
tribunal des trois juges; les affaires criminelles ,
dans lefquelles il étoit queftion de la vie d'un
homme, étoient décidées par le confeil des vingt-
trois ; enfin, les grandes affaires-étoient jugées par
le fynedrin. Mais il ne paroît pas que l’on appelât
d’un de ces confeils à l’autre.
Ordinairement les tribunaux étoient placés à la
porte des villes. 11 n’y avoit de tribunal de vingt-
trois juges que dans les villes un peu plus con-
fidérables. Le fynedrin s’affembloit dans le vefti-
bule du temple. On y pottoit quelquefois des
caufes déjà foumifes à.d’alitres tribunaux, lorfque
les juges ne s’accordoient pas
Les jugemens que l’on ne portoit qu’après un
mûr examen, fe rédigeoient en cette forme.. . .
N. . . a été condamné (ou abfous) par l’arrêt d’un
tel tribunal ; que tout le peuple l’apprenne & qu’il
craigne*
2°. L’adminiftration militaire des Hébreux n’étoit
pas confidèrable. Ce ne fut que dans les derniers
temps de leur exiftence politique , qu’ils eurent
des troupes & des officiers. Pendant long-temps,
fout homme étoit foldat, & tout tribun ou centurion
étoit officier. C ’étoient les chefs de la
nation qui les conduifoient à la guerre. Ainfi on
les Voit combattre, conduits par les juges, par
les rois , &c. Ce n’efi guère que fous les règnes
des grands-prêtres qu'ils-eurent des généraux qui
n’étoient pas les; chefs de la nation.
U s a g e s .
Je ne préfenterai ici que quelques-uns des ufages
qui diftinguent cette nation des autres nations
connues.
Naijfances. Les garçons, foit fils d’un Hébreu
libre , ou d’un efclave, dévoient être Circoncis le
huitième jo u r .... Les femmes en couches étoient
réputées impures pendant un certain nombre de
jours; fept, fi l’enfant étoit un garçon ; quatorze,
fi c ’étoit une fille.
Mariages. Quoique les Hébreux fuffent très-
attachés à l’ufage de fe marier entre eu x , il étoit
cependant permis d’époufer une femme étrangère
faite prifonnière à la guerre. Mais il falloir auparavant
la dépouiller des habits qu’elle avoit alors,
& lui couper les cheveux. Les filles étoient obligées
d’époufer un homme de leur tribu. Lorfqu’un
homme étoit mort fans enfans, fon frère devoit
époufer la veuve 8t foutenir la famille, du défunt.
S'il cherchoit à fe difpenfer de cette obligation , la
femme le citoit devant le juge ; elle lui ôtoit fes
fouliers & lui crachoir au vifage.. . . * Un mari
pouvoir répudier fa femme & lui donner la liberté
de fe marier à un autre. Mais après l’avoir répudiée
, il ne pouvoit plus la reprendre.........Une
femme convaincue d’adultère étoit lapidée : celle
qui n’en étoit que foupçonnée s’en juftifioit en
réfiftant à l’épreuve de l’eau de jaloufie,. . . Il y
avoit des degrés de confanguinitè qui empêchoient les mariages.
Vêtemens. Les Hébreux portoient de longues
robes. Il ne falloir pas en porter qui fuffent moitié
lin & moitié laine.. . Un homme ne pouvoit pas,
fans pécher, fe vêtir des habits d’une femme, non
plus qu’une femme fe vêtir des habits d’un homme*
On mettoit des frangés aux quatre coins des manteaux.
Màifons. Les maifons étoient peu confidérables, &
en terraffes pardeffus. Mais il falloit que cette ter-
rafle eût un rebord ouvert en crénanx. Celui qui
bâtiffort une maifbn ou qui en avoit une de bâtie,
étoit difpenfé d’aller à la guerre jufqu’à ce que
cette maifon fut habitée.
Nourritures. On ne pouvoit manger d’aucun
animal qu'il n’eût le pied fourchu, excepté le porc ,
qui étoit extrêmement défendu. On ne mangeoit
que des .poiffons à écailles. On ne mangeoit aucun
oifeau de proie ni rien de ce qui rampe, non plus
^,ue /ano- Il n’étoit pas permis de fe fervir
d un vaie qu’il n’eût fon couvercle. Les jours de
jeûne, on s’abftenoit de toutes fortes de viandes.
Autres ufages. Après cinquante ans révolus, le
bien qui avoit été vendu devoit revenir à fon
maître. Il n’étoit pas permis de femer dans un
même champ des graines de différentes fortes. On
laiffoit des grains dans les champs & du raifin
dans les vignes ppur les pauvres qui .venoient en-
fuite y glaner........Les voyageurs avoient le privilège
de prendre, en paffant, du raifin ou d’autres
fruits., pourvu que ce fût pour le manger en continuant
leur route. On ne recueilloit les fruits des
arbres que trois ans après les avoir plantés.. . . . .
Il étoit défendu de faire cuire un chevreau dans
le lait de fa mère, & c ..........Us affeéloient une
grande douleur aux funérailles, & l’on payoit des
femmes pour y pleurer : affez généralement on
embaumoit les corps des gens riches ; les autres
étoient enterrés dans une folTe. Mais on ne pouvoit
toucher un mort fans fe fouiller.
