
lui fut encore; plus funefte. Il avoir battu ( ?66,
267) , les Herniques, les Volfques 8c les Eques.-
Mais voulant s’élever aux dépens des deux partis
qui divifoient lourdement la ville , il chercha l’oc-
cafion de faire éclater leyrs reffentimens , en pro-
pofant de faire exécuter la loi agraire. L’objet de
cette loi étoit d’accorder à chaque citoyen , une
portion égalé des terres conquifes fur les ennemis,
depuis l’établiflement delà république. Il n’eft pas
douteux que fi le gouvernement eut été repr®-.
fenrarif, qu’au lieu de quelques tribuns qui dé-
feqdoient le peuple, iby eut eu une aflemblée générale,
où des hommes éclairés & fsgeseuftent <jif-
cuté fes intérêts a vec impartialité : il n’eft pas douteux
,’ dis- jè , qii'e,'cè partage. h’eût eu lieu , au
moins avec des modifications qui eüffent fait le bien
général.
Mais, cette proportion fut rejettée par l?s
fénateurs qui par là fe feroient vus dépouillés
d’une g_r.au.de partie de leurs biens ; 8c par les tribuns
qui cràig-noient que1 Caflius’ ne s’attirât ainfi
toute la-:, confiance 8c l’eftime du peuple. Et puis
que l’on vienne, nous vanter le gouvernement où.
la légiflation eft hors des mains de la nation !
L affaire trama en longueur , 8c fe termina tout -
autrement que Caflius né l’avott efpéré. Dès que
fon confulat fut expiré (268) , il f it accufé par •-
les quC/leurs Cæfo Fabius ; 8c L Vdlerius . d’avoir ;v
.voiilir afurper le fouverain pouvoir dans Rome.
Si les hiftoriens ne nous trompent pas', cette accu- ■
fat ion étoit fondée. Du moins elle parut a fiez prouvée
aux yeux du peuple, qui le condama à mort.
L’opinion
R O M
L’opinion la plus générale, e’eft qu'il fût précipité
de la roche Tarpéïenne.
Il furvint enfuite quelques guerres contre les
Eques , les Volfques 8c les Veïens: les Romains
furent vainqueurs. Les tribuns profitèrent d’un
inftant de paix pour redemander la publication 8c
l’exécution de la loi agraire. Pour obliger les patriciens1
à y confentir, ils s’oppofèrent aux ie-
vées de troupes que vouloient faire les confuls ,
pour porter la guerre contre les Véïens 8c les
. Volfques. Mais l’opiniâtreté des nobles étoit égale
à la perfévérance du peuple. On fait quç les tribuns
n’avoient de pouvoir que dans la ville. Les
çonfuls recoururent aux reflources que leur »ffu-
roit cette inftitution. Ils firent trahfporter leur
tribunal dans la campagne 8c y citèrent les plébéiens
pour les enrôler. On ne peut trop admire/,
ce me ft-mble, la couduite du peuple en cette
occafion , 8c prefque toujours 8c par-tout le peuple
eft conduit par un grand fentiment de juftice,
8c refpede les loix. Car i c i , l’on ne pouvoit fe
diflimuler que les confuls n’abufaffent de la loi ,
8c ne recherchaflent à priver le peuple de fes dé-
fenfeurs. Cependant un petit nombre refufa d’o béir
; & même, l’orfqu’on eut ordonné, en punition
de cette défobéiflânee , d’abattre leurs maifons 8c
de ravager leurs métairies, perfonne'ne fe fou-
leva pour prendre leur défenfe , 8c eux-mêmes
fe fournirent aux ordres des confuls.
Les Romains firent enfuite , & pendant plufieurs
années , la guerre contre les peuples de l’Etrurie.
Ils remportèrent des vi&oires q u i, en plus d’une
occafion, leur coûtèrent beaucoup de fang. Mais,
plus les ennemis oppofoient de réfiftance , 8c plus
les Romains montroienr de .courage 8c d’opiniâtreté.
Ils furent cependant quelquefois battus ;
-mais jamais ils n’avoient reçu un échec comparable
à la défaite des Fabius.
