
& ils entrent en chaleur au printems, parce'
qu’ils furabondenc alors en fucs nourriciers ,
non-feulement parce qu’ils eu ont épargné
pendant l’aucomne & l’hiver , mais parce
que la proie qu’ils ont faille alors, plus fuccu-
lente que dans l’été, fournit plus de parties
alimentaires ; car les oifeaux granivores
font la proie la plus ordinaire des oifeaux
carnaciers.
Il paroît que la furabondance des fucs
fuffit pour que les oifeaux fentept des befoins,
pour que le mâle recherche la femelle, qu’elle
fe prête à fes délits 8c dépofe des oeufs.
Mais il femble que pour que . les defirs du
mâle foiçnt fourenus, que la ponte foit fui-
vie , il faut encore un degré de chaleur analogue
à chaque efpèce. En effet, les oifeaux
apportés des pays chauds, qu’on nourrit largement
en cage dans les appartemens , s’accouplent
; mais leur union manque d’ardeur &
d’aélivité ; la ponte , au lieu d’être continue,
ne fe fait que par intervalles de plufieurs
jours. Ces animaux , comme s’ils fentoient
l’inutilité des foins qu’ils prendroienr, & l’état
d’impuiffance auquel ils fonc réduits , ne
conftruifent pas de nid ; la femelle dépofe
fes oeufs à l’endroit où elle en fent le befoin ;
les y abandonne , & n’en prend aucun foin.
Mais fi on tranfporte ces mêmes oifeaux de
l’appartement où ils n’éprouvent qu’un degré
de chaleur fuffifant pour exciter en eux des
defirs languiffans, dans un lieu où ils jouif-
fent d’une chaleur égale à celle des climats
où leur efpèce vit en liberté , les befoins
qu’ils éprouvent fefont fentir vivement; leurs
carelfes font ardentes, leur accouplement eft
fréquent ; ils conftruifent un nid , la femelle
y dépofe fes oeufs de jour en jour fans interruption
, couve quand fa ponte eft achevée,
& nourrit les petits qui nailfent après le tems
déterminé de l’incubation. Le fait que je
viens de rapporter n’aura lie,u qu’autant qu’on
foumettra à ce genre d’expérience des efpèces
qui multiplient en domefticité , qui y prennent
tous les foins néceffaires pour avoir une
poftérité. Car il y a des efpèces, & il y en
a un grand nombre, qu i, quoiqu’elles reffentent
en domefticité des defirs ardens, quoiqu’elles
les fatisfaflent, n’en foignent point le
produit , le négligent & l’abandonnent: il y
a beaucoup de ces efpèces dans nos climats:
la Perdrix , par exemple , eft ardente en
captivité , le mâle recherche la femelle , elle
fait fa ponte , mais elle la néglige. La fura-
/bondance des fucs eft donc la condition effen-
tielle 8c première, pour que les oifeaux multiplient
; ils ont, en outre , befoin d’un degré
de chaleur analogue à chaque efpèce , & il y
en a auxquels il faut ou la jouiffance d’une
liberté entière , ou un certain degré de liberté
; car. les efpèces mêmes qui ne multiplient
pas en captivité , y produifent fi on
n’appéfantit pas leurs chaînes, fi on les leur
cache , (i on leur accorde un efpace fuffifant,
fi ils ne s’y apperçoivent pas de l’enceinte qui
les y retient.
Les poiffons reflemblent aux oifeaux, en
ce qu’à une époque déterminée , les organes
du mâle font tuméfiés & remplis de fucs
prêts à s’en épancher , les ovaires des femelles
chargés d’un nombre de germes qu’on
peur appeller prodigieux , développés au point
d’être changés en des oeufs auffi grands qu’ils
puiffent le devenir ; en ce qu’après que la
femelle a mis bas, & que le mâle a répandu la
liqueur dont il arrofe les oeufs , les organes
du mâle font affaiffés, ne paroilfent plus con-
lifter qu’en des membranes prefque dénuées
de fubftance, 8c qu’on n’apperçoit plus d’oeufs
fur les ovaires de la femelle , qu’on n’y découvre
plus que des germes infiniment petits.
