
pas d’évêque avant l’année 518 de Père chrétienne :
mais, conquife par les Arabes, elle tomba infèn-
ftblemënt dans un état de décadence, qui n’en lai/Te
pas même de traces. Fulbert, chanoine de Chartres,
& l'un des- hiftoriens des croifades, la nomme
Pirguij mais on ne voit pas d’où lui venoit ce
nom.
XLVII. A quelque diftance, au fu d , eft un fleuve
qui vient du fud-eft : on le nommoit Chprfeus.
XLVIIÏ. Entre Dora 8c Ccefarea, étoit un lieu
nommé Pierre-Encife, détroit qui fervoit de retraite
à des brigands. Baudouin I , roi de Jérufalem,
revenant de Ptolémaïde, dont il avoit été obligé
de lever le liège, combattit & diflipa ces brigands,
mais il fut atteint d’une flèche, qui entra par le dos
8t le bleffa tout près du coeur. Les Templiers, en
12.17, bâtirent près, & à l’eft de ce lieu, une
tour dans laquelle ,on mit garnifon : on l’appella
le Château-P elerin.
1 XLIX. Sur un petit promontoire, formant une
efpèce de prefqu’île, un Grec , établi en Phénicie,
avoit bâti une tour, q u i, d’après lui, fe nommoit
Stratonis Turris, la tour de Straton. On ne fait pas
f époque de cette première fondation. Dans la fuite,
Hérode ayant reçu d’Augufte, entre autres lieux
çpnftdérables , cette tour de Straton , devenue une
petite ville , il la fit rebâtir 23 ans avant l’ère vulgaire
, & en l’honneur de fon bienfaiteur , lui donna
le nom de Ccefarea : le port fut nommé Sebajlos.
Il employa douze ans tant à la conftruîre qu’à
l'embellir, 8t il y dépenfa des fommes immenfes.
Le port qui auparavant étoit fqrt dangereux, devint
alors très-commode, au moyen d’un mole
circulaire, qui le mit à l’abri des vents de fud
& des vents d’oueft. Ces différens ouvrages
furent achevés dix ans avant Jéfus - Chrift
Hérode s’éleva an-defîùs des préjugés de fa n a-
tion , y établit non-feulement des Juifs, mais
des Phéniciens, des Grecs , dès Syriens, "& leur
•accorda le libre exercice de leur religion. Cette
l'âge politique, dont le commerce de Cefaree devoir
retirer le plus grand avantage, ne fut point
approuvée par les Juifs , & donna lieu a des du-
fen fions inteftines, qui devinrent fouvent de petites
guerres civiles. Les torts des deux partis furent
jugés à Rome par Néron. Je fuis intimement
perfuadé que les Juifs étoient les agreffeurs, parce
__ qu’ils étoient intolérans : auffi furent-ils condamnés.
Jofeph, dont le témoignage eft ici fort fu fp eâ ,
prétend que l’on trompa la juftice du prince. Quoi
Su’il en fo it, les Juifs furent privés du^ droit de
bourgeoifie. On croit cette feritence de l’an 61 de
notre ère. Les troubles & les combats intérieurs
n’en continuèrent pas moins. Enfin , les Juifs fe
voyant les plus foibles , fe retirèrent : mais ils
échauffèrent le zèle fraternel de toute la nation ;
le feu y gagna de proche en proche , & cette première
étincelle caufal’incendie qui embrafa Jérufa-
lem : il finît par la confumer.
Après laprifede cette dernière ville par Titus, ce
prince envoya à Cefaree les dépouilles de toute?
les provinces, & y fit célébrer des jeux : mais
de ces jeux féroces , tels qu’ il les falloit aux
Romains , qui s’y raflafièrent du fang de plus de
deux mille cinq cens Juifs , tués en combattant les
uns contre lesautres, ou contre des animaux.
En 76 de notre ère , Vefpafien établit une colonie
à Céfarée , qui prit le nom de Flaviana,
Elle devint la métropole de la Paleftine. Il déchargea
les habitans du tribut de la capitation , 8c
Titus les débarraffa de la taille.
La religion chrétienne s’éroit établie à Céfarée
dès l’an 3^ de. J. C. Il y eut enfuite des évêques
•Sc des martyrs. L ’an 639 , Abou Obéidah, général
du calife Omar, la prit fur Héraclius : depuis elle
paffa aux califes d’Egypte. Elle fut prife par Baudouin
I , roi de Jérufalem. Les Francs conservèrent
Céfarée jufqu’en 1187, qu’elle leur fut enlevée par
Saladin , après la prife de Ptolémaïs. Elle revint
aüx Chrétiens : car en 1219 S. Louis la fit réparer.
Elle retomba fous la puiffance des Mamelucks Ba-
harites , l’an 1291, époque à laquelle les Chrétiens
furent chaffés de la Syrie. Cette v ille , alors ruinée,
ne s’eft jamais relevée depuis.
