
& honnêtes de Tes habitans. Elle devînt colonie
romaine l’an de Rome 577. Lors du premier
triumvirat, l’an 53 avant J. C. Jules - Céfar y
pafTa l’hiver ; Pompée & Craflùs s’y rendirent
avec une foule de perfonnages diftingués.
Saint Pierre y établit un évêque; & faint Antoine
l’hermite étoit de cette ville. Elle fut prife
par les Goths en 550, .& reprife par Narfès
en 553.
LUCAN1A , la Lucanie , province d’Italie ,
faifant partie de la Grande-Grèce. En ne donnant
à cette province que l’étendue qui lui fut aflignée
par la divifton que fit Augufte de toute l’Italie,
elle avoir au nord quelques montagnes & le Bra-
danus, qui la féparoient de YApulia ; à l’e ft, le
Çolfe de Tarente; au fud, le Brutium & la mer;
a l’oueft, la Campanie, dont elle étoit féparée
près de la mer par le Silarus.
Ses principaux fleuves étoient :
i° . Le Silarus, qui recevoit le Caler, YHeles,
le Melphes, le Pyxus & le Laits, qui fe jetoient
à l’oueft dans la Méditerranée.
2°. Le Brada nus , Y Acalandrus , YAcino ( 1 ) , le
Syris & le Sybaris, qui fe jetoient dans le golfe
de Tarente.
Les principales villes de la Lucanie étoient:
i ° . Sur la Méditerranée, à l’oueft & au fud,
P oejïum, H cita, Pyxus, Laits ;
30. Sur le golfe de Tarente,
Sybaris, Lacaria, Heraclea, Metapontum J
30. Dans les terres,
Cofilinum, Vulci, Potentia9 Opinum, Grumentum ,
'AbelCinum Marjicum, Atina, Forum Popilii.
LU C A N I , les Lucaniens, peuples de ia Grande-
G re c e , en Italie, dont la principale partie oui
leur fut foumife, porta le nom de Lucaniau Ils
étoient Samnites d’origine ; dans la première émigration
qu’ils firent, ils avoient, d it - o n , pour
chef un certain Lucanus ou Lucius ; de - là leur eft venu le nom de Lucani, en françois Lucaniens,
C ’eft du moins l’origine que les hiftoriens
donnent a ce nom. M. Gebelin , qui regardoit,
ainfi que moi, comme fort hafardées ces étymologies
prifes de noms de quelque perfonnage ancien
, toujours aifés à fùppofer, fait venir ce nom
de Luc ou Lug, lignifiant eau, parce qu’ils habi-
toient un pays fort arrofé, & qui communiquoit *
(0 En nommant ces fleuves, je me conforme à l’ordre
JlM?.Pr®^ente la carte de M. d’Anville. Mais je ne dois pas
lamer ignorer qu’en cela il fuit l’ordre indiqué par Pline,
lequel n eft pas conforme à celui que préfente Strabon,
Cet auteur place VAcalandrus entre YJciris- & le Syris,
Et le Lavant abbé Mazochi dit qu’aâuellement encore or
, Sa[andra (qui eft VAcalandrus ancien, entre
kAÿri oc le Sutno ) .
à deux mers. Mais comme les Samnites dont Us
fortoient direftement étoient Sabins d’origine, il
s enfuit que les Lucaniens eux-mêmes tiroient leur
première exiftence des Sabins. Il eft à croire que
leur langue & leur écriture avoient le plus grand
rapport avec celles de ces peuples.
Leurs moeurs étoient féroces : on en jugera par
ce trait que rapporte l’Abréviateur de Trogue
Pompée.
« Chez les Lucaniens, dit-il, dès que les jeunes
» gens ont atteint l’âge de puberté, ils font mis
» hors des villes & envoyés dans les bois parmi
» les bergers. Là, fans fecours, fans vêtemens,
» fans lits , ils s’accoutument de bonne - heure à
» une vie dure , & qui ne connoît pas les befoins.
” Ils n’ont de nourriture que leur chaffe ; de boif-
” fons, que l’eau des fontaines ou que le lait. C ’eft
» ainfi qu’ils fe familiarifent dès la jeuneffe, à.
» ce que les travaux guerriers ont de plus pénible
» & de plus fatigant ».
