
peuple, Si' que toute cette côte ne fut plus corifiue
que fous le nom de Phénicie.
( i ) Strabon fait commencer la Phénicie, L. x r i ,
p. f2 o , au feptentrion , à la ville. éCOrthofia, au
fud-oueft d'Aradus ; mais Ptolemée l’étend un peu
plus au nord, 8c la recule jufqu’au fleuve Eieu-
theros, qui tombe dans la mer, au nord-eft 8c tout
près d’ A ra d u s .
La plus grande partie de la côte de la Phénicie
étoit bornée à l’eft par les montagnes du Liban,
qui font couvertes de neige pendant tout l'hiver.
Ces neiges refroidiffent extrêmement l’air, enforte
qu’il y faifoit alors aufli froid que dans lés pays
du nord : mais au nord & au fud de ces montagnes
, on jouit d’un air fort tempéré. Sur plufieurs
de ces montagnes eft un lit de pierres blanchâtres
, qui le lèvent par feuilles d’ardoifes : on
y trouve beaucoup de pétrifications.
J e v ais analyfer, dans ce morceau, les excel-
lens Mémoires cités au commencement de l'article.
-
I. Le fleuve Eleutheros a fa fource dans le Liban ,
'& fe décharge dans la mer, vis-à-vis de l’île d’Arad ;
il fe nomme aujourd’hui Nahr Kibir, ou la ri-
• vière. du Stpulcre.
II. Arad étoit bâtie tout près de la côte , fur
un rocher qui formoit une îlerce rocher n’étoit,
•félon Strabon , qu’à vingt flades de la cô te , 6c,
félon Pline , feulement à deux cens pas : mais elle
étoit tellement habitée, que contre l’ufage de l’O rient,
les mailons y avoient’plufieurs étages. Je
dois ajourer, pour fuppléer à ce que j’ai dit à
l’article d’A ü A D , que les eaux de la pluie ne fuf-
-fifant pas toujours à'leurs befoins , ils étoient
obligés d’en aller chercher fur le continent, & que,
quand cette communication étoit interrompue., ils
en puifoient du fond de la mer, où ils avoient
découvert, à cinquante coudées, de profondeur ,,
6c à peu de diftance de la ville, une fource d’eau
- douoé (a)'.Quelques-uns prétendoient,dit Strabon,
que la ville $ Arad avoir été bâtie par des exilés
. ou des bannis de Sidon : mais on voit par l’Ecri-
*ture que les S'.doniens & les Aradiens étoient deux
tribus différentes. Les premiers defcendoient de
Sidon , fils aîné de Canaan 8c les féconds d'Arad ,
. neuvième fils de ce patriarche. Cette ville e u t,
: dès les commencemens , fon roi particulier, ainii
• que toutes les villes de la Phénicie; mais dans
la fuite, elle fut affujettié par les Tyriens, qui
en tîroient des rameurs pour leurs vaifleaux, 8c
. des foldats pour leurs armées. Quand les Perfes
fe furent rendus maîtres de la Phénicie, elle re-
( i) Comme jevais entrer dans quelque détail relative-
- ment à la Phénicie, j’aurai foin, pour éviter la confufion
que pourroient caufer les différens alinea, de faire remarquer
chaque article différent, ep le commençant par
un chiffre romain.
( i) On peut voir une courte inftruftion fur le procédé
que l’on mcttoit en ufage, ibid, p. z^o.
c ô iw a nne partie de fa liberté , & ; elle êut fe*'
rois particuliers, mais tributaires de làTerfe. Lorfque
Alexandre entra en Phenicie, Gératroftrate régnoit
à Arad. Straton, fon fils , qui étoit refié à Arad,
alla au-devant d’Alexandre, auquel il préfenta une
couronne d’or. Son royaume comprenoit Arad ou
Aradus, Antaradus, Marathus, Mariamne, 8c quelques
autres villes. Enfuite la ville d’Arad obtint
l’àutônomie ou le privilège de fe gouverner par.
fes propres loix : on conjecture que cet événement
eut lieu vers l’a0^.254 avant notre ère.
La ville d’Arad n’avoit pas de port : mais elle
s en étoit formé un à l’embouchure de Y Eleutheros, '
Ce port étoit joint à une ville que l’on nommoit
Carne, Camus, ou Caranus. Les Arcadiens détef-
toient la pyraterie, 8c rompirent avec les Ciliciens
leurs voifins, parce que ceux-ci s’y étoient adonnés,
III. Outre les villes de Marathus , de Balanea9
de P altos & d'Enhydra t que Strabon attribue aux
Aradiens, M. l’Abbé Mignot penfe que celles-de
Gabala 8c de Laodicée, fur le bord de la mer,
doivent aufli leur avoir appartenu.
