
Uur pardon avec le droit de bourgeoisie romainé.
Ils durent ce bon traitement à la réponfe d’ua de
leurs prifonniers, qui dit en plein fénat que leur conduite
dépendroit de celle des Romains, & que,
s’ils étoient bien traités , la république n’auroit
pas d’alliés plus fidèles. Les Romains, peu apres,
s’emparèrent de Pahzopoiïs (ou Naples) , par leurs
intelligences avec les magifirats de cette ville.
Peu après (en 425)» on s’empara d’une petite
ville du territoire des Sidicins, mais que depuis
quelque temps les Samnites s’étoient appropriée.
Cette perte réveilla dans leurs cçeurs une haine
qui n’étoit que foiblement aflbupie: ils fe préparèrent
à prendre de nouveau les annes. L’armée
• romaine ( 427) , marcha contre eux, fous la conduite
du dictateur Papirius Curfor. . Pendant fon
afifence Fabius Rutilianus, général de la cavalerie,,
donna bataille aux Samnites & remporta la vi&oire.
Mais, comme il avoit combattu contre les ordres
de fon général, la mort auroit été la peine de fa dé-
fobéiffance , s’il n’en avoit appelé au peuple qui le
renvoya abfous. Ce même dictateur ( 429 ) , battit
enfuite les Samnites^ & les obligea de venir à
Rome demander la paix. On leur accorda une*
trêve d’un an, qu’ils n’obfervèrent pas. Leur délaite
(en 452 ) , fuivit de près cette infraction.
Cependant ces mauvais fuccès ne faifant qu’irriter
leur courage, ils reprirent encore les armes, fous
la conduite de Pontius, l’un de leurs généraux.
Les confuls qui conduifoient l’armée romaine,
croyant l’ennemi fort éloigné, s’engagèrent imprudemment
entré des montagnes. Mais quelle fut leur
furprife, leur confiernation , quand tout-à-coup ils
fe virent entourés de toutes parts ! Copine il n’étoit
pas poffibje que leur valeur les tirât de ce mauvais
pas , ils fe fournirent à une capitulation honteufe.
Les deux confuls, les officiers & les foldats for-
tirent fans armes de leur retranchement, & paf-
fèrent àj demi-nus fous le joug : c’eft cette retraite
que l’on appelle la journée des Fourches Caudines,
parce qu’elle eut lieu affez près de la ville de
Caudium.
Mais de trois partis entre léfquels pouvoient ‘
choifirles Samnites,ils ne tardèrent pas àfentir qu’ils
avoient fuivi celui qui leur convenoit le moins.
Au lieu de faire noblement grâce aux Romains,
ou de les exterminer jufqu’au dernier, ils ne les
avoient qu’humiliés ; on voit que fans les affoiblir,
ils n’avoient fait que les irriter davantage.
La bonne-foi des traités, ces conventions, ces
fennens qui lient les hommes-entre eux, & qui
devroient être auffi facrés entre les nations qu’entre
les individus,, n’arrêtoient pas les. Romains, dès
qu’il étoit de leur intérêt de les méprifer. Auffi
n’obferva - 1 - on pas le traité fait avec Pontius.
Le fort fervit les parjures ; ce général '& fa troupe
réduits aux mêmes extrémités que les Romains ,
paffèrent à leur tour fous le joug. A la fuite de
ce dékftre, ils demandèrent & obtinrent une trêve
qui fut de deu* ans. Ce terme expiré, la guerre
recommença avec autant d’opiniâtreté qu’aupara*
vant ; les Samnites furent battus en toute rencontre.
On leur oppofa ( en 437 & fuiv. ) Q. Fabius *
nommé di&ateur ; fon général de la cavalerie combattit
contre fon ordre, mais il fut tué dans le
combat; cependant les ennemis furent battus. O n .
prit quelques places. On afiiire meme que les Samnites
perdirent 30000 hommes, tués on faits pri-,
fonniers dans une feule bataille.
C ’eft à peu près vers ce temps , ( 441 ) , qu’Ap^
pius Claudius, cenfeur , fit commencer ce fa-1
meux chemin , fi connu fous , le nom de voie
Apprenne (via Appia ) , qui conduifoit de Rome
à Capoue, oc qui fut enfuite pouffé jufqu’à Brindes.-
II fit auffi conftruire un aqueduc pour conduire à
Rome des eaux plus faines que celles du Tibre,
& celles des puits, dont on étoit obligé dè fe ferviiv
Entre les guerres qui fui virent, il 11 y eut riea
d’auffi important que le paffage de la forêt CimÂ
nienne que Fabius força , à la tête de fes troupes.
