
vemens violens qui (accèdent, les marques
d’une extrême fenlibilité ; elles s’agirent par
l’effet du (buffle feul, tandis que les autres
larves, également nues, s’inquiètent à peine
d’un pareil attouchement j & y paroiflent fore
peu fenfibles. Ce font donc autant de preuves
que les larves qui'fe conftruifent des fourreaux
ne fauroient fupporter les ceignes , le
contait immédiat & l’influence de 1 a ir ,
même dans une chambre, les larves des fri-
ganes , le contait aufli immédiat de l’eau,
& qu’elles ont la peau d’une extrême fenfi-
bilité. C ’eft donc cette conftitution qui les
oblige à le conltruire des fourreaux & à ne
jamais en fortir.
Les larves du Criocère carmin & du Criocère
porte croix de l’afperge, celles des CaJ-
Jides , que M. de Réaumur a nommées
Hottentots, font courtes , molles, prefque
pulpeufes ; leur peau eft très-fine & fort ri
dée , elles fe couvrent de leurs excrémens,
ils font mois & .vifqueux, leur anus s’ouvre
en delïus à l’extrémité du corps j les larves
des Criocères , en pinçant leurs exi rémens
entre les vides de leur peau , les fonc remonter
jufqu’à leur têre , & parviennent bientôt,
car ces larves mangent beaucoup, à s'en_
couvrir en deflits & fur les côtés; elles les
accumulent en les preflant , & elles en éta-
bliflent une couche épaiffe au delïus de leur
corps, ils forment une mafle , & ils adhèrent
entr’eux & à la peau par le'ur viflofité ; ils
garantirent la larve du contait de l’air, de la
pluie, ils amortiflent par leur mollefle l’effet
du choc des corps, & ils cachent à la vue
des animaux de rapine une proie fucculente,
très-lente dans fes mouvemens, & fans dé-
fenfe. Si l’on retire la larve de deflbus l’amas
de fes excrémens, qu’à mefure qu’elle tente
de s’en couvrir, on les enlève , fa peau, qui
étoit fouplè, humide, ridée, ne tarde pas
à fe déflecher , fe durcir, fe tendre , & la-
larve à périr. Le manteau toujours humide,
qui empêche l’aition défichante de l’air fur
la peau lui étoit donc néceflaire; aufli quand
les excrémens trop anciens commencent à fe
deffécher, la larve les .rejette t elle par les
mouvemens-convenables de fes anneaux, &
les remplace-1-elle par des excrémens plus
frais.
Les larves des Cafîides ne fe couvrent pas immédiatement
de leurs ordures ; un appendice
bifurqué , incliné de l’extrémité de leur corps
à la tête eft une forte de toit portatif fur lequel
elles les dépofent, les reçoivent, furie
plan duquel elles gliiïent, s’arrêtent en avant
par la rencontre de la tète 6c s accumulent
derrière- les unes les autres.
On voit en grande abondance en ete fut
l’herbe des prairies, fur le gazon & différentes
plantes dans les jardins -, des amas de moufle
blanche, fembiables à de la falive battue 3c
remplie de bulles d’air. Si le dégoût de la ref-
femblance Je ces amas avec une matière dqnt
on rcconnoît bientôt à leur grand nombre
qu’il faut les diftinguér , ne détourne pas de
les examiner, on trouve a leur centie une larve
ou une nymphe de procigaîe ; la larve n a ’ ncore
rien oui reflemble à des aites de a leur fourreau,
& la nymphe a un commencement de
l’un & de l’autre, On croit communément
quelhimas au milieu duquel on les rencontre
eft celui de leurs excrémens ; mais le volume
de ces amas en proportion de l’infeéte , la
fluidité de la matière dont il eft formé, la
grande quantité de bulles d’air qu’il contient
, me font penfer que ees amas- font
plutôt formés par les fucs épanchés de la
pUnte, que l’infeéte pique avec fa trompe pour
en nom y er la fève, que fes excrémens fort feulement
délayés par ces fucs & mêlés à leur
mafle; cetteorigineexpliquepqurquoi ces amas
font remplis d’une fi grande quantité de bulles
d’air, car on fait combien cet élément eft
abondant dans les végétaux & dans leurs fucsi
Quoi qu’il en foit , la larve & la nymphe
de la procigale ont toute la partie pofterieure
du corps , qui en fait la plus grande portion
, molle & pulpeufe ; ces infeétes lie marchent
que ttes-lentemenr, ils avoient donc
befoin d'un abri qui confervât la mollefle,
la fouplelfe de leurs membres & les dérobât
à la vue de leurs ennemis : mais quand
les étuis & les ailes ont pris leur accroifle-
ment, ils couvrent autant qu’il le faut la
partie poftérieure du corps, & l’infeéte qui
a la faculté de voler, échappe plus aifément
au danger; aufli ne fe ti#nt-il plus au centre
d’un amas formé autour de lui, mais il vit
à la manière des infeéfes en général, & ne
prend que les précautions ordinaires de fe
cacher fous les feuilles, fous les angles des
branches, &c.