IV. Laodicée avoit été bâtie en l’honneur de
fa mère, par Seleucus-Nicator. Elle étoit fur le bord
de la mer, dans une péninfule, jointe au continent
par un ifihme d’environ deux ftàdes. Sçn
port .étoit des plus commodes, 8c le terrein qui
l’avoifinoit trèsrfertile. Après que Pompée l’eut con-
quife, elle reçut l’autonomie 8c la liberté ; ce fut
en recônnoiflanee de ce bienfait qu’elle prit le nom
de Julia ou Julïopolis ; elle y ajouta celui de
tm en l’honneur d’Augufte. Dans la fuite,
Septime Sévère lui ayant donné le droit italique, elle
fut aufli appelée Sèvenenne ou colonie Séveriehne.
Lorfqu’elle eut été convertie au chriftiariifme, elle
devint épifcôpale. Kaled , fils cle Valid, général
du calife Omar ,■ la prit l’an de J. C. 637. C ’eft aujourd’hui
Ladikia, ou Latakel
V . Gabala, à dix-huit milles au fud de Laodicée,
appartenoit à la Phénicie : elle étoit aufli fur le
bord de la nier, au pied du mont 'Cajius, qui
ri’avoit été appelé ainfi que parce qu’il terminoit
la Phénicie au feptentrion. L’an 46 avant l’ère vulgaire,
elle reçut de Jules-Céfar l’autonomie avec
d’autres privilèges, 8c fe fit une ère de cette époque.
Eile fut prife par les Arabes, fous le califat d’Omar.
VI. P altos ou Paltus étoit à peu dê diftance au
fud , aufli fur le bord de la mer : elle embrafla le
chrifiianifme, 8c depuis paffaau pouvoir des Arabes.
On n’y voit plus que des ruines.
VII. Dans le voifinage de Paltos, auprès d’une
rivière nommée Badàs ou Badà, étoit un tombeau
que l’on croyoit être celui de MemnOn, fils de
Tithonus, 8c neveu de Priam , roi de Troye.
VIII. Balança étoit à vingt - fept mille pas au
fud de Gabala. Au temps d’Etienne de Byfance on
la nommoit Leucas.
IX. Enhydra n’eft connue que par Strabon, qui
la place entre Caranus 8c Marathus. M. d’Anville
ne lui a pas donné de place fur fa carte. Son nom
femble indiquer qu’elle étoit dans un lieu arrofé
de plufieurs fources.
X. Marathus étoit entre Balanea 8c Carne , ©u
Antradus. Elle étoit détruite avant que les Romains
fe fufient rendus maîtres de la Syrie. Ç ’avoit été
une grande 8c belle ville, fort riche , faiiant partie
de l’état des Aradiens , puis avoit obtenu l’avantage
de fe gouverner par fes propres loix. Maïs
elle fut ruinée à l’occafion d’une guerre furvenue
entre fes habitans 8c les Aradiens, qui furent-aidés
par Armonius, gouverneur de Sy rie, pour Alexandre
B ai a s.
_ XL. Mariame ou Mariamne étoit dans le continent
, à quelque diflance à l’eft de Marathus. Ses
habitans embraffèrent le chriftianifme. On trouve
le nom d’un évêque de cette ville dans les ades
du concile de Calcédoine, l’an 448.
XII. Antaradus, dont le nom fignifie oppofé
à Arad, étoit fituée à la droite de l’Eleuthère-,
à peu de diflance de la mer : elle étoit à vingt-
quatre, milles de Balanea. L’empereur Confiance-
la fit' rebâtir, en 346 , ce qui lui fit donner le nom
«fi Conjlantia. A l’arrivée des Croifés, elle portoit
lé nom., de Tonofe,
XIII. En defcendant la côté qui court parle fud-
oueft , à quelque diflance de PEleuthèré, on trou*
voit Sirnyra, ancienne demeure des Tzémaréens
dé 1 Ecriture. Ptolemée écrit Hinyra ,v 8c. Strabon
Taximyra. Les ruines de cette ville fer nomment
ehcorë Sürhrah.
, X IV. Orthofia ,, aufli fur la cqte, étoit au fud-
ofieft r c’étoq, une ville maritime. On a quelques'
médailles de cette .ville, qui fut épifcôpale. Ce-,
pendant il n’en eft fait aucune mention dans lés
hifioriens des croifâdes. Le port qui appelle aujourd’hui
cette ville par le nom à'Orthofa , n’eft
qu’une petite anfe, qui ne pourroit pas même recevoir
des barques de pêcheurs.
On remarque que quelques anciens, tels que
Paufanias 8c Strabon, ont parlé , l’un clés vipères,
l’autre d’un ferpent, également à, craindre dans ce
lieu ; 8c qu’il y a encore dans le voifinage des ruines
d’Orthofie, une fontaine que l’on nom me la Fontaine
du. ferpent. Il y a autour de cette fontaine des tombeaux
8c d’autres ruines.
