
Gabinius fut condamné à un exil perpétuel par
les tribuns du peuple , pour avoir rétabli Ptolomée
Aulètes contre les ordres du fénat, les oracles de
la Sybille, & pour crime de péculat, malgré la brigue
& l’autorité de Pompée.
Céfar , avant que de repafler dans la Gaules,
remit l’Illyrie dans l’obéiflance ; il fe rendit enfuite
dans les Gaules Belgiques, où il vit avec plaifir
fa flotte compofée de fix cents barques & de vingt-
huit galères.
Céfar avoit réfolu de foumettre les habitans du
pays de Trêves, qui ne vouloient point reconnoître
l’empire Romain.
Deux princes, qui prétend oient à cette fouve-
raineté , lui rendirent cette conquête plus facile
qu’il ne penfoit. .
Vercingentorix , le premier , fe mit fous la pro-
te&ion de Céfar.
Indicioinar ne voulant pas avoir les Romains
& Vercingentorix à combattre, déniasda l’amitié de
Céfar ; pour lui prouver, qu’il agifloit de bonne-
fo i, il lui donna des otages. Céfar voulant réconcilier
ces deux princes fur leur différend, parut à
Indiciomar qu’il étoit plus favorable à fon ennemi,
dont il en conferva, contre Céfar, une haine dans
fon coeur.
Céfar croyant avoir terminé toutes chofes, ne
longea qu’à palier dans la Grande - Bretagne ;
il fit embarquer fes foldats avec quatre mille
Gaulois, entre lefquels étoit Duinnorix-, feigneur
Eduen ou Autunois , qui avoit beaucoup de
crédit ; par les brigues, il détourna les Gaulois
de palier avec Céfar. La mort de ce brouillon
rétablit la tranquillité.
700. Céfar ayant laifle Labienus dans les Gaules
avec vingt-quatre mille hommes de pied & deux
mille chevaux, pafla dans la Grande - Bretagne
avec une armée de quarante mille Romains &
de quatre mille Gaulois. Les Bretons effravés de
cette multitude de bàtimens, n’ofèrent s’oppofer
à la defccnte; mais ayant ofé tenter un combat
dans leur pays, ils furent défaits au premier choc 3
prirent la fl:dte, quittèrent leurs villes, fe retirèrent
il.;:îs les hoi3 : pour en dehmdre l’entrée, ils avoient
ab;?.îtu quaiitité d’ajrbres.
Unèf teirmère t;îrrible avoir fait périr la plus
gn:mde. partie de 1:1 flotte de Céfâr ; mais fa vigîlanc
e , fon :activité répara , en peu de temps, cette
peite. Céfa:r ayant pafle la Tamife par un gué.,
les Trinoba:ntes vinrent lui faire leurs feumifliens.
Caflivelan , le plus puiflânt prince de l’île , ayant
reconnu l’empire Romain , les Romains regardèrent
toute, l'île comme réduite fous la puiflance de la
république. Caflivelan fe retira dans la province
d’Yorck, où il mourut fept ans après, ayant gardé
la foi qu’il avoit prpmife.
La fécherefle de l’année avoit caufé une efpèce
de famine dans les Gaules ; Céfar y avoit pourvu,
ayant fait venir des bleds d’Efpagne ; & pour'faire
I vivre fes troupes plus commodément, il en fit
I plufiéurs corps.
L’un fous Fabius, qu’il établit à Térouenne; l’autre
fous Quintus Fabius, frère de Cicéron, qù’il mit à.
Tournai. Un autre fous Rofcius, dansleHainaut. Le
quatrième à Trêves, fous Labienus. Il en mit trois
autres dans la Picardie, fous les ordres du quefteur
Craïfus, de Minutius Plancus & d^Trébonius.
Le huitième corps dans le pays de Liège, fut
mis fous la conduite de Titarius Saninus, & de
L. Arunciilus Cotta.
Cette divifion, qui avoit été frite avec toute la
prudence poflible, penfa caufer la perte de toute
fon armée. Indiciomar crut qu’il etoit facile de
défaire tout ces petits corps qui é'toient féparés;
il fe ligua avec Ambiorius & Catilvulce , les deux
plus puiflans princes du pays de Liège. Ils attaquèrent
la brigade de Sabinus & de Cotta, qui
frirent taillées en pièces par la perfidie d’Ambiorix;
peu fe fauvèrent dans le camp de Labienus.
