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exactions injuftes ; les plaintes qu’ils en firent au
fénat furent écoutées .; il fut dépofé, & on leur
rendit ce qu’il avoif pris*
Annifcal, qui s’étoit retiré auprès d’Antiochus,
roi de Syrie , avoit porté ce prince à la guerre
contre lès Romains. Le fénat , bien inftruit de
toutes les ligues qu’il avoit faites , lui'déclara la
guerre. Ptolomée , roi d’Egypte , Maflinifta & les
Carthaginois envoyèrent à Rome pour leur offrir
des fecours.
Le confiil Acilius défit Antiochus dans le détroit
des Termopyles, tailla fon armée en pièces près
la ville d’Héraclée.
Glabrio fit faire une fia tue équeftre d’or pur ,
qu’il fit mettre dans le temple de la Piété. Il la
confiera à la mémoire de fon père, à qui elle ref-
fembloit ; ce fut la première qu’on ait vue à Rome ,
faite de ce précieux métal.
Les EtoHens , qui avoient pris le parti d’Antiochus
, demandèrent la paix au conful, qui la leur
refufa.
564. Philippe de Macédoine rompt le traité qu’il
avoit fait avec les Romains, en affiégeant Athènes.
Le proconful Claudius Cento lui fit lever ce
fiége, prit Chalcide, fit pafler la garnifon au fil
de l’épée, & la réduifit en cendres.
Le conful Lelius arriva avec une armée de vingt-
deux mille hommes. Il prit les villes d’Apollonie, ,
de Dyrrachium & d’Ampatrite ; la prife de ces
trois places fut caufe que plufieurs autres fe rendirent.
Philippe a accompagné de fon fils Perfée , pré-
fenta la bataille aux Romains ; quoique fon armée
fut de- beaucoup plus nombreufe que celle de la
république , les Macédoniens qui n’avoient plus
rien de leur ancienne valeur , après quelque refif-
tance', prirent honteufement la fuite ; ce ne fut
plus une bataille, mais une déroute & un carnage.
Scipion ne faifoit pas la guerre en Afie avec
le même avantage ; U y fut fi maltraité,, que le
fénat voulut le depofer. Eneiis Scipion , fon frère ,
pria le fénat de ne point faire ce déshonneur à fe
famille , & qu’il iroit , en qualité de lieutenant ,
fervir fous fon frère. Les fénateurs furent ravis de
lui accorder cette grâce ; il fe rendit en Syrie , &
quoique Antiochus & Annibal fufTent à la tête de
trois cents mille Afiatiques, ils furent vaincus;; An-
tioçhus fut' obligé de demander la paix , qui lui fut
accordée à desçondkionsavantagçufes aux Romains.
Annibal , craignant de leur- être livré fe retira
chez Pruftas , roi de B-ydtinie.
Scipion entra à Rome en triomphe ; le furoom
d'Âfiattque. lui fut donné ; ce fut le premier qui
triompha de l’Afie.
565. Le fénat récompenfa généreufement les
alliés.
Eumènes, fuecefihur d?Alexandre, eut les villes
deJ’Afie prifes fur Antiochus.
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Les mfulaires de Rhodes eurent la Lycie & la
Carie.
Ariarathe, roi de Cappadoçe , qui avoit été dans
les interets d Anthiochus , moyennant deux cents
talens .& quelque fatisfa&ion qu’il fit au fénat, fe
tira d’affaire.
Flaminius voyant que Philippe fe tenoit dans
les lieux de difficile accès pour éviter le combat
fit conduire, par un berger, quatre mille foldats
à travers des lieux qui n’étoient connus qu’à lu i,
fur le fommet d’une montagne qui commandoit le
camp de ce roi ; le proconful l’attaqua d’un autre
côté : ces quatre mille hommes, en fe jettant dans
fon camp , y portèrent le trouble & l’effroi. Tout
y étant en defordre , il fut défait & contraint de
prendre la fuite ; fes alliés l’abandonnèrent.
Deux autres batailles qu’il perdit encore, l’obligèrent
de demander la paix, qui lui fût accordée à
ces conditions :
Que toutes les villes grecques jouiroient de leur
ancienne liberté,, & que l’on en retireroit toutes les
garnifons macédoniennes.