Cette famille, compofée de 306 perfonnes de
la première nobleffe , fuivie d’un nombre d’environ
4000 , tant amis que cliens , fut taillée en
pièces par les Véïens , qui leur avoient dreffé
des embûches près du petit fleuve Cremère , coulant
de Véies dans le Tibre. Les Romains mirent
ce jour malheureux au rang des jours néfaftes ,
pendant lefquels les tribunaux étoient.fermés, 8c
l’on ne pouvoit traiter d’aucune affaire publique :
on donna le nom de fcèlera te à la porte Car-
mentale ,par laquelle ils étoient fortis. Dans la
même année , les Ètrufques s’emparèrent du Ja-
nicule: ruais l’année fuivante, ils furent entièrement
défaits par les confuls Servilius 8c Virgi-
nius.
La trqnqqillité fut troublée ( année 278 ) , an-
dedans par la, faélion qui vouloit rendre Servilius
coupable aux yeux du peuple ; 8c .au-dehors ,
par des guerres contre les Etrufques, les Véïens
8c les Sabins: mais les efforts des uns 8c des
autres furent impuiffans, Servilius fut abfous, les
ennemis furent battus.
Géographie ancienne. Tome 11.
R O M 6 6 f
L’année fui van te (2 7 9 ) , le conful Manlius
marcha contre les Véïens , & , par le ravage qu’il
fit fur leurs terres, ii| mit la famine dans leur ville.
Ils envoyèrent demander la paix : le fénat leur
accorda une trêve de 40 ans. Ils payèrent les frais
de la guerre , 8c fournirent aux troupes autant de
bled qu’elles en pourroient confommer en deux:
mois. Manlius eut l'honneur de l’ovation.
La méfintelligence qui divifoit, depuis leur éta*
bliflement, les tribuns 8c le fénat, s’augmentoit
de jour en jour. Le partage des'terres dont on
parloit fans ceffe 8c qui ne fe faifoit jamais,
donnoit lieu a des diffenfions qui fe ra ni ni oient
de rems en le ms avec une extrême violence. A
peine ces troubles furent-ils appaifes, par la perfidie
des fénateurs qui firent affafliner le tribun
Cn. Genncius dans fon lit (on répandit que fa
mort étoit une punition des dieux), que l’imprudence
des confuls y donna lieu de nouveau.
Ayant voulu faire faifir par les lifteurs
un citoyen nommé Volero , qui refufoit de s’enrôler,
le peuple prit fon parti, 8c le foutint dans
fon. refus. Des paroles on en vint aux coups;
8c, comme le peuple étoit le plus fo r t, les confuls
8c leurs partifans furent obligés de céder la
la place pour mettre leur-vie en fureté.
Comme ce citoyen avoir montré de l’audace
8c du courage, on ne manqua pas de le nommer
tribun l’année fuivante. Quoique les hiftoriens
l’aient peint défavorablement, on ne peut cependant
fe refufer à lui rendre la juftice de dire qu’il
mérita l’honneur que lui faifoit le peuple, &
qu’il juftifia fon choix Elevé à une place où il
eût pu fervir fa haine particulière contre les confuls
, dont il avoit à fe plaindre, il n’en fit rien ,
8c ne les-cita pas à fon>tribunal, pour s’en venger;
mais il attaqua l’autorité-fou vent abufive du
fénat, 8c propofa une loi félon laquelle on devait
procéder à l’éleftion des tribuns, non dans
des afîemblées par centuries, comme auparavant,
mais dans celles par tribus. La différence étoit
très-grande, ainfi que j’ai déjà eu occafion de le
dire. Lorfque l’on s’afTembloit par centuries, tout
le pouvoir étoit entre les mains des patriciens •
au lieu que les affemblées par tribus étoient
compofées de tout le peuple, tant de la ville
que de la campagne : on n’y connoiffoit point
de diftinftion de richeffes ni de dignités. On fent
bien que cette propoTiïion éprouva d’abord les
plus grandes difficultés. On en vint encore une
fois aux mains. Mais enfin le fénat, pour ménager
fon autorité, affefta une condescendance
qu’auroit dû lui infpirer la juftice, mais que l’on
ne dut qu’à fa foiblefle. Il remit l’affaire au jugement
du peuple: la loi paffa.^Année 281.)
Pendant que les efprits étoient encore échauffés
, les Eques 8c les Volfques obligèrent les
Romains à prendre les armes. Quintius, avec
l’armée qu’il avoir fous lu i , mit les ennemis en
fuite. Mats celle que commandcit Appius, homme
p p p p