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qui vient de fe Fendre | qui eft accrochée &
retenue par les fils , elle fe hiiïe à reculons ,
au haut de cette peau, & fe fixe en engageant
le crochet qui termine fon corps entre les
fils attachés fur la plante, ou quelqu’autre
corps ; fa- peau perd bientôt fa foupleffe ,
fe durcit & devient une armure contre les
froiffemens légers, les courans d’air, la chûte
des météores ; mais c’eft; une armure foible
contre l’attaque des ennemis , foit qu’ils enlèvent
& engloutilTent la chryfalide entière,
comme certains oifeaux , foit qu’ils la déchirent
8c la dévorent pat parties , comme les
larves depiufieurs efpècesd’infectes,ouqu’ils
la percent pour y dépofer des oeufs , d’où
forcent des larves qui dévorenc à l’intérieur
de la chryfalide, l’infeâe qu’elle devoir défendre
, comme le font les larves des Ichneu-
mons, desCynips. Les chryfalidcs demeurées
à découvert , expofées à la vue , courent donc
un grand nombre de hazards & de dangers;
mais elles ne les courent que pendant.. peu
de jours , leur grand nombre , le peu de
durée du tems diminuent le péril, & af-
furent la confervation de l’efpèce. Il périt
beaucoup de ces chtyfalides, mais il y en
a alfez qui s’échappent aux dangers , alfez
de confervées ; les infectes parfaits qui en
fortent font en a fiez grand nombre pour que
les efpèc’es n’en fouffrent pas, & que par leur
fécondité, ils réparent la perte des individus,Il
n’en feroit pas de même des infectes qui
palfent plufieurs mois , près d’une année
même dans letat de chryfalide. Ceux-ci au-
roient à fouffrir de la révolution des faifons ,
des rigueurs de l’hiver auxquelles les premiers
ne font pas expofés , 8c la durée du
tems rendroit les périls de la part des. ennemis
, bien plus redoutables ; il y auroit bien
moins de probabilité d’y échapper : il eft donc
Jîeceffaire que les larves prennent en faveur
des chryfalides des précautions dont celles-ci
ont befoin : elles confident en général à s’entourer
d’une enveloppe qui garantiffe de l'influence
de l’air & des météores, qui dérobe
à la vue des ennemis , qui rendeJeursentre-
prifes ou difficiles & capables de les rebuter,
pu-inexécutables fuivant leurs forces ,
O U -R S
Scies moyens qu’ils ont pour attaquer; l ’exécution
, le genre des précautions font déterminés
en particulier par les circonftances
dans lefquelles les larves ont vécu , dans
lefquelles elles fe trouvent, & par les moyens
ou les rellources qui exiftenr en elles. Les
larves qui habitenc en terre , comme celles
du Hanneton , ou dans des fubftances analogues,
comme, celles du Monceros, qu’on
trouve dans. le Tan ou le bois vermoulu,
battent le terrein avec la partie antérieure
de leur corps , l’écartent fur les côtés , le
foulèvent & l’affermilfent en le’ foulant, en
le prelfant avec la même partie ; elles en
augmentent la folidité en répandant fur les
parois de la cavité qu’elles ont formée autour
d’elles, une humeur vifqueufe qui en agglutine
, en lie les molécules , elles fortifient
encore la terrein en -y étendant, en y attachant
quelques fils de foie , qni en rendent'
en même.-tems la ftuface'phis unie, & plus
douce. Ce travail achevé , elles attendent
l’inftant de palier à l’état de chryfalide : la
profondeur, l’obfcurité de la retraite, mettent
à couvert d’un grand nombre de dangers ,
la réfiftance. de fes parois pare à beaucoup
d’autres , à l’attaque d’un grand nombre d’en-
nemis foibles , & en rebute d’autres dans
leurs etitreprifes. C ’eft donc un afyle .tran--
quille , alluré contre l’influence de l’air , les
rigueurs delà mauvaife faifon les météores,
la .pourfuite d’un grand nombre d’ennemis ;
c’en; tout ce que peuvent des larves qui ne
trouvent en elles qu’une petite quantité de
matière vifqueufe , de fuc-s propres à en
former & tendre quelques-fils de foie : mais
les larves en qui ces fucs font abondans ,
qui d’ailleurs vivent an-dehors & à la fur-
face de la terre, prennent un autre genre de
précautions : elles confident, en général,
à çonftruire une coque de foie, A fe retirer
au centre ,.& à y pafier à l’état de chryfalide»
mais la coque eft placée différemment, fuivant
les fubftances dont les larves fe font
nourries, les endroits où elles ont vécu , fuivant
le tems que l’infeéfe doit palier fous la