... Us attaquèrent enfuite le camp de Fabius, qui
fe défendit avec une valeur prodigieufe. Il fit avertir
Céfar,,qui étoit dans la Bretagne, du danger où
il étoit.
Céfar vint '..1 diligence , s’avança avec douze
mille hommes près du camp ; quoiqu’ils fulfent
au nombre de foixante mille, il les défit, & en tua
trente mille. Céfar étant entré dans le camp,
trouva Fabius, à qui il ne reftoit que douze cents
foldats , prefque tous, blefles & fatigués des allantss
continuels qu’ils avoient foutenus.
Céfar alla enfuite au fecours de Labienus, qui
étoit affiégé dans fon .camp par Indiciomar. Il
l’attaqua, le défit ; peu fe fauvèrent', & Indiciomar
fut du nombre des morts.
Craffas étoit avare: paflant par la Judée, il
pilla le temple de Jérufrlëm, que Pompée avoit
refpe&é .lorfqu’il prit cette capirale de la Judée.
701. Crafliis n’écouta point les èonfeils d’Ar-
tabaze, roi d’Arménie, qui lui difoit que le chemin
le moins dangereux étoit de pafier au travers de
fes états, qu’il s’offroit de f accompagner avec feize
mille chevaux. & trente mille hommes de pied!
. Crafliis. pafla l’Euphrate fur un pont qu’il y avoit
fait conftriiire l’année précédente. Il fe laiflâ tromper
& conduire par un capitaine Arabe, ‘ malgré les
confeils de fes officiers-généraux, lequel le mena
dans des plaines fablonneufes & déferres, éù les
hommes & les chevaux avoient bien de la peine1
à marcher. Ce perfide guide l’abandonna à la faveur
d’une nuit oblcure, & fut avertir les Partîtes de
l’état déplorable de l’armée romaine.
Orode, roi des Parthes, divifa fon armée en
deux; il donna.cent mille hommes à Surena, qui
étoit un général expérimenté, pour aller contre
Crafliis ; if marcha lui-même avec un pareil nombre
de troupes contre Artabaze, roi d’Arménie, qu’il
obligea à' lui demander la paix : elle fut cimentée
par le"inariage d’Orode avec la foeur d’Artabaze.
Surena ayant divifé fon armée en quatre corps,
enveloppa les Romains, qui furent défaits; Le
; jeune Crafliis voyant qu’il tomboit entre les mains j
de fes ennemis, fe fit tuer par fon écuyer. Crafliis ;
: le père fe fauva à Carres. Il y fut tué avec tous
• ceux qui l’avoient fuivi; fa têt£i)& fa main furent
; portées à Orode, qui lui fit; couler de l’or fondu
dans la bouche , pour lui reprocher fon avarice ;
; la cavalerie des Parthes mafîacîa tous les blefles.:
, qu’elle rencontra , ; & tous ceux qui n’av,oient pu
. fie fiauver de toute cette grande 'armée de Crafliis ;
, il; ne fe fiauva que cinq cents chevaux fous la conduite
de Çaflius, & ’cinq mille hommes de pied,
: avec leur. lieutenant O&avius.
« Caflius , qui s’étoit retiré en Syrie., fie comporta
avec tant de prudence , qu’il la remit fous l’obéif-
- fiance, dans le même état que Pompée Pavoit
lâiflee.
Pompée ayant envoyé vingt-quatre mille hommes
de troupes choifies à Céfar l’arrivée de ces troupes
• donna tant de terreur aux Belges , que tout fie
, fournit.
\ Céfar pafla le Rhin pour punir les Allemands
• de l’irruption qu’ils 'avoient faite dans les Gaules ;
ils abandonnèrent leurs bourgades, & fe retirèrent
. dans les bois. Céfar, après avoir rafé & brûlé leurs
habitations , repafla dans les Gaules. ,
«ï. ,702. Pompée fut feul conful pendant fept mois,
enfuite il prit pour collègue Scipion.
Spipion trouva toutes les Gaules dans la révolte,
:par les intrigues de Vercingentorix & de Lutère
:Quercina , deux des plus grands princes de ce
: pays. Ils avoient pris Orléans, & pafle lagarnifon
: romaine au fil de l’épée. Céfar y accourut ; la peur
;fiiifit les habitans, il trouva la ville déferte, il y
fit mettre le feu.
• Céfar défit, -aux environs de Nevers, Vercingentorix;,
& tailla fon armée en ’pièces; il afliégea
enfuite Bourges , la prit ,, après une vigoureufe
réfiftancè, en préfence de'Vercingentorix ; il périt
quarante mille ‘ perionnes dans le foc-de là ville.