Divijions du temps. i° . Le jour. Il y avoit chez
les Hébreux trois fortes de jours.. . .
L„e jour naturel, qui étoit le temps de la révolution
de la terre fous le méridien : il commençoit
a minuit & avoit vingt-quatre heures....
Le jour civil, qui commençoit au coucher du
foleil, & duroit vingt-quatre heures ; il étoit partagé
en deux fois douze heures , qui formoit un
jour de douze heures & une nuit de douze heures i
le jour de douze heures étoit partagé en quatre
parties appelées heures.
Heure. La première comprenoit le temps qui
s’écoule chez nous depuis le lever du foleil jufqu’à
neutf la fécondé partie fe nommoit la troifième
heure, & répondant au tèmps qui -s’écoule depuis
neuf heures jufqu’à midi ; la troifième partie fe
nommoit la-Jixi'eme heure, & s’étendoit de midi
à trois heures» *. , . » Enfin la quatrième
«aftie étoit la neuvième heure, & s’étendoit juf-
Su’à fix heures.
1 La nuit étoit partagée en quatre veillee«.
Le jour légal le comptoit d’une vêpres à l’autre,
& étoit de deux fortes; le premier quand le foleil
baiffoit ; le fécond, quand la nuit commençoit.
Semaines. Il y avoit trois fortes de femaines,
la femaine de fept jours, qui fe comptoient d’un
fabbat à l’autre fabbat, c’eft-à-dire, d’un famedi au
faijiedi fuivant.. . . 2°. La femaine de fept ans , qui
commençoit à l’équinoxe (lu printemps... |jj| La
femaine de fept fois fept ans, ou-de quarante-neuf
ans : la cinquantième étoit le jubilé.
Mois. Le mois étoit lunaire. 11 commençoit lorfque
la lune étoit nouvelle : on appeloit ce commencement
néoménie. Mais il faut remarquer que leur
ignorance, au temps de cette inftitution, ne leur
permit pas de partir du point où la lune, appelée
alors nouvelle, eft en conjon&ion avec le foleil ;
& , par conséquent, de fixer la nouvelle lune à
cet inftant : c’étoit du moment qu’un homme,
placé fur une hauteur, pouvoit l’appercevoir. Mais
comme entre deux conjonftions il n’y a que vingt-
neuf jours & demi, leurs mois étoient alternativement
de vingt-neuf & de trente jours : ce qui
donnoit une année lunaire, pareille à celle des
Arabes de nos jours, comprenant trois cens cinquante
quatre jours, ç’eft-à-dire, onze jours moins
que la nôtre. Mais comme la religion les attachoit
à certaines cérémonies qui avoient Heu à l’équinoxe
du printemps, de trois ans en trois ans, on infé-
roit un treizième mois, qui fe nommoit veadar ou
le fécond adar; & , comme ces trente-fept mois
lunaires répondent à trente-fix mois folaires, l’année
lunaire répondoit alors à l'année folaire.
Voici les poms d» leurs mois.
Tifri ( i ) . - .............................. 30 jours.
Marhefvan................................... 29*
Kifieu. ...................................... 3° .
Thébet. . ............................ • • 29.
Schébet. . • . ..................... . 30. 1
(1) Il commençoit à l’équinoxe d’automne.
Adar. *9(2).
Nifan. . . . ................................ 3°*
J a r . ..................... .......................29.
Sivan............................ . . . . . '30*
Tammus........................... 29.
Ab.................... ... . . . 30*
Elul. |||ta
Année. Il y avoit deux fortes d’années très-dif-
tinéfes.. . . i° . l’année civ ile, qui commençoit au
mois de tifri, vers l'équinoxe d’automne, 6t finif-
foit. au mois d’é l u l . . 20. L’année fainte, commençant
à l’équinoxe, du printemps au mois de
nifan, & finiffant avec le mois d'adar. Les rabbins
en joignent encore quelques autres ; mais elles
n’étoient pas connues des Hébreux.
ÉVÉNEMENS HISTORIQUES.
Le peuple hébreu ayant eu l’avantage de recevoir'de
Moyfe l’hiftoire de fes ancêtres, en remontant
jufqu’au premier homme ; & , de plus 9
cette hiftoire faifant partie de «porre religion, il
eft d’ufage de commencer l’hiftoire des Hébreux
à la création du monde & à la formation d’Adam*
Mais dans un ouvrage de géographie, où l’on ne
traite des états & des peuples qu’autant qu’ils ont
eu une exiftence politique, il me femble raifon-
nable de ne parler ici des Hébreux que du moment
o ù , conduits en corps par M o y fe , ils s’affranchirent
du joug des Égyptiens en fuyant, & mirent
la mer entre eux & ce peuple, qui les tenoit depuis
long-temps dans l’opprefïion. Cette fortie d’Egypte
eft fixée à l’an 1491 avant notre ère.
La nature de cet ouvrage ne me permettant pas
j les détails, je renvoie au tableau chronologique
de la poftérité -.des patriarches & au fuivant,
pour les dates des règnes, le commencement &
la fin des royaumes de Juda & d’Ifraël. La courte
narration qui va les Suivre n’en fera que le court
développement.
(2) C’eft après ce mois que tous lès trois ans on plaçoit
le Ve-adar.
N *