Avant que les Romains & même les Grecs fe
fuffent étendus dans la partie méridionale de l’Italie
, on voit que les Lucaniens la poffédoient
prefque toute entière. On ne peut guère en excepter
que l’Apulie. Car, puifqu’ils eurent pendant
quelque temps Petilia pour ville capitale, on eft
fondé à croire qu’ils s’étoient fort avancés ail fud
de cette place, & que par conféquent ils- occu-
poient aufli le Brutium. On fait d’ailleurs que ce
fut fur eux que les Brutiens s’en emparèrent.
LU C E A , ville de l’Italie, dans l’ApiiUe. Dio-
dore de Sicile dit que les Romains y envoyèrent
une colonie. C ’eft le même lieu que Luceria.
LUCENI, peuple de l’Hibernie, vers le midi9
félon Orofe & Æthicus.
LUCENSES, furnom diftin&if d’une partie du
peuple Callceci. Pline les nomme Calldici Lucenjii.
L ucenses , peuple de l’Italie, au pays des
Marjz, félon Pline. Il droit fon nom du bourg
Lucus.
L ucen se s ou L u c i i , peuple de la Gaule, félon
les recueils de L. J. Scoppa, cité par Ortélius.
LUCENSIUM AUSPIC1UM {laHaie). Quoique
les auteurs romains ne nous faffent pas cofi-
noître cette ville, à laquelle a fuccédé la Haie, on ne
peut guère fe refufer à l’opinion des auteurs qui le
prouvent par une infcription qui y fut trouvée.
On a auflî découvert à Roombourg, une ftatue de
Pallas, deux lions d’airain, & le fquélerte d’un
géant, dont l’os de la jambe & celui dé la cuiffe
font de la hauteur,-d’un homme d’une taille ordinaire.
On peut joindre à ces morceaux une coupe,
des lampes, des vafes de terre, des bas-reliefs, 6*r.
& beaucoup de médailles.
LUCENTI, ville de l’Hifpanie, fur la côte de la
mer Méditerranée, félon Ptolemée. Elle étoit
peuplée de Latins, & gratifiée du droit de bour*
geoifie latine.
LU CENTUM ( Alicante ) , port de mer de
l ’Hifpanie citérieure, au fud - oueft du promontoire
Dianiurti.
Pline nous apprend que cette ville reçut des
Romains l’avantage d’ètre gouvernée par le droit
latin. On y a trouvé des infcriptions latines.
LUCEOL1S CASTRUM, place de l’Italie, fur
la route de Ravenne à Rome. Paul Warnefrid
dit que l’eunuque Eleuthère Patrice, qui avoir
ufurpé l’empire, fut tué par les foldats fur cette
route, in Cajlro Luceolis.
LUCERIA ( Lucera) , ville d’Italie, dans l’A -
pulie, vers le fud-oueft. Elle paffoit pour avoir
eu Diomède pour fondateur. il paroît que l’on
attribuoit en ce pays à ce prince grec, les fondations
auxquelles on ne connoiffoit pas d’autre
commencement. Dans la fuite, elle devint colonie
romaine.
Il falloir qu’elle fut de bonne-heure en corref-
pondance avec les Romains, puifque Pontius, l’an
de Rome 432, fe fervit de l’intérêt qu’ils d’evoient
y prendre pour les amener dans les défilés ou il
les attendoit. Leur ayant fait favoir par de faux
transfuges qu’il aftiégeoit Luceria, aufli-tôt les
Romains fe mirent en campagne pour voler à fa
défenfe. L’armée furprife par les Samnites dans
les défilés des Fourches Caudines, n’en put fortir
qu’en paffant honreufement fous le joug. Les Samnites
prirent enfuite la v ille ; mais Papyrius la
reprit en 439. On la conferva, quoiqu’il y eût
plufieurs avis pour la détruire. Pendant la guerre
de Céfar & “tle Pompée, ce dernier y avoir établi
fes forces.
LUCI-MAGNENSIS,fiège épifcopal d’Afrique,
félon la conférence de Carthage.
LUCIFER1 FAN UM , lieu de l’Hifpanie, dans
la Bétique. Strabon dit qu’on le nommoù aufli
Lucem-Dubiam.
LUCINÆ, ville de l’Egypte, félon Etienne de
Byfance.
LUCINI PORTUS, lieu de l’Italie, félon Caf-
fiodore. On lit dans une ancienne édition Sicini
Portas. Je ne connois aucun lieu fous l’un ou l’autre
de ces noms : Ortélius croit qu’il étoit près de
Rome.