L. Au fud de Céfarée eft un lac que les
anciens ont connu fous le nom de Crocodilerum
laciis. On le retrouve encore aujourd’hui.
Dans lé même lieu , il y a v o it, félon Strabon ,
une forêt de chênes ; félon S. Jérôme, c’étoient
des vaftes campagnes, 8c que par cette raifon on .
les nommoit Baron ou Saronas. Outre les pâturages
, il y avoit dès vignes, dont le vin , a fiez
eftimé, étoit connu fous le nom de B a ron .
LI. J p o lio n ia s étoit au fud. Son nom fait préfumer
qu’elle avoir été, bâtie dans le temps que
les rois Macédoniens étoient maîtres de la Phénicie.
On forme encore une autre conje&ure. Se-
leucus-Philopator eut pour premier minifire Thra-
feas, dont le fils Apollonius fut gouverneur de la
Celo-Syrie : ne pourroit-il pas avoir fondé cette
ville ?
LU. Joppé étoit plus au fud , à l’extrémité de la
plaine de Saron. Les anciens ont fort varié fur
l’ancienneté de cette ville. Les Phéniciens , félon
Pline , en faifoient remonter la fondation au-delà
de l’inondation des terres ; ce qui fignifieroit au-
delà du déluge. Les Grecs, fans remonter fi haut,
l’attribuoient à Iopé , fille d’Eole 8c de Céphée.
On ne peut rien établir, d’après ces opinions.
Ce que l’on peut afiùrer fur Joppé ,. c’eft
qu’elle exiftoit au temps de Jofué , qui la nomme
Japho ; 8c c’étoit fon nom en phénicien. Il lui fut
peut-être donné à caufe de fa fituation , puifqu’il
fignifie la Belle.
On difoit que c’étoit près de Joppé qu’avôit
été enchaînée-Andromède, délivrée enfuite par Per-
fée. Selon Pau fa nias, il y avoit auprès de cette
ville une fontaine , dont l’eau étoit couleur de
fang. '
Joppé avoit un bon port. Elle paffa fucceflivement
P H <E
'ment ailX Chaldécns, aux Perfes, aux Lagtdes 9c
aux'Séleucides. Elle étoit fous la domination de
te s ’derniers, l’an1 i !63 avant*l’ere chrétienne,' lorf-
que- fes' habitans, violant la paix qui venoit d’être
conclue entre Judas Machabée & Lyfias, tuteur
d ’Ahtiochus Ëupator., jettèrent dans la mer deux
cens Juifs, qui demeuroient dans leur ville. Inf-
trliit de cette violation barbare du traité , Judas
. partit fur le champ pour en tirer vengeance , fur-,
prit pendant lamiit les habitans de Joppé, fit main-»
baffe fur tous les matelots , 8c brûla tous leurs
vaiffeaux.
Seize ans après, èn 148 , -Jonathas, prince des
Juifs, fe rendit maître de Joppé f Apollonius, gou-
1 verneur de la Célo-Syrie & de la Sy r ie , n’ayant pu
xéuflir à détacher Jonathas des intérêts d’Alexandre
B 5la , le défia à une bataille : le . défi fut accepté.
Jônathas fortitde Jérufalem,avec dix mille hommes,
vint prendre Joppé à fa v u e , lui livra bataille,
' -8c-ltii tua huit mille hommes. Jonathas ne con-
ferya. pas cette place ; mais. Simon fon frère la
Teprit quatre ans après. Joppé paffa cependant aux
rois de Syrie. L’an 130 avant l’ère vulgaire, le
fénat romain la fit rendre aux Juifs. En 64 Pompée,
renfermant la Judée dans fes anciennes bornes ,
obligea Hircan d’évacuer les places que fes pré-
déceffeurs avoient prifes, tant dans la Célo-Syrie
•que dans la Phénicie. Au gu fie , devenu maître de
l’empire, donna cette place1 à Hérodè. Mais.lors
de leur révolte contre les Romains, Joppé fut la
première villéqui éprouva l’effet de leur vengeance.
L’an 66 de notre ère Gallius Ceftius y mit le feu:
Elle fut en partie rétablie par les Juifs: mais Vefpafien
la fit ruiner de nouveau.
■ Cette ville n’offroit plus qu’une tour, 8c beaucoup
de ruine.s , lorfque Godefroi de Bouillon,
premier roi de Jérufalem , entreprit de la rétablir.
Il l’environna de murs , 8c en fit une place forte,
que les Mufülmans attaquèrent plufieurs fois inutilement.
