
il n’en faut pas conclure, avec quelques auteurs,'
qu’ils habitoient le même pays , ni les placer dans
•la partie que l’on appelle aujourd’hui Zélande. Ils
n’habitoient pas certainement fi près des eaux.
On trouvoit chez eux une mine d’argent & des
eaux chaudes. Un examen rigoureux de ces cir-
confiances les a fait placer , par d’habiles auteurs,
dans le comté de Naffau, entre Francfort & Mar-
p r u g . ( Voye{ A q u æ M a t t i a v æ ) .
M A T T IA CUM , ville de la Germanie, que
Ptolemée, L. 1 1 , c . u , place entre Budoris &
Artaunum.
Mà TURBENSIS, liège épifcopal d’Afrique, dans
la Mauritanie, félon la notice épifcopale d’Afrique,
num. 90, qui nomme Lucius évêque de ce liège.
MATUSARUM ou M a-t u s a r o , ville de l’Hif-
panie, dans la Lufitanie , vers le fud-eft de Sca-
labis. L’itinéraire d’Antonin la marque fur la route
de Lisbonne à Emerîta.
M A T Y C E TÆ , peuples de Scythie, félon
Etienne le géographe, qui cite Hécatée.
M A T Y LU S , ville fur la coté de la Pamphilie,
félon Ptolemée, L. r , c. y , qui la place entre
l ’embouchure du fleuve CataraSus & celle du
fleuve Cejhr.
M ATZUCUM, lieu fortifié de la Thrace, félon
Cédrène. Ortélius , thi/aur. ’
M AU IN , ville d’Afrique. Pline, L. v , c. 8 ,
la met au voifinage de la fource du Niger.
M AU ITANIA , contrée de l’Efpagnecitérieure
félon Pline, Z. 11 1, c. 2.
MAUMA , ville de l’Ethiopie , fous l ’Egypte.
Pline en fait mention , L. v i , c. 2p.
MAURENSII, peuples de la Mauritanie tingi-
tan*. Ptolemée, L. l y , c. 1 , les place dans la
partie orientale de cette province. Tire-Live, L.
x x i v , c. 4p , les nomme Maurufii ; & Strabon \
Z . x v i i , p. 824, dit que ces peuples étoient
appelés Maurufii par les Grecs, & Maun par les
Romains.
MAURENSIS, liège épifcopal de l’Afrique^
la notice épifcopale met ce fiège au nombre de
ceux qui n’avoient pas d’évêques.
MAURETANIA ou la M a u r it a n ie , partie
confidérable de la partie feptentrionale de l’Afrique,
s’étendant depuis la Numidie, à l ’e fl, c’efi-
à-dire depuis l’embouchure de l’Ampfagas, à peu
près fous le 24' deg. de long, jufqn’à la côte baignée
par l’Océan.
Etymologie. Le nom de Maun paroît, avec beaucoup
de vraifemblance, venir de l’oriental Mahurin,
ou les Occidentaux : leur pofition & la cônfon-
nance des mots juftifie également cette étymolo- ’ Sie COlt)
r. cft probable auffi que de Matai , altéré par la
prononciation, s’eft formé Magret, qui, en Arabe, fienifie
Occident -, de-la le nom de Magrebbins, fous lequel on
defigne, dans le Levant, les caravanes de Mahométans,
qui viennent des cotes de Barbarie, ’
■ Antiquités. On ne fait pas à quelle époque iî
convient de fixer les commencemens des Mauré-
taniens. Mais on peut y remarquer, je crois, trois
époques principales. i°. Celle pendant laquelle fe
répandirent de l’eft à l’oueft les premières peuplades
, que nous pouvons fuppofer defeendre de
Mizraïm par fes fils & fes petits-fils. 2°. Celle
pendant laquelle Jçs Cananéens, chafles de la Pa-
leftine par Jofué, coururent les mers pour échapper
aux armes de ce conquérait implacable, & s*é-
tablirent le long des côtes d’A frique, puis dans
1 intérieur du pays. 30. Enfin, les temps où les
Phéniciens, pour étendre l’a&ivité de leur commerce
, formèrent fur ces mêmes côtes des éta-
bliffemens confidérables (a)? Je ne parlerai pas de
quelques autres époques, telles que l’arrivée de
Melek-Afriki, qui y vint de l’Arabie heureufe,
félon M. Chenier, dans les premiers fiècles de
1ère chrétienne, & de l’invafion des Arabes Mahp-
métans, dans le feptième & huitième fiècles. O n
fait que ce pays porte aéluellement le nom de
Barbarie , formé , félon toute apparence , de l’oriental
Bar-Barca ou mer de Barca, ville de la
Pentapole, appelée par la fuite Ptolémaïs, & qui
fe trouvoit, en venant d’Egypte, vers cette partie
de l’Afrique.