La larve du Fourmilion eft nue ou couverte
de quelques poils qui ne fauroîenc gnères
la garantir, elle marche à reculons & fort
lentement, elle vit de proie ; elle ne pou-
roit l’atteindre en la pourfuivanr, elle ne la
Verroit pas & la fuivroit par conféquent fort
mal ; elle ne la joindrait pas, quand même
elle l’appercevroit, à caufe de la lenteur
de fa marche; elle lui tend un piège .où
elle fe prend & fe livre à la puiflànce
de fon ennemi : ce piège eft un trou
en entonnoir renverfé, creufé dans un fable
fin on une terre lèche réduite en pouflîère;
le Fourmilion fe tient au fond, il y eft caché
; lorfqu’un infeéte vient à palfér fur
les bords du trou , ou à s’y pofer en cedant de
voler, le terrein S’écroule, & 1 eboulement entraîne
avec lui l’infeflre qui l a Caufé, il tombe
au fond du trou où le Fourmilion le faifit entre
les deux branches de fon fucoir: elles font forces
& très-longues, elles ont un mouvement latéral
&. un mouvement vertical ; le premier
fert à faifir la proie qui tombe à leur portée,
le fécond à- lancer en l’air une. pluie de
fable ou de pôuflière quand l’infeéte eft aflez
fort pour s’accrocher aux côtés, de l’entonnoir
ou qu’il tente d’échapper en fe fervant
de fes aîles. Il arrive quelquefois que la proie
fe fait long - tems attendre , mais la larve
èft en état de fupporter une longue abfti-
nenee, comme on peut s’en aflurer en la
plaçant dans un poudrier couvert ^ où on ne
lui donne aucun infe é teoù aucun ne faill
i t entrer , & où elle attend au fond du
trou qu’elle creufe dans le fable qu’on a mis
au fond du poudrier, l’occafion de faifir
fcne proie. La'larve du Fourmilion fournit
un exemple frappant du rapport entre les
'befoins, les moyens d’exécuter 8c la nature
du travail.
D ’autres larves, d’efpèces nombreufes Sc
fort abondantes en individus , quoiqu’elles
foient aufli nues, quoiqu’elles fe noiuriflent
de proie, n’exécutent aucun travail pour fe
mettre a l’abri , ni ne dreflent aucun piège 5
elles fe réfugient feulement dans des trous ,
des fentes , fous des pierres , &c, , à la maniéré
la plus ordinaire , & pourfuivent leur
proie : mais leur peau eft plus épaifîe , elle eft
plus fèche , moins fufceptible des impref-
fions du contaét, du choc 8c du froidement j
elles ont de fortes mâchoires , qui font des
armes offenfives 8c défenfives , redoutables
pour des ennemis de leur forte, qui font ceux
qu’elles ont le plus fou vent à combattre ;
enfin elles font agiles , actives 8c , coureur
avec vîtefle. Telles font les larves des S ta
philins , des Carahus de Linné, ou Buprejles
de Geoffroy, des faux Caffidés, des Diùques,
des Hydrophiles&c.
Nous venons de palier en revue une partie
des larves qui font nues, 8c des précautions
qu’elles prennent ou des travaux qu’elles exécutent
chacune en raifon de leurs bêfoins 8c
de leurs moyens. Nous allons nous occuper de
quelques-unes qui, quoique vêtues & couvertes
d’un vêtement aflez bien fourni , conftruifent
, avec foin , des retraites où elles
font à l’abri contre les impreflions de l’air ,
les météores , la pourfuite de leurs ennemis ;
telles font deux fortes de chemillés ; la première
eft la Chenille que M. de Réaumur a
nommé la commune , 8c les autres Chenilles
fonc celles qu’il ’a appellées proceffonnaires ,
d’après une des particularités de leur vie. La
Chenille commune naît au commencement
de l’automne ; elle fort des oeufs dépofés près
les uns des autres par une même mère ■ la famille
eft très-nombreüfe ; les individus qui
la compofent fe réunifTent pour filer en commun
à l’extrémité des branches , fur prefque
tous les arbres indifféremment, un nid dansq