Saladin fut le premier d’entre eux qui
s’en empara en 1187. Il la perdit cependant, 8c
Richard, roi d’Angleterre , la défendit contre lui :
mais fon frère Maïek-al-Adel la prit en 1198, 8c
en emmena les habitans en captivité. S. Louis,
-èn 1252, la fit réparer : mais en 1291 les Chrétiens
furent entièrement chaffés de la Syrie, 8c
Joppé paffa aux Mnfulmàns , auxquels elle eft ref-
tée depuis : on la connoît actuellement fous le nom
de Jafa.
LIII. Jamnla étoit à quelque diftance au fud de
Joppé: fon nom phénicien étoit Iabne. Ce fut une des
villes que les Juifs avoient prifes fur les Phéniciens ,
8c dont Pompée leur ordonna la reftirution. Il eft
probable qu’elle avoit été en partie démantelée ,
puifque Gabinius, préfident de Syrie , ordonna l’an
57 de la rétablir, 8c depuis elle fut accordée à
Hérode par Augufte. Hérode en donna la feigueurie
à Salomé fa foeur, qui, en mourant, la laifîa par
teftament à Livie , femme d’Augufte. Les Chrétiens
s’en rendirent maîtres lors de la première
Géographie ancienne• Tome U%
P H OE
cToifade : mais elle fut prife par Saladin , lorfqu’il
fe fut rendu 'maître de Ptolémaïs.
Tout le refte dé la côte jufqu'à l’Egypte avoit
été occupé par les Philiftïns ; mais dans la fuite ,
8c depuis la captivité des Juifs , leur pays prit auflï
le nom de Phénicie, 8c fit partie de cette province
fous le gouvernement des Perfes, fous les fuc-
ceffeurs d’Alexandre 8c fous les Romains.
LIV. Ecran, ou Arcaron , étoit la première ville
de cette côte telle étoit à une petite diftance de la
mer : ç’avoit été 4^ capitale d’une des cinq fatrapies
des Philiftins. Ces peuples idolâtres étoient-ennemis
des Juifs : c’étoit par une fuite de leur haine
qu’ils avoient changé le nom de la divinité des
habitans d'Accaron: ils l’adoroierit fous le nom de
Baal^ebahhim, ou dieu des facrifices : les Hébreux,
pour les tourner en dérifion , le nommèrent BeeU
çebuht, ou feigneur'des mouches.
LV. Açotus ou Afdod, étoitunedesplus importan-
tesplaces de cette côte. Fortifiéepar les Egyptiens,
elle leur fervit de défenfe contre les rois Aflyriens.
Cependant ils s’en emparèrent fous la conduite dé
Tartan, général de Sennacherib. Environ cent
ïoixante-dix ans avant l’ère vulgaire , Pfammétique ,
voulant la reprendre, vint mettre le fiège devant
Aqot.' Ce fiège , moins célèbre que celui d eTroye,
; parle nom 8c la valeur deshéfos qui s’y.tronverent,
-eut au moins l’avantage de>la dftrée :. il fut conv
verti en blocus, 8c dura vingt-neuf ans. La ville
étoit alors réduire à l’état le plus déplorable ■: an fil
les prophètes ne l’appellent-iis que les reftes d*A%oh
Elle fut rétablie, mais quelque temps après ruinée
par Jonathas , prince des Juifs. Ce peuple cependant
la-répara, 8c la garda jufqu’à l’an 63 avant
l’ère vulgaire , que Pompée les obligea' de l’abandonner.
Il paroîc qu’elle étoit en mauvais état, car
fix ans après , Gabinius la comprit dans le nombre
de celles dont il ordonna le rétablifietnent.
On fait que le dieu de cette ville portoit le
nom de Dagon ; que les Philiftins s’étant emparés
de l’arche, il s’opéra plufieur.s miracles en faveur
des Ifi aélites , auxquels l’arche fut rendue.
LVI. Afcalon, autre ville des Phéniciens , étoit,’
félon l’itinéraire d’An.tonin,à vingt milles àsjamnia.
Le canton où elle étoit avoit de la célébrité par
fil fertilité. On en eftimoit fur-tout les vins , lorf-
qu’ils étoient vieux. On y recueiiloit auffi Je fruit
d’un arbre appelle par les Grecs , 8c que
l’on croit être des Troëfnes. Mais la produâion
qui. avoit le plus de réputation étoit une efpèce
d’oignon que-les Grecs nommoient PorKcchcevaAct
■ KpopcpLVcùV WOKIÇ, ou Afcalonia coepe(i). G’eft par
cette raifon que l’on a quelquefois appellé Afcalon ,■
Kcop.uvàv orôxtç y ou ville des oignons.
Les habitans d'Afcalon adoroient Vénus Uranie
ou la Célefte. Le temple de cette divinité étoit
(1) C’eft de ce mot A'Afcalonia cape que l’on a fait daû&
le treizième fiècle Efchalaignes , & depuis Echalottes&
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