f La principale chaîne de montagnes delà Maurétanie
s’étend jufques vers le détroit de Gibraltar
, & defeend même au fud. Les navigateurs Grecs
probablement en voyant ces montagnes s’élever
fort haut vers le ciel, leur donnèrent le nom $ Atlas,
d’un verbe qui fignifie porter. Bientôt l’imagination
féconde des poètes , fit de cet Atlas un
r.oi du pays qui portoit le ciel. Voici ce qu’en;
dit Ovid e, Mét. L. i y :
Quantfts erat, mons fabius Atlas\ jam barba comceque
In fiylvas abeunt : juga funt humtrique, manufque
Quod caput anie fu it, fiummo ejl in monte cacumen
OJfa lapis fiunt : tiim partes au Elus in omnes
Crevit immenfum ( fie D î flatuiflis ) & omne-
Cum tôt fideribus cczlum requievit in illo.
C ’ètoit dans fes états qu’étoit le jardin des
Hefpérides (3) ou les Occidentales; ce fut dans^
cette même région qu’Hercule combattit Antée.
Divifion. La Maurétanie, qui paroît avoir d’abord
été comprife fous le nom de L ib y e , renfermait
plufieurs peuples, que je ferai connoître
d^près Ptolemée, à la fin.de cet article , & qui
fans doute étoient des tribus à-peu-près femblables 2 3
(2) Quoique je ne me croye pas autorifé à rapporter à
chacune de ces trois époques l’or igine des trois différentes
nations qui habitent encore la Barbarie, je remarquerai
cependant qu’il exifte aujourd’hui en Barbarie, outre
les Arabes & les Turcs, trois nations fort diftin&es
favoir y les Maures, répandus dans la plaine & fur les
bords de la mer ; les Brebes, qui vivent dans les montagnes;
& les Chelis, qui font plus au fud.
(3) Ce mot eft formé du grec e-ntf, Hefper, que l’on
a prononcé Vefper, le foleil couchant.
à celles qui s’y retrouvent encore aujourd’hui.
Dans la fuite elle fut divi’fée en Mauretania Cefa-
rienfis & en Mauretania Tingentana.i Dans la fuite
une' autre divifion porta le nom de Mauretania 1
Sitifenfis, d’après la ville de Sitifi, qui en étoit ,
la métropole.
Gouvernement, Religion, Moeurs & Ufages. Ces
peuples ont été pendant long-temps nomades, &
n’avoient guère de gouvernement fixe. Ils vivoient
fous des tentes, & changeoient de place au befoin,
conduits probablement par un chef. Mais comme
on trouve des rois de Maurétanie dans les fiècles
plus rapprochés de notre ère, on peut croire que
l ’exemple de plufieurs autres pays, & la nécef-
fité de Former une puifiance capable d’être oppofée
à celle des Carthaginois fur terre , les. avoient
amenés à fe donner des rois.
A quelque différence près dans le gouvernement
, dit M. de Chénier , les Maures font aujourd’hui
ce qu’ils étoient au temps de Rome &
de Carthage. Ils font encore, comme le dit Salufte, |
mconfians, perfides & incapables d’être retenus par
la crainte ou par les bienfaits.
On lit dans ce même auteur, en parlant de
Bocchus , qui avoir époufé une fille de Jugurtha,
« ce genre d’alliance compte peu parmi les Mau-
» res ; chacun y prend un nombre de femmes
» proportionné à fes biens, les uns d ix , les au-
w très davantage , les rois encore plus ». On conr
jeâure qu’ils admettoient la cirConcifion, parce
qu’elle paroît très-ancienne chez les peuples d’A frique.
L’ufage du vin n’étoit pas général parmi
eux : la culture de la vigne ne devoit être pratiquée
que par ceux qui devinrent fédentaires.
Révolutions hifloriques. On n’a rien à dire de
- l’hifloire des Maures avant le temps des guerres de
Carthage, qui, dans fes commencemens, avoit été
leur tributaire. Dans la fuite, les Carthaginois, devenus
puifians par l’étendue de leur commerce,
fe rendirent formidables aux Maures & leur firent
la guerre avec fuçcès. Ce fut alors que dut probablement
commencer la monarchie dans la Maurétanie.