Les .Gaulois, outrés' de ces pertes,’ finirent une
armée formidable fur pied ; T.eutona, roi des Nicio-
btiges eu Agénois, amena cinquante mille hommes,
Virjdomar vint à la tête de cent mille Bourguignons;
Camalogène, autre général de la première Belgique,
les joignit avec- foixante mille hommes. >
Labienus ,. qui ' s’étoit retiré dans -Melun avec
quatre légions & deux mille cinq cents chevaux,
Re voyant infulté, les attaqua avec fureur, eh tua
quarante - huit mille , dont Caloihagène • fut du
nombre ; le refie prit la fuite. Labienus , après cette
viéloire, alla rejoindre Céfâr.
Vercingentorix, à la tête^de trois cents mille
hommes, alla chercher Céfar auprès d’Alefia; on
en vint à un combat ,• où Vercingentorix , qui fut
défait, perdit la.plus grande partie de fes troupes.
Il fie retira dans, Alefiâ, que Céfar afliégea; les
Gaules s’ihtéreflerent pour cette ville ; une armée
de deux cents mille hommes afliégea le camp dé
Céfar; il s’y donna plus de huit aflauts furieux,
où les Gaulois furent toujours repouffés avec grande
perte. Céfar fait ouvrir les portes de fon camp,
tombe avec fureur, fur les ennemis, couvre le
champ de bataille de morts, contraint le refte de
prendre la fuite: leur camp fut pillé 4 on y fit un
butin iinmenfe,
Céfar menace les habitans d’Alefia de donner
leur ville au pillage , s’ils ne fe. rendent & s’ils ne
lui livrent Vercingentorix : ce qu’ayant fait, ils
éprouvèrent la clémence du vainqueur ; Vercin-
: gentorix fut mis dans les fers & réfervé pour le
triomphe.
Sous ce çonfulat, Milon fut tué par Claudius ;
ce qui nous a donné la Milonienne, ce, chef-d’oeuvre
d’éloquence.
Cicéron, à la tête de douze mille hommes de
pied & de deux mille cinq cents chevaux, va en
Càpadoce pour punir ces peuples , qui s’étoient
révoltés contre Âriobarzane ; il s’y conduifit avec
tant de prudence, que les armes furent inutiles.
Il pafla en Ciliçie , la purgea des voleurs & des
brigands qui la ravageoient depuis la 'défaite de
Crafliis ; il en tua plus , de dix mille en trois rencontres
; le refte fe difiipa. .
. 703. Le defir de : la liberté ayant fait révolter
les Gaules, dès le moment que les Bituriges virent
entrer Céfar dans leur pays, ils fe fournirent.
Les habitans dè la Beauce en firent de même.*
mais il en coûta la tête * à Guturnar, chef de la
révolte, *
' Pour remettre dans leur devoir les habitans
d’Amiens, -de, Rouen , de Calais, d’Arras ,. Sic.
Céfâr fut, obligé de donner quelques combats &
de faire quelques fièges.
Fabius & Caninius, lieutenans de Céfâr, défirent
les Bretons & les Angevins, ligués, fous k
conduite du prince Dammaque ; après avoir perdu
douze mille hommes,. & le refie ayant pris la
fuite,, ils fe,fournirent. La prife d’Uxellodunum
termina les guerres: dès Gaules; . |
Céfar, après, avoir pourvu au gouvernement des
Gaules, y avoir laifle huit légions, fous de bons
lieutenans, inipofr/un tribut annuel de 400000
fefierces. .Cette impofition très-modique lai donna
le coeur des peuples.
, 704. La mort de Juliefemme de Pompée &
fille de Céfâr, rompit la bonne,intelligence entre
le gendre & le beau-père. Il fe fit une ligue pour
s’oppofer à l’ambition de Céfar. "
Céfar .pafle lès Alpes ., va en Italie, jette
la terreur dans Rome. Pompée eft prié par le
fénat de prendre la défenfe de la république : il
fit deux confuîs.
; 705. Curion, homme violënt, ami de Céfar,
qui fortoit du tribunat, vint trouver Céfar à Ra-
venne, 8c lui confêilla'de marcher vers Rome
enfeignes déployées, l’aflurant qu’il y avoit quantité
de pàrtifonS qni-fe dèclareroiçnt dès qu’il paroîiroit.
Céfar ne fuivit point des tônfeils fi Violéus ; il