C’étoit la barrière qui jufqu’alors avoit empêché
les Romains d’entrer, en Etrurie. Ce mont fe trou-
voit à l’oueft de Falçrii. Les Etrufques furent battus*
ils perdirent 60000 hommes.
En 449 & fuiv. on fit la guerre aux Hcrniqu.es
& aux Eques. Semproniu's & Sulpitius leur prirent 41
villes en foixante jours. Ayant repris les armes,
ces peuples furent battus de nouveau.
11 falloit que ce fût un peuple bien a&if. que
ces Samnites , puifqu’à peine tranquilles du .
côté des Romains , ils firent une irruption ,,
(en 455 & fu iv .) , fur les terres des Lucaniens,
alliés de la république. Il en réfulta une guerre
confidérable , dans la laquelle entrèrent les Etrufques
& les. Gaulois. La prévoyance aétive du fénat
lui donna encore l’avantage. Le Sanmium
fut ravagé : on y prit plufieurs villes. Le conful
Décius, imitant l’exemple de fon père , fe dévoua
comme lui aux dieux mânes, & comme lu i, procura
la yiâuire à fes troupes. '
Il femble que les Samnites trouvoient dans
leurs défaites un nouveau-courage & de nouvelles
forces. Iis' fe réunirent avec les Etrufques ; & ,
quoique les uns eufiènt été battus par Fabius, les
autres, par Appius & Vohjmniùs , ils eurent cependant
l’audace de venir attaquer les Romains
jufques dans leur retranchement; ces derniers eurent
befoin de tout leur courage pour réfifter aux efforts
de ces opiniâtres ennemis. Mais leur politique leur
fervoit autant que leur force r on en verra la
raifon morale, dans un morceau que je donnerai
à la fin du précis de l’hiftoire de la république.
Toujours vaincus & jamais fournis, les Samnites
( 460 ) crurent avoir trouvé un moyen de réfiA
ter enfin à leurs vainqueurs. Un de leurs comman-
dans ordonna à des officiers de fe eboifir chacun
un homme, & à chacun de ceux-ci d’en faire autant;
jufqu’à ce que l’on en eût levé 60 mille.
La plus grande partie fe dévoua aux dieux par
des terribles ; ils s’engagèrent de plus à
tuer quiconque d’entre eux prendront la tinté. Lè
çonfifi Papirius , informé de ce. qui fe paffoit, & ne
doutant pas qye fi une fois il pouvoit mettre ces
troupes d’élite en déroute, les autres ne lui cédaient
aifément la yijtioire , tourna toutes fes forces
de leur côté, &les obligea de plier , en lui cédant
le champ de bataille. Le refte de l’armée en fit
bientôt autant. Mais la réfiftance & l’attaque furent
telles, que les ennemis perdirent environ 40
mille hommes. La prife d’Aquilonie fut une des
fuites de cette victoire.
D ’un autre côté , le conful Carvilius les battit
auffi , & prit la ville de Corminium. Peu après
(4 7 1 ) , ce fameux Pondus, qui avoit Tait paffer
les Romains fous le joug, ayant été pris , fut conduit
à Rome, où il eut la tête tranchée. La paix
fe fit avec les ,' amnites ( 463 ). Le conful Curius ?
fi connu par fa valeur & fon grand défintéreffe-
jn.ent, eut l’honneur d’en régler les articles.
/ La paix & les dettes ,f i préjudiciables à la tranquillité
de Rome , y prodüifirent bientôt de nouveaux
maux. Véturius (46 5) , fils du conful de
ce nom, retenu depuis quelque tems dans les fers
par un patricien nommé C. Plotius, parut au milieu
de la place publique, & fit voir -à tout le
peuple fon dos couvert de plaies , & déchiré
à coups de fouet. Le peuple entra auffi-tôt en fureur.
Mais ce que l’on doit obferver , il né fe permit
pas de voie de fait contre ce monftre : Plotius
fut mis légalement en prifon; mais ,, comme fon
fùpplice ne fuiv,oit pas fa détention, le peuple fe
fouîeva plus encore que la première fois, & fe retira
fur le Janicule. Cette défection n’eut cependant
pas de fuite. Q . Fabius Maximus (466 ) ,
ayant fait publier de nouvelles lo ix , dont l’objet
étoit de mettre l’autorité entre les mains des plé-
_■ béïens, le peuple rentra dans la ville, & la tranquillité
fut rétablie. On en jouit pendant deux ans ,
au bout defquels les Gaulois ( 469 ) ayant fait de
nouvelles incurfions, il fallut reprendre les armes.