Dans les premières guerres de Carthage contre
Rome, les Maures fervoient en qualité d’auxiliaires.
La mauvaife foi carthaginoife , & , peut-être auffi,
l’impoffibilité de les paye r, comme on en étoit
' convenu , excita entre les Maures & les Carthaginois
une guerre cruelle. Le befoin de fefoutenir
contre les Romains, readit les Carthaginois plus“
équitables à l’égard des Maures. Ils les payèrent
mieux, & les employèrent dans leurs armées.
On voit que pendant la fécondé guerre punique
, la Maurétanie étoit partagée entre deux fou-
verains. La partie occidentale, qui porta depuis le
nom deTingitane, étoit foumife à G ala, que les
auteurs nomment roi des Mafiefliliens ; de-là vient
qu’on peut l’apeller Maffeffylie : la partie orientale
, nommée depuis Maurétanie Céfarienne,
obéiffoit à Sypbax. Chacun de ces princes prit un
parti différent. Gala fit alliance avec les Carthaginois
, & Syphax avec les Romains. Gala envoya
fon fils Maffiniffa à la tête d’une puiffante armée ;
il attaqua & mit en déroute celle de Syphax,
qui, ayant rafleinblé d’autres troupes, fut battu de
de nouveau.
Les Maures, quoiqu’alliés des Carthaginois &
des Romains, qui étoient des peuples guerriers,
n’étoient. point exercés aux évolutions militaires ;
c’étoit des troupes- irrégulières de frondeurs ÔC
de cavalerie légère, moins propres à fe battre
qu’à ravager le pays.
Peu après on trouve Maffiniffa & Bocchar, appelé
auffi Bocchus, rois de Mauritanie. Il eft probable
que le premier régnoit fur la Maffeftilie ,
& le fécond, fur la Tingitane. Ces deux royaumes
paroiffent cependant avoir été tantôt diviles ,
tantôt réunis fous un même chef, & ce né fut pré-
cifément que fous l’empire de Claude qu’ils furent
érigés en provinces romaines.
Maffiniffa fut un ami confiant & zélé des Romains.
Je ne parlerai point ici de fon mariage avec
Sophonisbe , ni de la lâcheté qu’il eut do lui offrir
du poifon pour l’empêcher de tomber vivante
entre les mains de Scipion , au lieu de la défendre
jufqu’à la dernière goutte de fon fang. Les Romains.
ajoutèrent à fes états la Numidie, dont ils avoient
défait le roi Syphax , premier mari de Sophonisbe.
Maffinifia en mourant, âgé de 90 ans, laifTa
plufieurs enfans qu’il avoit eus de différentes femmes.
Mifipfa , fon fils aîné , fur fon héritier. Il eut
deux fils , Adherbal & Hiempfal. Il fit élever
avec eux Jugurtha, fon neveu, fils de Manafta-
bal, fon frère ; mais, parce que celui-ci l’avoit
eu d’une concubine, il ne lui avoit donné aucun
rang. Jugurtha effaça bientôt, par fes heureufes
difpofitions & par fes fuccès, tous les jeunes gens
de fon âge: la nation montroit pour lui l’attachement
le plus vif. Placé avec une troupe dans les armées
romaines, il s’y comporta de manière à mériter
les plus grands éloges de la part de Scipion. Mi-
fipfa, en mourant, adopta fon neveu & lui aifia
une partie de fes Etats, conjointement avec fes
deux propres fils, Adherbal & Hiempfal.
Jugurtha fe livra à toute fon ambition. II fie
périr Hiempfal par furprife, & chercha à fe rendre
maître de la perfonne d’Adherbal. Malgré les ordres
du fénat romain, Jugurtha mit des troupes fur
pied, fit prifonnier Adherbal, le fit périr dans les
fuplices. Après plufieurs événemens, les Romains
lui déclarèrent la guerre : elle fut longue. Enfin ,
fous le commandement de Marins, Sylla étant
alors quefteur de l’armée, Jugurtha fut livré à ce
, dernier par Bocchus, fon gendre. Marius reçut en
arrivant les honneurs du triomphe : Jugurihk y
parut enchaîné avec fes deux fils: il périt peu après.
Il paroît que la Numidie fuivoitle fort de la Mauritanie.
Les états de Jugurtha furent donnés par
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