Qu’il ne réferveroit que dix galères ; que toutes
les autres feroient raifes au pouvoir des Romains.
Qu’il ne pourroit avoir que cinq cents foldats.
Qu’il n’entreprendroit aucune guerre fans le
confentement du fénat.
Qu’il paieroit cinq cents talens comptant & cinq
cents autres en fix termes égaux.
Les Gallogrecs ou Galates avoient pris les armes
en faveur d’Ànthioehus ; les Romains réfolurent
de les en châtier.
Manlius Vulfo défit les Toliftoboges, qui étoient
campés près du mont Olympe.
Les Teétofoges & les Trocmes ayant été défaits
, tout ce pays fe remit fous l’obéiflance des
Romains.
566. Les Gaulois Seordifques , qui habitoient
la Pannonie , furent défaits par Scipion l’Afiatique,
& fournis à la république romaine. Ils fe révoltèrent
plufieurs fois dans la fuite : Scilla les fournit entièrement.
• Les rieheffes d« tant de provinces qu’on avoit
apportées à Rome , y mirent le luxe dans les
maifons, les ameublemens, les habits & les tables.
On introduifit les mauvais lieux ; on y vit des focié-
tés de débauches , fous le nom de Bacchanales. La
mauvaife f o i l e s faux contrats , les meurtres les
empoifonnemens & tous les autres crimes fe raffem-
blèrent -dans la v ille , où tous les tréfors étoient
réunis. Cette Rome fi frugale, fi religieufe, nefiib-
fifioit plus que dans le fouvenir.
Meffala , dans la Ligurie , donna trois petits
combats , dans lefquels il fur défait, y perdit la
moitié de fon armée, & fut contraint de le retirer.
_ G. Carmins frit tué en Lufttanie , & fon armée
taillée en pièces.
567. Les deux confuls marchèrent contre les
Ligurien#,- les défirent, vengèrent la mort de
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Meffala, & reparèrent le déshonneur des armes
romaines.
568. L’infame confrairie des Bacchantes fut abolie;
fept mille perf'onnes, tant de l’un que de l’autre lexe,
furent punies de mort.
Les athlètes, qui fàifoient les délices des Grecs,
furent introduits à Rome.
569. Claudius défit les Liguriens qui s’étoient
révoltes , força leur camp , les contraignit de fe
rendre à difcrétion, fit trancher la tête à trente-fix 1
des principaux auteurs de leur révolte , défarma
le refle & leur prit fix places.
570. Les deux Scipion furent aceufés du crime
de péculat par les tribuns du peuple ; l’Afiatique
n’ayant point comparu, fut condamné à une amende ;
l’Africain y vint en habit blanc, *& dit : « je ne fais
point ce dont on cherche à m’accufer, mais je fais
bien qu’à pareil jour j’ai vaincu Annibal ;. c’eft par
cette viftoire que j’ai rendu Rome maîtreffe de
l’Afrique ; c’eft pourquoi il eft plus à propos que
nous allions au Capitole en rendre grâce aux dieux r>.
En achevant ces paroles , il fe leva , toute l’af-
femblée le fuivit : ainfi fes accufàteurs refièrent
feuls comblés de Confufion.
Les tribuns outrés lui firent donner une fécondé
affignation, pour procéder contre lui avec toute la
rigueur;mais Tiberius Sempronius Gracchus, tribun
du peuple , qui étoit fon ennemi, s’oppofa
à l’injuftice des autres tribuns , difant hautement
qu’il etoit honteux d’opprimer , dans fa vieilleffe
un homme qu’on avoit refpeflé dans la fleur de
fes années ; tout le monde applaudit à Sempronius;
le fénat , comblé de joie, les mena fouper dans le
Capitole : Scipion, qui ne vouloit pas céder en recon-
noiffance envers fon ennemi fi généreux, lui donna
en mariage une fille qui lui refroit.
Caton , dit le Cenfçur, applique tous fes foins à
bannir lé luxe de Rome, & dégrade des fénateurs
accufés d’être trop voluptueux;
571. Philippe, roi de Macédoine , pour ôter aux
Romains les foupçons cju’on avoit contre lui, envoie
à Rome fon fils Perfée en otage.