Ces peuples furent complètement défaits par Curius.
Quelques mouvemens de leur part & une révolté
du côté des Samnites, laquelle (471) fut bien-
tot^erminée , précédèrent de peu la guerre contre
.les Tarentins.
Ce peuple habitoit dans la partie méridionale
de l’Italie. Il étoit,grec: les fciences fleuriffoient dans
fon fein, auffi bien que 4a politique. Il n’eft pas
étonnant que la conduite & les progrès des Romains
lui aient fait craindre de les voir s’étendre
un jour fur toute la grande Grèce. Ilsn’étoient
donc pas fâchés de travailler à prévenir ce mal,
en affoibliffant les Romains dès leur origine. Je
trouve même qu’ils avoient bien tardé: en général
on ne peut trop blâmer là conduite de tous les
peuples d’Italie, qui virent s’élever au milieu d’eux
une puiffancé guerrière & ambitieufe, dont ils ne
démêlèrent pas la politique, & qu’ils n’étouffèrent
pas à fon berceau, au lieu d’attendre l’in fiant
malheureux ou ils .en devinrent le.s yiQimes. Mais J
1 èn fait dé guerre, la politique des Grecs n’égaloit
pas celle des Romains : ils etoient trop fuperficiels;
On le vqitbien dans la conduite des Tarentins, don*
je ne puis cependant rapporter que les principales?
circouftances.
Us feignirent de croire que quelques galères romaines
qui venaient acheter des rafraîchiffemens, étoient
armées contre eux : ils fe j.ettèrent defius, en coulèrent
quatre à fond ; la cinquième fe fauva &•
alla porter à Rome la nouvelle d’une hoftilité Q
injufte.
Les Romains dépêchèrent auffi-tôt une ambaffadd
à Tarente, pour y demander réparation de l’injure
& du dommage qu’ils venoient d’effuyer. Les
députés furent introduits dans l’affemblée des' Tarentins
, quifaifoient leurs délibérations au milieu de»
bouteilles‘& des femmes proftituées. La manière inful-
tante dont reçus les ambaffadeurs , augmenta
leur colère , & aggrava les torts des Tarentins : l’un
de ces derniers , nommé Philonidès, porta le délire
jufqu’à falir de fon urine- lé vêtement de L;
Pofthumius Mégellus, chef de l’ambaflade. Cetto
aétion fut fuivie d’un cri de joie & d’un rire général.
Ric^ maintenant , leur dit le veiltiard ; vos ris
’ f i changeront bientôt en pleurs , ce fera dans votre fan?
que feront lavées les taches de ma robe. Les ambafi-
fadeurs fe retirèrënt, &. n’obtinrent pour réponfe
que des huées & des injures. Que peyt-on attendre
de bon, d’un peuple qui fe conduit de cette
manière ?
Cette affaire occupa pendant quelques jours le
fénat. La république avoit plufieurs ennemis furies
bras ; elle craignoit de fuccomber fous le grand nombre.
Mais le peuple, au jugement duquel on renvoya
l’affaire, emporté par fon goût naturel pour
la guerre, & par ce cara&ère élevé qui lui faifoit
préférer la mort à la honte de fouffrir un affront,
fe déclara tout d’une voix pour que l’on s’armât contre
les Tarentins. Æmilius, chargé de cette guerre,
avoit déjà remporté une vi&oire , avant que Pyrrhus,
roi d’Epire, & appelé au fecours de ce peuple
, eût eu le temps de paffer en Italie.
Ce prince grec avoit une ame élevée , mâle
& belliqueufe. Mais fa valeur auroit eu befoin d’être *
réglée par beaucoup; de prudence. Ifiu du fang
d’Achille , plein d’admiration pour Alexandre ,
il brûloit du defir de marcher fur leurs traces. Charmé
de l’invitation des Tarentins ( 473 ) , il ne balança
pas à s’y rendre. En-effet, le fecours qu’il paroif-
foit leur porter , n’étoit réellement pour lui qu’un
prétexte de paffer en Italie ,*& de fe mefurer avec
les Romains : il comptoit bien y faire la guerre
pôur fon propre compte. Dans ces momens où fon
imagination échauffée par l’amour de la gloire , lui
faifoit déjà voir l’Italie, la Sicile, Carthage & toute
la. Grèce ne reconnoiffant d’autres maîtres que lu i,
oiy rapporte qu’il dit à Cynéas , guerrier philofophe
qyi l’accompagnoit; ce fera alors mon amis que nous
rirons j & que mus nous repoferons,à l’aife. . . . Mais ^