X V . Area ou Arcé, étoit peu éloignée d’Or-
thôfie vers .le fud-eft , à quatre'ou cinq milles de
. mer» & ?.. fe\on l’itinéraire d’Antonin , il y avoir
treritè-deux millesM’j^nïjr^éüi à cette ville. C ’étoit
a e rnrie.^ern.eVr?_5les Arcéens ou Aracéens. Elle
etoiT fur une colline , au pied du mont Liban ,
& fut célèbre par lé'culte de Vénus ou Aftarthe.
Dans la ^uite , on y éleva un temple en l’honneur
d’Aiexandre-le-grand. Un autre Alexandre ,
fiis de M aminée , 8c fucceffeur d’Eliagabale , empereur
1 an cle ƒ. C. 222 , étoit de cette ville (1)^
. (1) On lui avoir donné le nom d’Alexandre, parce
quil etoit ne dans le temple de ce héros pendant'une
lo,.emmte que fon. père & fa mère y étoient venus
«eiebrer, .
Il lui donna enfuite le nom de C cefarea. Après
avoir eu des évêques , cette ville pafla aux Arabes ,
qui la fortifièrent. Elle fut afliégée inutilement pendant
trois mois par les Croifés, l’an 1099 : mais
fous le règne de Baudouin premier, fécond roi de
Jérufalem , elle fut prife en 1106. Les Mamelucs,
ayant chafie les Chrétiens de la Syrie , la détrui-
firent entièrement :,on n’y trouve plus que des
ruines.
XVI. Tnpolis, dont le nom indique la réunion
de trois villes, étoit fur le bord de la mer. Elle fut
■ foumife par Alexandre-le grand : après fa mort,elle
, refia à Ptolemés-Soter, roi d’Egypte, 8c elle demeura
:à fes- fuccefleurs .jufqu’au règne d’Antio-
; chu$7le'-grand., roi de Syrie, yers l’an 219 avant
notre, ère. Ce prince , en mariant fa. fille Cléopâtre
à Pfolemée Epiphane, l’an 193 , lui donna
en dot la Célo-Syrie. 8c la Phénicie :• mais des rois,
d’Egypte-, ces provinces revinrent bientôt aux Sé-
leuades. M
Un u(urpayeurnommé Denys, s’érant emparé
f de l’autorité :à Tripoli^, ; fur condamné à; perdre
la tête par Pompée, lorlqu’il.vint en Syrie, (oixante-
; quatre ans av-ant- l’èrOivulgaire. Depuis ce temps ,
! 4 fut déclarée -ville libre , ayant le droit de,
; fe gouverner par fes propres loix. Elle-prit fur
quelques médailles le. titre cle factée, d’üfyle , d'autonomie,
El même celui de métropole.
3 N. B. Tripolis, embrafià le cjîriftianifnie, 8c eut
d^es; évêques. : maiSi,elle pafla aux Arabes , fous
lè califat cPOmar. Les Croifés la priren t en 1109,
& en firent.la'càpitale d’une feigneurie dépendante
du royaumè de Jérufalem : on l’appela Comté de
Tripoli. Eh 1170, le 29 juin, elle eflùya un tremblement
de terre affreux : tous , les édifices furent
reijyerfés. Qn la rebâtit 8c on la mit en fi bon état
de.défenfe , -que Saladin ., paffant auprès l’an 1 18 7 ,
n’ofa l’attaquer. En 1288 , elle fut afliégée , prife
8c pillée par'les Mamelucs : o i f y mit- d’abord le
feu ; mais .elle fut rebâtie dans l’état' où elle eft
aujourd’hui : on la nomme Atrabolqs 8c Tara-
bolas.
La campagne de Tripolis. forme un jardin très-
agrèable, rempli de toutes fortes de fruits : elle
eft arrofée de diyers r.inffeaux , qui defeendent du
Liban. Lorfquje le temps eft calme, on apperçoit
fur le. bord de la mer , 8c dans la mer même %
plufieurs fources d’une eau douce 8ç excellente,
8c l’on croit que ces fources viennent d’une grande
grotte qui en eft à une li.eue à l’eft , 8c qui eft-
remarquable pâr une fource très-abondante fortant.
de la terre à gros bouillons, 8c fe perdant dans
la grotte même.
A deux iieues.au fud de Tripolis , on trouve
un amas de-ruines , :qui pourroient bien être celles
de■ T tiè re b rû lé e .218 ans: avant J. C. par An-’
tiochus-le-grand : entre ces Iruines 8c TripolisT eft
un"petit village nommé Kaleinon , que l’on prê-
(ume &tre le Calamos. de Polybe 8c. de Pline.
C’étoit aiifli aux environs de Tripolis qu’à la fias