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bétail, & il y venoit des fruits dans les lieux
bien cultivés. Dans les endroits qui avoient autrefois
éprouvé les ravages du feu , & qui, probablement,
avoient été les premiers nommés Phry-
o\e t on trouvoii du ,bitume & d’autres matières
de même genre.
Il faut ranger dans cette claffe, mais traiter
à part les eaux minérales d'Hiérapolis, placée à
l’oueft dans une efpèce de prefqu’île formée par
le Lycus qui, venant du fud, circule à l’eft pour
fe rendre dans le Méandre : ce dernier, enveloppant
le terrein élevé où fe trouve la ville,
jfe rapproche de Lycus à Carura, puis tourne à
Toueft. Strabon dit que ces eaux étoient très-
bonnes à la teinture, qu’elles fertilifoient les
terres. Quant à ce que quelques auteurs ont d it ,
en citant Strabon , que ces eaux., expofées à l’air,
fe changéoient en pierre, je penfe qu’il faut entendre
feulement que, renfermant beaucoup de
terres ou de fels en diffolution, elles en faifoient
en mafTe un dépôt confidèrable, & pétrifîoient les
matières qui en étoient fufceptiblês.
Ce local n’étoit pas moins intéreffant par une
ouverture d’où s’élevoit un gaz méphitique. Cette
ouverture étoit fur le penchant de la montagne,
& ce que l’on en rapporte eft tout à fait conforme
à ce que Ton éprouve i la Grotte du Chien , en
Italie. Cette ouverture fe nommoit vr hardi viov,
Plutonium, d’après l’idée qu’une ouverture qui ren-
doit des vapeurs fi dangereufes, ne pouvoir être
qu’une deS iffues des enfers : aâuellentent ces
effets font connus. Strabon dit que cette ouverture
étoit entourée d’une baluffrade : les animaux
qui entroient, ou qu’on lâchoit dans cette enceinte,
y mouroient, félon lui : peut-être auffi n’étoient-
ils que fuffoqués. Mais il faut remarquer, fur ce
même endroit, L . x u i , p. 630 , qpHl jJit 0/ S'e
à'Trl y.o7roi Tci.hh.oi vrctpiacriv cli7rcûse7ç, af rs zcù
us^pi ra tTTOfJLtis çrhiicncileiv. kcl) èyx.V’Trleiv kcc)
KctTctâvveiv "Trocra aws^ovrec, a>ç sort t0 orohv .
7-0 wyevycr,. Selon cet auteur les Galles avoient
donc la poffibilité d’entrer dans cette enceinte,
mais même de s’approcher du trou & d’y refpirer
l’air. Je crois pouvoir nier ce fait, qui eft absolument
contre les îoix de la phyfique ; mais je l’explique
ainfi : les Galles étoient des prêtres, qui fe
confacroient au culte de Cybè le, & qui, en fon
honneur, fe privoient de l’avantage phyfique de
poEVoir concourir à la propagation de leur efpèce.
Il fe peut très-bien faire que ces prêtres ayant
remarqué que le ga[ qui s’élevoit de l’ouverture
à une certaine hauteur, & que je foupçonne être
de l’air fix e, ou acide crayeux, en fe tenant fort
droit, avoient la bouche au - dëffus-de l’atmof-
phère homicide, peut être auffi s’abftenoient-ils
de refpirer. Enfin , il doit être regardé comme^fur
qu’ils employoient un expédient. Mais Strabon
ayant nommé les Galles ou Galli, - ces Galles
étant eunuques , d’autres auteurs en eurent l’idée,
& , en changeant le nom, ont affuré que les
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eunuques avoient feulsda faculté d’approcher de
ce trou, & d’en braver les vapeurs. Il feroit à
defirer que des voyageurs, allant de ce côré,
cherchaffent à s’afîùrer fi cet effet eft toujours le
même. On nomme Hieropàlis actuellement Bam-
bocale.