Scipion , outré de l’ingratitude des Romains, fe
retira dans fa maifon de campagne ; on le trouva
mort-dans fon lit : il y a plufieurs fentimens fur
cet accident.
Annibal fe tua cette même année , en difant:
délivrons Rome de ce borgne malheureux. Il fe
décidai ce fuicide , parce que Piufias, roi de Bithy-
nie , avoit defTein de le livrer aux Romains.
572. Le fénat ordonna que les temples d’Ifis &
de Sérapis, où fe commettoient mille infamies, fe-
toient démolis; comme perfonne n’ofoit le faire
par le refpeél qu’ils avoient pour les-dieux, Marcelius
put une hache, & par fon exemple y encouragea
les ouvriers* °
573- ■ ^es Liguriens, dans le temps d’une fufpen-
lioiT1 d’armes,attaquent le camp d’EmiliusPaulus;
us g furent punis de leur infraélion par la perte de
quinze mille hommes qui furent tués, & vingt-
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cinq mille faits prifonniers ; leur bagage fut pris -
& ceux qui reftoient fa rendirent à discrétion.
On trouva dans le tombeau de Numa, trois
volumes, touchant la religion.
Le prêteur Petilius les ayant fait brûler, fut ac-
eufe d’impiété & de facrilège ; mais on le ren*
vqya abfous de cette accufation, après ou’il eut
fait ferment que ces livres renverfoient la religion
quon pratiquoit alors.
574. Pour ôrer tout fujet de révolte aux Liguriens
, on en tranfplanta quarante mille familles
1 l’Abbruzze. Fui vins, préteur de la haute
Hifpanie, remit les Celtibériens dans leur devoir,
"après avoir remporté fur eux deux grandes victoires.
Dans la première, il leur tua vingt-cinq mille
hommes , & douze mille dans la faconde.
Pifon étant mort quelque temps après fon éleélioîr,
Hortenfia, fa femme, fut foupçonnée de l’avoir em-
poifonné, pour faire parvenir fon fils au confulat:
en effet, il fut élu en la place de fon beau-père.
576. Epulon, roi des Iftriens, à la faveur d’un
temps obfcur, furprit un petit camp des Romains, &
les obligea de prendre la fuite; comme les Iftriens
s’amufoient à piller & à faire bonne-chère, le con-*
fui Manlius les furprit & les tailla aifément en
piècesparce qu’ils étoient enfevelis dans le vin.
Philippe, roi de Macédoine , mourut fous ce
confulat.
Tibérius Sempronius Gracchus, proconfiil en
Efpagne, défit les Celtibériens avec un fi grand
J carnage, que ne pouvant lui réfifter, il prit cent
cinquante de leurs villes. Sa générofité envers
Thurus, prince Celtibérien, auquel il rendit fon
fils & fa fille, fut caufe en partie de l’ofeéifiànce
de ces peuples. On élut les deux confuls fuivans.
577* C. Çfaudius Pulcher, & Tiberius Sempronius
Gracchus. Claudius, à qui le fort avoit donné la
conduite de la guerre d’Iftrie , fut obligé de retourner
à Rome pour prendre les augures, & faire
les facrifices accoutumes au temple de Jupiter Capitolin
, parce que les officiers ne vouloient pas lè
reconnoître, & le recevoir avant qu’il fe fur. acquitté
de ce devoir religieux.
Claudius retourne en Iftrie, affiège Naface, la
plus forte place du pays, tant par l’art que par la
nature; ce fiège fut long & meurtrier: on détourna^
le cours de la rivière, ce qui ne fe fit
qu’après des peines & des travaux très-grands :
les afiiegés fe croyant perdus, s’abandonnèrent
au défefpoir, tuerent leurs femmes & leurs enfans ,
qu’ils jette reut au pied de leurs murailles, pour mon-*
trer à leurs ennemis quel étoit l’excès de leur
fureur : leur roi fe tua de fes propres mains. &
la plus grande partie des habitans fuivirent fon
exemple.
La ville ayant été prife, fur expofée au pillage;
les habitans qui etoit reftés furent vendus; les auteurs
de la révolte, après avoir été fouettés, furent
décapités; toutes les villes du pays fe mirent fous