Mais les poiffons diffèrent des oifeaux en ce
qu’ils font leur ponte en une feule fois , que
la femelle répand de fuite tous fes oeufs ,
& le mâle toute la liqueur amaffée dans fes
organes. C ’eft ,en général, à la fin de l’hiver
que les poiffons fraient ; il faudroit connoître
mieux les détails de leur hiftoire pour favoir
s’il n’y a pas des efpèces qui fraient à des
tems différens. La turgefcence de leurs organes
prouve que c’eft la furabondance des flics qui
excitent leurs defirs.; car ils donnent des preuves
qu’ils en éprouvent , & que cette même
furabondance détermine l’époque à laquelle
ils multiplient. Comme- leurs organes font
plus volumineux, plus amples que ceux d aucun
autre animal , comme la femelle dépofe
â la fois une beaucoup plus grande quantité
d’oeufs , que les mâles les arrofent par une
feule émiflion , on conçoit , que quoiqu’ils
habitent un élément dans lequel ils trouvent
probablement une nourriture également abondante
en tout tems, ils ont befoin d’un
tems auffi confidérable que les autres animaux
, pour fe refaire & réparer d’une année
à une autre la dépenfe qu’ils ont faite au
printems-
Il y a quelques infeâes qui vivent p;l§-
fieurs années & qui multiplient plufieurs fois
dans le cours de leur vie ; ces infeétes ne
changent point de forme, ils paffent le fort
de l’hiver dans. des retraites où ils font
engourdis; tels font les Cloportes, telles
paroiffent être les Araignées qui vivent dans
les maifons , dans les fourerrains, cir ce
fait n’eft pas bien avéré à leur égard ; tels
font enfin les. cruftacés, fi , comme c’eft
l’ufage , on range ces animaux au nombre
des infeétes , 8c fi l’on n’en fait pas une claffe
à part dans laquelle on place les Cloportes,
les Araignées, &c. Les infeéfes qui changent
de forme ne multiplient, comme je'
lai déjà d it, que quand ils font parvenus
à leur dernier état; aucun ne vit long-tems
après l’avoir atteint, mais les deux fexes fe
cherchent alors , s’uniffént, produifent, 8c
les individus qui ont fatisfait aux befoins
de l’efpèce périffent. L ’accouplement n’a lieu
qu’une fois , & la ponte fe fait de fuite &
en un feul tems. L’un & l’autre font fuivis
de la mort du mâle 8c de la femelle. Parmi
les efpèces dont la durée de la vie embraffe,
fous différentes formes, plufieurs mois ou
même plufieurs années, comme plufieurs Papillons
, un grand nombre de Coléoptères, les
Ephémères, &e. L’a,ccouplement& la ponte
ont lieu, pour tous les individus del’efpèee,
à urte époque périodique chaque année. Cela
vient de ce que les larves , lés nymphes ,
les chryfalides paffent trop de tems fous ces
différentes formes pour parvenir à la dernière
avant la mauvaife faifon, & ne la
revérifient que l’année fuivame au retour
du beau tems , plus tôt ou plus tard, félon
les efpèces. Tous les individus en état de
produire naiffent donc, pour ainfi dire, &
font féconds prefqu’en même-tems,; les fexes
fe recherchent auffi - tô t, leur union eft
promptement fuivie du dépôt général des
oeufs ; & il n’y aura de nouveaux infeétes
de la même efpèce en état de multipliée
que l’année ou les années fuivantes, félon,
les efpèces, & dans la même faifon, à la
même époque.
Mais il y a des efpèces, comme celle de
la Mouche commune , des Papillons braf-
ficaires , &c. dans lefquels les individus ,
quoique paffant par différentes formes, parviennent
en peu de tems à la dernière 8c
long tems avant le retour de la mauvaife
faifon ; tant que le beau tems dure, il y a
dans ces efpèces des générations répétées 8c
confécutives ; les individus ne furvivent pas
à leur reproduétion, mais il y. en a chaque
jour qui paffent de l’état de nymphe ou de
chryfalide à celui d’infeéte parfait , qui fe
reproduifent fourniffent une nouvelle génération
& périffent. Cependant, au retour
du froid, les individus qui étoient prêts de
fortir de la nymphe ou de la chryfalide
reftenc engourdis foüs ces. enveloppes , y
paffent l’hiver , & n’en fortent qu’au printems
; ceux qui s’en étoient tirés au mornenc
où le froid étoit prêt de fe fhire fenrir, qui
éprouvent fon atteinte avant de s’être accouplés,
fe réfugient dans quelque retraite
où ils paffent l’hiver engourdis , dont ils fortent
au retour lu ' printems, quand la chaleur
les met en aétion. Ils font alors les
premiers de leur efpèce à s’accoupler, ils
font la fource des premières générations ;
tels font la Mouche bleue de la viande,
plufieurs Papillons , en particulier le Gamma
, le Citron, le Morio, &c. On voit fou-
vent'de ces infeâes voltiger aux rayons du
foleil, pendant quelques heures , dès le mois
de février : fi on les., fuit quand le tems
fraîchit, on voit qu’ils fe retirent dans quel