La Phrygia Epitfetus étoit au nord-oueft, au-
delà des monts Tannos, qui avoient été d’abord
les bornes naturelles de la Phrygie de ce côté : il
eft vrai qu’elle s’étendoit au-delà à l’eft. Son nom,
comme je l’ai d it , lignifie ajoutée ; parce qu’elle
avoit été prife, fur une autre province, pour
augmenter le royaume de Pergame. On y trouvoit
deux contréeà, l'Abafius où étoit Ancyra, & TA*
£anitis où étoit Açani,
La Phrygia S alu taris étoit à l’eft des montagnes où
fe trouve la fource de VHermus ; on lui avoit donné
ce nom probablement à caufe de la bonne qualité
du climat ; quelques auteurs croient que c’ètoit à
caufe de quelques miracles que l’on attribuoit à
S. Michel.
La Phrygia Pacatiana, ou Phrygie Pacatienne,
étoit une divifion introduite au temps, de Conf-
tantin. Elle avoit pris fon nom de Pacatianus, qui
avoit, fous Conftantin, la charge de préfet du
prétoire de l’Orient.
Les villes les ;plus confidérables étoient, en
commençant par le nord , Dorylceum ( Eskiszeht
ou vieille ville ) , près du Thymbris ( Purfac ) , qui,
commençant dans l’intérieur du pays près de
Pelta, remonte au nord, & fe rend dans le San-
garius, à peu de diftance de Dorylceum....CotytzUm
( Kutaïeh ) , au fud fur le même fleuve.,.. Pelta
plus au fud encore , portant actuellement le nom
d’Ufchak..... Cadi (Kedons), près des fources de
VHermus ( le Sarabat).... Anzani & Ancyra font
deftituées de notions aCtuelles , ainfi qu'Eumerja ,
plus au fud., fur ie Cludrus.... Hiérapolis (Bambiik-
Kalafi), & à peu de diftance au fud Laodiccta
(Ladik) près du Lycus; vers le fud, Colojfa, appelée
depuis Conos (Conos).... & Cibyra (Buxuz), au fud-
oueft.... Themifonïum (Tefeni)-, au nord-eft & peu
loin de la précédente.... Sagalajfus ( Sadjaklu)....
Holmi ou Chôma, & peu au-delà des gorges où
une prêtréffe portoit le nom de Myrio-Cephalà,
ou les mille têtes.... Apamea Cibotos (Aphiom-Kara-
hifar) -, ail confluent du Marfyas dans le Méandre :
elle avoit fuccédé en puiflance à la ville de Celence...
Dinia (Boluadin).... Syrinada, vers le nord-eft....
Jpfus, au fud de la précédente.... Antiochia ad
Pifidiam (Ak-Shehr), c’eft-à-dire vers la Pifidie..,.
Philomelium ( Ilgoum) , vers le fud-eft, près d’un
petitdac.... Thymbrium, vers le nord-eft.
En comprenant avec M. d’Anville la LycaoniO"
dans la Phrygie, on trouve.... 7conium (Konieh)
Laodicaa Cornbujla ( Iurekiam Ladik ).... PJîbela
( Ifmil ) vers l’e ft, & au fud Laranda ( Larendel ) :
une chaîne de montagne au nord de la Lycaonie ,
portoit le nom de Lycaones Colles (Foudhal Iuba) ;
au-delà Satura ou Sobalra.
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Géographie de la Phrygie , felon Ptoletnée.
Cet auteur admettant la divifion c!e là Phrygie
mineure , en remarquant qu’elle eft auffi appelée
Troads, y place les lieux fuivans :
Alcxandri Troas. Ajfum,
Leêlum, prom.
Dans la grande Phrygie, fur le bord de la mer;
Jarganum, Atramyttium.
Vêtus Scepfis. Porofelene.
Anundrus. Pitane.
Dans les terres 1
Si flau s. luliopolis.
Dorylceum. Ac.noniâ.
Midaium. hument a.
Tricomia. - Druzon.
Ancyra Phrygia,, Tiberiopolis.
Nacolia. Blaandrus.
Tribun ta0 Iflorium.
Docela. Silbîum.
Amorium. Philomelium.
Abofirola. Pelta.
Cotyrium, Metropolis.
Æ garnis. Apanea Libotos.
Connu, Hiérapolis.
Lyfias, Cibyrrha.
Cercopia, Diocafarea,
Eucarpia. Sanis.
Prymnefia. Themifonïum. .
Docymceujn, Pylacaum,
Synnada. Sala.