LU CO P ID IA , ville de l’île d’Albion , félon
Ttolemée : on croit que c’eft le même lieu qui a
été'nommé Candida Cafa, & que l’on nomme en
ànglois Whïuern. Bède le nomme comme étant
liège épifcopal.
LUCRETILIS MONS {Mont Gennaro), montagne
du pays des Sabins, au nord de Varia, &
où la Digentia prenoit fa fource. On voit par ce
que dit Horace dans fon ode x vm à Tindaris,
qu’il chérifîbit les promenades qu’offroit cette montagne.
Selon lui, le dieu Pan abandonnoit volontiers
le mont Lycéus pour s’y rendre. Et comme
H invite Tiridaridc à y venir, on ne peut douter
que ce mont ne préfeniât en effet des promenades
très-agréables. Voici .l’idée que j’ai pu en prendre
dans l’oiuvrage de M. l ’abbé .Chauppÿ fur la înaifoft
de campagne d’Horace. Le mont Gennaro n’eft ,
d’un co té , qu’un vafte & haut rocher. De ce
côté, qui eft celui de la plaine, il eft fi haut &
coupé fi à p ic , qu’il faut prefque une journée
pour le monter & pour le defeendre. Mais dtjt
côté de la vallée, au contraire, fon élévation eft
moindre de la moitié. On y monte par une pente
douce. Et quand on eft dans le haut, on apper-
çoit une contrée la plus agréablement variée. Elle
eft fur-tout diftinguée par une belle prairie arrofée
par la plus abondante & la plus pure fontaine,
par des bois dont, les arbres font en grande partie
de cette efpèce de frêne qui produit la manne,
& que les Italiens appellent Elcino. 11 y croît
naturellement un grand nombre de fleurs, que l’on
en tire pour les tranfporter dans des jardins particuliers.
T e l étoit le Lucrétile où le phiîofophe
Horace faifoit fes délicieufes promenades.
LUCR1NUS L A C U S , ou lac Lucrin. Ce lac
fitué en Italie , dans la Campanie, étoit immédiatement
à la gauche de Bayes. Il baignoit de
ce côté toute la montagne , au bout de laquelle
il communiquoit avec le- Lacus Avernus ou lac de
l’Averne. Toute cette partie formoit donc deux
prefqu’îles. La première, terminée par le Promon-
torium Mifenum, jointe par un ifthme de quelques
pas ; la fécondé, beaucoup plus grande, compre-
noit, avec cette première, le terrein où étoient
Bayes & Baules, dont l’ifthme, ayant, d’un côté,
ce que l’on appelle la mer Morte; & de l’autre,
le lac Fufaro, étoit formé par répaiffeur même
du cratère de l’Averne.
On croit que le nom du lac Lucrinus ou Lucrin
lui venoit du profit ou lucrum qu’il rendoit aux
femmes romaines par la pêche de ce coquillage,
fi eftimé qu’il étoit regardé comme un des mets
les plus rares, & qu’il étoit d’ufage de fervir,
fur-tout dans les repas de noces.
Dans les beaux jours de Bayes, le lac Lucrin
avoir été le théâtre brillant de différentes fêtes galantes
ou de naumachies plus étonnantes encore. Cet
endroit d’Aufone porte à croire que ce fut fur ce
lac que Luilius donna à Augufte le fpeâacle fiipulé
de la bataille d’A&ium : on y repréfenta aufli la
bataille navale donnée près de Myles. Quelques
auteurs graves reprochent à ces fêtes la licence
qui s’y étoit introduite, & qui y fut portée aux
plus grands excès.
N. B. Ce fut à la faim Michel de l’année 153
qu’au milieu de la nuit, après un fort tremblement
de terre, il s’éleva, au milieu du lac Lucrin , une
montagne volcanique, qui reçut le nom de Monta
Nuovo. Les eaux du lac difparurenten grande partie,
il n’en refte plus qu’une quantité peu confidérable,
LUCTERI ,CAD U R C 1. Ce nom fe lit dan|
Céfar & fait croire qu’il y eut des Cadurci fur-
nommés Lutteri. Mais on n’a que des conjedureô
fur ce fujet, ( Voye[ la notice dfe la Gs^fte d«
M« d’A n ville , au mot Lutteri).