forme de chryfalide ; de même la texture ,
là force, l’épaiffeur de la coque, varient fe-
Ion que l’infeéle demeurera plus long-tems
en chryfalide , & que la larve abonde^ davantage
en fucs propres à en formée de la
foie : mais ces fucs font toujours plus abondans
dans les larves, dont l’infeéte demeure
plus de tems dans l’état de chryfalide. Rendons
ces propofitions plus fenfibies par des
exemples. La larve ou la chenille,que M. de
Réaumur a nommée la commune , fe change
en un Papillon, après avoir paife quelques
jours feulement dans letat de chryfalide ;
elle file une coque , d’un tiffu lâche , peu
épais, qu’elle attache à la bifurcation des
branches, ou même à quelques feuilles , fans
en craindre la chûte ; la larve ou chenille du
Papillon, ou plutôt de la Phalène , paquet de
feuilles sèches , u'ne Chenille à aigrettes de
l’orme fore grande, demeurent en chryfalide
encore moins de tems que la Chenille
appellée la Commune ; elles conftruifent une
coque d’un tiffu plus lâche, moins fourni;
la dernière ne s’entoure que dune forte de
réfeau flafque : toutes deux placent leur
coque à terre fous la faillie de quelque tronc
■ d’arbre , d’une branche ou d’une pierre. Si
l’on examine ces chenilles prêtes à filer , on
ne leur trouve que des réfervoirs de la. foie
peu vaftes ; fi l’on examine au contraire la
‘Chenille-,-du grand .Paon de nuit, dans la.
même circonftance, on voit que les réfervoirs
de la foie font . f i étendues dans cette
larve , qu’ils-occupent une partie de fon intérieur,
& que, proportion gardée, ils approchent
d’être auffi grands que les refervoirs
du ver à foie. Mais le Papillon grand Paon
de nuit palîe fept à huit mois en chryfa-
■ lide : celle-ci a donc befoin d’être mieux
abritée, plus sûrement garantie ; la larve
quitte les. arbres fur lefquels elle a vécu,
cherche un rrou , une fente dans une muraille,
un abri fous l’avance d’une pierre,
ou- d’une corniche , elle s y réfugié 8c conf-
truit une coque d’un tiffu ferré , épaiffe ,
impénétrable à l’eau , très - difficile a percer
, à ouvrir , ou à déchirer , tant elle
oppofe de réfiftance. J’ai dit que les réfervoirs
de la foie, font eu proportion auffi grands
dans la larve^ju grand Paonde jour >que dans'
celle du Papillon du ver à foie.Maisce derniei
Papillon ne paffe, dans nos climats, que
cinq à fix-femaines dans l’état de chryfalide ;
ces cinq à fix femaines font au milieu de la
plus belle faifon; cependant la larve forme
une coque prefqu’auffi folide que celle dix
Paon de jour. Le ver à foie paroît donc
faire une exception; pour en juger, il faudrait
l’avoir obfervé dans les climats ou il
vit naturellement ; il eft étranger dans la
nôtre. Peut-être paffe-t-il beaucoup plus de
tems en chryfalide dans les fieux dont il eft
originaire, ce tems y eft peut-être celui de
la mauvaife faifon, celui de ces pluies fi
abondantes à certaines époques dans les pays
chauds; ou le ver à foie eft peut-être expofé
à d’autres dangers que nous ne connoiftons
pas, qu’il ne court pas dans nos climats
où il vit à l’abri de nos propres toits; il eft
bien vraifemblable que, demeurant dans
fon pays natal à l’air libre, il y paffe plus
de tems dans l’état de chryfalide, & qu’il
court au moins par-là un danger plus long.
Les larves des Papillons Sphinx, qui font
fort grandes; mais en qui la matière de la
foie eft fort peu abondante, dont le Papillon
paife dans l’ état de chryfalide à-peu-près
autant de tems que le Paon de jour, 8c
y paffe la même faifon, defeendent pour
i'e mécamorphofér des plantes fur lefquelles
elles ont vécu, s’enfoncent profondément
en terre , s’y conftruifent une retraite , ou
forte de coque, à la manière des larves
qui ont vécu dans la terre ; c’eft dans fon
lein que les larves, qui n’ont la faculté que
de filer fort peu, dont l’infeâe paffe beaucoup
de tems dans l’état de chryfalide , cherchent,
en général , un afyle, & s’y en préparent
un par les mêmes moyens que les larves
qui y ont- toujours vécu.
Plufieurs efpèces de larves , qui ne fau>
raient de même filer que fort peu, n entrent
point en terre , mais elles fortifient
leur coque, trop foible, par des ffagmens
de feu lies , de brins de bois , de grains
de fable quelles lient enfemble. En général,
la durée de l’état de chryfalide eft courte