Gambua, Gazena,
Melitara,
P e u p l e s .
Origine. Je crois avoir déjà rapporté ailleurs
l'expérience ridicule qui fe fit en Egypte, pour
favoir quelle langue les hommes parloient naturellement,
& la conféquence encore plus ridicule
que l’on tira du mot becos, articulé par des enfans
qui n’avoient entendu que le bêlement d’une
chèvre. Ce mot fignifioit du pain en phrygien ;
on en conclut que ces enfans exprimoient naturellement
le befoin de manger; & par une autne
conféquence, que les-Phrygiens étoient le plus
•ancien peuple de la terre. Quelques favans la
font defeendre de Togormah , .l’un des fils de
Gomer. Les auteurs grecs , ainfi que je l’ai déjà
•dit, les font defeendre des Bryges, qui avoient
d’abord habité dans la Macédoine : mais on peut
•croire que, , quoique ce fut le même peuple,
ceux d’Afie avoient donné plutôr naifiance à ceux
d’Europe.
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Caraêlère. On ne peut dire que des chofes générales,
«car le caraêlère de ce peuple n’a pu être
toujours le même. Dans le temps que le connurent
les Grecs, on n’en avoir pas bonne idée: on les
repréfente comme une nation ' fnperftitieufe,
voluptueufe , fans prudence & fans bonne-foi. Les
efclaves de cette nation n’étoient pas eftimés :
on difoit.en proverbe , Phryges fero fapiunt, les
Phrygiens apprennent difficilement : Phryx verbe-
ratus melior , il faut battre un Phrygien pour qu’il,
en devienne meilleur. Leur mufique parut aux
Grecs avoir quelque chofe de mou & d’efféminé :
il. y avoit un mode qui portoic le nom de
Phrygien.
Gouvernement. On peut croire que' ce pays fut
d’abord fournis à un feu] ro i, parce que l’on trouve
feul le nom d’un roi de Phrygie : mais je préfume
qu’alors on ne compr-noir pas fous ce nom une
étendue de pays auffi confidèrable que l’on y
j en compris par la fuite. On voit même que depuis
ces premiers, le pays fut partagé entre différens
fouverains , & que plufieurs princes y régnèrent en
même temps.
Apollodore fait mention d’un roi de Phrygie,
contemporain d’Ilus, roi deTroye.
Cetîrenus parle de Teuthraus, roi en Phrygie ,
dont les états furent ravagés par A ja x , & qui fut
lui même tiïé dans un combat fingulier.
Homère donne pour chefs des troupes Phrygiennes
, Phorys & Afcàniirs.
Tantale n’étoît roi que de la ville de Sipyle &
de fon diftriéh
On rapporte auffi que ce pays étant en proie à
des •difeordes inteflines, les Hirygiens confultè^-
rent un oracle pour favoir «comment terminer
leurs malheurs ; il leur fut répondu qu’ils dévoient
fe foumettre au pouvoir d’un roi : Gordius fut
élu. Commerce. Nous n’avons pas de details fur le
commerce des Phrygiens , quoique Je Syncelle
dife qu’ils furent maîtres de la mer pendant
25 ans. Mais il eft fûr que la ville d’Apamée” étoit
la plus commerçante de l’Afié mineure, Sc que
des négocia ns s y rehdoietit de la haute Afie , de
la Grèce, & même de l’Italie.
Religion. Leur religion étoit remplie de fuperf-
titions ridicules, & d’idées extravagantes : je n'en
citerai que quelques exemples.
Il y avoit fur les confins de la Phrygie un grand
rochèr appelé, dans la langue du pays , Agdus;
c’étoit de ce rocher que Deucalion & Pyrrlia,
parlecbnfeil de Thémis, firent détacher les pierres
dont-ils s’étoient fervis pour repeupler le genre
humain après le déluge : d-une de ces pierres
•étoit née Cybè le, mère des Dieux; Le même
rocher enfanta Acdeftis, qui étoit hermaphrodite :
fa force prodigieufe, fon eara&ère cruel, & fon
impiété , Tavoient rendu redoutable mêmé aux
dieux. Bacchûs l’ayant privé de l’avantage d'être
j 'homme, le rendit moins redoutable. Du fang de ce